Nuits d'Arabie

♪♫♪ Moi je viens d'un pays de désert infini,
où les caravanes rêvent et flânent,
où pendant ton sommeil,
les serpents t'ensorcellent !
C'est bizarre ça ?
Mais, eh, c'est chez moi ! ♪♫♪

Marek est né en 2090 à Riyad, en Arabie Saoudite. Troisième enfant d'une fratrie de 5 bambins et second fils, il fut choyé par les siens. Ayant vu le jour au sein d'une des familles les plus fortunées du pays, il n'a jamais connu le moindre manque. Très protégé, il vécu les premières années de sa vie dans une sorte de bulle familiale. N'allant pas à l'école lors des premiers jours de sa vie, il fut instruit par des professeurs particuliers avant qu'il ne manifeste l'envie de vouloir aller à l'école comme les enfants qu'il voyait à la télévision. Cédant à sa demande, ses parents le mirent dans une école pour l'élite du pays où tous les enfants issus de richissimes familles se trouvaient. Marek, avec son regard d'enfant innocent, mit les pieds à l'école avec toute la meilleure volonté du monde et la joie la plus pure. Il était tout content et excité à l'idée de rencontrer, pour la première fois, des inconnus de son âge. Et tout se passa très bien. Le petit était d'un naturel joyeux et sociable, allant naturellement vers les autres. Il se fit rapidement des amis et en était d'ailleurs très fier, racontant tous les soirs à ses parents comme il s'amusait avec ses copains.  
Si ses parents étaient heureux qu'il s'épanouisse autant, ils s'inquiétaient cependant tout naturellement pour leur enfant. Pourquoi donc ? A cause de leur patrimoine. Al Qasid était un nom connu et surtout, c'était l'une des familles les plus fortunées du pays. Et qui dit fortune, dit folie. Ainsi, ses parents lui rabâchèrent les oreilles avec le fait qu'il était un enfant privilégié et qu'il se devait de faire attention à tout ce qui l'entourait ; le monde étant cruel avec les gentils comme lui. Sauf que du haut de ses 12 petites années, de son esprit pétrit de romans d'aventures et d'amitiés sincères et de son envie de voir le bien autour de lui, Marek n'écouta pas ses parents.
Se liant d'amitié facilement avec tout le monde, il devint très proche d'une fille de sa classe prénommée Assia. Rapidement, les deux petits devinrent inséparables, trainant toujours l'un avec l'autre. Cependant, petit à petit, la petite fille apprécia de plus en plus la façon dont Marek la traitait. En effet, étant généreux et trop heureux d'avoir une meilleure amie pour la première fois de sa vie, il n'hésitait pas à lui prêter des livres ou même à lui faire de petits cadeaux de choses qu'elle ne pouvait pas se permettre. Petit à petit, une certaine jalousie s'installa dans le cœur de la petite, trouvant injuste que lui il puisse avoir tout ce qu'il souhaitait. Alors certes, elle était aussi issu d'un milieu aisé mais pas de la même façon que les Al Qasid. Elle resta cependant auprès de lui mais elle changea, se faisant plus perfide et utilisant littéralement le petit garçon comme porte-monnaie sur pattes. Elle se mit à mal le traiter, chose que tout les adultes interprétèrent comme des rixes enfantines sans importance. Le jeune Marek, aveuglé par sa bonne foi, ne vit rien de tout ça, pensant sincèrement qu'Assia était son amie. Il eut cependant un déclic quand, sous le coup de la jalousie transformée en colère, la petite le gifla car il ne lui avait pas ramené quelque chose qu'elle lui avait demandé. Mais plus que la gifle, ce fut le regard haineux que la petite lui avait lancé à ce moment là qui avait terrifié le jeune héritier.
Ce n'était pas normal.
Très affecté par ce geste, il demanda à être retiré de son école, prétextant à ses parents que les précepteurs personnels étaient plus performants pour lui donner des cours que des professeurs issu d'il ne savait où. Sa demande fut acceptée et il ne revit jamais Assia. Cependant, il comprit ce jour là ce que ses parents lui avaient toujours dit : le monde était cruel et les gens devenaient fous dès que l'on parlait d'argent... Mais... Mais peut-être que ce n'était pas tout le monde.
Peut être avait-il juste joué de malchance et qu'il devait faire attention.
Mais c'était impossible que le monde entier soit comme ça, non ?

