carry on my wayward son - Elijah [Fiche terminée]

Quand ma vie a défilé devant mes yeux, je me suis dit que je n’avais pas vécu assez et que c’était injuste. Plus tard, à l’hôpital, en réalisant que j’étais toujours là, je me suis demandé pourquoi on m’avait épargné. 

Pour commencer, je n’ai jamais manqué de rien, tout ce dont j’avais besoin c’était d’être aimé, de ce brouhaha familial constant lors des réunions que ce soit en weekend ou durant des évènements, quels qu’ils soient. J’étais et je suis éternellement en nécessité de me dépenser et de m’occuper d’une façon ou d’une autre.

Petit, c’était en nous inventant des aventures comme une excursion ou une bataille sanglante entre pirates. Aujourd’hui, c’est en changeant d’horizon dès que j’en ai la possibilité.

Le moment où je me suis perdu, c’est à l’adolescence. Être un enfant adopté ne m’a jamais dérangé, je l’ai toujours su quelque part puisque je ne ressemble pas à mes parents, mes yeux sont plus ronds et ils n’ont pas fait d’histoire lorsque j’ai commencé à poser des questions. J’ai eu droit à une étreinte chaleureuse et rassurante lors d’une discussion riche en émotions. Mon père en plaisantant avait prétendu m’avoir trouvé dans une poubelle, comme le chat, Minet de son petit nom. J’avais paniqué si fort, puis quand il a éclaté de rire j’ai compris que ça n’avait pas d’importance. 

Alors, on en vient au réel problème. Outre cette période fort délicate et ingrate à laquelle tout parent est confronté tôt ou tard, c’est un accident de voiture avec des amis, tous sous l’emprise de l’alcool qui aurait pu mettre fin à mes jours. Si j’avais su que jouer les rebelles en séchant les cours m’auraient causé autant d’ennuis, croyez-moi je n’en aurais pas terminé avec les études à l’heure actuelle. Je ne suis pas le seul à m’être retrouvé dans cette situation, mais les autres en sont sortis presque indemnes, tout du moins sans séquelles. De mon côté, j’ai mis du temps avant de grimper dans une voiture de sitôt. J’étais passager et sans ceinture, le verre quand j’ai traversé le parebrise m’a défiguré. 

Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai voulu parler et j’avais mal. Je sentais les regards inquiets de mes proches et les médecins s’assurer du bon fonctionnement cognitif, de ma mémoire, de mes capacités intellectuelles. J’avais des misères à voir, mon œil enflé sous le coup d’une interminable opération ayant abouti à ce que je connais aujourd’hui. Ce que j’inspirais aux autres me rendait malade. J’ai mis un certain temps et j’ai été suivie pour retrouver une forme physique suffisante pour être normale. Bien que ça n’ait pas toujours été facile et que j’en souffre encore. Il m’arrive d’avoir des douleurs musculaires et nerveuses, des tics à cause d’étirements et des tremblements quand la fatigue se fait sentir ou que je porte une charge trop longtemps. Je me suis détesté pour ce que je faisais subir à mes parents, tant par ma peine que par la colère et l’impatience d’être à nouveau comme les autres. Devinez quoi ? Je ne l’ai jamais plus été. Mais ça n’est pas grave, parce que j’ai appris ce qu’était vraiment la superficialité des gens et compris ce qui était important. 

J’ai perdu des amitiés, j’en ai gagné d’autres, j’ai gardé le sourire au possible et ça n’a pas toujours été chose facile, mais j’ai pu me forger un caractère tel que mes parents ont pu finalement se reposer sur leurs deux oreilles me concernant. Enfin… si l’on oublie que j’étais assez fleur bleue et qu’on me faisait croire la lune quand on avait la main sur mes yens et plus tard ma carte de crédit. Ma mère n’a jamais pu s’y faire, elle déteste chacune de mes copines avant même d’être présentée. Je ne peux pas lui en vouloir cela dit. 

