— Just Married —
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Je suis: pro-Incontestable.
Époux/se : Cho ♥
Autre: Merci Teare pour l'ava ♥
Haven Thorne
Haven THORNE
"I'm paralyzed, I'm scared to live but I'm scared to die."
Généralités Nom ;; Thorne Prénoms ;; Haven Âge ;; 24 ans – 26 juin Genre ;; Masculin Origines ;; C’est un enfant déraciné, un enfant du monde. ( Sa mère est à moitié Japonaise et Allemande, son père est Australien mais a des ancêtres Hawaiien et Anglais). Activités ;; - Opérateur dans le Centre d’Appel d’Urgences 119, dans une cellule destinée aux étrangers, à mi-temps. Le reste du temps il est un Make-up Artist freelance (a un Instagram et un Facebook pro). Il a des petits contrats avec des parcs d’attractions ou à thème, il a travaillé quelques petites prod’. Il fait beaucoup trop de fêtes d’anniversaires. Sexualité ;; Compliquée, fluide, étouffée par sa timidité. Avatar ;; Austin Blair d’Apriorii Règlement ;; Chemin ;; Long et tortueux, au milieu d’une forêt aux branches griffues tendues pour m’attraper et signer mon DéCès-ah, non, ça c’est Blanche-Neige. Commentaire ;; Bloup ? J’vous aime mais vous m’rendez pas raisonnable (Encore merci pour le sauvetage, jpp. ) || Crédits des chansons : « I’m afraid of everyone », The National, « Lost in the moments » et « Paralyzed », NF |
Histoire
You spend your life in a dream that you can't escape
'Cause you live your life in a coma, you're never awake
Wake up, wake up, wake up, wake up.
~
- Tokyo, Japon, 2086 -
« Jensen…Jensen…Faut que tu viennes-ooooh….ça va pas…Jens’…Viens me chercher s’il te plait, Jen-. » La supplique paniquée d’Asuna Kitô, hachurée par sa douleur et sa détresse, résonna dans les toilettes du second étage. Elle était assise contre ce mur marqué par les pensées, les insultes, les gribouillis de ces camarades qu’elle avait bien fait attention à ne jamais frôler. Jusqu’à maintenant. A cet instant, la propreté du mur était le dernier de ses soucis. Elle se cramponnait à ce ventre qui lui donnait l’impression de vouloir se déchirer. Elle irradiait de douleur. Son bas ventre, ses reins, semblaient mener une rébellion impitoyable. La panique embrouillait son esprit, la paralysait. Le portable coincé au creux de ses doigts crispés (surtout, l’homme au bout du fil) était l’ancre qui empêchait ses larmes de couler.
Elle n’était qu’une idiote. Elle aurait du filer directement à l’infirmerie. Elle s’était levée brouillée. Sûrement la nourriture Indienne qu’il lui avait faite découvrir la veille. Rien de plus. Ca passerait tout seul. Inutile d’aller en parler à un adulte. De risquer de dévoiler l’homme à l’origine de ce sourire dans ses yeux. Son Jensen.
Grave erreur.
A présent, elle s’était transformée en boule de douleur, de peur, de honte. Incapable de se relever. Elle était persuadée qu’elle allait y mourir, dans ces toilettes. Qui viendrait l’y trouver ? Tout ça parce qu’elle avait voulu préserver son secret. Jensen. Jensen viendrait la sauver. Jensen, Jensen, Jensen…ce nom scandait chacune de ses pensées. Il viendrait. Il la sauverait. O Jensen, pitié, dépêche-toi.
Cette étudiante, c’est ta mère, Haven. Si elle a mal, c’est que tu es en train d’arriver. Il aura suffit d’une fois mais elle ne le sait pas. Elle n’a que 16 ans, presque 17 maintenant. Son esprit est empli de ce Jensen Thorne, celui qui l’a fait chavirer, des souvenirs de leurs rencontres, des rêves celles à venir. Elle vit au rythme de ses baisers. Depuis leur rencontre, elle n’est vivante que sous son regard. Elle est amoureuse, Asuna. Son Jensen est un soldat australien de 22 ans. Il la croit étudiante, majeure surtout. Elle se voit déjà partir avec lui quand son travail l’appellerait ailleurs. L’âge, ce n’est qu’un détail. Un détail qui l’angoisse, la ronge depuis des mois sans qu’elle ne se décide à le corriger. Et s’il se fâchait ? Et s’il partait ?
Il est son conte de fée.
Avec lui, elle se sent vivante. Femme. Belle. Invincible. A la fois libre et coupable. Elle comptait lui dire ce week-end-là, et les trois précédents. Cette fois-ci serait la bonne, elle en était persuadée. Seulement voilà, tu as décidé que tu avais assez attendu. Si pressé de t’annoncer au monde, que tu es né dans l’ambulance qui vous menait à l’hôpital. Tu lui as fichu une peur bleue à ta maman. Ses parents, l’école, lui avaient appris comment éviter une grossesse, les IST, la théorie des relations entre deux personnes consentantes. Avec plus ou moins d’assurance et de schémas. Jensen s’était chargé de la pratique. Personne ne lui avait enseigné qu’on pouvait être enceinte et ne pas en avoir conscience. ‘Déni de grossesse’, voilà la bombe qu’a lâchée le docteur, après avoir vérifié que vous alliez bien tous les deux.
Ton premier jour a été bercé par les cris. Ceux de douleur de ta mère mais surtout ceux de ton grand-père. Celui-ci a découvert ton existence en même temps que celle de ton père. L’homme qui avait touché sa fille et l’avait mise enceinte. Sa lycéenne de fille. Hotori Kitô était un homme réputé calme, compréhensif. Mais ça fait beaucoup pour un père. Jensen est tombé amoureux au premier regard. Pas ton grand-père. Comment aurait-il pu ? Il n’a vu en toi, que l’avenir fracturé de sa fille, que la longue suite d’obstacles et d’embuches qui jalonneraient à présent son avenir. Asuna n’était qu’une gamine de 16 ans, elle n’aurait jamais les épaules suffisamment solides. Ca la briserait. Et ça, ce n’était pas possible. Il voulut la sauver. Par amour. Hotori lui laissa un choix très simple : te trouver une famille aimante et reprendre le contrôle de sa vie ou partir. Des enfants, elle aurait bien le temps d’en avoir, plus tard. Qu’elle termine son enfance d’abord. Qu’elle sauve son futur. L’Incontestable lui trouverait un vrai mari, celui qui lui était compatible, quand le temps serait venu. Toi, tu grandirais choyé par une famille beaucoup plus apte à t’élever. Tu lui en serais reconnaissant.
Le jour de ses 18 ans, Asuna devenait Asuna Thorne.
Elle t’a choisi, Haven. Elle t’a choisi avec ton père. Elle a laissé derrière elle sa famille aimante, sans un regard en arrière, sans penser aux conséquences. Sans penser aux risques. Elle n’était pas majeure quand elle est partie. Hotori ne lui a pas donné l’autorisation d’épouser Jensen, ils durent attendre. Elle le trouva cruel. Pourtant, il ne porta pas plainte contre Jensen non plus. Il aurait pu.
Flottant au-dessus de leur tête se trouvait l’ombre de cette lettre rose qui l’arracherait, un jour, à son nouveau bonheur. Peut-être. Elle voulut y croire, en son futur à trois. Parce que sa moitié, elle l’avait reconnue en Jensen. Il était obligé de le voir, l’Incontestable qu’elle avait trouvé elle-même l’homme de sa vie. Il était obligé de voir que personne d’autre ne lui serait compatible tant que Jensen serait dans sa vie. C’était forcément marqué quelque part.
Quelques mois plus tard, vous quittiez le Japon pour l’Australie. Après l’Australie vint l’Allemagne, puis le Brésil, l’Angleterre, l’Islande, le Pérou… Tu as grandi dans une succession de bases militaires, d’écoles internationales, toutes différentes et en même temps toutes similaires. Jamais plus de quelques années au même endroit, jamais assez longtemps pour que tes racines s’ancrent dans le sol.
- Berlin, Allemagne, 2091 –
Tu as 5 ans et 2 mois. Tu joues, en silence, dans le salon. Maman se repose sur le canapé. Tu en as réquisitionné ses nombreux coussins pour jouer par terre. Ils sont la base que tu dois défendre de l’attaque du terrible dragon Moustaches. Rrraaaw ! Moustaches est ton cadeau de non-anniversaire, comme dans Alice. Avec Maman, vous avez regardé sa toute nouvelle adaptation holographique. T’as pas tout compris, mais t’es juste content de l’avoir regardé avec ta maman. Tu as adoré la chanson du ‘Joyeux Non-anniversaire’. Toi aussi tu voulais un non-anniversaire ! Alors avec Maman vous avez bu du jus de fruits dans des petites tasses et elle t’a surprise avec Moustaches.
Moustaches est ton nouveau jouet préféré. Son bleu est presque celui des yeux de ton papa. Les deux petites marques noires en feutrine sous ses narines lui ont valu son surnom. Mais surtout, il brille dans le noir et te protège la nuit. En plus, Moustaches est tout doux et toujours prêt à jouer avec toi. Avant, c’était Ida qui jouait avec toi. Mais en ce moment, Maman ne va plus au travail, alors tu ne vois plus Ida. Tu la regrettes un peu, parce qu’elle faisait les meilleures crêpes et t’apprenait à parler l’allemand, un peu. Chocolat en allemande, c’est ‘Schokolade’. Le plus important des mots. Tu veux apprendre à le dire dans toutes les langues.
Derrière la baie vitrée, il y a homme. Tu le remarques, parce que son ombre s’étire sur le terrain de chasse de Moustaches. Tu ne distingues qu’une silhouette à contre-jour essayant d’ouvrir la porte qui donne sur le jardin. Comme s’il ne savait pas qu’elle ne s’ouvrait que de l’intérieur. Papa t’a assez crié dessus, la dernière fois que tu t’es retrouvé enfermé dehors, pour que tu ne l’oublies pas de sitôt.
« Maman ? » Maman dort. C’est pas gentil de la réveiller quand elle dort. Moustaches est curieux. Et toi aussi. Alors Moustaches décide de voler pour voir ce qui se passe. Est-ce qu’il est coincé dehors ? Comme toi ? Tu te souviens combien tu as eu peur. A l’école, tu es le premier à prêter tes crayons. Max se moque de toi mais la Maîtresse te donne une image chaque semaine, pas à Max.
Tu hésites. « Maman ! Il y a un monsieur dehors ! Maman ! » Maman dort vraiment.
Ce n’est pas grave, toi, en te hissant sur la pointe des pieds, tu es juste assez grand pour attraper la poignée. Ouvrir la porter d’entrée, c’est interdit. Si on frappe, il n’a pas le droit de répondre, même si c’est Ida. Mais…tu te dis que si le monsieur est perdu dans ton jardin, que c’est pas gentil de le laisser dehors. Puis, il n’a ni Maman ni Moustaches pour le rassurer. Et bon, il est déjà dedans, il est dans le jardin. C’est pas pareil. Alors tu attrapes la poignée, du bout des doigts.
Tu te souviens uniquement de l’expression, extrêmement surprise, de celui qui essayait de forcer la porte en te découvrant.
3 parfums.
Vanille- Schtroumf- Fraise.
