Makoto Nanase

Yato Nanase était connu pour être un caïd, le genre de type dont il ne faut pas croiser le regard de peur de se retrouver encastré dans le premier mur venu. Il régnait sur un gang qui lui vouait un culte incomparable. Le moindre mot de travers au sujet de Yato et le mur devenait votre ami. Les gens le fuyaient comme la peste, et Yato jubilait.

Fuuka Yatogami était l’exact opposé. Douce, gentille, altruiste, elle aimait aider son prochain autant que Yato aimait faire peur. Elle travaillait comme gouvernante dans une grande maison, et aimait son travail autant que les enfants dont elle s’occupait. Elle était souriante et joyeuse, et très peu de chose pouvait l’énerver ou la contrarier.

Deux opposés, et pourtant l’Incontestable les maria l’un à l’autre. Le mariage fut compliqué. Yato voulut se rebeller contre le système, et refusa de se rendre à sa nouvelle demeure, où Fuuka l’attendait déjà. Qu’elle ne fut pas la surprise de cette dernière lorsque les autorités vinrent la chercher pour l’emmener au centre de redressement où elle fut enfermée avec son époux. C’est ainsi que se passa leur première rencontre, dans une cellule miteuse qui ne laissait aucun espace à l’intimité. Et pourtant Fuuka ne s’énerva jamais, comprenant même la réaction de Yato. Les jours qui suivirent cette rencontre furent assez compliqués. Fuuka essayait tant bien que mal de raisonner Yato, et ce dernier se braquait à la moindre parole. Cependant, à force de persuasion et de gentillesse, la jeune femme réussit à briser la carapace de son époux, et ils furent libérés une semaine avant la date butoir.

Le caractère doux de Fuuka n’eut cependant pas l’effet escompté sur Yato. Celui-ci accepta son mariage car il n’eut pas le choix, mais installa une barrière entre lui et sa femme, se contentant seulement de répondre aux ordres de l’Incontestable. Il continuait de traîner avec son gang dans le bar qui leur appartenait, et ignorait au maximum sa vie d’homme marié. Fuuka se renferma sur elle-même. Dans un premier temps, elle avait pensé que ce mariage pouvait être bon, mais elle comprit bien vite que son mari était une nuisance à lui tout seul. A son tour, elle ne fit plus aucun effort en dehors de ses devoirs d’épouse, et perdit cette joie de vivre qu’elle avait toujours eue.

Fuuka et Yato eurent deux fils et une fille. Haru était l’aîné. C’était un garçon plein de vie et bagarreur, qui suivait son père partout. Il en était d’ailleurs le portrait craché. Quand Makoto vint au monde, deux ans après Haru, il ne pleura pas, et serra le doigt de sa mère quand il fut posé sur son sein. Ce jour là, Yato était absent, préférant boire avec ses amis plutôt que d’assister à la naissance de son fils. Fuuka décida de se jeter corps et âme dans l’éducation de ses enfants, mais elle comprit bien vite que son aîné ne l’écouterait probablement jamais aussi bien que son père. Haru et Makoto étaient l’opposé l’un de l’autre, autant que Fuuka et Yato pouvaient l’être. Haru se mit à sortir avec son père dès qu’il en eut l’âge, et Fuuka abandonna bien vite l’espoir de le faire revenir dans le droit chemin.

Makoto, quant à lui, devint un garçon discret et calme. Dès son plus jeune âge, il fut attiré par l’eau, passant des heures à barboter dans son bain. A l’école, sa première action fut de s’inscrire au club de natation, il y passa une grande majorité de sa scolarité. Chaque année il y retournait. Il devint un très bon nageur, et commença à faire des compétitions avec ses amis. Néanmoins, il ne fut jamais vraiment intéressé par les temps ou par le fait de gagner, tout ce qui l’importait étant de nager. L’eau était pour lui synonyme de liberté. Au lycée, il devint un garçon assez populaire auprès des filles. Il était le beau garçon au regard mélancolique qui aimait la natation et jouait de la guitare de temps en temps. Rien de tel pour faire craquer la plupart des filles, et pourtant, il ne s’intéressait qu’à une seule d’entre elles

Keiko.

