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Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Maze ♥
Autre:
Alekseï Jefferson
Alekseï Jefferson


Alekseï Akikazu

You'll never know the psychopath sitting next to you
Généralités

Nom ;; Akikazu.
Prénoms ;; Alekseï « Aliocha ».
Âge ;; 38 ans – né en janvier 2076 à Nagoya.
Genre ;; Mâle. Vous voulez vérifier ?
Origines ;; Japonais – son père biologique est Russe.
Activité ;; Ancien Analyste financier (diplômé de Todai en Commerce et Gestion, spécialité Finance). Actuellement dédié à son poste de Saiki-Komon de l'Inagawa-kai.
Sexualité ;; Bisexuel en apparence. Homosexuel en vérité. Il ne supporte pas les femmes - merci maman - mais il est doué pour faire comme si.
Avatar ;; Itachi Uchiha © Naruto.
Règlement ;; Merci ! - Yaishi
Chemin ;; D.C.
Commentaire ;; J'ai craqué, ça y est. La pression était trop forte, c'est päpy qui est à blâmer. Ne prenez pas peur s'il vous plaît. Aliocha n'est pas si horrible.


Downward spiral,
where do I begin ?


See the breaking glass 
In the underpass 

Le mal. Même lorsque l'on en a pas vraiment, pas réellement conscience, il est là. Il est toujours là, invisible mais toujours trop accessible, toujours trop facile. Il est là, il est dans l'ombre, tapi à vous guetter. Il veut déchirer votre réalité de ses griffes acérées, il veut vous attirer dans ses filets. Et parfois, souvent, trop, il réussit. 

Le mal. 

Le Mal. 

Alekseï n'était qu'un insecte, misérable papillon de lumière pris dans une toile d'araignée. Il a longtemps cru pouvoir s'en défaire, la déchirer. Il a tenté de hurler, pour qu'on l'aide à s'en sortir, pour qu'on vienne le tirer de là. Personne n'a entendu. Il a hurlé, il a hurlé si fort, sans un bruit mais il a hurlé. Personne n'est venu. Pendant longtemps il y a cru. Longtemps, si longtemps. Jusqu'à ce qu'il se rende compte que de papillon il est devenu araignée. 


You can see your reflection 
In the luminescent dash 

Alors il a arrêté de hurler. 

Oh but God I want to let it go 

Il est né, un jour. 

Il est né, un jour, sans l'avoir décidé. 

Il est né, un jour, pris au piège sans l'avoir voulu. 

Il est né, un jour, et il a sagement commencé à mourir. 

Peut-être que la cause est le monde qui se meurt, la terre entière qui dépérit, inexorablement ; les preuves sont là : la société japonaise, pour survivre, en est réduite, entre autres obligations, à encourager le viol mutualisé. C'est dans cette fausse valeur qu'est le mariage japonais, aveugle et délirant, c'est dans cette bacchanale infernale qu'il est né, arraché au ventre chaud de la mère en souffrance, charpie embryonnaire de ce qui aurait pu être homme mais qui n'est devenu que monstre. Il est né et il a poussé son premier cri. Le cri de celui qui naît, sans savoir ce que c'est, sans savoir qui il est ni même qu'il est tout simplement, mais qui comprend la douleur, l'horreur du plongeon dans un monde de folie. Émersion. Immersion. Il est né. Il a crié. 

Le but premier de l'homme est la reproduction – le Japon le prouve perpétuellement avec la possession matérielle et immatérielle des hommes, des femmes, des enfants, de tous ceux qui ont une puce et qui appartiennent à la matrice, petit rouage de la machine. En partant de ce postulat, la mère aurait dû être heureuse et n'avoir pour unique objectif que le bien-être, la sécurité de son bébé. Et, bien sûr, l'amour maternel. Cet amour prétendument vainqueur de tout et de tous. Mais la mère n'était pas comme ça. La mère qui ne parlait jamais à son enfant – pas en ouvrant la bouche en tout cas. La mère qui savait que ce corps étranger dont elle avait accouché n'était pas désiré, n'était pas de sa volonté. Elle avait tenté d'y remédier. Elle avait tenté de nier l'existence de cette chose indésirable qui grandissait dans son ventre, par une tentative d'avortement qui vint s'écraser contre le mur solide du refus des parents. S'opposer à la procréation, but ultime des machines reproductives qu'étaient les japonais ? Jamais. Non, jamais. Alors elle l'a gardé, l'a porté, cet indésiré mais pourtant incontesté. 

Il est né par césarienne, sa position était mauvaise ont dit les médecins. Il est né et, en plus d'un boulet qui pleurait, la mère a écopé d'une cicatrice mal placée. Une tare bien enfoncée, une épine dans son pied, une teigne en cadeau. Il est né. Il a crié. Elle ne l'a pas regardé. Et le père dans tout ça ? Le père ? Il n'y en a pas. Il ne le connaît pas, ne sait de lui que ce qui a échappé au silence de la mère parfois : un étranger dont il porte le nom - Alekseï. 

Bienvenue. 

Bienvenue Alekseï.

Il est né, un jour. Il est né, il n'a rien demandé mais il est né. Alors maintenant, il doit faire avec, alors maintenant, il doit apprendre à grandir avec. Mère-fille silencieuse. Grands-parents distants. Voilà sa famille, voilà l'étendue de sa vie. Et le silence, évidemment. Oui, le silence. Part importante. Part omniprésente. Le silence, leur silence. Son silence. Du bruit, des mots. Des mots, du bruit. Mais pas pour lui, jamais pour lui. La mère ne lui parle pas, ne lui adresse pas le moindre mot. Il en sera ainsi jusqu'à la fin, jusqu'à leur toute dernière rencontre. Pourquoi ? Pourquoi pas. Il ne sait pas. C'est comme ça. C'est son quotidien, et voilà qui n'est rien.

Du bruit, des mots.

Des mots, du bruit.

Et des gestes.

Les gens parlent, c'est nouveau. Les gens lui parlent, pourquoi ? Il n'a rien, il n'est rien. Service frelaté, il ne peut rien apporter et il le sait. N'est-ce pas pour ça que la mère ne lui parle pas, jamais ? Parce qu'il n'a rien pour elle, rien qui ne justifie une attention de cet acabit, parce qu'il ne compte pas, parce qu'il n'existe pas, pas vraiment, pas suffisamment.

Du bruit, des mots, des gestes.

Bienvenue. Bienvenue Alekseï. Bienvenue à l'école maternelle. L'instruction est non obligatoire en Yōchien mais la mère voulait se débarrasser de lui, l'éloigner de la maison. Et puis elle aussi, elle devait aller en cours. Il n'a pas compris tout de suite, elle ne lui a pas expliqué – comment aurait-elle pu, sans jamais lui parler ? Au début, il ne la voyait pas partir, il voyait seulement la carte magnétique à son cou pendant qu'elle cuisinait – pour elle, bien sûr, pas pour lui. Par la suite, elle partait en même temps que lui, s'assurait que tout était soigneusement verrouillé. Tailleur enfilé sur une chemise en satin blanc, chevelure ramassé en chignon, yeux maquillés. Robe ajustée, paire de collants et chaussures à petits talons, chevelure libérée. Jupe et chemisier, touche de couleur nuancée sur son foulard bien noué, chevelure tressée de façon compliquée. Elle se faisait belle, elle se préparait avec attention. Et il la regardait avec de grands yeux brillants, de grands yeux d'enfant. Ça n'a pas duré longtemps, toutefois. Au bout d'un moment, elle partait avant lui. Un jour, elle a posé un trousseau de clefs sur la table. Assentiment silencieux. Il avait droit à une nouvelle tâche. Augmentation. Promotion. Ha ha. Puis elle s'est mise à partir avant même qu'il se lève. Il a bien essayé de mettre son réveil plus tôt, mais rien à faire. Et de toute façon, ce n'était pas nécessaire. Il avait juste à boire un verre d'eau, à faire une petite toilette, s'habiller, prendre ses affaires et partir. L'école était juste au bout de la rue. Il avait appris à y aller tout seul, même s'il n'avait pas encore six ans.