Je suis devenu joailler, un choix de carrière sans doute particulier aux yeux de beaucoup, mais pour moi ça a été comme une évidence. Je pouvais passer des heures à démonter les vieilles montres, à observer comment étaient incrustés les métaux, comment ils étaient façonnés. De la même manière que mon père travaillait le bois et nous fascinait tous par ses explications sur la conception navale ou la charpente d’une ancienne maison des années mille-neuf-cent. 

Puis, sans me lasser, j’ai eu besoin de changer d’air. Je n’ai pas oublié mes envies de voyages et j’ai eu cette idée d’altérer complètement de carrière. Paysagiste, cinq années d’études et des débuts qui me font honte, mais maintenant je peux dire que j’en suis fier. Je n’ai pas abandonné ma passion pour les métaux, j’ai longtemps partagé l’atelier avec mon père pour m’offrir quelques machines. J’avais une raison de revenir régulièrement, même quand je n’ai plus habité avec eux. Il faut dire que mes parents n’ont pas pu avoir d’enfants biologiques, j’ai été le premier d’une lignée de cinq, dont le petit dernier a soufflé ses huit bougies récemment. Vivre seul, c’était avantageux, mais ça n’était pas pour moi. J’avais envie d’une famille, d’agrandir la mienne disons. 

Pour la première fois, j’ai pensé à L’incontestable, un concept auquel je ne m’intéressais pas et dont j’ai eu vraiment conscience en étant impliqué dans les mariages pour des décors de jardin où les époux étaient stressés non seulement pour leur célébration qui devait être parfaite, mais aussi parce qu’ils ne se connaissaient pas forcément ou peu. J’ai vu des hommes, comme des femmes porter sur leurs visages l'amertume et le mécontentement de leur mariage, insatisfaits par leur moitié. J’ai entendu des horreurs et je me suis dit que peu importe la personne sur laquelle je tomberais, je ferais de mon mieux pour ne pas être un fardeau. 

Puis, les années maudites se sont succédées. Pas seulement pour moi. Pour tout le monde. 

Il y a d’abord eu le mouvement incontrôlable qui a duré quelque temps et s’est essoufflé, ou en tout cas sur le devant de la scène. La rébellion des couples appelée Big Bang Kiss, auquel je n’ai pas vraiment participé à défaut d’être marié et d’avoir quelqu’un. Je suis les règles de toute façon alors je doute que j’aurais apprécié. Après, c’est Shukumei, là, j’ai cru revivre mon pire cauchemar en dix fois plus terrible. Si j’ai survécu, j’ai eu très peur pour ma famille. Rien à déplorer cependant, hormis quelques fractures. Il y a eu ce mois où l’incontestable s’est éteint, ce test à l’échelle du Japon où la population a été livrée à elle-même. J’en ai vu des couples se battre et se déchirer. De mon côté, ma mère a menacé mon père de ne plus l’embrasser s’il continuait à marcher dans la maison avec sa tenue de travail, les copeaux de bois et la poussière sont les pires ennemis de madame. Il y a eu l’épidémie ou j’ai été malade, ça m’arrive de temps en temps les séjours à l’hôpital, mais pas lorsque ça prend un air d’apocalypse. Finalement, tout est rentré dans l’ordre, j’ai pu rapidement revenir chez moi et j’ai pris quelques jours pour rassurer la fratrie. Ils ont été surpris par les annonces. Des noms donnés qui étaient censés être morts. Moi compris. J’ai ri quand je me suis présenté bien vivant au recensement. 

Tout ça pour dire qu’il y a des hauts, des bas, le tout c’est de ne pas abandonner et de prendre la vie du bon côté même quand ça semble impossible. Ça m’a donné à réfléchir, j’ai voulu connaitre l’identité de mes parents et j’ai retrouvé après un temps cette femme qui en fin de compte n’est pas ma mère. 