Tu as eu le droit à une boule par point de suture. De cette mésaventure, c’est ce qui t’as le plus marqué. T’as hérité bien d’un bandage qui gratte dans les cheveux, mais ça fait même pas mal. Maman, elle, a beaucoup plus de mal à s’en remettre. Ses yeux sont devenus bizarres. Angoissés. Et elle pleure quand elle te regarde. Papa a beaucoup crié en t’écrasant contre lui. « On t’a toujours répété, ne fais pas confiance aux étrangers !! »
En voulant aider, tu as invité votre cambrioleur à entrer. Tu l’aurais sûrement aidé à emporter votre télévision toute neuve, dernière génération, si Maman ne s’était pas réveillée. C’est là que les choses ont mal tourné. C’est là que Maman a hérité de ses marques sur ses bras, de cette ombre apeurée dans ses yeux.
Plus tard, tu as compris, pourquoi maman ne t’amenait plus dans la jolie boutique où elle travaillait. Tu aimais bien l’accompagner au travail. Tu avais le droit de t'asseoir derrière le comptoir sur une chaise qui tourne, tourne, tourne à condition de ne pas toucher la vitrine. Papa t’a expliqué. Si Maman ne va plus travailler c’est qu’elle était très choquée. Un homme est venu à son travail mais il n’était pas venu acheter des bijoux. A la place, il a pointé une arme sur ta maman et lui a demandé la caisse. Maman a eu très peur. Mais pas autant qu’en se réveillant pour découvrir un inconnu, juste à côté de son fils, dans sa propre maison.
Maman n’est jamais retournée travailler.
La peur ne l’a plus jamais quittée.
Protéger son fils, contre tous les dangers du monde extérieur, devint sa priorité.
~
Tu as 6 ans, c’est ton anniversaire. Maman ne va pas voulu aller au parc d’attraction aquatique. Dans un des bassins, on apprendre à faire du surf ! Et Papa lui a promis d’y aller avec toi, de te montrer comment on fait. ‘Tu as des origines australiennes, Haven. Tout Australien qui se respecte doit surfer au moins une fois dans sa vie’, t’a-t-il expliqué. Il t’a même acheté un short de surfer à fleurs. Et plus tard, vous irez à la plage, surfer sur de vraies vagues, dès qu’il aurait des vacances. Mais Maman n’a pas voulu que tu y ailles non plus.
Alors Papa et Maman sont partis dans leur chambre pour en parler. Ils ont mal fermé la porte.
Tu entends tout.
« Mais enfin, Asuna ! C’est un parc pour les gosses. Avec de toboggans ! Tu sais qu’il adore la piscine. Qu’est-ce que tu as peur qu’il arrive ? Je serai tout le temps avec lui !
- Ca m’est égal, Jensen. Tu aurais du m’en parler avant. Il est trop petit encore ! Et tu as entendu ce qu’a dit le médecin pour sa peau. Il est fragile !
- Le Dr Jakob nous a juste conseillé de prendre une protection solaire plus forte pour lui, enfin. Il n’a pas dit que notre fils allait fondre s’il bronzait un peu, jusque sa peau était fragile. Je te reconnais plus, Asu’. C’est toi qu’en a parlé la première ! Tu peux pas le garder toujours à l’intérieur avec toi. Parfois, je te connais plus. Putain !»
Tes yeux s’écarquillent. Tu as déjà entendu ton père jurer, mais jamais comme ça. Jamais sans te dire de ne surtout pas le répéter après. Les garçons bien élevés ne jurent pas.
« Merde, tu réalises que tu vas le rendre comme toi si tu continues ? C’est ce que tu veux ? Qu’il ait peur au moindre bruit ?
- Jensen….comment oses-tu….
- Non, non, écoute, Sweetheart. » Sweetheart, c’est maman, il n’y a que Papa qui l’appelle comme ça. Ce n’est pas un bon ‘Sweetheart’. Quand ils se croient seuls, ils parlent la langue de maman. Papa chuchote souvent à son oreille, avec un petit sourire, comme si Haven ne pouvait pas entendre. C’est la première fois que tu les entends se disputer. « … Je sais…je sais que tu fais des efforts, que t’essaie d’aller mieux. Mais on parle de l’anniversaire de notre fils. Tu pourrais-… »
Tu sers Moustaches contre toi. « Chhhh…N’aie pas peur, moi je suis là. » Tu fixes les ombres chinoises projetées sur le mur en le berçant contre toi. La dispute dure longtemps.
Vous n’allez pas au parc. Papa t’emmène à la piscine le lendemain, mais c’est pas pareil. Les Sweetheart se font plus rares. Tu ne remarques même pas leur disparition.
- Brasilia, Brésil, 2094 –
Tu as 8 ans et 7 mois. Les disputes sont devenues une nouvelle partie de ton quotidien. Mais aujourd’hui, c’est différent. Tu te tiens droit, tu oses à peine respirer, de peur de déconcentrer Maman. Elle est en train de nouer ta cravate. Verte, c’est toi qui l’as choisie. Elle est jolie, Maman. Elle a même mis de la couleur sur ses yeux, du rose sur ses joues, ce qu’elle n’a plus fait depuis longtemps.
« Comme tu es beau, mon petit-homme. » Elle murmure et t’embrasse sur le front. Elle sent bon aussi. On dirait une princesse.
Son téléphone bipe. « Notre taxi nous attend. » Elle te sourit et tu glisses ta main dans la sienne, faisant attention à ne pas faire tomber la petite pochette noire qu’elle t’a confiée.
Aujourd’hui, c’est un jour spécial. Vous allez assister à la cérémonie, où ton père va recevoir une médaille pour le récompenser de son travail. Et pour la première fois depuis plusieurs mois, Maman va sortir de la maison. Tout est parfait.
Mais quand tu passes la porte, Maman reste figée, dans l’entrée. Tu reconnais cette expression. Tu tires sur sa main, gentiment, pour pas l’effrayer. Tu veux y aller. «On y va, Maman ?» Au bout de l’allée, votre taxi vous attend. Il klaxonne. Tu grimaces. Maman sursaute, jette un coup d’œil autour d’elle. Sa bouche s’ouvre, se ferme, plusieurs fois, avant qu’elle ne secoue la tête. Tu sais ce qu’elle va dire. «….Je….je peux pas, poussin.»
Vous n’êtes pas allés à la cérémonie.
Papa est revenu, d’abord inquiet, ensuite furieux, dans son bel uniforme. Il semblait tout droit sorti de la télévision. Il a crié. Elle a crié. Ils ne sont même pas partis dans leur chambre. Pour la première fois, Haven, tu as enfoncé tes doigts dans tes oreilles et souhaité ne rien entendre. Un bruit sourd te les fait rouvrir. Les cris ont cessé. Maman est sur les fesses, par terre, les yeux écarquillés.
« Oh, Sweetheart, je voulais pas. Pardon, pardon.» Quand il se penche vers elle, le visage déchiré, elle sursaute, a un mouvement de recule. Le temps se cristallise, se fracture, comme le visage de Papa. Enfin, elle se laisser envelopper dans ses bras. Tu les observes s’enlacer, tu écoutes cette litanie d’excuses, sans comprendre pourquoi ton cœur pleure. « …Excuse-moi, Asu’, pardon. On va trouver une solution. Je vais t’aider. Mais tu peux pas rester comme ça, Asuna…C’est pas possible… »
Asuna ne réussit pas à aller à son rendez-vous avec son psy non plus. Elle n’en avait pas besoin, argumenta-t-elle. Elle vaincrait ses peurs toute seule. Elle n’était pas folle. Elle apprendrait à se contrôler.
Maman s’inquiète, quand tu t’éloignes. Tu fréquentes de moins en moins de nouvelles personnes, de nouveaux endroits. A force te vouloir te protéger, la peur qui empoisonne Asuna commence à t’atteindre, toi aussi. Tu commences à douter, tu commences à réfléchir à deux fois avant d’aller jouer dehors. Tu n’es plus l’enfant qui ouvre en souriant sa porte aux étrangers.
~
Tu as 9 ans et 1 mois. Il fait encore beau. Ta peau est encore blanche de toute la crème dont ta mère t’a barbouillé. Tu t’en moques, tu as piétiné tout ce matin en espérant ce moment. Aujourd’hui, c’est journée porte-ouverte à la base. Les habitants de la ville et leurs enfants y sont conviés. Ton père est responsable du parcours du combattant. Une petite partie est réservée spécialement aux enfants. La cour est bondée. La tyrolienne a un succès fou, plus grand encore que la buvette. Elle est le bouquet final du petit parcours initiatique. Une queue d’enthousiastes s’est formée à chaque atelier.
Un enfant te bouscule. « Allez, Haven, c’est ton tour. » Trop tard. Soudain, tu prends conscience qu’il y a des enfants, partout, tout autour de toi. Tu rates le sourire encourageant de ton père. Sa main tendue. On te regarde. Il y a des yeux sur toi. Trop. Tu te sens jugé. « Haven ? » Tu les entends les murmures derrière toi, ils emplissent tes oreilles, t’étouffent. Tu empoignes l’échelle de corde, parce que c’est ton tour, parce que ton père t’attend, te regarde lui aussi. Tu te sens bouillir, ta peau se fait trop étroite pour toi, tu voudrais disparaître. Le pont en corde n’est pas haut. En patientant à côté, tu as bien vu qu’il t’arrivait à ta taille. Il y a du sable dessous pour amortir les chutes, mais ce n’est pas haut. Celui des adultes est bien plus haut, bien plus long. Tu as du plomb dans les pieds, dans le cœur quand tu avances. La patience s’effrite dans le bleu des yeux de ton père, noyée dans son incompréhension. Lentement, l’agacement gagne ce bleu.
« Haven ? Qu’est-ce que tu fais ? Viens mon grand. » On dirait un autre homme ton père avec son uniforme. Un pas. On t’observe. Un autre. Leurs regards te brûlent. Tu t’arrêtes. Les cordes tremblent sous tes mains. Ou c’est toi qui tremble. Il pose ses mains sur ton dos, pour t’encourager. « Avance. » Tes jambes sont ancrées sur place. Tu veux pas.
« Papa…. » Mais ta voix n’est qu’un filet d’air.
« C’est facile. Un pied après l’autre. » Une poussée, pour t’encourager. Cette fois tu avances, mais en direction du sol.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! Tu devais veiller sur lui ! Mon bébé ! Mon pauvre bébé ! » A peine le seuil franchi, ta mère s’abat sur toi, t’écrase sous ses inquiétudes. Ses mains survolent ton poignet bandé comme si tu allais te briser à la moindre brise. Ce n’est qu’une petite entorse mais pour elle signifie la fin du monde. Alors que tu te laisses emporter, couver, tu sens le regard de ton père sur toi. Tu le dorlotes trop, Asuna cet enfant.
Sortir, sans que Maman ne panique, devient compliqué. Elle t’étouffe.
Heureusement, il y a l’école.
Elle est en dehors de la base. Quasiment tous ses enfants y vont. Vous voyagez en groupe pour vous y rendre. Tu traînes en fin de peloton, aussi loin que tu peux te le permettre sans les perdre. Ils ont l’air aussi gentils que terrifiants. Tu les observes de loin, envieux et en même temps paralysé à l’idée qu’ils approchent, qu’ils te parlent. Et s’ils étaient méchants ? Et s’ils ne l’étaient pas ? Ton esprit se fait des nœuds tout seul.