Une poignée de gravats dans le sac
De petites mains qui le poussent dans le bac à sable
Ils ne l'aiment pas pourquoi
Ils ne l'aiment pas tout simplement
Et il n'oublie pas, il se promet qu'il ne le fera pas
La poussière dans les yeux, les ciseaux dans les cheveux
Et leurs voix
Mais pourquoi pourquoi pourquoi


Tout ça n'est rien, vraiment ; tout ça n'est que pacotille d'enfants, tourmente sans raison, cauchemar illusoire. Tout ça n'est rien. Tout ça n'est rien. Mais ça le touche, ça le marque. Il n'oublie pas. Il n'oublie rien. Et il grandit, oui, il grandit. Alors que vient l'instruction obligatoire, alors que vient l'enseignement primaire, alors que vient le Shōgakkō. Il apprend, il évolue. Il apprend, il apprend, il aime apprendre – il apprend même à jardiner, merci l'école. Il apprend, et il grandit. Bien entouré, les enfants sont méchants mais passent vite à autre chose. Les amitiés se font, se défont. Se font. Ne se défont pas. Il les garde. Il les garde parce qu'ils lui parlent, parce qu'il existe pour eux. Il les garde.

Il garde les personnes. Mais il ne garde pas sa vie.

Parce que la vie, sa vie, s'est arrêtée. 2085. Lui et la mère sont descendus. Avril 2085. Il y a un homme qui attend, un homme grand, si grand qu'il piétine l'ombre du père dans la poussière. Poisson d'avril ? Un homme. 2085. Avril. Vérité, nouveauté. Le faux-père, celui qui remplace le vrai, celui qui écrase le vrai. La vie s'est arrêtée pour recommencer.


I wanna chain you up

Maintenant, il y a des mots à la maison.

Maintenant, il y a des bentos le matin, sur la table.

Maintenant, il y a une main sur la tête d'Alekseï.

Maintenant il y a un papa comment
Un papa tout simplement
Et il parle ce papa, ce papa, ce papa ce papa
Pourquoi faut-il que la mère soit mariée
Pas un papa comme celui-là pas un papa
Non pas un papa
Tué sa voix


Maintenant, c'était avant et avant, c'est fini. Et qui donc est jamais parvenu à vaincre la fin ? Il a essayé. Il ne l'a pas acceptée, malgré tout, mais après tout. Il ne l'a pas acceptée et l'a regardée en riant, en espérant, en priant. Il ne l'a pas acceptée et a cru jusqu'au bout que ce n'était pas vrai, que ce n'était pas la réalité. Il ne l'a pas acceptée, cette fin qui ne viendra jamais, qui sera toujours en retard. Il n'y a pas de fin. Seulement une continuité. Parce que les choses changent, parce que les choses évoluent perpétuellement, ne s'arrêtent jamais et emportent tout sur leur passage.  

Les choses changent.

Il entre en enseignement secondaire, il entre en chūgakkō.

Les choses changent.

Il grandit, c'est le début de la puberté ; les premiers poils pubiens, trop clairs pour être réellement pris en compte, la voix qui devient plus grave, un peu, mais finalement ça ne s'entend pas vraiment parce qu'il ne parle pas beaucoup.

Les choses changent.


I was told when I get older all my fears would shrink

Douze ans. Il a douze ans et les choses changent vraiment. Les choses changent et Alekseï le sent. À lui que les mots ont été refusés, rien n'existe vraiment si ce n'est la sensation. Les choses changent et Alekseï le sent parce qu'il est doué d'un genre de prescience. À la manière des loups qui hurlent à la mort. À la manière des oiseaux qui fuient en cas de tsunami. À la manière de tous ces animaux dotés d'un sixième sens à la limite du surnaturel. À leur manière, il sent, il sent les événements, les personnes, tout ce qui l'entoure. Il ne peut pas parler alors il renifle. Il hume, il détecte. Il sent, oui. Incapable de l'apprendre, de l'entendre d'une autre façon, il sent. À travers le vide et l'absence. À travers le silence. Les choses changent. Il sent les problèmes.

But now I’m insecure

A-t-on idée de laisser son ventre enfler comme ça, de refaire un enfant alors que le précédent ne sert déjà à rien ? La mère parle au ventre. La mère chante des berceuses, que l'enfant qu'il est n'a jamais entendu, mais que le bébé perçoit alors même qu'il n'existe pas encore, pas vraiment. Le faux-père gazouille des choses et tripote le ventre, caresse le bébé par cet intermédiaire. Mais… Mais lui, l'enfant, a-t-il jamais eu droit à ce genre de caresse ? Qu'est-ce que le bébé a fait ? Qu'a-t-il de plus ? Il ne veut pas, il n'en veut pas, de ce bébé, qu'il s'en aille, qu'il reparte là d'où il vient. Immense haine. Immense haine écrasée par sa propre peine. Immense haine, montagne et volcan, baignée des fumerolles jaillies des plus profondes anfractuosités de son cœur abîmé – sans que lui-même sache qui ou quoi, là-dessous, là-dedans, brûle et s'accumule. Immense haine parce qu'il n'en veut pas, certainement pas. Peut-être est-ce pour ça qu'il ne fait rien quand la mère tombe dans les escaliers, peut-être pour ça qu'il n'appelle pas les secours, qu'il se contente de regarder en silence – ce silence, leur silence comme une tombe invisible.

Attention
Vous avez besoin de repos vous comprenez
Arrêt
Le bébé reste
Va-t'en
Pourquoi mais pourquoi pourquoi il reste pourquoi
Veut pas au revoir


Tout va bien, la mère va bien, le bébé va bien. Quel soulagement, vraiment. Une occasion de ratée, une chance de gâchée. Il a presque réussi à les débarrasser de la sangsue embryonnaire qui grandit dans le ventre chaud de la mère – sa mère, à lui. Mais il a échoué, ce n'était pas assez. Mais il a gagné autre chose, il a gagné le regard de la mère. Un regard qui pèse, tenace et nourricier. Invisible caresse, ou peut-être est-ce plutôt une gifle… ? Il est récompensé. Pas ce qu'il espérait, mais c'est bien assez.

Pour l'instant.

Puis le bébé est né, un jour.

Puis le bébé est né, un jour, sans avoir demandé à Alekseï.

Puis le bébé est né, un jour, mais il n'aurait pas dû, non il n'aurait pas dû.

Puis le bébé est né, un jour, et il a bravement commencé à ruiner le monde d'Alekseï.

I'm a slave to your games

Bienvenue.

Bienvenue, Asling.