Les années passèrent et le petit Marek grandit, avant de finalement atteindre les portes du lycée. Une tradition familiale particulière voulait que les enfants de la famille, à leur entrée au lycée, partent de leur pays natal pour étudier à l'étranger. C'était une façon d'encourager l'ouverture sur le monde et la curiosité. Ainsi, se pliant à la tradition, notre petit homme choisit le Royaume-Uni. Atterrissant à Londres, y découvrant une culture radicalement opposée à la sienne, il adora l'expérience. C'était un nouvel horizon infini de possibilités et de rencontres qui s'offraient à lui et il adorait ça ! Et la langue dans tout ça ? Aucun problème, l'anglais étant la langue que tout les petits saoudiens apprenaient en même temps que l'arabe. Il était donc parfaitement bilingue.
Loin de sa famille, le jeune garçon s'en tira comme un charme. Scolarisé dans un lycée élitiste d'expatriés, le spectre de la jalousie sembla pourtant le suivre malgré tout. De nouveau, il se fit des amis et de nouveau, il attira bien malgré lui des rapaces qui se mirent à le côtoyer pour son argent, comprenant bien vite que le jeune savait se montrer largement généreux envers ceux qu'il aimait. Ne voyant pas ce nouveau problème, étant sincèrement persuadé que cette fois, il avait trouvé de vrais amis sur qui compter, il ne se rendit pas compte tout de suite des choses. Ce ne fut que lorsqu'il surprit une conversation amère entre deux de ses dits "amis" qu'il eut une douche froide. Dans cette conversation, ils expliquaient qu'il le trouvait trop bon, trop con mais que c'était tant mieux pour eux car ils pouvaient le pigeonner tranquillement. Et quand ils en auraient trop marre, ils n'auraient qu'à l'oublier dans un coin.
Cette discussion eut l'effet d'une bombe sur l'adolescent. Lui qui s'évertuait à croire que le monde était bon, il ne comprenait pas pourquoi ce même monde s'acharnait à lui montrer tout le contraire. C'était injuste ! Il n'avait rien fait pour mériter ça ! Lui, tout ce qu'il voulait, c'était avoir des amis avec qui échanger, rire et s'amuser ! Ce n'était pas si monstrueux comme demande !...
Mais cette fois, il avait compris le message.
Si personne ne voulait de lui pour ce qu'il était, alors il ne voulait de personne non plus.

Ce fut à ce moment là que le gentil et doux garçon qu'il était devint un jeune beaucoup plus abrasif et méfiant, à la limite de la méchanceté gratuite par moment. Malgré tout, ça ne l'empêcha pas de terminer son lycée en étant major de son année, ce qui était un petit exploit. Pourtant, malgré ça, il décida de changer de pays. Il n'avait pas envie de rester en Angleterre, il voulait voir autre chose. Et son regard s'était, depuis un moment, porté sur le Japon. Il avait découvert ce petit pays lors de ses années lycée grâce à la nourriture dont il était devenu un grand fan. Depuis ce moment là, il s'était renseigné sur l'île et avait tout de suite adhéré au système de l'Incontestable. C'était du génie ! Tout simplement ! Il était si dur de trouver quelqu'un par soit-même que savoir qu'un logiciel si parfait s'en occuperait pour lui, empêchant ainsi tout problème lié à sa fortune, c'était du petit lait pour lui.
Et tout la question de la dictature ? Il s'en foutait. Si ça pouvait lui permettre de ne plus être seul, c'était tout ce qui l'importait. Car au fond, même s'il ne le montrait pas, il avait toujours terriblement envie de se lier aux autres. Après tout, ce n'était qu'un jeune comme tant d'autres.
Et l'avis de sa famille concernant cette envie d'aller dans un pays aux tendances très contrôlantes ? Personne ne s'opposa au choix du jeune homme. Il avait si bien défendu son projet, qu'aucun membre de sa famille n'avait eu le cœur à l'en empêcher. Après tout, s'il pensait que son bonheur pouvait se trouver là-bas, il aurait été cruel de ne pas le soutenir. Pas de coupage de vivres (même s'il n'en a pas besoin) ni de grosse colère ici. Juste une famille qui soutient envers et contre tout son enfant.
Ainsi, vers le milieu du lycée, il avait commencé à prendre des cours intensifs de japonais. Sa décision était prise : il irait là-bas.