C’est sur le chemin du retour qu’Ayane te rencontre. Fille d’expatriés Japonais, elle aussi elle va à l’école internationale, elle aussi, elle a une puce dans la tête. La sienne la fait rêver. Son plus grand rêve est d’avoir 16 ans pour rencontrer le Prince Charmant que l’Incontestable lui réserve. Difficile de l’éviter avec son grand sourire, ses couettes hautes qui dansent à chacun de ses pas. Tu es content qu’elle ait fait ce premier pas. Tu en aurais été incapable. Tu finis par rencontrer Yuki, son chien. Il a la couleur des cendres. Ce serait joli s’il n’était pas si imposant. Si Ayane t’apprivoise sans difficulté, Yuki est trop grand, trop inconnu, il lui fait peur.
Quand Maman apprend que tu t’es fait mordre, tu as beau lui dire que c’est ta faute, que tu as peine une marque : elle t’interdit de la revoir. C’est à ce moment que tu commences à faire attention à ce que tu partages avec ta mère. C’est la première fois que tu lui désobéis sciemment. Ton père, lorsqu’il vous surprend, à jouer dans les couloirs, a un petit satisfait et approbateur qu’il n’a pas arboré depuis longtemps.
Ta famille déménage. Vous restez en contact.
- Londres, Angleterre, 2097 –
Tu as 11 ans et 4 mois. Ayane et toi, vous passez votre temps libre à vous envoyer des messages. Par écrit, c’est plus facile. Même si tu as du mal au début, tu passes des minutes entières à écrire et réécrire la moindre phrase, à douter. De tout.
Tu te fais un nouvel ami. Il est dans ton cours d’Allemand, mais lui, il patauge entre les déclinaisons, pleure devant les listes de vocabulaire à apprendre. Il a ton âge. Il a un petit air d’intello avec ses lunettes rectangulaires et pourtant c’est le champion de l’équipe de natation du collège. C’est lui qui vient te voir, évidement.
C’est justement en cours que ça se passe.
« Bien, maintenant, je veux que vous trouviez un partenaire et vous entrainiez à vous présenter en utilisant les phrases écrites au tableau. » avait ordonné ton professeur. Elle aurait du t’ordonner de plonger dans un bain d’acide, ç’aurait sûrement été moins douloureux.
Courbé sur ton bureau, tu fermes les yeux, tu pries pour un miracle. Alors que tu te fais oublier, tu le sens s’approcher, se dresser, juste devant ton bureau.
« Hé, t’as personne ? Tu veux pas qu’on bosse ensemble ? » Il ressemble à un petit lord anglais avec son uniforme. Son assurance tranquille t’éblouit. « Moi c’est Keith, t’es Haven, c’est ça ? » Malgré toi, tu esquisses un sourire, timide.
Cet ami-là, il fait la joie de tes deux parents. Il te traîne à la piscine, où tu te tiens, sur le bord, à moitié caché dans les gradins pour l’encourager.
Keith est beaucoup moins doué pour garder le contact par message, mais ils restent amis en pointillés.
- Reykjavik, Islande, 2101- (Allusion à une tentative de suicide dans la 1ère partie)
Tu as 15 ans depuis quelques semaines. Tu ouvres les yeux. Tu ne sais pas pourquoi tu t’es réveillé. L’appartement est calme. Moustaches, de sa place d’honneur sur ta bibliothèque luit de sa douceur bleue. Pas que tu aies besoin de lui pour dormir à présent. Tu aimes juste l’avoir à portée de regard. Tu te traines jusqu’à la cuisine pour un verre d’eau quand tu entends un froissement venant du bureau. Ton cœur s’arrête, tes poumons oublient un instant comment fonctionner. Il y a quelqu’un chez toi. Dans le bureau. Tu n’es pas courageux. Pourtant, tu t’avances, sur la pointe des pieds. Tu discernes des petits bruits humides à présent. Dans un film de ces films d’horreur que tu adores, tu mourrais en premier, tu le sais.
Ta mère bondit quand tu allumes la lumière. « Ah ! Haven ! Tu m’as fait peur ! » Elle est assise par terre, sa jupe sombre s’étale autour d’elle comme une sombre corolle. Un instant, tu vois à sa place une marre de sang avant de te raviser. Si tu savais…
« M’man ? » Tu te frottes les yeux, ta voix craque un peu. « Pourquoi t’es… » Son visage est brouillé de larmes, empreint d’une détresse nue qui lui saccage le cœur. Dans sa main, des papiers froissés. On dirait des lettres. Qui envoie encore des lettres de nos jours ? Tu l’as vu dans beaucoup d’états, à travers les années, elle n’allait pas bien, n’allait plus bien depuis longtemps. Mais jamais ainsi. Ce n’est que lorsque tu t’approches, qu’elle essuie ses larmes. « …Qu’est-ce qu’il y a ? Ca va ? Maman ?! Qu’est-ce qui t’arrive ? » C’est l’enfant qui vient consoler le parent, qui attire sa silhouette éplorée contre lui. Tu n’es pas bien grand mais elle semble minuscule.
« Il n’avait jamais répondu….jamais… » Sa main tremble autour de sa lettre.
« Qui, maman ? Qui ?
- Mon père, ton grand-père… » Hotori, ce que tu sais de lui, c’est ce que tes parents t’ont appris. Tu en sais suffisamment, pour ne pas vouloir le connaître. Il a renié ta mère à cause de toi.
« Quoi grand-père ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Tu le penses mort. Après tout, c’est le problème des grands-parents, ils meurent tous un jour. Papy Jack est parti depuis 4 ans déjà.
Sauf que ce n’est pas ça. Entre deux sanglots, elle te dévoile ce qui la ronge, la hante depuis des années. Même s’il l’a mise à la porte, elle a continué à lui donner des nouvelles, lui envoyer des photos, pour qu’il apprenne quand même à connaître son petit-fils. Tu étais si parfait à ses yeux, Haven, elle ne comprenait pas qu’on ne puisse pas t’adorer. Elle s’est dit qu’il est plus facile d’effacer un mail, d’un clic, que d’ignorer une lettre. Chaque année, elle lui a envoyé de tes nouvelles. Des siennes aussi. Puis...elle a fini par lui écrire, par se confier. Quel danger, puisque son correspondant était un fantôme ?
« …Je veux rentrer à la maison… » Elle ajoute d’une voix brouillée par les larmes. Tu ne comprends pas de suite. Puis, ton cœur se fendille. Asuna se confesse à toi comme si elle avait oublié que tu étais son fils, comme si elle ne pouvait plus contenir ce qui l’étouffait depuis des années. A chaque parole, elle piétine un peu plus les morceaux de ton cœur brisé. Ne te méprends pas, à une époque, elle a béni ta naissance, l’a accueillie comme un cadeau. Mais tu restes un accident, la maladresse catastrophique d’une fille de bonne famille. Elle regrette. Elle regrette sa jeunesse, passée à s’occuper de toi, de son époux. Elle regrette d’être passée d’enfant à mère et épouse sans avoir eu le temps de profiter un peu de sa vie. Elle regrette l’école d’infirmière qu’elle voulait intégrer après ses études. Elle regrette par-dessus tout, son père, sa mère qui les a quitté sans qu’elle puisse lui dire au-revoir. Elle regrette même son pays.
Et toi, Haven, ignorant l’hémorragie qu’était devenu ton cœur, tu l’as forcée à se lever, tu as voulu lui faire une tisane, pour la calmer. Tu ne savais pas quoi faire, alors tu as improvisé. Ton père était en déplacement, injoignable pour la nuit, sauf urgence vitale. D’un côté, tu es soulagé. Il ne mérite pas d’entendre ça. Il ne mérite pas d’apprendre que sa femme se lamente sur sa vie d’avant. Que leur amour n’est plus suffisant pour la rendre heureuse. De l’autre, tu restes un gosse perdu, démuni face à un chagrin trop lourd pour tes épaules.
Tu t’es détourné, une poignée de secondes. Pas plus. Tu n’avais aucune raison de te méfier. « Tu veux du miel avec ou-»Tu n’aperçois qu’un vague reflet métallique. «Que ?! Oh non non non, Maman ! » Tu as tout juste le temps de lui arracher le couteau des mains. Elle ne se laisse pas faire, pleure de plus belle, ses sanglots ressemblent à des cris. Du sang dégouline le long de ce bras, qu’elle a entaillé, sans émettre un bruit avant de s’attaquer à l’autre. C’est là que tu es intervenu.
Tu ne t’es détourné qu’une petite poignée de secondes.
Asuna passe presque trois semaines à l’hôpital en psychiatrie en observation, à essayer de se reconstruire malgré les parties brisées de son âme. Elle ressort avec une ordonnance, des rendez-vous hebdomadaires avec un spécialiste qu’elle ne pourra pas refuser cette fois. Pas si elle tient encore à son époux et à son fils.
Tu n’as pas tout raconté à ton père. S’il a trouvé les lettres, souillées de sang, tu as gardé pour toi ce qu’elle t’a confié. Vous n’en avez jamais reparlé. Asuna a cherché à te parler, à s’excuser. Tu ne lui en as pas laissé l’occasion. C’est devenu le gouffre béant autour duquel votre petite famille danse, un fantôme auquel on refuse de penser. Si on n’en parle pas, ça n’existe pas.
~
Tu as 15 ans et presque 4 mois. Tu rencontres Louis(a). Tu n’es pas sorti depuis des semaines hormis pour te rendre en cours. Ton père te dépose presque de force dans la fête d’Halloween organisée par la base. Les plus jeunes ont 11 ans, les plus vieux 18, c’est bon enfant, coloré. Tu es persuadé de pouvoir faire de meilleurs maquillages les yeux fermés. Cependant, tu ne peux rien dire de sous ton costume de gentil fantôme sous lequel tu t’escrimes à disparaître. Si tu pouvais t’enfuir en passant à travers les murs toi aussi, tu le ferais. Mais tu as promis d’essayer, de rester jusqu’à 21h au moins. Plus que trois heures à patienter, discrètement, dans ton coin.
Louis(a) ruine tes plans. A ce jour, tu n’es pas convaincu qu’iel n’a pas fait exprès de t’arroser de punch sans alcool. Tu empestes le fruit de la passion et le sucre, tu dois évacuer ton costume. Quand tu le rencontres, iel est drapé.e d’une longue robe et porte une longue perruque, toutes deux noires. Ce soir-là, iel est Morticia, de La Famille Addams, un vieux classique dont on ne cesse de faire des remakes qui n’égalent jamais l’original. Tu approuves.
Louisa, c’est comme ça qu’elle se présente, décide de te sauver de toi-même. Elle t’entraîne de force dans les toilettes et te montre comment avec un peu de rouge à lèvres, de crayon noir et beaucoup d’imagination, on peut concocter un maquillage d’Halloween pas trop dégueu. Tu tombes amoureux à cet instant. Pas de Louisa. Même si elle te fascine comme jamais. Non, c’est du maquillage que tu t’éprends.
Louisa devient ton mentor.
Quand tu la recroises, quelques jours plus tard, c’est Louis, en jean troué. Sans le maquillage, sans la robe, tu as du mal à le reconnaître, pas lui. Quand il traverse la rue en courant pour venir à ta rencontre, tu te demandes ce qui tu as fait pour mériter ça. Puis, tu reconnais ce regard malicieux. Et ce petit monstre toujours perché sur ton épaule, celui qui te fait sentir proie au milieu de la foule, desserre ses griffes.
