— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Ji KUSAKA
"When someone ask you to listen to a song, it's because the lyrics means everything they're trying to say"
Généralités Nom ;; Kusaka (日下 => Sous le soleil) Prénoms ;; Ji (次 => Le suivant) Nom de scène ;; Lyrics Âge ;; 23 ans, né le 25 septembre 2092 (Balance/Dragon d’eau) Genre ;; Homme cisgenre Origines ;; Américain (Etats Unis) d'origine japonaise... Naturalisé Japonais Activité ;; Idol en devenir, parolier principal du groupe “Event Horizon” Sexualité ;; Pour le moment, demisexuel (Sera bisexuel avec le temps) Avatar ;; Félix Yongbok Lee du groupe Stray Kids Règlement ;; Chemin ;; Ca remonte! Commentaire ;; - La fiche va être très longue... Pour les motivés, évitez de commencer par Physique/Caractère car ça se passe à la fin de l'histoire ^^" - J'ai fais des recherches pour éviter de dire trop de bêtises, mais je ne suis pas médecin! Ce que j'évoque est censé être théoriquement possible, même si heureusement peu probable, en particulier dans ce bassin de population ^^" |
Caractère
Fin décembre 2114 (A la toute fin de l'histoire! Commencez pas par là!)
C'était un vendredi soir de décembre et il était déjà presque vingt et une heure. Le silence avait été fait sur le plateau... Un compte à rebours annonçait la prise d’antenne dans cinq... quatre... trois... deux...
“Bonsoir et bienvenue sur TV Asahi! En direct avec nous ce soir, dans Music Station, cinq des six membres du groupe “Event Horizon” qui devait faire ses débuts ce soir dans notre émission ! Faisant de son mieux pour ne pas rougir malgré ses années d’expérience, la présentatrice s’adressa à son voisin le plus proche. Ukyo, vous êtes le leader de ce groupe que nos téléspectateurs suivent depuis des mois, et même pour certains depuis des années étant donné que vous n’avez pas tous été recrutés en même temps. J’imagine que vous aviez tous hâte d’être ce soir et d’enfin montrer le fruit de votre travail. Le jeune homme approuva d’un hochement de tête et d’un sourire. Est-ce que vous pouvez nous dire un mot pour expliquer ce report d’échéance qui va en décevoir plus d’un ? Nouvel acquiescement avant que l’ainé du groupe n’offre son visage à la caméra.
-Bonsoir à vous et bonsoir à tous ! Merci ne nous recevoir ! Nous sommes tous honorés de pouvoir être présents sur votre plateau ! Les autres membres adressèrent des signes de la main et des sourires aux spectateurs lorsque l’objectif se braqua sur eux à tour de rôle. Le public cria son enthousiasme avant de laisser l’idol en devenir reprendre. Je pense que le plus simple pour expliquer la situation est de laisser la parole à Lyrics si la communication passe...”
L’image se scinda en deux et le visage fatigué du jeune homme fut retransmis par-dessus le pacifique. Quelques secondes de battements, tandis qu’il ajustait les paramètres de son téléphone, puis il offrit son habituel sourire solaire à l’écran avant d’agiter sa main à laquelle pendait visiblement une intraveineuse. Sa voix, toujours aussi rauque, s’éleva bientôt...
“Bonsoir à tous ! Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir être avec vous ce soir... Il est... Une vérification... Oui, il est quatre heure du matin ici, à Seattle. Comme vous pouvez le voir... Son objectif balaya la pièce... Je suis actuellement à l’hôpital. Mais je vous promets que je vais bien et qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter de quoi que ce soit pour moi ou bien pour “Event Horizon”! Nos débuts auront bien lieu dès que possible !
-Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui vous a conduit à l’hôpital, Lyrics ? Une expression un peu gênée sur le visage du patient avant que sa voix ne se fasse entendre de nouveau.
-Certains se souviendront peut-être des explications que j’avais dû donner concernant mon dossier médical et celui de mon frère. Les reins de Katsuki ont lâché et... Et bien... Je suis venu lui donner l’un des miens... La présentatrice parvint à avoir l’air surprise alors qu’elle était déjà au courant de la situation et savait plus ou moins comment allait se dérouler son temps d’antenne en compagnie de ces peut-être futures stars.
-Oh ! Effectivement, on fait difficilement meilleure excuse ! Est-ce que l’intervention s’est bien passée ? Nouvel hochement de tête de Lyrics, témoignant d’un léger décalage entre le son et l’image.
-Oui, très bien ! Attendez... Le jeune homme quitta son lit dans sa blouse d’hôpital, prenant bien soin de ne rien montrer de ce qui devait demeurer caché, et avança avec la potence de sa perfusion jusqu’au lit de son aîné dont une infirmière vérifiait les constantes. C’est l’heure des soins “de nuit”, donc nous sommes réveillés le temps que ce soit fait avant de pouvoir retourner dormir... Voici mon aîné...! Les traits de ce dernier étaient un peu plus tirés et termes que ceux de son cadet, mais la ressemblance était indéniable. A son tour, il sourit à l’écran et mobilisa les cours de japonais qu’il prenait depuis l’enfance pour déclarer...
-Bonsoir à tous et merci à “Event Horizon” d’avoir soutenu mon frère et de l’attendre malgré votre impatience ! Je l’ai vu s’ouvrir et prendre confiance en lui, jour après jour, à vos côtés et je sais à quel point il tient à vous ! Un regard de côté vers Ji, hors champ, qui allait protester. Tu ne peux pas dire le contraire, j’ai lu tes textes ! Un rire sur le plateau de l’émission. Il vous considère comme ses frères... Et de fait, c’est également mon cas ! Merci encore de veiller sur lui et de lui avoir donné sa chance ! Je lui dois déjà plusieurs fois ma vie, mais vous lui permettez de vivre enfin la sienne ! Sur le plateau, les membres de “Event Horizon” s’inclinèrent dans un bel ensemble pour recevoir ces mots touchants tandis que le public se fendait de quelques sons témoignant de son émotion.
-Nous allons vous laisser vous reposer, Katsuki san ! Peut-être pouvons-nous avoir un mot de votre infirmière ? La quarantenaire releva le nez vers le téléphone lorsqu’elle entendit qu’on passait à l’anglais et Ji lui demanda rapidement dans sa langue si elle acceptait de passer à la télévision japonaise. La petite rousse rit, se recoiffa rapidement, et adressa un léger signe à la caméra. Bonsoir Madame et merci de votre travail ! Pourriez-vous nous dire quel genre de patient est Lyrics ? Remarquant son incompréhension, Ji intervint de nouveau pour expliquer qu’il s’agissait de son nom de scène et elle répondit aussitôt.