Elle ne vint jamais lui parler. La jeune fille faisait partie du club de musique et jouait du violon. Lorsqu’il passait devant la salle où elle jouait, il s’arrêtait systématiquement pour l’écouter. La musique qu’elle jouait était légère et douce. Quand Makoto s’asseyait dans l’herbe pour jouer de la guitare, c’était à elle de venir s’installer non loin de lui pour l’écouter. Quand il nageait, elle n’était en général pas loin, et l’observait. Cela dura longtemps. Chacun observant l’autre, et sachant très bien qu’ils étaient observés. Leur regard se croisait parfois, mais aucun ne fit le premier pas. Des brefs sourires échangés, des notes de musique envoyées l’un à l’autre, des messages que seuls eux pouvaient comprendre.

Makoto entra à l’université avec une bourse obtenue grâce à la natation et à ses résultats lors des compétitions. Il avait fini par comprendre que cela pourrait lui être bénéfique pour son avenir. Keiko entra au conservatoire. Ils ne se virent plus, et pourtant, il continua à l’aimer. Il avait l’espoir que, peut-être, le destin les réunirait via l’Incontestable, mais sa mère lui fit bien comprendre que ce dernier était loin de faire les meilleurs choix. Les années passèrent, et Makoto continua de penser à elle. Il enchaîna les compétitions de natation au niveau national, et mondial. Il s’entraîna de plus en plus dur, jusqu’au jour où il se blessa à l’épaule. A 23 ans, après avoir fait de la natation toute sa vie, il dut arrêter la compétition, et ralentir le sport.

Un jour, alors qu’il sortait d’un des plus grands hôpitaux du Japon où il venait d’apprendre qu’il ne retrouverait jamais l’entière mobilité de son bras,  il la revit. Elle était assise sur un banc, seule, et lisait un livre. Makoto crut d’abord à une illusion, mais elle était bien là. Il n’osa pas s’approcher d’elle, et pourtant Keiko leva les yeux. Quand elle croisa son regard, son visage s’illumina comme jamais il l’avait fait lors de leurs années de lycée, et pour la première fois, elle se leva, et vint lui parler. Ils allèrent boire un café ensemble, se racontant leur vie respective. Après être entrée au conservatoire, elle avait fini par abandonner en voyant la difficulté que cela était. Elle ne voulait pas jouer comme ils le lui demandaient là bas, et avait préféré tout arrêter. Elle était devenue fleuriste, et tenait une petite boutique. Ce jour-là, ils s’aimèrent, et s’unirent pour la première fois. Ils vécurent quelques jours heureux ensemble.

Puis la lettre arriva.

Keiko lui donna rendez-vous dans le café où ils s’étaient retrouvés. Elle lui montra la lettre, et il n’eut pas besoin de la lire pour comprendre. Elle venait d’être mariée, et elle allait déménager. Makoto repensa à ce que sa mère lui avait dit. L’Incontestable ne voyait pas le plus évident. N’était-il pas flagrant que Keiko et lui étaient faits pour être ensemble ? Ils ne purent se dire au revoir comme ils auraient aimé le faire, car sinon Keiko aurait été exécutée sur le champ pour adultère. Elle partie, et ce fut la dernière fois qu’il la vit. Un an plus tard, il apprit par les journaux qu’elle s’était suicidée. Il reçut une lettre quelques jours plus tard de sa part. Elle lui apprenait qu’elle était tombée enceinte de lui, et que son mari avait refusé de s’occuper de l’enfant. Il avait refusé qu’elle vienne confier le bébé à Makoto, et avait été obligée de le mettre à l’orphelinat. Néanmoins, elle avait rempli un papier donnant l’autorisation au père biologique de venir récupérer le bébé. En apprenant ça, Makoto fonça là-bas, et fut autorisé à adopter son propre enfant. Une petite fille nommée Hanae.

Aujourd’hui, quatre ans après, Makoto a 28 ans. A l’âge où beaucoup aurait déjà été marié, lui est toujours célibataire, mais père d’une petite fille de quatre ans. Il a également repris la natation, à un niveau beaucoup moins élevé qu’auparavant. Maintenant que son épaule est guérie, il peut se le permettre, et il est hors de question pour lui de ne plus nager. L’eau reste pour lui sa meilleure amie. Il y emmène souvent Hanae également. Il est devenu coach de natation dans un lycée.