Au début, tu ne comprends rien. Louis(a) t’a pris par la main, avec son sourire celui qui te fait sentir spécial et t’as guidé. Ce n’est pas grave si, même maintenant, tu ne comprends pas vraiment. Louis, Louisa, Louis(a) ce sont différentes facette du même être. De ton ami.
Iel est le premier que tu invites. Le dernier aussi. Quand ton père l’aperçoit, il ne voit qu’un garçon, un joli garçon en jupe. Il ne voit pas Louis(a). Son visage se contorsionne étrangement. Il ne dit rien. Il n’en a pas besoin. Ce n’est pas grave, parce que vous passez l’après-midi, enfermés dans ta chambre, à s’entrainer avec le maquillage que tu as acheté. Jusqu’à ce qu’on vienne te demander de garder ta porte ouverte, tant que Louis(a) serait là. Tu voudrais disparaître sous terre mais iel se contente de rire avec toi.
« Je n’ai rien contre les gays. » dit son père.
« Ton ami est spécial, dit ta mère, son style est…particulier. »
« Tu comptes le revoir ? » demandent-ils.
Ce serait mieux que tu ne le revois pas, expriment leurs yeux.
Louis(a) est son ami le plus proche. Ils n’ont pas besoin de le savoir.
- Lima, Pérou, 2103 -
Tu as 17 ans et 4 mois. Même si tu as du laisser Louis(a), le Pérou est un de tes pays préférés. Ici, tu peux mettre à l’épreuve tes talents en Espagnol. Tu sers d’interprète à tes parents dans les magasins. Un rôle qui t’empli de fierté et d’effroi. Tu ne balbuties presque pas sous l’effet du stress.
« HAVEN ! HAVEN ! » Une voix fuse dans la foule. Tu reposes les petits porte-clés qui ont retenu ton attention. « Haven ! » Tu as beau fouiller le marché, tu ne vois pas d’où vient cette voix. Elle t’est familière. Tu n’arrives pas à la remettre. Un doigt appuie sur sa joue. Une voix taquine retentit à son oreille, le fait bondir.
« Ici, bêta. »
Tu la reconnais cette voix. « Ayane. » Elle n’a pas changé. Enfin si, son visage s’est affiné, elle a gagné quelques centimètres, quelques rondeurs et surtout, elle ne porte plus ses couettes. Mais ce large sourire ne peut être que le sien. Tu n’es pas doué pour les effusions mais ce n’est pas grave, elle te saute dans les bras quand même. « Surprise ! Héhé, j’étais sûre qu’on se croiserait quand tu m’as dit que t’étais du côté de Surquillo. Tu l’as pas vu venir, hein ?
-…qu’est-ce que tu fais là ? »
Intérieurement, tu grimaces, mortifié. Ce n’est pas ce que tu veux dire, enfin, si, mais pas comme ça. Tu es heureux de la voir, vraiment. Tu as la chance, elle se contente de rire. « On est en vacances ici ! Papa veut faire un trek pour aller au Machu Pichu. »
Tu hoches la tête, hébété. Un trek. Tu te souviens que sa famille en a déjà fait plusieurs. Les vacances au bord de la plage, ils ne connaissent pas. Tu es empli de petites bulles de bonheur. Elle t’a manqué.
« Faut que je te présente... » Et tu remarques soudain, le jeune homme à ses côtés, qui vous observe, un petit sourire aux lèvres, les yeux emplis de rires. Comment as-tu pu le manquer ? La voix d’Ayane te parvient de loin. Ton cœur fait un flop étrange, ton visage brûle. « …Anton. Et tu sais quoi ? Il va au lycée de Lima aussi ! Vous serez ensemble, enfin, pas dans la même classe parce qu’il est de début d’année je crois…Mais c’est cool, non ? Aah, j’ai tellement de choses à te –hmm ! »
Main tranquillement plaquée contre la bouche de la japonaise, Anton te sourit. «Elle parle beaucoup. Toi c’est Haven, j’me trompe ?»
Mais les mots ont déserté ton cerveau.
Haven, est-ce ton premier crush ?
Anton. Anton. Anton.
Anton Comelli et son accent chantant d’Italie, ses mains qui dansent dans l’air quand il te parle. Anton et ses yeux verts au soleil que tu regardes trop souvent. Anton et son charme désinvolte. Il incarne tout ce que tu aimerais être et ne sera jamais. Il te pousse dans tes limites, refuse de t’admettre timide. Avec lui, tu te sens tour à tour vulnérable et invincible.
Il te propose ta première clope. Tu n’aimes pas. Aucune surprise. Ta grimace le fait rire. Il te glisse que de toute façon, ces cigarettes, il ne les a pas payées, il les a libérées. Anton, il libère pas mal de choses dans les étalages du marché et ça tu ne sais pas trop quoi en penser. Anton c’est ta grande aiguille. Quand les cours reprennent, il est là. Il t’attend quand la cloche sonne. Il t’attend aux récréations, te rejoint pour les repas.
Tu l’aides en langues, lui t’aide en sciences. Tu n’as pas la logique mathématique.
Vous bossez dans une salle de cours vide, parce que chez toi c’est compliqué et qu’Anton a trop de petites sœurs: impossible d’être jamais tranquilles. Ta nuque chauffe quand on te voit avec lui, tu te sens coupable. Sans raison.
Tu le regardes. Il te regarde. Tu ne fais rien, à part rougir et prétendre que rien ne se passe. Tu es le pire pour décrypter ces signes, mais il se passe quelque chose, tu en es persuadé. De ton côté du moins.
Tu vas au carnaval avec lui. Au lieu de se moquer de ta réserve, grandissante de crayons et de pinceaux, il te trouve super cool et exige que tu le transformes en mort-vivant. Lui aussi aime les films d’horreurs. Il préfère les histoires de psychopathes et les scènes biens gores aux récits de fantômes et autres créatures et ça, c’est dommage. Évidemment, personne n’est parfait. Ton maquillage n’est pas encore le mieux réussi, mais il est glauque à souhait. Il chante tes louanges tout le long du défilé. Tu as mal aux joues à force de sourire sous tes rougeurs.
Anton ne lâche jamais ta main, pour pas te perdre au milieu de la foule. Vous vous sentez seuls au monde.
~
Tu as 17 ans et 6 mois. Tu as l’impression de connaître Anton depuis toujours. Sur l’appli qui vous garde en contact, Louis(a) et Ayane se sont ligués contre toi. ‘Dis-lui!’ Mais c’est impossible.
C’est après la pause que ça se passe. Vous êtes presque en retard, vous avez trop discuté, encore une fois. Ou plutôt Anton a parlé et tu as fait de ton mieux pour suivre. Tu détestes être en retard. Les regards, empli de reproches du prof interrompu, emplis de curiosité pour tes camarades de classe, te tétanisent. Alors tu presses le pas, prêt à dévaler ces escaliers 4 à 4.
« Attends, Haven. Attends ! Faut que je te dise… » Il te retient, par le poignet. Tu as juste le temps de lever les yeux qu’il fond sur toi. Vos lèvres se percutent. Il t’embrasse. C’est humide. Plus embarrassant que tendre, plus inconfortable que complice. En dépit de tous ces regards échangés, tu n’as rien vu venir. Dans les films, ça semble romantique quand le héros emporte son crush pour un baiser. Tu te sens juste oppressé.
Anton, pour la première fois, te donne envie de fuir.
Il sourit, s’approche à nouveau. Ses yeux crient ses intentions. Tu frémis. Ses lèvres percutent cette main que tu as dressé entre vous deux, comme un bouclier. Au début, ça le fait rire.
« Aw…trop vite ? » Sa voix est murmure, son regard caresse. Ils glissent sur toi sans t’atteindre, brusquement aussi gluants que répugnants. « Haven…C’est moi…j’sais que t’es timide, mec…mais…j’ai bien vu comment tu m’as regardé. » Cette fois, tu recules, il ne comprend pas. Il te fixe comme si tu venais de le trahir. « …quoi ? Allez Haven, me dis pas que je te fais peur. »
D’habitude non, aujourd’hui presque.
« …On va être en retard en cours. » Tu bredouilles. Tu te sens con. Ton visage, ta nuque, ton corps tout entier, brûlent sous ta gène. Tête rentrée dans tes épaules en une parfaite imitation de Murphy, ta tortue, tu prends la fuite. Tu te sens minuscule. Ses pas te poursuivent, résonnent comme autant de coups de semonces.
« Haven ? Non mais j’hallucine. Haven ! » Tu gifles cette main qui accroche ton épaule, ton cœur tambourine dans ta poitrine, affolé. Il gronde à tes oreilles. Fort. Assourdissant. Tu veux pas. Tu veux pas lui faire face, tu veux pas affronter ce dérapage, tu veux te glisser derrière ton bureau et disparaître au milieu des autres. Ton monde est secoué comme des céréales au fond d’une boite au moment du petit-déjeuner. Tu vois la peur se peindre sur les traits du bel Anton. Lui aussi, tremble.
« Haven. » Cette fois, tu n’arrives pas à te défaire de la main qui agrippe ton poignet. « Il faut qu’on sorte d’ici. » Tu ignores l’urgence nouvelle de sa voix, tu es comme un oiseau, aveuglé par la panique, qui s’assomme contre les barres de sa propre cage. Tu n’arrives pas à réfléchir. Tu te débats sans voir le monde trembler, sans entendre la sirène d’alarme résonner. Sans voir le monde trembler avec toi.
« Ici à Lima, il y a un séisme environ tous les dix ans. On a l’habitude tout reconstruire par ici.» Vous avait expliqué votre guide, en vous faisant faire le tour de la ville. «J’étais là lors du dernier, avec un groupe comme vous. On nous a toujours appris qu’il faut partir se mettre à l’abri dès qu’on attend l’alarme. C’est ce que j’ai fait. Je suis parti en courant. Sauf que j’ai oublié mon groupe.» Il avait ri comme si sa lâcheté était une bonne blague. Ils avaient souri aussi, par politesse. « Alors si vous me voyez partir en courant, surtout, suivez-moi hein. D’ailleurs…ça fait 14 ans qu’on n’a pas eu de bons séismes…donc logiquement, on est en retard pour le prochain, alors gardez l’œil ouvert !»
Tu n’avais prêté aucune attention à l’anecdote. Une histoire de guide pour animer ses visites, rien de plus.
Tu entends son accent atroce résonner à tes oreilles maintenant, alors que l’escalier se fissure, craque et se délite comme une biscotte sous une poigne trop ferme.
Tu te sens tomber.
Tu entraînes Anton avec toi.
Tu te réveilles dans le noir. Tu resteras dans le noir jusqu’à ce qu’on te trouve, 15 heures plus tard. C’est long, 15 heures dans le noir. Infernal. Tu n’as pas mal. Tu as juste froid. Tu as l’impression d’être allongé dans un nid de coton, ce dont tu doutes fortement. Ce n’est pas un bloc de pierres qui t’écrase, c’est Anton. Anton, drapé sur toi comme une poupée désarticulée. Tu l’as entraîné dans ta chute. Tu tâtonnes, il est tiède, il doit aller bien. Il ne peut qu’aller bien s’il est tiède. Un corps humain, c’est tiède. Sauf qu’il ne bouge pas, ne parle pas. Tu te demandes s’il respire. Tu te persuades que oui. Ses cheveux sont aussi doux que tu l’as imaginé sous tes doigts, plein de poussières et de petits graviers. Soudain, il y a du visqueux, du collant sous tes doigts. Tu n’es pas sûr que ce soit normal de sentir le rebord de ses os, comme une pièce de puzzle. Un crâne humain est rond. Plus le sien.