-Avec sa voix et son sourire, j’aurais dû me douter qu’il allait être connu... Mais je ne m’attendais pas à passer à la télévision pour parler de lui ! Il est tellement humble qu’il n’a jamais dit un mot de sa carrière !
-Nous n’avons pas encore commencé... Je ne suis personne...
-Ta ta ta! Le rire de la soignante s’éleva... Pour tout vous dire, je voudrais n’avoir que des patients comme eux ! Polis, respectueux, toujours de bonne humeur, ne se plaignant absolument de rien même lorsqu’on “sait” qu’ils ont mal... Je m’occupe d’eux depuis un certain temps maintenant, avant même le départ de... De “Lyrics”... Pour le Japon... Ce garçon est un ange, je n’ai pas d’autres mots pour le décrire et vous ne trouverez personne pour dire le contraire dans ce service ! Il faudrait juste qu’il pense un peu plus à lui et à se reposer plutôt qu’aux autres ! Depuis son arrivée, il a passé presque chaque minute d’éveil à s’occuper de Katsuki ou bien à chercher sur son portable des cadeaux pour ses amis au Japon ! Il s’en veut tellement de ne pas être avec vous pour Noël... Mais promis, on vous le rendra très vite et en bonne santé ! Son regard, devenu autoritaire, se reporta sur le plus jeune. A condition qu’il coupe très vite cette transmission et retourne se coucher ! La présentatrice avait tout traduit en japonais au fur et à mesure aussi tous rire de nouveau lorsque le visage contrit de Lyrics revint à l’écran.
-Ce sont eux qui sont beaucoup trop fatigués et qui ne savent plus ce qu’ils disent ! Ne faites pas attention ! Il se glissa de nouveau dans ses draps... Mais il est effectivement temps que je vous laisse ! Encore merci de votre patience et à très bientôt ! Vous me manquez !
-A très vite Lyrics !
-Prends soin de toi !
-N'oublie pas mon cadeau !” Les réponses des membres fusèrent avant que l’appel ne coupe et que la présentatrice en revienne à ses invités.
“J’ai l’impression qu’il vous aime énormément... Pouvez-vous nous dire ce que lui représente pour vous ? Haku, vous êtes connu pour être le plus direct et le plus difficile à amadouer de “Event Horizon”... Le rappeur fit mine de recevoir une balle en plein cœur... Que pensez-vous de votre dernière recrue ? Ukyo passa visiblement sans crainte le micro à son partenaire qui prit la parole.
- Lyrics est... L’âme du groupe... Avant son arrivée, nous étions juste cinq hommes avec des capacités qui fonctionnaient ensemble, mais... Même après plusieurs mois passés les uns avec les autres, on ne se connaissait pas vraiment. Des signes d’approbations autour de lui... Nous avions perdu énormément d’amis aux cours des éliminatoires. J’avais déjà du mal à trouver ma place au sein du groupe, du coup je n’étais vraiment pas prêt à voir un nouveau débarquer de nulle part, mais... Il haussa les épaules, grimaça de façon presque comique... Ce que vous n’avez pas vu sur le show internet, c’est que nous avons passé une soirée avec lui avant son introduction officielle dans le dortoir. Nous avons parlé, et il est resté très discret bien qu’attentif à tout et à tous... Lorsque nous sommes partis nous coucher, il est resté debout... Il a passé la nuit à écrire et à regarder tout ce qu’il pouvait concernant le groupe... Au matin, avant de nous quitter et sans même savoir s’il allait nous rejoindre, il nous a donné une dizaine de pages qui parlaient de nous... Nous en tant qu’individus autant qu’en tant que groupe... En tant qu’être humain autant qu’en tant que grain de poussière à l’échelle de l’univers... En une soirée, il nous avait simplement “compris” et “acceptés" avec toutes nos failles et nos forces... Il avait pointé ce dont chacun d’entre nous avait besoin, qui pouvait le lui donner, comment nous pouvions nous soutenir... Et le tout était si bien rédigé que nous aurions pu en faire une chanson... Vingt chansons... Lyrics est arrivé et il a transformé un assemblage disparate de cinq types random en une famille de six... Simplement en écoutant et en étant lui-même... Le micro passa à Sanosuke...
-Le seul problème avec Lyrics, c’est ce qu’a pointé son infirmière. Il fait systématiquement passer les autres avant lui et accepte tout avec ce sourire qui désarmerait n’importe qui. Il ne demande jamais rien... Ne refuse jamais rien... Alors... Quand il nous a parlé de l’opération dont avait besoin son frère pour nous demander s’il pouvait y aller... Il n’y avait pas d’autre réponse possible que “Oui, bien sûr, vas-y !”. Nous savons, grâce à lui, qu’il n’y aurait pas de “Event Horizon” sans chacun d’entre nous. Que nous sommes tous nécessaire... Mais... Il n’y aurait surtout jamais rien eu sans lui... Et j’espère que toutes les personnes qui nous soutiennent comprendront et accepteront autant son choix que le nôtre. Commencer “sans lui” était absolument hors de question et n’aurait eu aucun sens.”
Le micro revint ensuite à Ukyo, et des tas d’autres sujets furent évoqués jusqu’à ce que la soirée se termine sur quelques reprises a capella d’anciens tubes des groupes du siècle passé afin de ne pas partir sans offrir quelques notes au public.
Lorsque le lendemain Katsuki et Ji avaient regarder l’émission en différée, le jeune homme s’était recroquevillé en une petite boule malgré la douleur dans son dos et ses yeux sombres s’étaient noyés de larmes derrières ses mèches blanches en bataille. La main de son aîné était venue se poser sur sa tête, avait ébouriffé sa tignasse comme il avait vu le leader le faire à maintes reprises lorsqu’il les regardait à la télévision. Un léger rire avait échappé au chanteur qui avait tourné ses yeux de jais sur son frère...
“Tu as tellement grandi et évolué depuis que tu es avec eux... Je ne te pensais pas capable d’autant parler en public... Essuyant une larme fugueuse d’un coup de manche, Ji répondit...