Ils sont heureux, toute la famille – les familles. Les grands-parents distants, la mère. Les faux-grands-parents inconnus, le faux-père. Il y a des oncles, des tantes, des cousins, vrais comme faux. Il y a des gens, des tas de gens. Un véritable défilé à l'hôpital, un ballet à la maison. Des fous qui se réunissent pour fêter la mortalité volontaire – car vivre, c'est mourir et seulement mourir dans cette société où la vie n'est plus que théâtre ambulant, pathétique bacchanale dénuée de sens. Vont-ils remarquer l'enfant ? Vont-ils lui prêter attention, le féliciter d'être grand-frère ? Il a vu ça à la télévision un jour. Il se dit qu'il va y avoir droit. Il va forcément y avoir droit. Alors pourquoi est-ce que tous les regards sont tournés vers le fœtus tout juste formé, tout juste né ? C'est comme un grand courant, mystique et immatériel, qui force au rassemblement autour du berceau, aplanit les frontières entre les familles et porte à la tête de ce petit monde le bébé. Et l'enfant n'est rien. Et l'enfant n'est pas. Alors l'enfant se cache, se faufile sous une table, là où personne ne le verra, là où personne ne le cherchera ni le trouvera. Et pour la première fois, toute première fois, son cœur s'emballe et bat à ses oreilles, son corps faiblit et se recroqueville, un nœud bloque sa gorge… et les larmes coulent. Ce ne sont d'abord que des sillons humides sur ses joues blêmes, qui font s'y coller ses cheveux. Puis il se met à secouer la tête, il crispe ses doigts sur ses vêtements. Et sa bouche s'ouvre… sur le silence. Il pleure en silence, il sanglote en silence, il hurle en silence. Il s'abandonne au chagrin, le vrai, celui qu'il ne connaît pas encore et qui fait si mal à découvrir.

Pas un bébé pas un sale bébé comme le bébé
Il pleut à travers le toit et il peut L'entendre
La Voix ? qui lui murmure
Comme si c'était sa voix ou celle de la mère aussi
Mensonge
C'est sa faute
C'est sa faute elle l'aime pas elle en veut pas
La voix de la mère
Le bébé


Wish we could turn back time,
to the good ol’ days

Le bébé lui a fait découvrir autre chose que le silence, quelque chose d'infiniment puissant : le sentiment de chagrin, la haine dévorante qui se fait amie de la jalousie. Alekseï peut mettre des mots sur ce qu'il ressent. Il peut ressentir. Il ressent. Grâce au bébé. À cause du bébé. Se laisser aller, il en rêve. Se laisser aller et découvrir, attendre suffisamment longtemps pour que reviennent les sensations… Mais non. Il a d'autres ambitions, d'autres volontés d'occupations. A commencé alors le papillotage des expériences libérées de toute convention, de toute répression.

You don't own me, I'm not just one of your many toys

Le bébé a une sucette ? Alekseï la lui enlève. Ça pleure. Le bébé. Ça – il pleure. Comme l'enfant sous la table. Il pleure, comme lui. Ils pleurent, tous les deux. Ils pleurent, alors ils sont un peu pareils. Le bébé est un morceau du puzzle de l'enfant. Un morceau important ? Un morceau.

Divertir
Dis martyr
Fais-moi rire ce n'est pas si pire
Pas changer
Il éjacule le sadisme
Bouche-trou de la bouche en moins enlevé pourquoi
Pourquoi pas
Le laisser venir bébé sans bouche-trou-bouche


And don't tell me what to do

Le bébé est toujours accroché à son doudou ? Alekseï le lui enlève, le lui rend, le reprend pour le jeter à la poubelle. Oups, pardon. Ce n'est pas fait exprès. C'est un accident. Tant pis, maintenant il n'a qu'à se servir de ses pleurs pour se consoler, ha ha ha.

Oui oui tout ce qui lui faudra oui
Des rires des secrets
Un doudou
Chassé persécuté comment l'enlever
Cadavre du lapin dans les ordures
Et la sépulture ?


Don't try to change me in any way

Le bébé dort bien au chaud – mais n'est-il pas trop heureux comme ça, ce petit monstre qui cache sa nature de sangsue ? Déboutonnage de grenouillère. Les petits pieds nus sont à l'air. Tiens, la fenêtre est ouverte. Il fait froid. Alekseï tremble. Mais pas le bébé. Froncement de sourcils. Voilà qui est étrange. Fenêtre refermée. Un bruit dans la serrure. Il quitte la chambre, laissant derrière lui le bébé découvert.

Dors gentil bébé dors
Un jour quand il sera un grand il deviendra
Roi
De gré ou de force
Dors bébé dors


You don't own me, don't tie me down 'cause I'd never stay

La patience s'effiloche, les fondations vacillent. Lentement, voilà que se façonne les ténèbres, qu'elles se sculptent.

Bébé grandit. Maintenant Alekseï a le droit de lui donner son bain sans la surveillance de la mère ou du faux-père. Un bain ? Il a lu sur internet que les japonais aiment tout particulièrement les bains brûlants. Alors le robinet d'eau chaude est tourné, tourné, tourné, à son maximum. Allez, bébé. C'est l'heure de faire trempette, c'est l'heure de se réchauffer, il fait froid après tout, l'hiver est déjà là. Bébé a les pieds dans l'eau. Bébé gazouille, tend les mains, frôle ses joues du bout des doigts. Froncement de sourcils. Maintenant ce sont les doigts du plus grand qui frôlent l'eau. Chaud. Très chaud. La peau rouge. Bébé à l'eau. Gazouillis. Doigts ? Chaud, chaud, chaud. Nouveau froncement de sourcils. Fin du bain.

She dragged him up her winding stair,
into her dismal den

Et bientôt, dans l'eau du bain, il peut voir son reflet, et surtout, il peut La contempler. Attentive. Gracile. Équilibriste sur cette toile dans laquelle il a été prisonnier durant des années et qui l'a si bien malmené. Elle le caresse des yeux, Elle le caresse de ses huit pattes interminables, qui n'existent que pour multiplier les contact – comme autant de chaînes. Il a changé de route, a dévié son comportement. S'est offert de nouvelles possibilités. Pas grand chose. La toile est solide. Il n'y a pas que les yeux. Il y a les insectes. Les cadavres des souvenirs. La poussière des sentiments. Il s'enfonce dans la soie si douce. Maintenant, il peut La regarder. Maintenant il peut La voir.

L'Araignée est née.


You don't own me
Don't put me on display

Le bébé dort comme un bébé. Ha ha. Il dort d'un sommeil profond, d'un sommeil sans heurts. Il dort. Et sa respiration est forte, pour un petit bout d'homme qui se contente de dormir. Inspiration sifflante. Expiration ronronnante. Un vrai moteur. Il faut qu'il se taise. Qu'il se taise. Qu'il se taise ! QU'IL SE TAISE ! Un oreiller sur le visage. Un oreiller sur la bouche et le nez. Un oreiller et le silence. Un oreiller. Le silence. Le petit corps remue. Il n'avait qu'à se taire. Comme la mère. Le silence est roi, le silence est maître. Le silence. Il doit respecter le silence, même s'il n'est qu'un bébé. Comprend-t-il maintenant ? Comprend-t-il ? Sûrement. L'oreiller qui se lève. Et la porte qui s'ouvre, les cris qui retentissent, la claque qui part, la joue qui cuit. Le faux-père est là. Et bébé a cessé de se taire. Tout est perdu, tout a échoué. Encore une fois, c'est raté.

How'd I get here

Tout ça, au final, ce n'est rien. Ce n'est que la façon la plus propre qu'il a trouvé pour essayer de comprendre et d'exprimer ce qu'il ressent. Les sentiments qui transparaissent, dissimulés par l'ingénue curiosité de l'enfance. La folie s'attarde dans l'air.