Devant encore faire ses études supérieures, Marek choisit donc l'école de finance la plus prestigieuse de Tokyo. Réussissant à décrocher un visas « long séjour » de 2 ans pour étudiant, il commença ses études dans la capitale nipponne en 2110. Fou de joie de ce nouveau départ, il s'adapta incroyablement vite à son nouveau pays d'accueil.
Etant arrivé en 2110, il n'a pas connu le mouvement des Incontrolables ni le Shukumei. Quand à l'épidémie, il n'a pas été touché vu qu'il ne sera pucé que 2 ans plus tard. Et en vérité, il s'en fiche, ça ne l'intéresse pas. Tout ce qui l'intéresse, c'est sa lettre rose et la nourriture. Rien d'autre. Même l'élection de 2114, il n'en avait absolument rien à faire ; la politique n'ayant jamais été son truc.
Au début, tout se passait bien. Le saoudien se fit rapidement un petit groupe d'amis issu des mêmes sphères que lui mais il ne refit pas les mêmes erreurs que par le passé. S'il se disait "ami" de ces gens là, il ne les considérait pas comme tels. Ce n'était que des personnes qu'il  côtoyait pour son avenir. Et il eut raison de garder cette certaine distance. Etant plutôt beau garçon et ayant une certaine aura charismatique, il attira rapidement à lui filles comme garçons. Découvrant alors le flirt, notre jeune homme se rendit compte qu'il n'était pas mauvais à ça même s'il n'en tirait aucun plaisir véritable. Tout ce qui l'intéressait était si telle ou telle personne pouvait lui être utile.
Cependant, même avec toute l'ambition du monde, un adolescent reste un adolescent.
Et forcément, arriva ce qui devait arriver.
Il eut un crush.
Crush qui se changea rapidement en une petite relation.
Mais là encore, il œuvra de malchance.
Il se rendit vite compte que la fille avec laquelle il s'était engagé courtisait bien plus son compte en banque que lui-même. Furieux d'avoir refait la même erreur, d'avoir encore cru qu'il pouvait y avoir quelques humains bons, Marek largua la fille, l'humiliant au passage assez violemment, s'assurant de faire de la fin de sa scolarité un enfer. Sa colère était à la mesure de la trahison qu'il essuyait ; mais en vérité, sa vengeance était proportionnelle à l'affection qu'il avait porté à ce premier amour. Ce premier amour avait été court, il n'avait duré que 4 petits mois mais, ça n'en fut pas moins intense. La séparation fut effroyable pour lui, même s'il n'en montra rien ; car, même s'il avait choisit de la quitter, il l'aimait toujours terriblement...
Mais il avait fait le choix de la rationalité à celui des émotions même s'il eut beaucoup de mal à s'en remettre.
Cette nouvelle expérience terrible acheva de le convaincre que ses parents avaient raison : le monde était bel et bien cruel.
Alors maintenant, il mangerait avant de se faire manger.

Mais avant tout, il fallait régler cette question de visas. Le sien arrivait à échéance et il n'en était qu'à la moitié de ses années d'études, son cursus durant 4 années au total. Il prit donc la seule décision possible : la naturalisation. Après tout, il ne comptait pas retourner auprès des siens, trop bien qu'il était dans son pays d'accueil. Et puis, il y avait l'Incontestable dont la présence jouait très fortement dans la balance. Il était persuadé que ce système pourrait l'aider. Alors, il décida de rester.
Il passa toutes les étapes de la naturalisation haut la main. Clamant son enthousiasme envers l'Incontestable et son amour de son pays d'accueil, le premier entretien avec le ministère des affaires juridiques fut une formalité. Le second en fut tout autant, confirmant son envie de prendre la nationalité japonaise pour lui aussi profiter du rayonnement de l'Incontestable. Par la suite, il avala donc avec joie le cours sur le mariage avant d'enfin se faire naturaliser et pucer en avril 2112, à la fin du Soosaku qui ne le concerna pas et après les évènements du System Error. Il ne se formalisa d'ailleurs pas de ce problème. Après tout, ce n'était que pour vérifier les résultats de l'Incontestable après plus d'un demi-siècle de travail. Ce n'était rien d'autre.
Terminant ses études de nouveau avec brio, il sortit diplômé avec les honneurs en 2114. Par la suite, il trouva rapidement un travail comme trader pour une grosse boite. Il n'avait pas besoin de travailler en soit car il avait reçu un héritage conséquent de son grand-père paternel. Si conséquent, qu'il le mettait à l'abri financièrement durant toute sa vie. Cependant, ce n'était pas pour l'argent qu'il faisait son travail : c'était juste pour le plaisir de le faire.
Ainsi, il continua sa petite vie tranquillement, espérant recevoir sa lettre rose sous peu.