Tu hurles.
~
Tu as 17 ans et 6 mois. Tu as passé trois jours dans le coma. A ton réveil, Jensen et Asuna sont là. Fripés. Hantés. Ils ne t’ont pas embrassé comme ça depuis des années. On te dit que tu as de la chance. On te dit miraculé. Le bâtissent à tenu. Assez longtemps pour que les secours arrivent.
Un miracle dans lequel Anton est mort.
Tu as tué Anton.
Tu n’oses pas partager que la peur que t’as faite Anton, l’angoisse qui a tordu ton ventre. Le dégoût qu’il t’a inspiré. Tu n’oses pas dire que si tu avais été normal, si tu l’avais embrassé, il serait vivant. Tu te sens con. Tu te sens coupable. Ce soir-là, quand Ayane t’appelle, pleure devant le visage amoché que lui présente votre visio’, à voix basse, tu essaies de lui faire comprendre. « …En plus…vous étiez un couple tellement parfait…J’arrive pas à croire… » Elle s’étouffe dans ses pleurs.
Tu te tais.
Parfait… Anton a été parfait. Jusqu’à ce qu’il te coince sur les marches, pour t’embrasser. Ensuite, il a été très imparfait. Mais tu ne peux le dire à personne, pas même à Ayane.
Pour Ayane, pour Jensen, pour Asuna, Anton est ton premier amour.
Ta mère ne peut pas te regarder sans pleurer et t’embrasser. Ton père…ton père ne dit rien et c’est encore pire.
Quand tu veux te lever, la première fois, c’est pour aider l’infirmière qui change tes draps. Trois voix paniquées te hurlent de ne pas bouger. Technique très efficace pour que tu obtempères et flippe à mort. Ton corps non plus, n’est pas sorti indemne de ta chute.
Là-bas, dans le noir, tu flottais, anesthésié, libre de douleur. Maintenant, tu as tout le temps mal. La douleur est le nouveau monstre perché sur ton épaule pour mieux te lacérer le dos.
Cela te prend 5 mois. 3 opérations. Trop de docteurs, d’infirmières. Et beaucoup trop de monde qui t’a vu vulnérable et dénudé toi qui fuyais les vestiaires en sport. Tout le monde t’a entendu pleurer puis supplier d’augmenter ta dose d’antidouleur. T’as une tige de métal dans le dos, t’es un cyborg maintenant.
Bienvenue dans le futur, Haven.
Tu préférais quand t’étais anesthésié. Les nerfs, la moelle épinière, le cerveau humain, on te fait comprendre que tout ça, c’est encore assez mystérieux, même en 2104. La médecine se fout de ta gueule. T’es fatigué, t’as mal. T’as froid, t’as mal. T’as chaud, t’as mal. Ta mère te serre dans ses bras, t’as mal. Tu baisses ta garde, la douleur revient. Tu n’étais pas fan des embrassades sauvages, des câlins publics, maintenant, ils deviennent tes ennemis. Tu te mets à redouter le moins contact. On te conseille d’attendre. Le corps humain et ses miracles. Tu attends. Les crises s’atténuent mais ne disparaissent pas. Finalement, on pose un mot sur ton mal. Allodynie due à un traumatisme. Ils t’ont remis sur pieds mais tes nerfs, eux, sont toujours boiteux. Résultat, tu souffres. On te parle de nouvelles opérations, sans garantie. Tu fuis. T’en as assez des hôpitaux et tu ne veux pas des hypothèses, tu veux des certitudes.
Ta collection de maquillages grandie, ta connaissance des antidouleurs aussi.
~
Tu as 18 ans et 3 mois.
Tu fixes ta lettre sans comprendre.
« M. Thorne,
Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre dossier de candidature pour intégrer notre Special Makeup Effects Class. La durée de cette formation est de quatre semaines. Les cours débuteront le 2 avril 2105. Votre statut vous permet de formuler une demande de logement étudiant. ( Voir formulaire ci-joint).
Merci de prendre toutes les mesures nécessaires en tant qu’étudiant étranger, de vérifier de la validité de votre VISA… »
Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre dossier de candidature pour intégrer notre Special Makeup Effects Class. La durée de cette formation est de quatre semaines. Les cours débuteront le 2 avril 2105. Votre statut vous permet de formuler une demande de logement étudiant. ( Voir formulaire ci-joint).
Merci de prendre toutes les mesures nécessaires en tant qu’étudiant étranger, de vérifier de la validité de votre VISA… »
Tu parcours rapidement le reste des informations données par la lettre, avant de s’arrêter sur la signature.
Mrs Edgecombe,
responsable du recrutement,
Cinema Makeup School, Californie, USA
responsable du recrutement,
Cinema Makeup School, Californie, USA
Louis(a).
Ca ne peut que venir de ton ami.e. Ca explique toutes les photos qu’iel a demandé pour voir tes progrès.
Tu as eu tout le temps du monde pour décrypter des tutoriels en ligne durant ta convalescence. Et de les mettre en pratique.
Tu as eu un succès fou à l’hôpital avec tes armes. Tu as rempli l’aile des enfants de petits monstres et de créatures colorées. Tu t’es découvert une carrière dans l’animation d’anniversaires et de fêtes pour enfants. Mais ça, ça c’est vraiment ce à quoi tu aspires.
Alors évidemment, tu poursuis tes cours à l’université de Lima. Comme pour te punir. Surtout par lâcheté. Tu as l’impression d’être ta mère, trop effrayé pour sortir de ton cocon. Tu le sais. Tu as honte. Mais tu poursuis quand même ton apprentissage des langues. L’université de Lima a un super programme de certification à distance qui t’a permis de continuer à avancer durant ta convalescence.
Pourtant tu avais rempli le formulaire pour acheter ton billet pour Los Angeles. Tu avais assez sur ton compte. Tu l’as rempli trois fois ce formulaire. Sans jamais le valider.
C’est ta première vraie friction avec Louis(a).
« Ecoute Haven, je dis pas que tu n’es pas doué avec ton…ton… maquillage. Mais qu’est-ce que tu vas faire avec ? Tu as bien assez de mal à aller chercher du pain. Tu te vois devoir gérer des acteurs, des mannequins ? Et ça, c’est si tu as du succès. Tu veux passer ta vie à vivre de petits boulots ? Je ne pense qu’à ce qu’il y a de mieux pour toi, tu sais…» t’explique Maman.
« Et penses à ton père aussi…Tu sais, il se pose déjà bien assez de questions. »
Ton père.
Tu n’as pas le cœur de lui dire que tu l’as surpris avec ta kiné. Qu’il ne mérite pas sa protection. Qu’il t’a expliqué, que c’était compliqué, avec toi maman. Que c’était pas vraiment sa faute au fond. Que ce que tu ne saurais pas ne te ferait pas de mal. Tu as honte, parce qu’une partie de toi le comprend. Ces dernières années, Asuna n’est sortie que 4 fois volontairement de la maison. A chaque fois, ‘zombifiée’ par ses cachets pour pouvoir supporter le choc de l’extérieur. 3 Déménagements. 1 visite écourtée de Lima en famille, parce qu’elle voulait faire des efforts. Sauf qu’elle n’a pas tenu le coup.
Puis l’hôpital. Dès que tu as commencé à aller mieux, elle a disparu à nouveau, à bout de forces. Mais elle a fait l’effort de venir.
Tu ne veux pas te mettre à la place de ton père et constater l’état de délabrement leur vie à deux. Tu ne peux pas non plus t’en empêcher.
Cependant, elle a raison. Ton père serait déçu. Il n’a jamais rien dit. Il ne dira sûrement jamais rien. Parce que les mots pour lui semblent comptés et précieux dès il s’agit de parler de sentiments. Il ne dira rien parce qu’il t’aime. Ca ne t’empêche pas de sentir le poids de ses regards, de son jugement silencieux. Lui aussi, tu commences à l'éviter.
T’es dos courbé face au monde, Haven, pour ne pas avoir à l’affronter. T’es tout seul au milieu des gens que tu fuis.
Et pourtant, t’aimerais tellement, tellement, que ça change.
~
Tu as 18 ans, 6 mois, 6 jours. Tu reçois un message d’Ayane. Une simple photo. Au début, tu ne comprends pas. Ce n’est qu’un bout de papier rose. Oh. Oh ! Tu ne l’as jamais entendue aussi heureuse et surexcitée.
Tu passes ta main sur ta nuque, pensif, comme si tu pouvais sentir la fameuse puce sous la pulpe de tes doigts. Une idée germe dans ton esprit.
Il va te falloir du temps, pour trouver le courage, l’argent. Tu joues l’autruche dans tes études. Ton diplôme d’abord, Haven. Le reste viendra plus tard, peut-être.
- Tokyo, Japon, 2106 –
Tu as 20 ans et 10 mois. Retour au point de départ. Tu es fébrile. Tu trembles. Tu brûles. Tu es malade d’excitation et d’angoisse au milieu de ce conglomérat de gens pressés. Tu te sens agressé à chaque corps qui te frôle. Tu tourbillonnes de panneaux en panneaux. Ta valise est l’ancre qui t’empêche de couler. Tu es un désastre d’humain mais l’image prostrée de ta mère te force à avancer. Excuse-le, Asuna, il ne veut pas se retrouver piégé, comme toi, par ses propres peurs. Piégée au point d'être incapable de suivre ton fils qui accomplit ton rêve à ta place. Rentrer.
Tu as à Tokyo, Haven. Félicitation. Tu l’as fait.
« Haven ! Haven ! »
Une bouffée d’oxygène empli tes poumons. Ayane. Là pour t’accueillir comme prévu. Elle te saute au cou, comme toujours, pour te saluer. Tu n’as pas le courage de la repousser alors tu te mords la joue, ignore l’agonie de ton dos, déjà éprouvé par les longues heures de vol. Elle est précieuse, Ayane.
« J’te présente, Travis …» Ton regard tombe sur cet homme, plus effacé, à ses côtés. Un instant, son image se brouille, le fantôme d’Anton te sourit, comme au premier jour. Tu clignes des yeux. L’image s’estompe. Le sourire d’Ayane grandit, menace de lui déchirer les joues. «… Mon époux ! »
Il est plus grand qu’elle plus vieux aussi, mais tu observes la facilité avec laquelle il accueille la silhouette de sa femme contre lui, cette main sur sa hanche, cette affection silencieuse. La joie, explosive, de ton amie. Le nœud qui te nouait les tripes se desserre lentement.
« …Enchanté. »
Elle t’empoigne, t’entraîne dans son sillage. « Viens, que j’te montre où tu vas dormir. Après, je te ferai visiter ! »
Tu es venu au Japon avec un espoir inavouable sur le cœur. Celui de trouver ta vie. Tu veux une place à toi. Et la suite, tu oses à peine la penser trop fort. Tu espères, à défaut de guérir de cette crainte qui te bloque, trouver la solution à ta solitude. Tu veux y croire. Le Japon est ta terre des nouveaux départs. C’est peut-être ce qui te manquait pour grandir, de retrouver tes racines.