Haine.

He's the tear in my heart

Jalousie.

Take me higher

Amour.

Than I've ever been

Marasme malsain à l'état embryonnaire qui se développe, grandit, grossit. Affolement d'un cerveau obsédé par une intolérable jalousie, par des idées de haine et de solitude, par le silence de toute une vie. Ce n'est pas par pure logique que son cerveau atrophié des sentiments passe d'une idée à une autre, d'une question à une autre, d'une envie à une autre. Ce n'est pas par pure logique qu'il essaie de blesser son frère, mais bel et bien au hasard de sensations animales, primaires, dont on ne lui a jamais rien appris. S'enchaînent les associations d'idées, les expérimentations associés. Tout ne surgit que d'un regard un peu trop appuyé, un sourire distancié, un geste, un parfum, une idée. Matérialité de sensations immatérielles.

She's a carver
She's a butcher with a smile
Cut me farther

Et le chuchotement dans sa tête. Le chuchotement qui s'amplifie à mesure que les jours passent, que les mois s'enchaînent et les années se suivent. Le chuchotement qui devient hurlement quand un nouveau membre arrive dans la famille. Un chien. Nunu. Un maudit chien, quelque chose qui fait du bruit, qui trouble l'ordre et le silence. Leur silence. Le chuchotement qui se plaint. Mais qui ne lui demande rien. Le chuchotement qui se concentre sur autre chose. Il y a d'autres occupations en vue. Il doit oublier le chien. Oublie le chien, Aliocha. Plus facile à dire qu'à faire. Comment oublier le chien, ce cadeau qu'il n'a jamais eu ? Tout ça pour quoi ? Hyperactivité. Déficit de l'attention : c'est pour ça qu'il tombe souvent, il ne regarde pas où il met les pieds. Hyperactivité motrice : il n'est jamais fatigué et il ne se fait jamais mal, mais c'est normal finalement, c'est juste qu'il n'arrive pas à se poser suffisamment longtemps pour y penser. Impulsivité : il cogne, il tombe, il heurte et il percute, il ne se retient parce qu'il n'y arrive pas. Hyperactivité. C'est ce que dit la mère au faux-père. Mais ça n'explique pas l'absence totale de douleurs, n'est-ce pas ? Tout ça à cause du chien… Oublie-le.

Le chuchotement dans sa tête – son nouveau soleil ; il veut juste rester dans la lumière de ses rayons. Il sait que c'est difficile à comprendre pour les autres, parce qu'ils ne sont pas dans sa tête, parce qu'ils n'entendent pas la petite voix, le murmure. Son amie imaginaire. Un morceau de son esprit arraché au reste de son intégrité. Un lambeau fantasmé, désiré. Détesté. Il ne veut pas être qui il est, alors il est ce que la voix lui demande d'être. Il est. Et puis c'est tout. Il est. Et puis ça suffit.

La petite voix dans sa tête suffit à occulter tout le reste. Les cours, tous plus ennuyeux les uns que les autres, les notes jamais inférieures à 80/100 dans l'expectative d'un regard de la mère, les professeurs satisfaits de l'élève sérieux et aimable, travailleur et serviable, élèves qui l'adulent presque. Les nombreuses lettres plus ou moins timides laissées dans son casier, déclarations auxquelles il met un point d'honneur à répondre. Les premiers refus cruels, le commencement des moqueries sournoises. L'installation du malaise. Les notes qui continuent pourtant à s'envoler, les professeurs qui le félicitent. Les gens qui se groupent autour de lui comme des papillons autour d'une flamme. La compréhension, enfin, qu'on se brûlait les ailes à son contact. Sous ses yeux. Ses yeux. Un regard sombre. Négation de son sourire.

Il commence à sortir le soir, à trouver des endroits pas très recommandables où traîner, à se faire du mal pour se ramener à la réalité.

Please don't make any sudden moves

À avoir des rendez-vous, comme ça, pour se sentir aimé, apprécié. Mais ça ne marche pas. Bien sûr. Il n'a pas cette petite chaleur au creux de son estomac, ces petits papillons qui volettent en lui, comme le décrivent les livres. Et si son cœur s'emballe, c'est uniquement sous l'effort. Alors, très vite, il change la donne. Récupère le contrôle. Entreprend un nouveau jeu. Crée de nouvelles règles. Même si c'est malsain. Parce que c'est malsain. Parce que l'Araignée chuchote à son oreille.

Sometimes you gotta bleed to know
That you're alive and have a soul

Et le chuchotement prend toute la place, oui vraiment. Qui l'entraîne, l'entraîne, l'entraîne… et l'emmène, ici, là et puis là-bas. Bonjour concours de Todai, au revoir les chances si faibles d'admission. Pas de doute, aucune hésitation : le chuchotement lui affirme qu'il sera admis – il est assez intelligent pour après tout. Bonjour le départ. Adieu le chien. Adieu Nunu – il faut que le bébé soit aussi seul que lui l'ait été, pour qu'il ait une chance de bien grandir dans ce monde qui dérape ; un au revoir à grand renfort de laurier rose et voilà que viennent les convulsions et l'insuffisance cardiaque, et puis, plus de chien, à nouveau le silence. Adieu la famille, adieu la vie. Tiens, voilà un cadeau de la part du bébé – un collier, c'est inutile, pourtant il le garde, pourtant il le porte et plus jamais il ne le laissera, c'en est pathétique. Et bonjour Todai, bonjour les élèves de Todai. Et bonjour leurs problèmes.

Bonjour le faux-amour aussi.

Certains sont serveurs, d'autres bossent sur des chantiers à temps partiel. Son travail à lui consiste à ramener des hommes à l'hôtel. Jamais chez lui, jamais dans sa petite chambre d'étudiant prétendument modèle. Des hommes qu'il croise, d'autres qu'on lui présente. Des tas d'hommes. Des tas de visages différents. Parfois des hommes qui reviennent, régulièrement.

Used to play pretend,
used to play pretend, bunny

Et leurs mains se posent sur lui, sur son corps frêle. Ces mains tâtonnent, cherchent, finissent par trouver. Parfois, il veut garder les yeux clos, fermement clos, attendre que les mains s'en aillent, que les hommes s'en aillent. Mais il ne le fait jamais. Et il continue à se demander pourquoi.

We used to play pretend,
wake up…


Pourquoi un tel intérêt ? Pourquoi vouloir un tel contact ? Est-ce que les hommes en ont besoin ? Pourquoi cela leur semble-t-il nécessaire ? Il en tire du plaisir, de la souffrance aussi, mais jamais de l'amour. Pourtant, n'est-ce pas cela, l'amour ? Des hommes qui le touchent, des hommes qui restent parfois longtemps à ses côtés, des hommes qui le lavent, des hommes qui le frappent, des hommes qui glissent des tas et des tas de billets dans la poche de son pantalon. Il se demande pourquoi tant de gens veulent aimer, si c'est bien ça, l'amour. Mais il n'arrête pas pour autant. Il se demande bien comment il pourrait. Parce que ces hommes ont besoin de lui, et que lui a besoin de ces hommes.

I wish…

Et il ne s'est pas arrêté là, non.