J’ai frappé à sa porte en lui annonçant que j’avais mis un moment pour recouvrer mon chemin et elle a paniqué. Quand je lui ai expliqué, elle a nié. C’était pourtant son nom sur le certificat de naissance, celui de mon père reste anonyme. Tout ce que je sais c’est qu’ils ne sont pas japonais de naissance, mais rien de plus, puisqu’elle ne me veut pas dans sa vie, vraiment sans regret. J’avoue que ça m’a fait mal, parce que je me demanderai toujours ce qui l’a poussé à m’abandonner. D’un autre côté, j’ai une belle vie et je suis aimé, c’est tout ce qui compte.

Je n’ai rien de particulier qui fasse la différence dans une foule. Un visage fermé et une mâchoire bien serrée, on me croirait coupable sans avoir rien fait au préalable hériter de cette appréciation. Et quand ce n’est pas la méfiance que je lis dans les regards, c’est souvent une curiosité mal placée ou de la pitié. Autant le dire, c’est blessant d’être jugé quoi qu’on fasse. Même tousser, c’est s’attirer les œillades discrètes du premier qui s’emmerde, c’est naturel de s’y intéresser.

Alors, oui je fais attention à ces détails, comme tout le monde à cela près que je ne m’implique pas. Je retiens ce qui m’est essentiel, du reste je ne veux rien savoir et encore moins inventer une vie à la personne qui aura par hasard croisé mon regard. Elle pourra s’en donner à coeur joie, qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? La plupart du temps, je hausse les épaules et je trace ma route en sifflotant. Et si ça contrarie je sors la carte joker de mon physique marqué par un handicap, même si sur papier, me battre ne fait pas partie des impératifs à éviter, personne ne le sait. Oh quel petit filou ! Oui. Oui, je sais, pour ma défense je ne m’en sers que pour me tirer d'affaires dans lesquelles on m’entraine sans mon avis, pas de quoi fouetter un chat. Pourquoi cette expression d’ailleurs ? C’est cruel.

En bref, vouloir à tout prix se ranger dans une boite, ce n'est à faire pour personne. C’est comme s’imposer des limites, on brime une part de nous parce qu’on a peur d’avancer. Mais, en vrai, rien ne nous en empêche du moment qu’on réfléchit un minimum. Je dis ça parce que j’y suis obligé, qu’on s’entende, j’ai des règles à respecter pour rester en vie et des objectifs personnels que je compte bien atteindre. Une liste dans un coin de ma tête, une autre sur papier, trois fois rien. Vous êtes curieux hein ? Moi aussi. Bon d’accord, je vais vous le dire.

Une famille. C’est très ordinaire pour vous, pour moi c’est un challenge. Je ne dis pas que je suis incapable de plaire ou que ça n’arrive pas, je dis juste que c’est bien plus compliqué quand on cherche du concret. Ah, encore plus si on vit au Japon. Si je suis marié un jour, je me vois difficilement considérer ma moitié désignée comme un acquis ou une habitude, c’est un compromis qui je l’espère se passera au mieux dans le respect de chacun. Je ne suis pas le plus romantique, on peut même dire que je fais tout sur le tas et l’instant, mais j’essaye de faire attention et je ne lésine pas pour prouver mon affection. On a du mal à discerner mon humour de ce qu’il en est vraiment. Malgré tout, c'est aussi évident que le nez au milieu de la figure quand je fonds pour quelqu’un et on n’en a abusé plus d’une fois. Voilà pourquoi, au risque de vous décevoir mesdemoiselles, je prendrais tout mon temps avant de vous laisser installer votre brosse à dents à côté de la mienne.

Ensuite, les voyages. J’économise assez pour me payer quelques escapades, reste à savoir si ce sera en une seule fois ou en plusieurs. Cet argent me sert aussi en cas d’imprévu et ça arrive plus souvent qu’on ne le pense. Ça ne fait pas le bonheur il parait, je confirme. Je ne suis ni radin ni généreux, juste entre les deux. Des petites folies par-ci, par-là sans abus. En bref, je préfère mettre de côté pour de belles occasions plutôt que tout claquer pour des conneries.