-C’est plus facile de s’adresser à un écran. La présentatrice n’était pas vraiment en face de moi... Mais... Ça vient doucement, oui... On nous fait faire des tas d’exercices pour parvenir à nous exprimer correctement, pour apprendre à esquiver les questions embarrassantes ou compromettantes. Pour contrôler notre nervosité... C’est pas... C’est pas facile, mais je suis bien entouré...
-... Mais est-ce que tu es “heureux” ? Je sais qu’un rien suffit à te faire sourire, à te faire plaisir... Que tu t’émerveilles de tout et que chaque découverte est une fête, mais... Est-ce que ça te convient, cette vie ? La pression qui va avec ?
-Oui... Car encore une fois, je ne suis pas seul... J’ai Ukyo, Haku, Sanosuke, Soshiro et Gin... J’ai toute l’équipe de la maison de production, même s’ils sont très exigeants... J’ai notre oncle, et Chika, et Kotaro... J’ai Reita qui me rappelle que je ne suis pas “que” Lyrics mais aussi "juste" Ji... Et je t’ai toi... Je sais que je peux t’appeler et que, même en plein réunion ou en pleine nuit, tu me répondras toujours... Il haussa les épaules, se détendit et se leva même pour faire quelques pas et s’étirer autant que son corps le lui permettait. Je me doute que ça sonne très naïf comme réponse, peut-être par “déformation professionnelle” car on nous demande d’être toujours enjoué et irréprochable. De n’exprimer que de la positivité... Il se retourna vers son frère avant de poursuivre. Cette vie me convient et je suis prêt à faire les sacrifices nécessaires pour que ça fonctionne... Bien évidement que je suis régulièrement épuisé, autant physiquement que moralement... Que je m’écroule souvent et que j’ai l’impression que tout s’écroule autour de moi. Que chaque commentaire de hater me perce le cœur... Que voir Ukyo devoir tout superviser sans se permettre la moindre erreur, Sanosuke se serrer lui-même dans ses bras lorsqu’il perd confiance en lui, Haku perdre ses mots lorsqu’on l’insulte, Soshiro perdre sa voix d’ange à la moindre critique d’un professeur ou Gin faire des pieds et des mains pour être bon partout et mauvais nulle part pour soutenir tout le monde est une douleur au quotidien et pour chacun d’entre nous... Mais... Ji revint s’asseoir sur le rebord du lit de son parent... Ce métier est dur et nous en avions conscience avant de choisir de nous engager dans cette voie. Aujourd’hui, même si c’est compliqué et malgré mes doutes sur mes propres capacités, je suis fier de ce que j’ai accompli... De ce que nous avons accompli, ensemble... Katsuki lui offrit un sourire presque aussi brillant que le sien...
-Et moi, je suis fier de toi, petit frère...”
C'était un vendredi soir de décembre et il était déjà presque vingt et une heure. Le silence avait été fait sur le plateau... Un compte à rebours annonçait la prise d’antenne dans cinq... quatre... trois... deux...
“Bonsoir et bienvenue sur TV Asahi! En direct avec nous ce soir, dans Music Station, cinq des six membres du groupe “Event Horizon” qui devait faire ses débuts ce soir dans notre émission ! Faisant de son mieux pour ne pas rougir malgré ses années d’expérience, la présentatrice s’adressa à son voisin le plus proche. Ukyo, vous êtes le leader de ce groupe que nos téléspectateurs suivent depuis des mois, et même pour certains depuis des années étant donné que vous n’avez pas tous été recrutés en même temps. J’imagine que vous aviez tous hâte d’être ce soir et d’enfin montrer le fruit de votre travail. Le jeune homme approuva d’un hochement de tête et d’un sourire. Est-ce que vous pouvez nous dire un mot pour expliquer ce report d’échéance qui va en décevoir plus d’un ? Nouvel acquiescement avant que l’ainé du groupe n’offre son visage à la caméra.
-Bonsoir à vous et bonsoir à tous ! Merci ne nous recevoir ! Nous sommes tous honorés de pouvoir être présents sur votre plateau ! Les autres membres adressèrent des signes de la main et des sourires aux spectateurs lorsque l’objectif se braqua sur eux à tour de rôle. Le public cria son enthousiasme avant de laisser l’idol en devenir reprendre. Je pense que le plus simple pour expliquer la situation est de laisser la parole à Lyrics si la communication passe...”
L’image se scinda en deux et le visage fatigué du jeune homme fut retransmis par-dessus le pacifique. Quelques secondes de battements, tandis qu’il ajustait les paramètres de son téléphone, puis il offrit son habituel sourire solaire à l’écran avant d’agiter sa main à laquelle pendait visiblement une intraveineuse. Sa voix, toujours aussi rauque, s’éleva bientôt...
“Bonsoir à tous ! Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir être avec vous ce soir... Il est... Une vérification... Oui, il est quatre heure du matin ici, à Seattle. Comme vous pouvez le voir... Son objectif balaya la pièce... Je suis actuellement à l’hôpital. Mais je vous promets que je vais bien et qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter de quoi que ce soit pour moi ou bien pour “Event Horizon”! Nos débuts auront bien lieu dès que possible !
-Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui vous a conduit à l’hôpital, Lyrics ? Une expression un peu gênée sur le visage du patient avant que sa voix ne se fasse entendre de nouveau.
-Certains se souviendront peut-être des explications que j’avais dû donner concernant mon dossier médical et celui de mon frère. Les reins de Katsuki ont lâché et... Et bien... Je suis venu lui donner l’un des miens... La présentatrice parvint à avoir l’air surprise alors qu’elle était déjà au courant de la situation et savait plus ou moins comment allait se dérouler son temps d’antenne en compagnie de ces peut-être futures stars.
-Oh ! Effectivement, on fait difficilement meilleure excuse ! Est-ce que l’intervention s’est bien passée ? Nouvel hochement de tête de Lyrics, témoignant d’un léger décalage entre le son et l’image.
-Oui, très bien ! Attendez... Le jeune homme quitta son lit dans sa blouse d’hôpital, prenant bien soin de ne rien montrer de ce qui devait demeurer caché, et avança avec la potence de sa perfusion jusqu’au lit de son aîné dont une infirmière vérifiait les constantes. C’est l’heure des soins “de nuit”, donc nous sommes réveillés le temps que ce soit fait avant de pouvoir retourner dormir... Voici mon aîné...! Les traits de ce dernier étaient un peu plus tirés et termes que ceux de son cadet, mais la ressemblance était indéniable. A son tour, il sourit à l’écran et mobilisa les cours de japonais qu’il prenait depuis l’enfance pour déclarer...