D'abord il y a eu la brillante réussite à ses examens. Mais cette sacrée fenêtre sur le monde lui était déjà fermée avant même de s'ouvrir. Un emploi prometteur ? De bonnes adresses aux quatre coins du Japon, du globe même ? Brillant il est. C'en est navrant. Puis c'est Tokyo. Tokyo, oui. Tokyo pour y vivre. Tokyo un jour, Tokyo pour toujours. Sauf si l'Incontestable Incontesté en décide autrement un jour. Ah. L'Incontestable. Drôle de machine. Drôle de dieu, simulacre de gouvernement. Espoir illusoire d'un bonheur trop éphémère, et certainement pas assez certain. Être marié. Aimer. Et être aimé. Que des mots. Des mots vides, vides de sens, vides de tout. Vides d'humanité dans ce monde qui ne tourne vraiment pas rond mais tant pis parce qu'il ne veut pas qu'il tourne de toute façon, il veut que le monde dérape, que le monde déraille.

Et le monde a déraillé, oui, exactement comme il le désirait.

Mais avant, oui avant, il y a encore un avant.

Avant il y a eu la décision de ne jamais reculer, jamais s'arrêter, toujours avancer, comme un roi foulant le sol de son royaume d'un pas conquérant.

Avant, il y a eu le poste d'analyste financier – il aime procéder à l'évaluation des sociétés sous tous leurs aspects : rentabilité, ressources humaines, restructurations à opérer… ça lui rappelle les problèmes des gens, en plus grand, et tout juste moins intéressant. Rencontrer des tas et des tas de responsables de la communication financière, des directeurs et autres employeurs, des vendeurs et des employés. Rencontrer, discuter, conseiller. Décider pour les autres sans le leur exprimer directement. Les guider, insidieusement.

Avant, il y a eu l'utilisation de la cruauté narquoise, des horreurs au goût de miel pour entrer définitivement dans la pègre japonaise, pour se hisser plus haut que simple analyste financier, pour devenir plus que banal ersatz de prostitué. L'ensemble de la famille se base sur les rapports avec l'Oyabun. Fidélité. Obéissance. Des promesses, toujours plus de promesses. Et des manipulations, toujours plus. Des intrigues. Sous le lit, derrière une porte. Dehors, dedans. Avec la famille, avec un tiers. Sans arrêt. Sans s'arrêter. Pour monter toujours plus haut. Parce qu'il en a le pouvoir, parce qu'il a besoin de plus, bien plus, et qu'il peut l'obtenir ainsi.

Parce qu'il le veut, tout simplement.

Tout comme il veut ce qui arrive.

Tout comme il veut ce qu'on lui annonce.

La mère et le faux-père ont gagné le droit de ne plus s'occuper du bébé. Coups et blessures volontaires que disent les forces de l'ordre au sujet du faux-père, voilà qui ne le surprend pas, pas vraiment. Complice qu'ils accusent la mère. Et le bébé, et Asling, qui se retrouve seul. Comme ça, du jour au lendemain. Jusqu'à ce qu'on l'amène chez lui, le grand-frère. Il n'a même pas eu le temps de se présenter, de réclamer la garde ou quoique ce soit. Le bébé est déjà là, dans sa maison. Le bébé est sous sa tutelle. C'est dans les papiers apparemment. Une idée du faux-père, sûrement, la mère ne reconnaissait même pas son existence après tout. Tuteur légal au cas où. Le cas est arrivé. Les services sociaux n'ont pas eu à hésiter longtemps. Le reste de la famille habite trop loin pour qu'on puisse décemment les déranger. Et puis lui, il a l'air correct. Il a fait de grandes études, il a des « revenus stables », c'est quelqu'un de « très bien » qui vit dans un « joli quartier bien tranquille ». Peut-être célibataire, mais il attend sûrement la lettre de l'Incontestable sans broncher. Personne ne se plaint de lui. À priori il présente un bon exemple pour Asling. Et puis son nom est sur les papiers.

Alors ça y est, voilà qu'il a hérité du bébé.

Un bébé avec un œil en moins, un bébé avec une maladie en plus – ah, on ne parle plus seulement d'hyperactivité, enfin ! Un bébé handicapé, un bébé à porter. Un bébé d'un peu plus de dix ans quand lui a dépassé les vingt-deux bien sonnés. Un bébé lourd comme ça. Un bébé. Son bébé ? Qui continue de grandir envers et contre tout. Une année qui passe, puis une autre.

Alekseï éduque Asling. Le grand-frère éduque le bébé. Manipule les autres, As. Manipule-les, ils ne sont bons qu'à ça, les humains ne sont qu'un tas de services à exploiter. Et l'adolescent apprend, et l'adolescent grandit et s'adapte à ces préceptes, en fait son armure et sa parure. Alekseï est bon professeur.

Asling éduque Alekseï. Le bébé éduque le grand-frère. Apprend les sentiments, Aliocha. Apprend-les, découvre-les. Une main sur la tête, tout doucement. Une pression sur le cœur, c'est étrange. Un câlin, qu'est-ce que c'est ? Le bisou matinal ? Connais pas. Mais ça avance. Ça avance. Et il découvre. Et il apprend. Asling est bon professeur.

It looks like you might be one of us

Et puis l'appendicite.

Incident lambda d'une vie lambda d'un adolescent lambda.

Ou pas.

Pas quand on s'appelle Asling, pas quand on est atteint d'analgésie congénitale doublée d'un foutu complexe de super-héro. L'appendicite, donc. Et le début des angoisses, le début de la panique, suffocante, étouffante, bien trop virulente. L'appendicite, le mensonge et les cachotteries. Pourquoi Asling a-t-il cru bon de dissimuler ses vomissements et montées de fièvre ? Pourquoi. Pourquoi pas. Nul besoin de se poser la question, la réponse est toute trouvée. Tare. Poids. Boulet. Sa maladie est sûrement plus oppressante que n'importe quoi. Il a quinze ans et il essaie déjà de ruiner sa vie. Bravo, bravo. Direction l'hôpital séance tenante.

Et maintenant ?

Maintenant, check-up quotidien, prise de sang hebdomadaire, contrôles routiniers. Hors de question que ça se reproduise. Pourquoi ? Il ne veut pas. Il y tient à son bébé. C'est le sien. À lui. Il veut le garder. Il veut le garder encore longtemps, le plus longtemps possible – il n'a pas fini de l'observer, de l'étudier, il n'a fini, et puis que serait-il sans lui ? rien. Alors il vérifie, il s'assure que tout va bien. Le blanc de l'œil ? De la fièvre ? Une anomalie quelconque ?

Et maintenant ?

Maintenant, c'est la suite des ennuis.

Le bébé ruine sa vie à grands coups d'anorexie. Ça n'en finit donc jamais ?

Eh, il ne doit pas aller par là
Non
Il ne doit pas aller là-bas ne doit pas
Sait bien c'est pas bien
Pas ça pas ça pas ça il ne faut pas non pas
Le bébé n'avait pas
Si la mère
Viens par ici
Viens ici, As-lin-g


Une assiette, sur le table. Deux chaises, de part et d'autre de la table – et eux deux, un sur chaque chaise, à se fixe en chiens de faïence. Ridicule estampe japonaise d'un nouveau genre. La nourriture fait office de centre de gravité. Et c'est comme ça pour un bout de temps, et ça va continuer un moment. Scène devenue habituelle. Habitude devenue usuelle. Routine. Roulez matines. Condamnation à perpétuité, c'est le prix à payer pour être grand-frère. Le voilà à bercer un bébé, à le border et à s'en occuper avec plus de soin que jamais. Il est occupé, accaparé. Un bout entier de sa personne lui a été arraché. Mais ça ne l'arrête pas, ça ne le freine même pas, dans son avancée carriériste. De simple yakuza, il grimpe, grimpe, grimpe les échelons. Il engloutit les marches et se porte tout seul jusqu'à la place tant espérée, désormais soigneusement briquée.