Son père est décédé il y a maintenant deux ans, lors d’un règlement de compte qui a mal tourné. Haru, son frère aîné, a repris la gestion du bar de leur père, et a dissous le gang de ce dernier. Il s’est également rapproché de sa mère. Makoto et Hanae se rendent régulièrement là bas pour le voir maintenant que les alentours sont plus sûrs. Haru est marié à un homme. Alors que tout le monde pensait que cela le dérangerait, il s’est avéré qu’au contraire cela lui convient très bien, à la surprise générale.

La vie de Makoto tourne désormais autour de sa fille… Jusqu’à ce que l’Incontestable en décide autrement.

Makoto est ce que l’on pourrait qualifier de mélancolique. D’un naturel calme et posé, il ne s’énerve que très rarement, et aime profiter des petits bonheurs que lui offre la vie. On peut souvent le voir le regard perdu dans le vide, un sourire sur les lèvres. En général, Makoto apaise les gens par sa simple présence, caractère qu’il a pris de sa mère. Altruiste, généreux, et sociable, il aime discuter avec les gens et aider les autres autant que possible. Mais ce qu’il aime le plus est de gâter sa fille.
Son quotidien tourne autour de cette dernière pour qui il serait prêt à faire n’importe quoi. Il voit en elle la femme qu’il a aimée, et les brefs instants qu’il a passé avec elle. Hanae est devenue son rayon de soleil, et sa raison de vivre.

Makoto aime toujours autant nager, l’eau restant sa meilleure amie et son plus grand moyen de se sentir libre. Il joue également toujours de la guitare, principalement pour Hanae. Il rend visite à sa mère et sa sœur au moins une fois par semaine, et voit également régulièrement son frère qui a repris le contrôle de sa vie depuis la mort de leur père.

Le jeune homme ne déteste pas le système dans lequel ils vivent. En effet, quand il voit la plupart des jeunes scotchés aux écrans, il se dit que cela est nécessaire. Néanmoins, il ne peut s’empêcher de haïr l’Incontestable qui n’a pas su l’unir à Keiko. Il aime à s’imaginer sa vie si cet ordinateur de malheur avait fait un meilleur choix. Toutefois, il redoute le jour où il recevra cette fameuse lettre, car pour lui, il est inconcevable d'aimer à nouveau.

Grand, Makoto frise le mètre 85, pour presque autant de kilos. Ses nombreuses années de natation ont sculpté son corps. Néanmoins, ne nageant plus autant qu’auparavant, il a perdu un peu de musculature, mais reste  cependant plus musclé que la moyenne. A cause d’un entrainement trop poussé, Makoto s’est brisé l’épaule droite et, même si elle est maintenant guérie, il a perdu une grande partie de sa mobilité, ce qui l’empêche de nager autant qu’auparavant.

Ses cheveux châtains blonds lui arrivent légèrement sur le haut de la nuque, et lui tombent souvent devant les yeux, ce qui ne semble pas le déranger plus que ça. Ses yeux dorés sont emplis d’une mélancolie persistante, souvent perdus dans le vague. Son visage est fin et doux, et reste en général apaisé et calme. Ses lèvres fines sont presque tout le temps étirées en un doux sourire.

Au niveau vestimentaire, il est souvent en jogging à cause de son métier de coach, mais en dehors du travail, il aime porter des jeans et des chemises au col légèrement ouvert. Il porte une boucle d’oreille sur le cartilage de l’oreille gauche, et possède deux tatouages. Le premier se trouve sur sa clavicule gauche et se trouve être le nom de sa fille. Le second se trouve dans son dos et représente un lys rouge, fleur préférée de Keiko. Il possède également une chaîne qu’il ne quitte jamais, et aime porter des bracelets en cuir.

Makoto a quelques manies, comme passer sa main dans ses cheveux pour les ramener en arrière, ou jouer avec la chaîne qu’il porte au cou.