Finalement, les derniers points de la liste sont plus simples à réaliser et c’est pourquoi je les regroupe, j’en profite régulièrement. M’inscrire à des cours d’initiation pour ne pas mourir bête. C’est important, même si des fois c’est un peu embarrassant. Manger un carreau de chocolat noir par jour, le plus amer possible, c’est bon pour la santé ! Sourire quand on me fixe trop longtemps pour essayer de faire risette, dédramatiser ça peut avoir l’air con, mais c’est une chance sur deux d’avoir embelli la journée de quelqu’un. Je prends un exemple au hasard, mais l’employé stressé aux caisses de votre supermarché préféré, avec un bonjour et un sourire ça requinque, c’est communicatif.

Résumé:

Bon. C’est impossible d’éviter les remarques là-dessus, alors autant s’y mettre. Avant de relever que je mesure dans le mètre quatre-vingt-douze, on accroche son regard à la partie droite de mon visage à mon torse. C’est bien normal, c’est zébré entre coupures et arrangements, ma peau aborde des reliefs presque artistiques si l’on en oublie la cause. Les stries sont régulières, la reconstitution a été laborieuse et je m’estime chanceux d’être en un seul morceau.

Une fois passée l’étrangeté, on se concentre enfin sur mes pupilles d’un noir profond, héritage de mes origines nippones. Mes cheveux ébène sont courts, coiffés en épis, je ne fais couper que lorsque la longueur me gêne. L’ensemble n’a rien d'harmonieux, j'ai une mâchoire anguleuse atténuée par des rondeurs, des lèvres épaisses, un nez droit et des sourcils étonnamment fins. Je crois avoir lu quelque part que le monde n’était pas prêt pour un visage parfaitement symétrique. Le mien l’est juste un peu moins que la moyenne, alors j’estime que ce n’est pas dramatique.

C’est vrai que les expressions jouent beaucoup en faveur ou défaveur d’une personne et de mon côté c’est prouvé. Si je ne fais pas un minimum d’effort pour sourire, j’intimide. J’entretiens mon corps plus par nécessité que pour les apparences, en résulte une musculature marquée sous une peau de carnation variable. Parfois, mon teint est cadavéreux, d’autre bistre. Dans les deux cas, je fascine que ce soit par peur de tomber dans les pommes ou parce qu'on me pense revenu d’une guerre on ne sait où.

La vérité c’est qu’au-delà de la première impression, on se rend bien compte que je n’ai rien d’un soldat. Premièrement, je suis plutôt maladroit et j’envisage très mal les distances, mes gestes sont un peu brusques, mais jamais dans la violence, en quel cas c’est accidentel. Ensuite, je suis un pitre qui ne sait pas tenir en place, mais qui en a l’obligation, il n’est donc pas rare de me voir faire des grimaces ou des mimiques exagérées. Enfin, je suis une catastrophe, j’ai toujours un trou sur un pull, un fil qui dépasse d’un pantalon, un bouton en moins. En termes de crédibilité, on aura vu mieux, je m’en accommode, mais pas tous. Je suis un chef pour faire partir les tâches, mais pas pour le repassage aussi…

Concernant mon allure, le noir n’est pas une couleur, mais j’en porte beaucoup ainsi que ses nuances. Tout ce qui est relativement foncé et uni, c’est mon dada, du moment que ça ne gratte pas. Je n’ai rien contre les motifs non plus, je préfère juste revêtir une œuvre plutôt qu’une marque dont les dessins n’ont ni queue ni tête. Je crois en avoir terminé avec mon portrait.

Résumé:

Personnage tiré d'un manga/anime/jeu-vidéo/série

Code:

<div class="infobulle1">• [b]Obito Uchiwa[/b] {Naruto} [i]est[/i] [url=https://www.just-married-rpg.com/u3525]Elijah Minami[/url]<span><img src="https://i.imgur.com/AasPUFS.jpg"></span></div>