Ils ont mis du temps à s'en rendre compte.

I tried to warn you just to stay away

Du temps à comprendre les tenants et les aboutissants de ses mots enrobés de miel, de ses petits rendez-vous secrets, de chacun de ses actes. À la vue et au su de tous, il a progressé vers le haut. Et ils ont mis du temps avant de le remarquer. La manière qu'il a eu de se glisser dans les petits papiers des bonnes personnes. La manière dont il traite les hommes. Du temps avant de comprendre qu'il a un but et que tout ce qu'il fait, c'est pour l'atteindre. Ils ne l'ont compris que lorsqu'il l'a atteint. Et même là, ils n'ont jamais saisi toutes les nuances. Ils n'ont pas aimé, ça non. Des Yakuzas manipulés par un vulgaire prostitué, vous vous rendez compte ? Mais ils ne peuvent plus rien faire maintenant. Parce qu'on ne s'en prend pas au Saiki-Komon de la famille. Et puis il y a ce malaise latent autour de lui, persistant. Alors ils ferment leur gueule. Et Alekseï continue à avancer, à bousculer la fourmilière à sa façon, à créer un nid bien confortable. Pour lui. Et pour Elle.

Feeling the world go against us
So we put the world on our shoulders

Pour fêter ça, un cadeau. Pour fêter l'anniversaire de son frère aussi. Un cadeau commun, alors ? Ses pérégrinations sur internet le portent à voir une portée de chatons. Des Savannah. C'est un héritage de la folie des grandeurs de l'homme. Croisement devenu banal, un peu trop lambda, entre un prédateur – ici un serval – et un animal domestique – un chat. Il y a une photo des petits et de la mère. Tête triangulaire. Cou épais et long, musclé. Pattes longues et minces. Elle est énorme par rapport à un chat ordinaire. Deux bébés destinés à devenir bien gros – près d'une dizaine de kilos au moins. Deux frères. Deux frères hors du commun. Comme lui et le bébé – son bébé. Deux frères. En voilà un qui a les oreilles un peu repliées. Un défaut. Il s'appellera Nunu. C'est un peu comme un hommage. Et le sien ? Le chat. Juste… le chat. Neko. C'est bien suffisant, c'est amplement plus que nécessaire. Ils comblent un vide. Mais ils ne font pas de bruit, c'est bien. Ils ne sont pas comme le chien. Ils ne troublent pas le silence, il laisse la place au chuchotement. Bien, pas bien.

Ils sont tout les quatre maintenant – tout les cinq, pardon l'Araignée.

Ils sont tous les cinq et que font-ils ?

Ils apprennent à vivre.


I was spread too thin
Till it was too late and I was empty within
Hungry, feeding on chaos and living in sin

Alekseï.

Alekseï, qu'est-ce que c'est ?

Alekseï, quand on le voit, on pense d'abord à de la cire. Poupée de cire creuse, marionnette de cire vide ; comme s'il était superficiel, comme s'il n'avait rien à l'intérieur, rien de rien, rien que le néant. Et pourtant. Oh oui. Et pourtant…

Alekseï n'est pas vide, loin de là. Alekseï n'est pas vide, jamais. Il pense. Il ressent. Il enlace les corps meurtris de ses victimes pour appuyer sur leurs plaies – fort, fort, si fort. Il rit sur le sort des bourreaux en baisant leurs joues et leurs fronts, en serrant leurs mains dans les siennes – fort, fort, si fort. Il n'est pas vide, ça non, certainement pas. Il n'est pas vide, il est rempli. Il déborde. De choses à penser, de choses à ressentir. Mais jamais de choses à dire – seulement de choses qu'il tait et dont il ne peut pas se débarrasser. Alekseï n'est pas vide, Alekseï n'est pas rien. Alekseï est tout. Mais pas seulement.

Alekseï, ce n'est pas un gentil. Oh, quand ça lui prend, il peut être adorable, oui vraiment, il peut. Mais ce n'est pas un gentil. Il peut même être particulièrement désagréable. Il est cynique, il est moqueur. Cruel parfois, souvent en réalité. Il est taquin, aime se muer en serpent pour cracher sa vérité au goût de venin. C'est délicieux, c'est insidieux. Doucereux manipulateur qui tire les ficelles l'air de rien, l'air de tout. Alekseï… Ah, Alekseï… Il est gentil et il ne l'est pas. Il est versatile – ou peut-être est-ce lunatique. On ne sait jamais à quoi il pense. Lui-même ne le sait parfois pas. Il est silencieux. Il est immobile. Il déborde et réagit soudain. Au quart de tour. Au moindre stimuli. Il suffit d'une raison, une seule, et n'importe quoi peut lui servir. Impossible de prévoir ce qu'il va dire ou faire. Va-t-il continuer à sourire gentiment ? Va-t-il se mettre à ricaner ? Va-t-il… ? Quoi ? Quelque chose ? Non. Rien. Si ? Peut-être… ? On ne sait pas. Il ne sait pas non plus. C'en devient presque ridicule tellement c'est pathétique. Versatile, lunatique, il ne saurait le dire, personne ne saurait le dire. Pas avant qu'il ne l'ait fait. Complètement irréaliste, ça oui, il l'est. Ne reste que l'ombre de l'enfant d'autrefois, que le fantôme de ses ombres qui grouillent et remuent, se pressent sous ses côtes, contre son cœur. Ne reste plus rien. Ne reste que l'ombre, le fantôme, qui erre dans sa propre tête, dans son propre corps. Tout ça pour l'Autre. Tout ça à cause de l'Autre.

Alekseï, il sent. C'est une chose dont on peut être certain, la seule sûrement. Il sent. Il sent la merde, la cherche, il la devine. Et quand il la trouve, il n'y a pas plus heureux que lui. On dirait un gosse en extase – mais non pas devant un cadeau de Noël, non, plutôt devant un cadavre d'animal encore chaud, écrasé par les roues d'une voiture, dépecé par les crocs d'un chien errant, décomposé par les affres du temps. Il est heureux. Et il s'installe là, juste là, à côté, pour en profiter, s'en délecter. Il commence à fixer et continue de renifler. Il attend. Il profite. Et il se nourrit, s'en nourrit. Et ça cache quelque chose. Quelque chose de dangereux.