-Bonsoir à tous et merci à “Event Horizon” d’avoir soutenu mon frère et de l’attendre malgré votre impatience ! Je l’ai vu s’ouvrir et prendre confiance en lui, jour après jour, à vos côtés et je sais à quel point il tient à vous ! Un regard de côté vers Ji, hors champ, qui allait protester. Tu ne peux pas dire le contraire, j’ai lu tes textes ! Un rire sur le plateau de l’émission. Il vous considère comme ses frères... Et de fait, c’est également mon cas ! Merci encore de veiller sur lui et de lui avoir donné sa chance ! Je lui dois déjà plusieurs fois ma vie, mais vous lui permettez de vivre enfin la sienne ! Sur le plateau, les membres de “Event Horizon” s’inclinèrent dans un bel ensemble pour recevoir ces mots touchants tandis que le public se fendait de quelques sons témoignant de son émotion.
-Nous allons vous laisser vous reposer, Katsuki san ! Peut-être pouvons-nous avoir un mot de votre infirmière ? La quarantenaire releva le nez vers le téléphone lorsqu’elle entendit qu’on passait à l’anglais et Ji lui demanda rapidement dans sa langue si elle acceptait de passer à la télévision japonaise. La petite rousse rit, se recoiffa rapidement, et adressa un léger signe à la caméra. Bonsoir Madame et merci de votre travail ! Pourriez-vous nous dire quel genre de patient est Lyrics ? Remarquant son incompréhension, Ji intervint de nouveau pour expliquer qu’il s’agissait de son nom de scène et elle répondit aussitôt.
-Avec sa voix et son sourire, j’aurais dû me douter qu’il allait être connu... Mais je ne m’attendais pas à passer à la télévision pour parler de lui ! Il est tellement humble qu’il n’a jamais dit un mot de sa carrière !
-Nous n’avons pas encore commencé... Je ne suis personne...
-Ta ta ta! Le rire de la soignante s’éleva... Pour tout vous dire, je voudrais n’avoir que des patients comme eux ! Polis, respectueux, toujours de bonne humeur, ne se plaignant absolument de rien même lorsqu’on “sait” qu’ils ont mal... Je m’occupe d’eux depuis un certain temps maintenant, avant même le départ de... De “Lyrics”... Pour le Japon... Ce garçon est un ange, je n’ai pas d’autres mots pour le décrire et vous ne trouverez personne pour dire le contraire dans ce service ! Il faudrait juste qu’il pense un peu plus à lui et à se reposer plutôt qu’aux autres ! Depuis son arrivée, il a passé presque chaque minute d’éveil à s’occuper de Katsuki ou bien à chercher sur son portable des cadeaux pour ses amis au Japon ! Il s’en veut tellement de ne pas être avec vous pour Noël... Mais promis, on vous le rendra très vite et en bonne santé ! Son regard, devenu autoritaire, se reporta sur le plus jeune. A condition qu’il coupe très vite cette transmission et retourne se coucher ! La présentatrice avait tout traduit en japonais au fur et à mesure aussi tous rire de nouveau lorsque le visage contrit de Lyrics revint à l’écran.
-Ce sont eux qui sont beaucoup trop fatigués et qui ne savent plus ce qu’ils disent ! Ne faites pas attention ! Il se glissa de nouveau dans ses draps... Mais il est effectivement temps que je vous laisse ! Encore merci de votre patience et à très bientôt ! Vous me manquez !
-A très vite Lyrics !
-Prends soin de toi !
-N'oublie pas mon cadeau !” Les réponses des membres fusèrent avant que l’appel ne coupe et que la présentatrice en revienne à ses invités.
“J’ai l’impression qu’il vous aime énormément... Pouvez-vous nous dire ce que lui représente pour vous ? Haku, vous êtes connu pour être le plus direct et le plus difficile à amadouer de “Event Horizon”... Le rappeur fit mine de recevoir une balle en plein cœur... Que pensez-vous de votre dernière recrue ? Ukyo passa visiblement sans crainte le micro à son partenaire qui prit la parole.
- Lyrics est... L’âme du groupe... Avant son arrivée, nous étions juste cinq hommes avec des capacités qui fonctionnaient ensemble, mais... Même après plusieurs mois passés les uns avec les autres, on ne se connaissait pas vraiment. Des signes d’approbations autour de lui... Nous avions perdu énormément d’amis aux cours des éliminatoires. J’avais déjà du mal à trouver ma place au sein du groupe, du coup je n’étais vraiment pas prêt à voir un nouveau débarquer de nulle part, mais... Il haussa les épaules, grimaça de façon presque comique... Ce que vous n’avez pas vu sur le show internet, c’est que nous avons passé une soirée avec lui avant son introduction officielle dans le dortoir. Nous avons parlé, et il est resté très discret bien qu’attentif à tout et à tous... Lorsque nous sommes partis nous coucher, il est resté debout... Il a passé la nuit à écrire et à regarder tout ce qu’il pouvait concernant le groupe... Au matin, avant de nous quitter et sans même savoir s’il allait nous rejoindre, il nous a donné une dizaine de pages qui parlaient de nous... Nous en tant qu’individus autant qu’en tant que groupe... En tant qu’être humain autant qu’en tant que grain de poussière à l’échelle de l’univers... En une soirée, il nous avait simplement “compris” et “acceptés" avec toutes nos failles et nos forces... Il avait pointé ce dont chacun d’entre nous avait besoin, qui pouvait le lui donner, comment nous pouvions nous soutenir... Et le tout était si bien rédigé que nous aurions pu en faire une chanson... Vingt chansons... Lyrics est arrivé et il a transformé un assemblage disparate de cinq types random en une famille de six... Simplement en écoutant et en étant lui-même... Le micro passa à Sanosuke...
-Le seul problème avec Lyrics, c’est ce qu’a pointé son infirmière. Il fait systématiquement passer les autres avant lui et accepte tout avec ce sourire qui désarmerait n’importe qui. Il ne demande jamais rien... Ne refuse jamais rien... Alors... Quand il nous a parlé de l’opération dont avait besoin son frère pour nous demander s’il pouvait y aller... Il n’y avait pas d’autre réponse possible que “Oui, bien sûr, vas-y !”. Nous savons, grâce à lui, qu’il n’y aurait pas de “Event Horizon” sans chacun d’entre nous. Que nous sommes tous nécessaire... Mais... Il n’y aurait surtout jamais rien eu sans lui... Et j’espère que toutes les personnes qui nous soutiennent comprendront et accepteront autant son choix que le nôtre. Commencer “sans lui” était absolument hors de question et n’aurait eu aucun sens.”
