『Rawness in vulnerability』▬ Chance

Chance, c’est la rudesse collée à la peau et la douceur nichée dans la cornée. C’est un cœur de lion dans un corps d’homme. Un mec entier. Un gars franc, direct – peut-être même le plus authentique bâtard de ce foutu pays, si l’on considère la tendance à l’hypocrisie des mœurs dans lesquelles il baigne désormais. Pourtant, sous la surface, sous ses airs assurés et un peu brut que rien ne semble ébranler, se cache aussi une âme éprouvée qui se démène toujours pour respirer.

Parce que la vie est injuste et que cette vie-là n’a pas été assez tendre avec lui. Comment pourrait-il se permettre de l’être, alors ? Là, de tout donner ? Abaisser les barrières et faire une place aux autres ? La vérité, c’est qu’il ne sait pas bien comment procéder. Il a essayé, plusieurs fois, toujours pour finir avec un cœur brisé (et pas forcément le sien).

Au boulot, c’est différent. Mais en privé, souvent, ça coince. D’un côté, y a ceux qui sont parvenus à s’incruster dans sa sphère privée – des personnes qu’il connaît de longue date, qui ont trouvées comment capter toute sa farouche attention. Et de l’autre… ben, y a les autres. Toutes ces rencontres éphémères, ces présences – il le sait – temporaires. Ça dure un soir, une nuit. Parfois deux. Toujours des instants volés durant lesquels il donnera tout, comme un parfait abruti – tout ce qu’il est, sans filtre et sans pudeur, sa chaleur, ses passions, sa déraison. Célibataire endurci, pourtant : jamais, jamais, il ne s’autorise à faire en sorte que ce soit permanent (par anticipation, par crainte, par pessimisme). Parce qu’à la dure, il a appris à ne pas se bercer d’illusions. Il a appris à ne pas espérer, à ne rien attendre des autres. Parce que les autres trompent, parce qu’ils blessent et qu’ils délaissent – parce que lui-même n’en vaut pas la peine, qu’on le lui a répété maintes fois et que de toute façon, il tournera probablement le dos le premier. Le sentiment est ancré sous sa chair, gangrène son âme, inéluctablement. Ça l’empoisonne depuis longtemps, sans qu’il ose se l’avouer. Quel goût aurait la vie, sans ça ? Il ne sait pas – il ne sait plus / ou n’a jamais su. Sa routine, c’est sa stabilité. Sa solitude : son armure blindée. Alors, il a peut-être le sourire facile et ce rire franc et grave qui communique. Il a peut-être cette chaleur d’ours contre laquelle l’on viendrait volontiers se lover ou s’oublier. Peut-être tend-il la main, offre-t-il son épaule, soulage autrui, si besoin est. Mais son âme reste lourde car, en vérité, ça fait bien longtemps que les déceptions lui ont ouvert les yeux pour lui fermer le cœur.

Ça lui est arrivé, une fois,
mille fois – trop d’fois.

Et ça lui a pris du temps…

Ça lui a pris du temps, de relever la tête malgré la boue dans laquelle il a été traîné. De trouver son équilibre, savoir rester debout malgré ces peurs ancrées, ces doutes qui bouffent. Ce qui l’a sauvé, à une époque où il n’arrivait même pas à se figurer qui il était, c’est ce boulot. Devenir bartender. Pour lui, ça a été comme trouver un sens à sa vie, trouver un truc qui lui plaisait vraiment. Ça a été un déclic ; une bouée de sauvetage. Une passion dans laquelle il a puisé et puise encore aujourd’hui tout son courage. Plus qu’un simple métier à ses yeux : un mode de vie et de pensée. Quelque chose qui lui a appris à lever la tête, à écouter, à observer, s’intéresser sincèrement aux autres, tout en développant un grand sens du détail et du relationnel, ainsi qu’une ouverture d’esprit.

Savoir son frère proche l’aide beaucoup, également, malgré l’état dans lequel celui-ci demeure.

Mais au fond, peu importe sa façon d’être. Peu importe qu’on le comprenne ou qu’on grince des dents, en le voyant se détacher comme si de rien n’était. Il se fout comme d’une guigne de correspondre aux attentes d’autrui. Lui sait, l’homme qu’il aurait pu devenir pour en avoir côtoyé à la pelle, toute son enfance. Parfois, il se dit que c’est presque un miracle, qu’il s’en soit sorti. Qu’il ait réussi à gérer cette part de sa vie. Alors, même si le cœur saigne encore. Même s’il a mal. Même s’il blesse sans le vouloir. Même si parfois c’est dur et qu’il a l’impression de marcher à reculons sur les tessons tranchants que la vie lui a foutue sous les pieds, il y a longtemps : il se considère comme chanceux d’avoir réussi à devenir un humain décent.

Parce que ça, peu importe les reproches qu’on lui fera.
Personne pourra jamais le lui enlever.


En bref :

Attentif ⬥ Direct ⬥ Rough hands, kind soul ⬥ Communicateur inconstant ⬥ Don’t tolerate bullshit ⬥ Indépendant ⬥ Routinier ⬥ Attentionné ⬥ La solitude comme armure ⬥ Terre-à-terre ⬥ A bit of a tease ⬥ Une passion qui dévore ⬥ Des cordes trop sensibles ⬥ Une patience qui peut sembler infinie (mais qui ne l’est pas) ⬥ Un trauma d’abandonnement qui tourne en fond et façonne chacune de ses relations, qu’il en ait conscience ou non ⬥ Professionnel ⬥ Tourne pas le dos à quelqu’un dans le besoin ⬥ Une robustesse rassurante ⬥ Pardonne mais n’oublie pas – une fois sa confiance perdue c’est pour toujours ⬥ I may be quiet but I’m not blind ⬥ Tactile ⬥ Réticent à s’engager ⬥et autres joyeusetés ~