Alekseï cache une ombre, une ombre ténue, arquée contre la mort comme une ultime virgule, une ombre qu'il entend grimacer, qu'il voit grincer. Il cache une ombre qui s'enracine sur son cœur, qui pousse dans son esprit et s'étend jusque dans ses tripes. Une ombre qui ne cesse de grandir, grandir, grandir. Il la nourrit, il lui donne de l'eau pour pousser. C'est pour ça qu'il aime les gens, c'est pour ça qu'il aime discuter avec eux, les entendre : parce qu'ils ont tous un problème et qu'il aime ça les problèmes qui se cachent dans la tête des gens. Les termites qui les rongent lentement et dont il veut tout savoir, qu'il veut toutes avoir. Des fois, les gens s'attachent à lui. Ça l'aide, la dépendance. Pour pouvoir les briser, pour pouvoir les rompre en deux et verser tout ce qu'ils contiennent sur l'ombre pour l'aider à pousser. Ils placent leurs secrets entre les mains de leur bourreau de plein gré. Ils ne savent pas et c'est tant mieux, sinon ils fuiraient. Et il veut pouvoir les voir. Et il veut pouvoir les avoir. Car ce n'est qu'une fois blessés que les gens se dévoilent réellement. Il fait ça très bien, lui, de les blesser. Il passe des heures, des jours, à observer, à s'imprégner. À sentir. À découvrir les pires cauchemars et les plus sombres secrets. Puis il teste sa victime, ses limites, ses forces comme ses points faibles. Ses paroles sont comme une goutte d'encre qui se délite et s'étire dans le verre d'eau qu'est l'âme de l'autre, du jouet, de la marionnette d'un instant. Il joue sur tous les terrains, ses doigts se faufilent sur l'armure, cherchent la faille, l'ouverture. S'ils la trouvent, ils s'y enfoncent avidement. Pas de pitié. Pas de remord. Le cas échéant, il se contente d'entailles, de coups d'estoc : s'il n'y a pas d'ouverture, alors il suffit de la créer. Un exercice d'usure et de patience rarement nécessaire. Tout le monde a une faille, une plaie purulente, mal refermée, une cicatrice oubliée qui doucement suinte et tire un peu, ancienne blessure à vif. La faille est plus ou moins grande en fonction de la personne, plus ou moins visible. Mais elle est toujours là. Même chez lui, oui.

Alekseï, c'est un écorché. Un bâtard, un infirme. Celui qui a le rire hystérique du désespoir et de la joie cruelle plutôt que les pleurs suppliants face au bourreau. En fait, bien souvent, il joue lui-même le rôle du bourreau. Ça aide à tenir l'Araignée sous contrôle. Vite, vite, trouver un nouveau jouet. Pour L'occuper ne serait-ce que quelques instants. L'Araignée. Son ombre. L'ombre. Sa faille. L'Araignée. Tapie, là, tout au fond, dans l'obscurité. Qui dévore tout. L'entraîne de force. Qui n'est que silence. Qui hurle dans sa tête. Et dont le rire se répercute sur les murs de son crâne. Dont le cliquetis des pattes ne fat qu'augmenter. Encore et encore. Encore et toujours. Il y a une petite brisure, tout au fond de lui. Un éclat d'épave aujourd'hui. Le silence. L'Araignée est née de là, du silence – des autres, de lui-même. Elle a d'abord été son amie imaginaire, l'ombre fantomatique de son quotidien qui l'aidait à supporter les jours et les mois qui s'enchaînaient. Elle a ensuite été sa conscience, la petite voix dans sa tête, le murmure à ses oreilles, qui l'encourageait à faire des choses, qui le guidait dans ses expérimentations, qui lui parlait des gens – et pas souvent gentiment. Elle est finalement devenue l'Araignée, l'Autre, le Monstre – la Chose dans sa tête, derrière les murs de son esprit. Il ne s'en est pas rendu compte. Il n'a pas remarqué qu'il passait les doigts dans les ténèbres de son âme pour les sculpter à sa guise. Il n'a pas réalisé qu'il a fait naître une monstruosité, de son seul désir d'être écouté, de connaître l'amitié. Il n'a pas compris, non. Pas tout de suite. Maintenant, il sait. Qu'il est responsable. De la forme qui remue entre ses côtes.

Alekseï regrette, parfois. Oh oui, il regrette. Il regrette de n'être en vérité que le squelette morcelé de ses rêves brisés, de sa vie minée. Il regrette ce squelette, ça oui. Il regrette la pourriture, les vers et rongeurs qui se la disputent. Il regrette ce qu'il est. Mais la raison est qu'il a un cœur, derrière son silence d'hiver. Il a un cœur et un esprit plus sensible que la moyenne, c'est tout le problème. Il voit tout, il entend tout, il sent tout. Il voit clair. Il boit les paroles d'autrui, il déverse le fleuve invisible de ses propres mots. Et il voit clair à travers le sens caché des sourires, à travers les mensonges au faux goût de vérité. Les sensations atteignent son esprit de plein fouet. Le débusquent, le mettent à nu pour le déchirer. Il sent tout mais surtout il se souvient d'avoir senti. Et il s'en souvient longtemps. Pas de peine sans colère. Pas de colère sans rancune. Pas de rancune sans vengeance. Pas de vengeance sans souffrance. C'est tout ou rien. Il est cassé de l'intérieur, il ne sait pas faire autrement, et maintenant…

Alekseï a peur. Si peur. Pauvre enfant terrorisé. Un grand enfant, certes. Mais un enfant tout de même. Vraiment. Un enfant apeuré par la chose tapie dans les ombres de son esprit. Un enfant qui n'est qu'une marée capricieuse, une marée au calme trompeur qui caresse les chevilles qui s'approchent, inconscientes du danger, pour mieux les emporter. Une marée capricieuse, oui. Trop pour être contrôlée. Alors il a peur. Peur de ce qu'il est, peur de ce qu'il a créé.

Alekseï est trouble, difforme, pathétique fantôme d'une vie qu'il a lui-même torturé. Il n'existe pas, plus vraiment. Il n'est rien, plus rien. Comme un reflet sur un miroir brisé. Une ombre disproportionnée. Cela s'est fait progressivement. Pour en arriver là, pour ce sentiment, il a repoussé toujours plus loin les limites de son esprit et de la souffrance.

Alekseï ne le sait pas, Alekseï le sait bien.

Alekseï est l'instigateur de son propre malheur.


I look fine,
but on the inside I am dying
Avant d'être une personne, Alekseï est un corps. Finalité un brin déprimante et pourtant d'une réalité effrayante. Alekseï est un corps et son corps est un objet. Il est beau. Il est beau, même si son corps est autant une cartographie de sa guerre perpétuelle que la nébuleuse bien sombre de son âme. Il est beau. Il est grand, il est mince. Il a l'air de rien au fond, d'une ombre un peu trop consistante, d'une marionnette qui fait des claquettes, d'un fantôme qui revient de loin. De loin il n'est qu'une vague silhouette, l'esquisse en bâtons d'un homme. Oui, vraiment. Il a l'air de rien. Et pourtant, il a l'air de tout. Il n'est pas passe-partout.

C'est une drôle de poupée, du haut de son mètre quatre-vingt-dix quelque chose. Une drôle de poupée poids plume, poids papillon. Son corps tout entier laisse saillir une ossature légèrement plus marquée qu'à l'ordinaire au niveau des épaules, des côtes, de la colonne et du bassin. Ça rend la courbure de ses omoplates alléchante. Et que dire de l'attrait de ses clavicules délicates ? Ses doigts saillants sont osseux mais n'en paraissent que plus souples, que plus mobiles – et ils le sont, ça oui, ils le sont, ces doigts qui peuvent vite devenir nerveux, et si traîtres… Il est grand, il est mince, comme une poupée, une marionnette, silhouette presque filiforme mais galbé de chair, bordé de muscles, qui atténuent la minceur qui inquiète, la minceur qui met mal à l'aise. Car, bien que grand échalas à l'allure gracieuse, il n'en reste pas moins masculin. Les épaules étroites mais carrées, liées à des bras minces mais modelés dans la puissance. Ses jambes sont longues et vigoureuses. Son dos paraît presque féminin vu de loin, tant il semble délicat et s'arrête sur des hanches étroites. Fesses fermes. Jambes musclées. Torse clairement défini par des pectoraux et des abdominaux soulignés sans excès. Il est mince, oui. Mais avec cette carrure, il paraît plus élancé que réellement maigre.