Le micro revint ensuite à Ukyo, et des tas d’autres sujets furent évoqués jusqu’à ce que la soirée se termine sur quelques reprises a capella d’anciens tubes des groupes du siècle passé afin de ne pas partir sans offrir quelques notes au public.
Lorsque le lendemain Katsuki et Ji avaient regarder l’émission en différée, le jeune homme s’était recroquevillé en une petite boule malgré la douleur dans son dos et ses yeux sombres s’étaient noyés de larmes derrières ses mèches blanches en bataille. La main de son aîné était venue se poser sur sa tête, avait ébouriffé sa tignasse comme il avait vu le leader le faire à maintes reprises lorsqu’il les regardait à la télévision. Un léger rire avait échappé au chanteur qui avait tourné ses yeux de jais sur son frère...
“Tu as tellement grandi et évolué depuis que tu es avec eux... Je ne te pensais pas capable d’autant parler en public... Essuyant une larme fugueuse d’un coup de manche, Ji répondit...
-C’est plus facile de s’adresser à un écran. La présentatrice n’était pas vraiment en face de moi... Mais... Ça vient doucement, oui... On nous fait faire des tas d’exercices pour parvenir à nous exprimer correctement, pour apprendre à esquiver les questions embarrassantes ou compromettantes. Pour contrôler notre nervosité... C’est pas... C’est pas facile, mais je suis bien entouré...
-... Mais est-ce que tu es “heureux” ? Je sais qu’un rien suffit à te faire sourire, à te faire plaisir... Que tu t’émerveilles de tout et que chaque découverte est une fête, mais... Est-ce que ça te convient, cette vie ? La pression qui va avec ?
-Oui... Car encore une fois, je ne suis pas seul... J’ai Ukyo, Haku, Sanosuke, Soshiro et Gin... J’ai toute l’équipe de la maison de production, même s’ils sont très exigeants... J’ai notre oncle, et Chika, et Kotaro... J’ai Reita qui me rappelle que je ne suis pas “que” Lyrics mais aussi "juste" Ji... Et je t’ai toi... Je sais que je peux t’appeler et que, même en plein réunion ou en pleine nuit, tu me répondras toujours... Il haussa les épaules, se détendit et se leva même pour faire quelques pas et s’étirer autant que son corps le lui permettait. Je me doute que ça sonne très naïf comme réponse, peut-être par “déformation professionnelle” car on nous demande d’être toujours enjoué et irréprochable. De n’exprimer que de la positivité... Il se retourna vers son frère avant de poursuivre. Cette vie me convient et je suis prêt à faire les sacrifices nécessaires pour que ça fonctionne... Bien évidement que je suis régulièrement épuisé, autant physiquement que moralement... Que je m’écroule souvent et que j’ai l’impression que tout s’écroule autour de moi. Que chaque commentaire de hater me perce le cœur... Que voir Ukyo devoir tout superviser sans se permettre la moindre erreur, Sanosuke se serrer lui-même dans ses bras lorsqu’il perd confiance en lui, Haku perdre ses mots lorsqu’on l’insulte, Soshiro perdre sa voix d’ange à la moindre critique d’un professeur ou Gin faire des pieds et des mains pour être bon partout et mauvais nulle part pour soutenir tout le monde est une douleur au quotidien et pour chacun d’entre nous... Mais... Ji revint s’asseoir sur le rebord du lit de son parent... Ce métier est dur et nous en avions conscience avant de choisir de nous engager dans cette voie. Aujourd’hui, même si c’est compliqué et malgré mes doutes sur mes propres capacités, je suis fier de ce que j’ai accompli... De ce que nous avons accompli, ensemble... Katsuki lui offrit un sourire presque aussi brillant que le sien...
-Et moi, je suis fier de toi, petit frère...”
Physique
Fin février 2115 (A la toute fin aussi!)
“Ji! Quand ils auront terminé de prendre tes empreintes, tu nous rejoins au vestiaire pour la prise de mesure et les essayages !”
Le jeune homme leva son pouce en l’air, un élastique occupant ses lèvres, avant d’en terminer de nouer ses cheveux mi-longs couleur de neige en un chignon aléatoire et branlant qui aurait l’intérêt de dégager ses oreilles. Aujourd’hui, chaque membre de “Event Horizon” était venu faire des moulages afin de réaliser les oreillettes sur mesure qui les accompagneraient autant lors de leurs performances que lors des interviews durant lesquelles des traductions seraient nécessaires. Un assistant s’approcha armé de barrettes supplémentaires pour capturer les mèches récalcitrantes.
“Il faudrait retirer les piercings également, si possible ? Le chanteur opina rapidement et entreprit d'enlever ses bijoux gênants, trois à chaque lobe ainsi qu’un hélix de chaque côté. C’est tout bon, merci ! Un sourire, alors qu’il approchait avec la matière peu appétissante qu’il n’allait pas tarder à étaler sur sa peau. C’est amusant... Vous avez des tâches de rousseurs jusque sur vos oreilles... Ji baissa rapidement les yeux, embarrassé, une seconde avant que le jeune homme reprenne. Hey! C’était clairement pas un reproche ! Je trouve ça super mignon, et je suis certain de pas être le seul à le penser ! C'est même vraiment dommage que les maquilleurs s’obstinent à les cacher...! Loin d’être vain, ou d’avoir particulièrement confiance en son physique, le sourire que Ji lui adressa en remerciement de ses mots était accompagné de pommettes rosissantes et tout aussi constellées que l’étaient son nez et même ses paupières. Un véritable masque d’étoiles, comme le disait sa grand-mère... Un silence... Puis un rire de la part de l’assistant avant qu’il ne commence son travail... Ouai... Je suis définitivement pas le seul à le penser...! On bouge plus !”
Levé dès six heures du matin, il avait rapidement pris son petit déjeuner avec ses collègues avant de rencontrer le médecin qui lui avait enfin donné le feu vert pour reprendre les activités les plus physiques qu’il avait dû mettre de côté depuis l’opération. Son IMC était toujours considéré comme médicalement correct bien que bas, avec ses 56kgs pour 1,71m, mais... Ça passait... Et il comptait sur son patient pour refaire un peu de masse dès que possible même si ça le faisait dévier de son “image” et que la production n'était pas particulièrement en phase avec cette recommandation. La nouvelle avait été fêtée par une séance de footing en compagnie de Gin et de Soshiro tandis que les trois autres membres faisaient leurs moulages. Le temps d’une douche pour les sportifs matinaux, puis les places avaient été échangées... Il était déjà debout depuis trois heures et la journée ne faisait que commencer...