Ton neurologue t’y a encouragé à ce déménagement, témoin de trop de scènes familiales pour ne pas comprendre ou entrevoir ton quotidien. Il t’a donné le nom d’un spécialiste qui pourrait te suivre ici, plus réputé que lui.
Avec l’aide de Louis(a), tu ouvres ton propre Facebook, ton Instagram officiel. Louis(a) te pousse à faire des vidéos sur Youtube mais tu en es incapable. Keith t’aide à calculer les honoraires que tu peux te permettre d’exiger sans diplôme officiel.
Haven, Makeup Artist Freelance.
T’es lancé. Se construire une réputation, un réseau est lent, laborieux. Ta timidité n’aide pas. Avec les enfants, c’est facile. Les adultes…
Anniversaires, fêtes foraines, publicités, tu multiplies les petits contrats payés au lance-pierre, les remplacements de dernière minute. T’es celui qu’on appelle en dernier recours. Sauf qu’en dehors des films de super-héros, c’est pas si glorieux, d’être le dernier choisi.
Ca ne payera pas un loyer et tu ne veux pas rester chez Ayane et son époux indéfiniment. Les surprendre une fois sur la table de la cuisine, t’as bien suffit. Tu t’es assez imposé. Tu as le droit à ton chez toi, toi aussi.
~
Tu as 21 ans et 5 mois. Tu commences à prendre tes marques, on vient à peine de t’enlever tes petites roulettes quand tu prends cet appel.
« 119, j’écoute, quelle est votre urgence ? »
L’assurance dans ta voix est en carton. Tu dépends encore des aides et instructions à l’écran. C’est le 5ème appel que tu acceptes en solo. Tu le sais. Tu les as comptés. Tu as répondu aux 4 autres en apnée, priant pour que ce soit simple, pour être à la hauteur. Tu sais au fond, que tu ne l’es pas. Tu es le bleu de l’équipe.
1 malaise dans un centre commercial, 2 appels foireux, 1 une mauvaise chute.
Rien qui ne soit en dehors des cadres. On t’a mis en début de journée, par compassion et pragmatisme. Tu es trop neuf pour te frotter aux folies et aux drames qui peuvent émerger la nuit.
« Oh mon dieu aidez-moi ! S’il vous plait, aidez-moi ! Je peux pas remonter!! Je suis coincé- ! » C’est une voix jeune, affolée, qui fait grésiller ses écouteurs.
Tu inspires et te jettes à l’eau. Tes doigts tremblent au-dessus du clavier. Tes yeux fouillent l’écran, prêts sélectionner la moindre information utile parmi tes fichiers.
« Monsieur, monsieur, calmez-
- Il vaut qu’vous m’aidez ! Ma jambe ! J’crois qu’elle est cassée ! J’veux pas mourir, aidez-moi !
- …vous êtes tombé…monsieur, où est que vous êtes tombé ? »
C’est pas censé se passer comme ça. Ce n’est pas le protocole. Il n’arrête pas de t’interrompre. Ta voix te parvient de loin. Ses hurlements te terrifient.
« … Sur la voie ! Oh mon dieu, j’entends l’train arriver !
- Je…je… » Lettres et chiffres dansent devant tes yeux. « Sur la voie du train ?
- Oui, oui ! Il arrive !
- Monsieur, j’ai besoin de savoir à quelle station !
- Awaji- »
Tu as foiré cet appel.
Ta responsable te tirera plus tard, des toilettes où tu es prostré. Tu n’as pas géré, mais ce n’est pas ta faute. Personne n’aurait eu le temps.
T’as pas géré.
Le problème avec ton nouveau travail, c’est qu’une fois l’appel terminé, tu ne sais pas ce qui arrive aux personnes que tu as au bout du fil. Est-ce que ça s’est bien terminé pour eux ? C’est peut-être le plus dur. Cette absence de conclusion.
Cette fois-là, tu n’es pas sûr de vouloir savoir. La réalité serait peut-être plus cruelle que ton imagination.
Tu penses à cette voix à chaque fois que tu prends un appel. Elle te pousse à ne plus te planter. Tu t’interdis de ruiner une seconde vie par ton incompétence. Petit à petit, tu progresses.
Ce job, tu l’as trouvé en répondant à une simple petite annonce en ligne. Recherche polyglotte. T’es le seul postulant qui maîtrisait trois langues et était capable de baragouiner en Islandais. Tu avais déjà ta certification aux premiers secours, on t’a demandé de l’approfondir. C’en est suivi 3 mois de formations et de stages, où laborieusement, tu as validé les compétences nécessaires pour devenir Opérateur au 119, le service d’appel d’urgences. D’abord stagiaire dépendant d’un référent, étroitement surveillé, puis titulaire. Tu rejoins la petite cellule dédiée aux appels provenant d’étrangers ne parlant pas assez japonais pour se faire comprendre. Tu passes la journée à jongler entre l’anglais, l’espagnol ou l’allemand.
Tu peux enfin te permettre de prendre un studio pour toi.
~
Tu as 22 ans, 10 mois. En faisant jouer ses mystérieuses relations, Louis(a) t’a trouvé un contrat avec une boite de production. Un tournage. 2 jours de services. Ca paie bien. Un film. Tu es excité. C’est une femme que tu as eu au téléphone, professionnelle, bien embêtée par la soudaine absence de son maquilleur habituel. Apparemment, un de leur premier rôle s’est ramené avec plusieurs suçons et bleus à camoufler en catastrophe. Tu es confiant. Ce serait un job facile.
Facile.
Un job facile.
Tu as failli mourir d’embarras, être le premier cas avéré d’auto-combustion spontanée. Tu n’as jamais vu autant de corps nus et décomplexés de ta vie. De corps actifs, très actifs, trop excités aussi. Quand tu as croisé ta première paire de fesses dénudées, tu t’es posé des questions. Puis est venu le festival des bites en libertés.
Louis(a) t’a bien pistonné pour un tournage. Un tournage de film pornographique.
Que fait Louis(a) exactement pour gagner sa vie en fait ? Tu sais qu’iel tient un site internet, fait des photos parfois… Après cette expérience, tu te gardes bien de demander, tu as une idée déjà bien trop précise à ton goût.
~
Tu as 23 ans, 6 jours. Tu es parrain d’une minuscule Mila. Elle a les yeux bleus, comme tous les bébés apparemment. Elle a les plus beaux yeux bleus de bébés, tu en es persuadé. Elle dort, contre sa maman, enveloppée dans une petite grenouillère avec des oreilles de chat. Elle est adorable. Tu tombes un peu amoureux. Tu refuses de la porter, de la casser. Ca ne décourage pas Ayane. C’est à toi qu’elle veut confier ce petit être si fragile s’il leur arrive quoi que ce soit. Tu as déjà du mal à prendre soin de toi. C’est impensable. Tu n’oses pas lui faire remarquer. De toute façon, tu refuses d’accepter un monde, où Ayane pourrait disparaître.
« On l’a bien réussi, quand même, hein ? » Sourit ton amie, fière, débordante de joie.
Tu hoches lentement la tête, sans cesser de caresser la si petite joue de Mila. La peluche que tu as apportée est là, calée sur la fenêtre. Toute une colonie de vacances de créatures de toutes tailles et toutes formes ont envahi la chambre. Tu as surpris Ayane à gronder son époux en arrivant, lui reprocher d’avoir encore craqué pour un jouet que Mila n’utilisera pas avant un moment. Tu souris doucement toi aussi.
Cette petite Mila va être très heureuse. Tu ne leur laisses pas le choix, ils sont ton modèle de rapprochement parfait. Et t’as pas la force de jouer les pères d’adoptions. « Tu sais… si t’as besoin… je peux la garder à l’occasion.» Baby-sitter, ça en revanche, c’était dans tes cordes. « Enfin, quand elle sera un peu plus grande.»
[...]
Haven Thorne
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Haven Thorne
La Fin
-Tokyo, Japon, 2109-
Tu as 24 ans, 4 mois. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller.
Les cintres au-dessus de ta tête grincent à chacun de tes mouvements. Tu es pourtant incapable de t’arrêter pour les pousser. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Tu as embarqué Murphy et t’es planqué dans ton placard, quand le monde a commencé à hurler, à trembler. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Le bleu rassurant de Moustaches, que tu serres contre toi pour le bercer, comment à s’affaiblir. Il faut dire que tu ne l’as pas sorti depuis longtemps, ton vieil ami. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Tu le savais pourtant, comme pour le Pérou. Tu connaissais les risques. Le Japon, l’île de toutes les catastrophes. Comme pour le Pérou, tu ne t’es pas cru concerné. Et maintenant les éléments se déchainent, la terre se révolte, et tu es pétrifié, au fond de ton placard Tu n’es pas seul. Anton est avec toi, Anton qui refuse de te quitter, plein de poussières et de sang que tu peux presque sentir sous tes doigts. Ca va aller. Ca va aller. Ca va aller. Lima, Tokyo…ils se mélangent dans ton esprit.
Haven n’est pas là aujourd’hui, c’est la peur qui est aux commandes.
Certains sont sortis, sont allés aider. Certains se sont rendus au centre d’appel, pour se rendre utile. Tu es resté dans ton placard. Jusqu’à que l’heure soit venue de faire le bilan. Quand tu es sorti, tu as vu cette rivière qu’était devenue la rue, Anton barbotant aux côtés de ses confrères morts.
T’as voulu faire demi-tour.
Tu n’en as pas eu le temps. D’autres silhouettes hébétées émergeaient aussi des immeubles épargnés, te forçant à être un peu courageux pour une fois. Maintenant que les éléments se sont calmés, tu peux te redresser, tu peux aider à soutenir cette mamie, choquée. Tu peux aider, un peu. Tu peux le faire.
Comme trop d’autres, tu n’as jamais oublié le nom du responsable de cette catastrophe. Shukumei.
Au fond, cette fois-ci, tu as eu de la chance. Tu es ressorti indemne de tout ce chaos.
Moustaches reprend sa place, au milieu de son étagère. Non sans nostalgie. Un nouveau sac l’accompagne dans le placard de ta chambre. Un sac de survie. Tu as regardé sur internet, compulsé plusieurs sites, afin d’être préparé au mieux pour la prochaine catastrophe ou invasion de zombies.
La ville se reconstruit lentement.
Le Centre d’appel a été déplacé temporairement, trop endommagé par Shukumei pour être efficace autrement. Il est parmi les bâtiments prioritaires lors de la reconstruction. Un mois à vous entasser dans des préfabriqués à grelotter en hiver, à devoir se concentrer pour démêler vos voix qui résonnent. Puis, aussi incroyable que cela puisse paraître après de telles épreuves, avec la nouvelle année, vint la reprise de la routine.
Le carnaval est une bonne période pour toi. Tu dégottes un petit contrat avec un parc à thème. Ton premier client régulier. Tes samedis sont réservés maintenant. C’est petit, mais c’est un début.
Pour la première fois, tu commences à te sentir chez toi quelque part.
Pas une seule fois, tu ne cherches à contacter cette famille que ta mère regrette tant. Tu les as peut-être croisés dans la rue, sans le savoir. Qu’importe. Cette famille-là, ce n’est pas la tienne. Tu comptes bien bâtir un nouveau Haven ici, ils n’y ont pas leur place.
Caractère
I'm paralyzed
Where is the real me?