Ses cheveux. Ah, ses cheveux. Ils sont noirs - tellement noirs. Ils tranchent presque désagréablement avec la pâleur de sa peau. Parfaitement lisses, jamais emmêlés, ils sont longs et retombent autour et sur son visage en un dégradé un peu sauvage laissant imaginer les bases d'une coupe soignée qui n'est plus qu'un lointain de souvenir. Peut-être est-il temps de repasser chez le coiffeur. Peu importe. Entre tresses et autres attaches millimétrées, aucune mèche n'est de travers. Pas comme sa tête, ha ha ha. Ses cheveux sont noirs, oui. Presque bleutés quand ils accrochent la lumière. Soyeux. Typiquement japonais. Il les a hérités de maman. Oh, il aurait pu les faire modifier. Thérapie génique et tout ça. Il n'y a jamais rien compris mais il a l'argent pour. Et puis, on peut tout changer de nos jours. Plus facilement qu'enfiler une autre chemise. Mais lui, il n'a rien touché.

Tout est authentique.

Il a la peau opaline, pour ne pas dire marmoréenne, vide, livide, blanc pur, pas misérable non, plutôt malade. On voit à travers les veines apparentes. Une peau qui aurait pu rester vierge mais son corps est marqué par son histoire, par sa vie. Sa folie. Sur la peau tendue de son dos court un dragon aux mille couleurs chatoyantes, véritable fresque vibrante, poésie vivante savamment exécutée. Et sur l'épaule, un vague signe, deux arabesques emmêlées – pauvre en symbolique, riche en esthétique. Il y a les marques d'une lanière en cuir sur ses fesses, au creux de ses reins, souvenirs d'une « correction bien méritée ». Des cicatrices sur ses mains, ses poignets, ses bras. Marques généralement déjà presque effacées. Sauf la brûlure de cigarette parfaitement ronde, sur le dos de sa main droite - merci, Chris. Puis n'oublions pas les piercings. Un à la langue. Un à la clavicule droite. Et il a poussé le vice jusqu'à se faire un Prince Albert. Alekseï est le vice. Une bague au doigt, main droite, annulaire ; chevalière frappée du sceau de la Famille. Les ongles peints de noir, constamment. Ce ne sont pas là ses seuls stigmates, ses seuls signes distinctifs. Il a les traits émaciés, tirés par la fatigué. Ses pommettes aiguës semblent prêtes à déchirer sa peau fine.

Oh, il reste agréable à regarder. Un nez droit, aquilin, parfait. Des joues creuses et des yeux marqués par des cernes si intenses qu'on dirait un larmier maquillé. Ces yeux. Cette foutue paire d'yeux en amande, grands et brillants, à la courbe délicate qui charme. Des cils longs, recourbés. Et ses yeux, qu'il tient de sa mère, ses yeux incroyables. Noirs. Presque rougeoyants par moments. Ou peut-être sont-ils plus d'un rouge très foncé, tellement qu'on le croit noir, tellement qu'on le voit parfois pourpre. Vraiment étranges. Mais définitivement fascinants. Deux orbes qui fixent sans relâche. Qui transpercent et qui dérangent. Qui font froid dans le dos et brûle le pouls. Qui donnent des frissons et nouent la gorge. Deux yeux magnifiques. Deux yeux effrayants. Deux qui ne disent rien ou en dévoilent peut-être un peu trop. Tellement qu'on se demande s'il y reste un brin d'humanité.

Le fait qu'il ne sourit pas n'aide pas à répondre à cette question. Alekseï n'a certainement pas été l'enfant le plus souriant ni l'adolescent le plus avenant. En grandissant, il est devenu un adulte qui sourit. Ses lèvres agréablement dessinées ne se courbent plus que pour des moues sarcastique, ne lui donnent plus seulement un air féroce, un peu trop glacial. Il sourit. Avec le temps, il a appris. Il s'est déguisé comme ça. Avec un sourire. Ce sourire qui donne toujours l'impression qu'il garde une bonne blague rien que pour lui. Ce sourire affable. Ce sourire qui ne se reflète pas dans ses yeux, jamais. Ce sourire. Carnassier. Tendre. Aimant. Dévorant. Traître. Quel hideux secret cache-t-il ? Quelle esquisse trouble dissimule-t-il ?

Ce qu'on peut retenir, c'est que, vraiment, Alekseï est bel homme. C'est tout autant dû à son physique qu'à l'impression générale qui se dégage de lui. Sa minceur met mal à l'aise, ses muscles fascinent et attirent l'attention. Ses yeux noirs, ou parfois rouges, on ne sait pas trop finalement, incommodent par leur façon de toiser le monde – et par leur bizarrerie. Il est beau. Il en impose. Et puis, il semble inatteignable. Peut-être est-ce à cause de sa démarche un peu éthérée, comme s'il ne touchait pas vraiment le sol. De ses gestes lents, gracieux. De son corps qui s'étire, se déplie.  De son allure aussi légère que pesante. Il semble flotter et n'être qu'à moitié là, mais une fois que ses yeux sont posés sur vous, sa présence est écrasante. Inoubliable, elle pèse sur vos épaules jusqu'à ce qu'il s'éloigne, enfin.

Alekseï Jefferson
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J'ai un peu sauté sur la réouverture d'inscriptions, hrm, j'avoue tout.
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Merci Black ♥.
Et... oh. Un vieux qui drague ? A L'AIDE !

Voilà, je tiens à m'excuser pour le retard occasionné, j'aurais pu faire plus rapide mais... je ne termine ma fiche que maintenant 8DD. La force légendaire des rôlistes m'aura finalement transcendée et permis d'achever tout ce ramassis décousu de folie et d'amûr ♥ ♥ ♥
Alekseï Jefferson
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ET MON MESSAGE IL PUE C'EST CA ? Aleksei Akikazu - Cut my life into pieces, I've reached my last resort 1534650057
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J'éditais, vieille pomme ridée. =.=
T'es trop pressée, c'parce que ta vie s'est déjà écoulée ?
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Re-bienvenue, bel inconnu.
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Merci jeune adonis ♥
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Pré-validation par la Goyave.
Votre fiche a été pré-validée par un modérateur, un administrateur passera sous peu valider officiellement celle-ci.


C'te claque. Encore.
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Tu as une plume kiffante :wink:
Sérieusement Alekseï est beau et sale bordel. Beau pour ce qu'il est, sale pour ce qu'il est devenu.
Honnêtement, j'en suis sans voix
Félicitations pour ta pré-validation, je te prendrai un lien ~
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*en ajoute encore un à sa liste de fiches à lire*
Bonne nouvelle tête !
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Bonjour et quel beau style d'écriture (et quel bel avatar aussi au passage). Bienvenue parmi nous !
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Merci pour la pré-validation Yai-chou ♥. Je suis contente que ça te plaise encore :3. (J'ai corrigé les quelques fautes qui traînent normalement, notamment un petit "ton" qui n'avait rien à faire ici et le fameux "comment" '^') Merci d'avoir lu ♥

Ria :
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Christopher :

Encore merci à tous ♥
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Validation officielle ! ♥


Tu es validé(e) !

Toutes mes félicitations, votre fiche est validée !

N'oubliez pas :

• De remplir les champs de votre profil.
• De réserver votre avatar ; Réservation avatars
• Si vous souhaitez trouver des partenaires pour vous lancer, n'hésitez pas à faire un tour par ici ! ♥
• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
• De faire un peu de pub autour de vous pour le forum et de voter régulièrement aux tops sites. ♥

& Surtout, AMUSEZ-VOUS !

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◆ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

 
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