Neuf heures et demi... Dix heures et demie... Onze heures... Les tenues s’étaient enchaînées des plus décontractées aux plus élégantes, des plus sages aux plus suggestives... Oh, jamais rien de “too much”, mais les stylistes et la production savaient parfaitement ce qu’ils faisaient ! Comment ça, cette chemise dévoilait la moitié de son abdomen lorsqu’il devait lever les bras ? Un pur accident, voyons ! C’était en tout cas ce que les garçons étaient censés dire si on leur posait la question. Depuis son recrutement, Ji avait appris à aimer les vêtements et s’amusait de chaque design, d’être un jour un pirate et le lendemain un scientifique fou... Le petit ami modèle, puis un véritable séducteur même si cela n’était pas du tout dans son tempérament. Il était simplement charmant, quoi qu’il fasse, et cela suffisait amplement. Si en plus de cela il avait eu conscience de son potentiel et avait su l’utiliser ? L’hécatombe...! Qu’il garde son côté innocent et candide autant que possible... Les costumes s’occuperaient de suggérer autre chose à sa place !
“Je ne sais pas sur quelle couleur partir pour ce thème, avec Lyrics... Se plaignit l’une des costumières. Sa collègue lui suggéra de lui demander ce qu’il comptait faire de ses cheveux, dans la mesure où ces derniers enchaînaient les colorations temporaires qui prenaient parfaitement sur la masse rendue neigeuse par une modification génétique et qui semblait incapable de s’abîmer. Bonne idée ! Lyrics? Est-ce que vous savez déjà quelle sera la prochaine teinte de vos cheveux ? Un grand sourire amusé dès qu’il se retourna vers elle en tentant de remettre ses piercings maintenant que ses oreilles n’étaient plus rougies par les manipulations.
-Je vais rester dans des couleurs givrées ! J’ai envie de faire... Un peu comme une aurore boréale ? Avec du rose pâle, bleu pâle, peut-être du violet... Vous voulez bien m’aider ? Haku a de trop gros doigts et les fait toujours tomber...”
Les demoiselles s’empressèrent de venir lui remettre ses bijoux, découvrant au passage qu’il était très sensible et même chatouilleux au niveau de son cou. Tout le monde éclata rapidement de rire, et il repartit immédiatement changer de vêtements. A le voir à moitié nu en compagnie de ses camarades, il était clairement le plus fin et sec... Il avait toujours cet air un peu fragile que la cicatrice désormais présente dans ses reins mettait en exergue, mais... Il n’y avait vraiment pas grand-chose à reprocher à sa plastique. Même Soshiro, qui n'était pas non plus très athlétique, aurait pu le battre au bras de fer, mais on ne lui demandait clairement pas de devenir une montagne de muscles. Simplement d’avoir l’air aussi bien que possible dans sa peau, et tout allait bien de ce côté... A priori...
Midi et demi... Après un passage au maquillage durant lequel on s’était encore une fois amusé à mettre en valeur l’arc de cupidon très prononcé de ses lèvres tendres avant de glisser des lentilles bleu glacier sur ses iris couleur onyx, il avait été temps de sauter dans une voiture pour se rendre à une interview. Remarquant que son ami semblait déçu de lui-même, Haku lui avait tapé dans le genou avant de demander...
“Elle t’a encore repris sur ta skincare routine ? Le prince des neiges soupira et acquiesça...
-Oui... Je suis pas resté plus d’un mois à Seattle, mais là-bas... La nourriture est différente, le PH de l’eau du robinet et de la pluie aussi, les températures et l’humidité extérieure... Et en plus de ça, il y a la fatigue de l’hospitalisation... Ma peau n’est pas encore redevenue aussi nette qu’elle le voudrait... Mais j’ai vraiment fait de mon mieux ! Il avait tourné son regard vers le leader, comme pour le supplier de le croire. Ukyo rit à son tour.
-Tout le monde sait que tu fais de ton mieux, Ji! Je crois même que tu es celui qui suit le plus à la lettre les recommandations des maquilleurs. Une fois sur deux, j’oublie de me démaquiller ! Elles se plaignent parce qu’elles savent que tu les écoutes... Et aussi parce que tu es celui qui a les maquillages les plus complexes. Tu es leur chouchou...
-... Oh... A nouveau ce rosissement de ses joues un instant avant que Sanosuke ne l’attrape par le cou pour le serrer dans ses bras.
-Tu leur as manqués, à elles aussi ! Ça leur passera et tu retrouveras très vite ta peau de pêche, t’inquiète pas !”
Quatorze heures, les six hommes et leur équipe eurent enfin la possibilité d’avaler un repas pour éponger les litres d’eau et de café ingurgités dans la matinée. De quinze à dix-sept heures, répétions des chansons qu’ils allaient présenter lors de leur premier vrai concert en compagnie de leur coach vocal... Dix-sept à dix-huit heures, un cours d'expression corporelle pour reprendre leur façon de marcher et travailler leur présence scénique entre chaque morceau... Puis ensuite, et jusqu’au repas à vingt et une heure ce jour là, répétitions des chorégraphies dans le studio de danse adjacent au dortoir. C’était le moment le plus dur pour Ji qui peinait encore énormément à se montrer à la hauteur de ses partenaires et de ce qui était attendu de lui. Il se retenait de grimacer, de peur que le médecin le renvoie en convalescence, mais son dos le tirait... Tout son corps protestait, même si toujours un peu moins avec chaque jour qui passait. S’il chutait, il se relevait... Encore et encore... S’il ne comprenait pas un mouvement, il n’hésitait pas à demander à ce qu’on le lui décompose pour en assimiler chaque subtilité... Par chance, l’une de ses plus grandes inquiétudes s’était estompée avec le temps. Les chorégraphies leurs donnaient, à tour de rôle, quelques secondes de calme relatif avant qu’ils doivent servir leurs lignes... Juste assez pour reprendre leur souffle... Il ne ratait jamais une note, même s’il manquait encore parfois des pas. Mais cette maladresse faisait partie de son charme et les fans suivant leurs comptes Tik Tok et Instagram le trouvaient bien plus “adorable” que “pataud”.