I’m lost and it kills me inside
I'm paralyzed
When did I become so cold?
When did I become ashamed? (oh)
Where's the person that I know?
Tes qualités sont tes défauts. Tu es patient, posé, tu aimes peser le pour et le contre avant toute décision. Là est le problème. Tu réfléchis trop, Haven. L’assurance n’est pas ta qualité première, tu vis dans un monde de « Et si ? » Et si je me trompe ? Et si j’ai tord ? Et si ça ne fait pas plaisir ? Et si, et si, et si. Ils t’embourbent, te retiennent en arrière. Tu es rongé par tes peurs : de mal faire, de décevoir, de regretter, de pas être à la hauteur, surtout. Tu manques de confiance. En toi, en les autres.
Si bien que les Autres sont ta malédiction, Haven, ton répulsif. Ils te terrifient, tu te sens pourchassé par le poids de ces regards qui te jugent. Un rien te fait t’enflammer, te replier sur toi-même. Tu ne parles pas beaucoup à ceux qui n’appartiennent pas à ton cercle de proches. Tu ne sais pas doser. Soit tu parles trop, pour compenser tes doutes, et ta réponse devient une course effrénée contre ta honte, soit les mots restent accrochés à ta luette. Et quand tu arrives à t’exprimer, tu tournes autour des sujets problématiques. Dans tes mauvais jours, tu peux donner des leçons de non-réponse aux politiques. Si bien qu’on te coupe souvent, soit pour parler à ta place, soit pour t’obliger à rentrer dans le vif du sujet.
Tu es une catastrophe dès qu’il faut être social.
Le sarcasme, l’ironie, les nuances du second degré, le poids d’un regard entendu, tout cela t’échappe. Bien trop de blagues de Louis(a) te passent bien au-dessus, si bien qu’iel a du arrêter de faire preuve d’ironie pour te donner un avis. A son « Oh oui, il est horrible » au sujet d’une de tes créations, pour te taquiner sur ton manque de confiance, tu as failli pleurer et donner ta collection de maquillages à une association.
Tu es la parfaite cible des farces de tes amis, ces traitres, car tout simplement, tu ne te méfies pas. « Trop facile.» a rouspété Ayane, « T’es vraiment trop crédule, Haven, c’est pas drôle. » Toi, t’espérais simplement qu’il restait des tortues rouges à l’animalerie. Avant de te rappeler, que non, c’était ça, la farce. En plus, en examinant avec plus d’attention tortue d’Aya’, tu voyais bien que c’était de la peinture qui colorait sa carapace. Tu fus vraiment déçu pour le coup, ç’aurait fait un joli compagnon pour Murphy, ta propre tortue. C’est aussi à cause de cette ignorance que tu affiches parfois, que tu as failli te postuler pour un cabaret…bien particulier. L’annonce disait : «Aide demandée pour sublimer nos artistes et les faire briller de milles feux.», elle ne précisait pas que la quantité de tissus portée par les dits artistes tenait dans ta main. En y repensant, la mention « maîtrise du Body Painting exigée » aurait peut-être du t’alerter.
Tu es un beau paradoxe. D’un côté tu les fuis ces autres mais en même temps, tu les observes, tu les envies. Tu te sens comme spectateur de l’autre côté de l’écran de leur vie. Tu rêves de les rejoindre, de mettre ta timidité à recycler. Tu essayes parfois. Heureusement tu as tes amis pour ça. Mais même avec eux, ça a été difficile au début. Ils sont de l’autre côté du monde pour la plupart et tu hésites encore beaucoup trop, même avec eux, au sujet de ce que tu vas dire ou écrire. Hormis pour Ayane, tu cultives tes amitiés à distance, c’est plus facile. La plupart de tes relations le sont aussi, à distance. Là, dans le monde numérique, il y a moins de risques à être un peu aventureux. Ta petite bulle de sécurité et de confiance éclate dès qu’il s’agit de quitter ton écran.
Si le Monde t’effarouche, tu es pourtant quelqu’un de positif avant tout, qui préfère penser au meilleur des possibles plutôt que de redouter le pire. Tu t’attaches vite, tu es plus rapide encore à donner ta confiance. Tu t’inquiètes pour ce vendeur qui a utilisé ton nom et t’as souri, tu ne veux pas gaspiller de son temps. Tu te souviens encore du nom de l’homme qui t’a vendu ton bouquet internet ( Emeric).A lui aussi, tu n’as pas su dire non et maintenant tu as un bouquet de chaines dont tu ne comprends même pas la langue en option. Tu as du mal à imposer ta volonté.
C’est parce que tu es si discret que tu es une bonne écoute. Les personnes âgées t’apprécient beaucoup, parce que tu les laisses parler à l’infinie. En partie parce que tu n’oses pas les interrompre.
Ton côté enfant, te fait t’endormir en serrant ton oreiller dans tes bras ou encore te réveiller grâce à un bon chocolat chaud. ( Le café pour toi, c’est surtout du sucre et du lait avec le café en option). Et pourtant, tu es aussi capable de chercher le sommeil en enchaînant plusieurs films d’horreurs. Ces monstres te fascinent, particulièrement leurs effets spéciaux. Tu es fier de reconnaître de plus en plus facilement les techniques utilisées par ses confrères qui sont encore bien au-dessus de toi.
Tu es généreux envers tes amis et envers toi-même. Ca a longtemps été un problème. Tu es un panier percé qui se soigne. Adolescent, tu n’avais jamais un sous. Maintenant, tu essaies de te maîtriser, de ne pas dépenser aussi vite que tu n’amasses tes quelques économies. Impossible pour toi de résister à de nouveaux maquillages, à l’attrait d’une nouvelle maison pour le terrarium de Murphy, ou encore de ne pas tester ce nouveau parfum de glace. Et puis, Keith a dit qu’il aimait bien l’écharpe sur ta photo, alors évidemment, tu es obligé de lui envoyer. Tenir un budget, que tu remplis, chaque fin de semaine, pour t’obliger à rester dans les lignes, c’est fastidieux mais nécessaire. Tu as déjà été 3 fois dans le rouge rien que depuis l’an passé. Même avec ça, tu as du mal à t’empêcher de piocher dans tes économies, celles que tu mets de côtés pour voyager.
Tu rêves d’aller à Hawaï et en Australie, Jensen t’en a tellement parlé. Heureusement, ton travail au Centre d’Appel a aidé à rassurer ton banquier et à remplumer, un peu, tes comptes. Si tu arrêtes de piocher dans tes noisettes, peut-être dans quelques années…C’est possible. Ton travail te fait du bien. Tu es métamorphosé derrière le micro de ton poste. Tu as un aplomb, une assurance dont tu ne fais preuve en dehors de ton box qu’en période de crise. Et encore, elle s’est envolée dès que la terre a commencé à trembler en Octobre. Tu es encore en construction mais ça viendra sûrement.
Au fond de ton porte-monnaie, tu as caché un trèfle à quatre feuilles. Tu crois au hasard, à la bonne fortune. Tu n’es pas à proprement parlé croyant mais tu sais qu’une force mystérieuse anime le monde, joue parfois avec, sinon comment expliquer que tu ais survécu non pas à une mais à deux catastrophes naturelles ? Tu crois au karma : toute action à ses conséquences. Tu as plusieurs grigris et porte-bonheurs. Tu as accroché un attrape-rêve à côté de ton lit et ça aussi, tu y crois.
Asuna a fait le choix de tourner le dos à son pays, de rester avec ce point d’interrogation rose au-dessus de sa tête. Et si sa lettre arrivait demain ? Tu as grandi en entendant parler de ce pays d’où tu viens, de son Incontestable aux informations. Papa et Maman t’ont expliqué que tu avais une puce et à quoi elle servirait plus tard. Positifs, négatifs, tous ces avis t’ont glissé dessus sans t’atteindre. Ce n’était pas un sujet que tes parents aimaient aborder, eux-aussi avaient un côté superstitieux.
Ayane fut la première à te parler ouvertement de son rêve de lettre rose. La première également à le réaliser. Tu n’épouserais pas Travis mais elle le regarde comme s’il lui avait décroché la Lune et offerte avec un ruban. Ce serait si facile, de remettre son destin entre les mains de l’Incontestable, cette machine qui ne se trompe jamais. C’est lâche mais tu espères que son attention se tourne vers toi. La solitude t’écrase parfois le soir. Les bruits, autres que la musique émise par tes enceintes, ces traces de présences humaines chez toi, te manquent. Avec une lettre rose, tu aurais une chance. Une chance d’essayer.
Physique
I defend my family with my orange umbrella
I'm afraid of everyone, I'm afraid of everyone
With my shiny new star spangled tennis shoes on
I'm afraid of everyone, I'm afraid of everyone
Tu te tiens comme si tu avais peur de prendre trop de place. Tu es celui qui lâché dans une pièce finit replié dans un coin. Tu as peur. Tes mains enfoncées dans tes poches, tes yeux qui fixent le bout de tes baskets le télégraphient à quiconque à des yeux pour regarder. Tu n’es pas bien grand, Haven, mais replié sur toi, tu ne fais pas ton 1m65. Tu te perds dans les vêtements que tu aimes empiler. Tu les préfères confortables, lâches, doux. Depuis ton accident, tu n’aimes pas te sentir engoncé. Tu es frileux, tu l’as toujours été, alors tu privilégies les manches longues. Quand tu es nerveux, c’est-à-dire trop souvent, tu en tortures les manches. Tu as besoin de t’occuper les mains pour forcer ton esprit à coopérer. C’est ton petit tic pour te recentrer. Le petit-porte clé Slender-man que t’a offert Ayane en fait souvent les frais.
Les Sweat’ sont ton arme préférée pour sortir. Tu aimes la sensation d’anonymat que te procurent leurs capuches. Ils te protègent du poids de ces regards qui t’angoissent. Et tu te sens toujours observé, jugé.
Rester anonyme. On dirait que c’est ton objectif que, surtout, on ne s’attarde pas sur toi. Tes couleurs pâles, sobres, qui contrastent tant avec les maquillages plein de couleurs et d’énergie auxquels tu donnes vie. Toi aussi tu es plein de couleurs à l’intérieur, tu n’oses juste pas le montrer. Dans le refuge de ton studio, de ton cercle d’amis, c’est différent. Tu t’animes et ta garde robe aussi.
Pourtant, tu n’as aucune raison de disparaître dans l’ombre, Haven. Tu ne feras la une d’aucun magasine mais il émane de toi une beauté douce empreinte de nostalgie. Quand tu souris, c’est ton être tout entier qui s’anime, qui s’illumine. Quand le soleil joue avec tes cheveux clairs, ils semblent faits d’or blanc. L’or est ta couleur. Tes yeux oscillent entre l’ambre et le doré, ce sont les gènes, modifiés, de ton père, que tu dois remercier pour ça. Quand tu rougis, les tâches de son qui tapissent ta peau ne ressortent que plus. Et tu t’y connais en rougissement, tu es un maître à la matière. Ca fait parti de ton charme. Tu es fragile. Ta carapace est fine comme du papier. Tu laisses tout transparaître de tes émois intérieurs, troubles, chagrins, joies, colères, ils se télégraphient tous à travers de chacune de tes expressions. Malheureusement, ce ne sont pas toujours les bonnes.
Ca t’a valu quelques belles remontrances de la part de ton père. Tu souris Haven quand tu es gêné, quand tu es menacé. Tu souriais quand ton père te grondait, ton sourire te trahissait. Tu n’avais pas le cœur à rire pourtant. C’est un sourire de mal être, un réflexe de survie mal conditionné, qui t’échappait.
Tu passes ton temps à danser avec les gens. Ils s’approchent, tu t’éloignes. Tu les fuis, tout comme tu évites leurs étreintes et leurs contacts. Tu n’aimes pas qu’on te touche quand tu n’y es pas préparé. Et pourtant, ce n’est pas que tu n’aimes pas être touché. Au contraire. Quand l’alcool coule dans tes veines, tu es avide de câlins. Tu les distribues librement, à chacune des victimes de ton innocente affection. Tu ne bois pas souvent parce que boire seul est triste mais chacune de vos soirées a donné naissance à des souvenirs emplis de démonstrations d’affection surprises de ta part. Les photos incriminantes de toi sont nombreuses à ton plus grand désespoir. Ils sont épais, les dossiers contre toi.
La douleur est en partie responsable de tes esquives. Celle qui te fait enchaîner les cachets les mauvais jours. Peut-être un peu trop. Il y a longtemps que tu ne respectes plus les doses recommandées, que tu mélanges, que tu augmentes les prises, en quête de résultat. Si tu n’en parles pas à tes docteurs c’est peut-être parce qu’au fond, tu sais que c’est une pente dangereuse que tu as empruntée. Mais que faire d’autre ?
Il y a 7 ans, tu as eu un accident, tu as fait une chute. Depuis, les cicatrices se sont un peu estompées mais délimitent toujours ta colonne, comme si un chirurgien fou s’était amusé à t’ouvrir et t’extraire les os. C’est un peu le cas, tu as du métal qui te maintient debout maintenant. T’es rafistolé. Tu as d’autres cicatrices, résultat de ta chute. Mais celles de ton dos tu aurais aimé couvrir d’un tatouage. C’est Louis(a) qui t’en a parlé, qui t’a montré des photos, de personnes, qui ont sublimé leur mal, les ont transformé en œuvre d’art, comme un magnifique doigt levé à leurs malheurs. Trois fois tu as pris rendez-vous, trois fois tu t’es présenté devant le salon, trois fois tu as fait demi tour. Tu te désespères. Ce n’est pas grave, tu as déjà ta propre constellation dessinée sur le corps, ta propre petite armée qui se multiplie dès que tu prends le soleil. Tes taches de son.
Allodynie. 7 lettres. 13 points au Scrabbles à peine. Ton démon personnel est une arnaque jusqu’au bout. Son état-major situé dans ton dos mais il s’étend aussi sur le dos de tes bras, tes cuisses. Allodynie, t’as expliqué ton neurologue, c’est le terme employé pour désigner une douleur déclenchée par un stimulus normalement indolore. Comme une main sur ton épaule, comme un câlin. Un traumatisme en est souvent la cause, comme une chute, comme des dommages à la moelle épinière.Tu es un parfait cas d’école, tu devrais être fier.
C’est simple. Tes ennemis, ce sont tes nerfs. Ils sont en brancards eux-aussi.
Tu as mal, parfois sans raison, parfois à cause du moindre souffle d’air, du moindre changement de température. Surtout en fin de journée, surtout quand tu es fatigué. Tu évites d’en parler parce que tu te trouves bête, tu te trouves faible. Ce n’est pas tout le temps. C’est une menace constante qui te hante. Tu redoutes les jours, où tu te déplaces, lentement, précautionneusement, comme un petit vieux bouffé par une vie bien vécue, alors que tu n’as que 24 ans.
Tu aimes manger, tu sais être un bon lapin mais tu ne sais pas cuisiner. Les fast-foods sont tes sauveurs. Vive la malbouffe. De toute manière, tu oublies parfois un repas sur deux, perdu dans ta dernière création, ta dernière angoisse ou occupé à admirer les derniers exploits de Murphy. Les exemples ne manquent pas pour illustrer ta distraction. Tu laisses les homards et restaurants étoilés aux autres. Tu leur préfères un bon burger, des fajitas ou même une pizza. Voilà ce que tu dévores. Et ça ne se voit pas. Tu brûles les calories aussi vite que tu les consommes, tout ce stress que tu t’imposes sûrement.
Aussi, tu prends soin de toi ou du moins, tu essaies. Tu préfères le vélo aux transports en commun, il y a moins de monde sur ton vélo, moins de chance de faire des rencontres. Ayane t’a fait découvrir le Yoga, une fois le sentiment de ridicule passé ( il t’a suffit d’observer Travis, souple comme une planche de bois et son air imperturbable pour que tu te sentes guéri), tu as accroché. La natation te manque. Mais à moins d’avoir ta propre piscine privée, c’est fichu.
~
|| Le pas-si-utile-qui-rentre-pas-dans-les-cases ||
| adore les carottes crues, les mange secrètement comme Bugs Bunny depuis qu'il est gosse. | Allergie aux noix | un EpiPen toujours dans la poche| Est une pharmacie ambulante |Prend trop d’antidouleurs | Incapable d’avaler du poisson cru, eurk | porte des lunettes pour travailler devant l’ordi | a des chaussons pattes d’ours | Moustaches est toujours dans son placard | croit aux zombies | a un sac de survie | adore l’histoire du Slender Man | les films d’horreurs le détendent | a une torture mâle, une Hermann, nommée Murphy | son terrarium prend tout un mur | a 17 crayons noirs différents. Parce que.| a peur des gros chiens | a fait de la danse du ventre un été, forcé par Ayane | A les pieds s’emmêlent quand on le regarde | aime pas dormir seul | son premier achat au Japon a été un charme porte-honneur, censé lui apporter la bénédiction de l’Incontestable. |
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Mais quel boulet.
Et ptn, dude, no, pas de second post.
Re-bienvenue sinon. Hâte de voir l'histoire de ton petiot, les informations donnent envie d'en savoir plus!
Et ptn, dude, no, pas de second post.
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Re-bienvenue et bon courage pour la fin de ta fiche. Si elle en a une....
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Kao râle en #9900ff
Kaori Mogami
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Encore quelqu'un qui a grave la classe...
Bon courage pour ta fiche, m'sieur o/
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Haven Thorne
Sato : Je sais : Boulet Suprême :tulio: J'espère que la suite te plaira malgré sa longueur !
Kaori : C'est la forum du forum s'il m'a inspiré Et c'est fini C'est pas si long que ça !
Amon : Merci !!
Le moustachu : ( Encore merci de m'avoir rendu si Bô !)
|| I'm done ! ( Normalement, it's good. J'espère pas avoir laissé trop d'erreurs :b19: )
Kaori : C'est la forum du forum s'il m'a inspiré Et c'est fini C'est pas si long que ça !
Amon : Merci !!
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Re bienvenue ...
JAIME BORDEL ! C TRO BEAU
jotem
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Alors l'avatar croit me rappeler qui tu es mais en fait... je ne sais pas. Rebienvenue quand même !
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Appia : Merciiii ! Keur sur toi !
Iakov : Merci Iakov :b05: Tu reconnais sûrement la patte de Driss pour l'ava !
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T'es beau comme un chamallow.
Rebienvenue-toi, j'vais lire tout ça, même si tu sais ce que j'en pense.
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Mec. Te lire c'est comme se prendre une claque en plein visage à chaque ligne. Le choix des mots, l'écriture des impressions et des pensées, l'impression d'être un télépathe voyeur qui vole des coups d'oeils dans la vie d'un inconnu. J'ai tout aimé. Y a l'envie d'en savoir plus, de voir comment il va grandir, changer, devenir celui qu'il est maintenant. C'est beau, c'est bon, j'te jure. Moi qui me plaignait de la longueur, j'ai pas vu passé le temps passer en lisant l'histoire. Arrivé à la dernière ligne, y a juste un "ah. Hein. Wait what, non, la suite stp, j'en veux plus ??!!!" qui m'a échappé.
Et puis ces musiques qui vont si bien avec ces descriptions. J'te jure, ça m'a donné des frissons. Il fait tellement humain, avec ses peurs, son développement, le petit garçon terrifié qui devient un jeune homme capable de surmonter ses peurs pour retourner au Japon. Et puis même tes personnages secondaires semblent vivants. Ça donne l'impression qu'ils continuent de vivre leur vie, qu'ils peuvent repoper dans n'importe quel rp comme PNJ. J'suis en amour devant ta plume. T'écris bien dude. Chapeau bas. Merci pour ça. Rien à redire.
(j'ai ri pour le bouquet internet.)
Bon sinon, ce que j'avais noté en lisant la fiche d'identité, avant de tomber en amour devant l'histoire que t'as créé pour ton zigoto:
Re-bienvenue dude !
NF... ptn...
Et c'quoi tout ces boulots là eh, hein ? Tu penses un peu aux gens qui font les listings après ? Hein ? HEIN ? J'TE CAUSE LA EH
J'te note quand même les 3 fautes que j'ai noté:
l’ambulance qui vous me menait -> mot en trop ?
L’homme qui avait touchée
tu ne peux rien dire de sous costume de gentil fantôme → manque un mot ?
Et puis ces musiques qui vont si bien avec ces descriptions. J'te jure, ça m'a donné des frissons. Il fait tellement humain, avec ses peurs, son développement, le petit garçon terrifié qui devient un jeune homme capable de surmonter ses peurs pour retourner au Japon. Et puis même tes personnages secondaires semblent vivants. Ça donne l'impression qu'ils continuent de vivre leur vie, qu'ils peuvent repoper dans n'importe quel rp comme PNJ. J'suis en amour devant ta plume. T'écris bien dude. Chapeau bas. Merci pour ça. Rien à redire.
(j'ai ri pour le bouquet internet.)
Bon sinon, ce que j'avais noté en lisant la fiche d'identité, avant de tomber en amour devant l'histoire que t'as créé pour ton zigoto:
Re-bienvenue dude !
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Et c'quoi tout ces boulots là eh, hein ? Tu penses un peu aux gens qui font les listings après ? Hein ? HEIN ? J'TE CAUSE LA EH
J'te note quand même les 3 fautes que j'ai noté:
l’ambulance qui vous me menait -> mot en trop ?
L’homme qui avait touchée
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Pré-validation par Satoshi Totsuzen
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J'vais corriger de suite !! :tulio: ( je peux rien faire pour les boulots, il galère avance comme il peut ! mais désolée quand même :c )
Sato....jitème tellement fort, dude. Je fonds. Je vais barboter dans ma joie plus loin <3
( Je compte bien ramener sa brouette d'amis inrp ! Je les aime trop maintenant, ce sont mes bébés.)
____
Ariel
Et merci Uta ! Au plaisir de tous vous recroiser <3
Sato....jitème tellement fort, dude. Je fonds. Je vais barboter dans ma joie plus loin <3
( Je compte bien ramener sa brouette d'amis inrp ! Je les aime trop maintenant, ce sont mes bébés.)
____
Ariel
Et merci Uta ! Au plaisir de tous vous recroiser <3
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Merci Lucci, Zach (notamment pour le vava dessiné avec Kiyo ♥) et Lucas pour les avatars et kits
- Spoiler:
- Ce qu'ils ont dit :
- [22:06:43] Luz E. Alvadaro : "Le RP plus une passion, une profession" "Makoto Nanase 2017"
- Le plus beau compliment :
- Merci Oz :
Makoto Nanase
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