Ce que leurs followers remarquaient également, c’était à quel point il était acharné de travail... Car lorsque la journée était théoriquement “terminée”, que tout le monde avait terminé de manger et profitait d'un temps libre, Ji retournait au studio... Et continuait à danser... Encore, et encore et parfois jusqu’à s’écrouler à bout de force. Ces épisodes, il ne les diffusait pas volontairement pour se donner en spectacle, non... Les cameras se déclenchaient simplement et envoyaient les images sur le site officiel du groupe où beaucoup suivaient ses progrès, soir après soir... Très souvent, ils voyaient Sanosuke venir le rejoindre. En tant que premier danseur, il était le mieux placé pour le guider et également pour lui dire quand il devait s’arrêter... Pour le pousser sous la douche puis sous la couette lorsqu’il ne fallait pas réellement le forcer à prendre enfin du repos... Comme ce soir là... Cela faisait déjà vingt bonnes minutes que le danseur essayait de l’arrêter, mais Ji voulait absolument réussir un mouvement qui ne faisait que perdre en précision avec le temps du fait de sa fatigue. Il fallut que Gin arrive pour mettre un terme à l’ordalie...
“Ji... Il faut vraiment aller te laver et te coucher... Les internautes qui te regardent nous ont envoyé des messages pour qu’on vienne te récupérer. Tu les inquiètes... Sanosuke leva les bras au ciel avant d’engloutir une demi bouteille d’eau.
-C’est ce que je lui dis depuis un moment, déjà... Mais il veut rien entendre...
-Je vais y arriver! Il manque vraiment pas grand chose! Je vous promets!
-Ji... Tu as eu le temps de perdre en masse musculaire pendant l’hospitalisation et t’étais déjà pas bien épais à la base. C’est normal que tu bloques pour le moment... Le jeune homme se résigna à s’arrêter, récupéra la fin de bouteille de son ami et l’avala d’une traite qui fit bondir sa pomme d’Adam au milieu de son cou de cygne... Il était difficile de déterminer si c’était de la sueur ou bien des larmes de frustration qui coulaient sur ses joues...
-Je peux réussir! Je veux pas vous ralentir encore... Il déséquilibra et seuls les bras de Sanosuke lui évitèrent la chute.
-Merde... Il a vraiment perdu du poids... Gin balança la tête...
-Est-ce que je vais chercher Haku... Qui était le plus puissant du groupe et le seul capable de le “forcer” à arrêter... Ou bien tu nous suis bien gentiment ? Le jeune homme abandonna le combat et ne lutta pas contre son ami lorsque ce dernier le prit sur son dos pour le mener aux douches.
-Je m’occupe de Ji... Tu peux aller te coucher, Gin...” Le second leader hocha la tête, posa un instant sa main sur les mèches trempées de sueur du parolier, avant de les quitter.
Sanosuke l’avait laissé se laver, restant simplement en sentinelle au cas où il ferait un malaise après en avoir terminé de ses propres ablutions, puis l’avait accompagné jusqu’à sa chambre pour vérifier l’état de sa cicatrice et masser ses jambes durcies par l’acide lactique au point que chaque pas devait être une torture. Les journées de Ji se terminaient très souvent comme ça, ravalant la douleur et s’en voulant de compliquer la vie de ses collègues alors même qu’il essayait simplement de se montrer à la hauteur.
“Te prend pas la tête pour ça, Ji... Donne toi le temps...
-Mais le filage du concert est la semaine prochaine... Un soupire avant que le danseur ne remonte les couvertures sur lui.
-Et tu seras prêt... On n'a rien de prévu demain matin, mais je t’ai vu mettre ton réveil de bonne heure... Tu comptes retourner courir, puis à la salle de muscu et ensuite au studio de danse... Pas de réponse... Un soupire... Je t’accompagnerai...
-... Merci... Un sourire sur les lèvres du jeune homme alors que son ami se recroquevillait en une petite boule comme à chaque fois qu’il refusait d’imposer son mal-être aux autres. Allez... Fais-moi de la place... Je dors avec toi... Ça t’empêchera de paniquer pendant la nuit et de retourner t’épuiser... Une hésitation, puis Ji se décala et se détendit tandis que son collègue venait se caler contre son dos, passant son bras au dessus de sa taille et jusqu'à l'énorme peluche qu'il serrait contre lui.
-...Merci... Le danseur chassa les oreilles de lapin dépassant du sweat du chanteur autant que ses cheveux afin qu'ils ne lui chatouillent pas le nez avant de murmurer...
-Dors...”
“Ji! Quand ils auront terminé de prendre tes empreintes, tu nous rejoins au vestiaire pour la prise de mesure et les essayages !”
Le jeune homme leva son pouce en l’air, un élastique occupant ses lèvres, avant d’en terminer de nouer ses cheveux mi-longs couleur de neige en un chignon aléatoire et branlant qui aurait l’intérêt de dégager ses oreilles. Aujourd’hui, chaque membre de “Event Horizon” était venu faire des moulages afin de réaliser les oreillettes sur mesure qui les accompagneraient autant lors de leurs performances que lors des interviews durant lesquelles des traductions seraient nécessaires. Un assistant s’approcha armé de barrettes supplémentaires pour capturer les mèches récalcitrantes.
“Il faudrait retirer les piercings également, si possible ? Le chanteur opina rapidement et entreprit d'enlever ses bijoux gênants, trois à chaque lobe ainsi qu’un hélix de chaque côté. C’est tout bon, merci ! Un sourire, alors qu’il approchait avec la matière peu appétissante qu’il n’allait pas tarder à étaler sur sa peau. C’est amusant... Vous avez des tâches de rousseurs jusque sur vos oreilles... Ji baissa rapidement les yeux, embarrassé, une seconde avant que le jeune homme reprenne. Hey! C’était clairement pas un reproche ! Je trouve ça super mignon, et je suis certain de pas être le seul à le penser ! C'est même vraiment dommage que les maquilleurs s’obstinent à les cacher...! Loin d’être vain, ou d’avoir particulièrement confiance en son physique, le sourire que Ji lui adressa en remerciement de ses mots était accompagné de pommettes rosissantes et tout aussi constellées que l’étaient son nez et même ses paupières. Un véritable masque d’étoiles, comme le disait sa grand-mère... Un silence... Puis un rire de la part de l’assistant avant qu’il ne commence son travail... Ouai... Je suis définitivement pas le seul à le penser...! On bouge plus !”
Levé dès six heures du matin, il avait rapidement pris son petit déjeuner avec ses collègues avant de rencontrer le médecin qui lui avait enfin donné le feu vert pour reprendre les activités les plus physiques qu’il avait dû mettre de côté depuis l’opération. Son IMC était toujours considéré comme médicalement correct bien que bas, avec ses 56kgs pour 1,71m, mais... Ça passait... Et il comptait sur son patient pour refaire un peu de masse dès que possible même si ça le faisait dévier de son “image” et que la production n'était pas particulièrement en phase avec cette recommandation. La nouvelle avait été fêtée par une séance de footing en compagnie de Gin et de Soshiro tandis que les trois autres membres faisaient leurs moulages. Le temps d’une douche pour les sportifs matinaux, puis les places avaient été échangées... Il était déjà debout depuis trois heures et la journée ne faisait que commencer...
Neuf heures et demi... Dix heures et demie... Onze heures... Les tenues s’étaient enchaînées des plus décontractées aux plus élégantes, des plus sages aux plus suggestives... Oh, jamais rien de “too much”, mais les stylistes et la production savaient parfaitement ce qu’ils faisaient ! Comment ça, cette chemise dévoilait la moitié de son abdomen lorsqu’il devait lever les bras ? Un pur accident, voyons ! C’était en tout cas ce que les garçons étaient censés dire si on leur posait la question. Depuis son recrutement, Ji avait appris à aimer les vêtements et s’amusait de chaque design, d’être un jour un pirate et le lendemain un scientifique fou... Le petit ami modèle, puis un véritable séducteur même si cela n’était pas du tout dans son tempérament. Il était simplement charmant, quoi qu’il fasse, et cela suffisait amplement. Si en plus de cela il avait eu conscience de son potentiel et avait su l’utiliser ? L’hécatombe...! Qu’il garde son côté innocent et candide autant que possible... Les costumes s’occuperaient de suggérer autre chose à sa place !
“Je ne sais pas sur quelle couleur partir pour ce thème, avec Lyrics... Se plaignit l’une des costumières. Sa collègue lui suggéra de lui demander ce qu’il comptait faire de ses cheveux, dans la mesure où ces derniers enchaînaient les colorations temporaires qui prenaient parfaitement sur la masse rendue neigeuse par une modification génétique et qui semblait incapable de s’abîmer. Bonne idée ! Lyrics? Est-ce que vous savez déjà quelle sera la prochaine teinte de vos cheveux ? Un grand sourire amusé dès qu’il se retourna vers elle en tentant de remettre ses piercings maintenant que ses oreilles n’étaient plus rougies par les manipulations.
-Je vais rester dans des couleurs givrées ! J’ai envie de faire... Un peu comme une aurore boréale ? Avec du rose pâle, bleu pâle, peut-être du violet... Vous voulez bien m’aider ? Haku a de trop gros doigts et les fait toujours tomber...”
Les demoiselles s’empressèrent de venir lui remettre ses bijoux, découvrant au passage qu’il était très sensible et même chatouilleux au niveau de son cou. Tout le monde éclata rapidement de rire, et il repartit immédiatement changer de vêtements. A le voir à moitié nu en compagnie de ses camarades, il était clairement le plus fin et sec... Il avait toujours cet air un peu fragile que la cicatrice désormais présente dans ses reins mettait en exergue, mais... Il n’y avait vraiment pas grand-chose à reprocher à sa plastique. Même Soshiro, qui n'était pas non plus très athlétique, aurait pu le battre au bras de fer, mais on ne lui demandait clairement pas de devenir une montagne de muscles. Simplement d’avoir l’air aussi bien que possible dans sa peau, et tout allait bien de ce côté... A priori...
Midi et demi... Après un passage au maquillage durant lequel on s’était encore une fois amusé à mettre en valeur l’arc de cupidon très prononcé de ses lèvres tendres avant de glisser des lentilles bleu glacier sur ses iris couleur onyx, il avait été temps de sauter dans une voiture pour se rendre à une interview. Remarquant que son ami semblait déçu de lui-même, Haku lui avait tapé dans le genou avant de demander...
“Elle t’a encore repris sur ta skincare routine ? Le prince des neiges soupira et acquiesça...
-Oui... Je suis pas resté plus d’un mois à Seattle, mais là-bas... La nourriture est différente, le PH de l’eau du robinet et de la pluie aussi, les températures et l’humidité extérieure... Et en plus de ça, il y a la fatigue de l’hospitalisation... Ma peau n’est pas encore redevenue aussi nette qu’elle le voudrait... Mais j’ai vraiment fait de mon mieux ! Il avait tourné son regard vers le leader, comme pour le supplier de le croire. Ukyo rit à son tour.
-Tout le monde sait que tu fais de ton mieux, Ji! Je crois même que tu es celui qui suit le plus à la lettre les recommandations des maquilleurs. Une fois sur deux, j’oublie de me démaquiller ! Elles se plaignent parce qu’elles savent que tu les écoutes... Et aussi parce que tu es celui qui a les maquillages les plus complexes. Tu es leur chouchou...
-... Oh... A nouveau ce rosissement de ses joues un instant avant que Sanosuke ne l’attrape par le cou pour le serrer dans ses bras.
-Tu leur as manqués, à elles aussi ! Ça leur passera et tu retrouveras très vite ta peau de pêche, t’inquiète pas !”
Quatorze heures, les six hommes et leur équipe eurent enfin la possibilité d’avaler un repas pour éponger les litres d’eau et de café ingurgités dans la matinée. De quinze à dix-sept heures, répétions des chansons qu’ils allaient présenter lors de leur premier vrai concert en compagnie de leur coach vocal... Dix-sept à dix-huit heures, un cours d'expression corporelle pour reprendre leur façon de marcher et travailler leur présence scénique entre chaque morceau... Puis ensuite, et jusqu’au repas à vingt et une heure ce jour là, répétitions des chorégraphies dans le studio de danse adjacent au dortoir. C’était le moment le plus dur pour Ji qui peinait encore énormément à se montrer à la hauteur de ses partenaires et de ce qui était attendu de lui. Il se retenait de grimacer, de peur que le médecin le renvoie en convalescence, mais son dos le tirait... Tout son corps protestait, même si toujours un peu moins avec chaque jour qui passait. S’il chutait, il se relevait... Encore et encore... S’il ne comprenait pas un mouvement, il n’hésitait pas à demander à ce qu’on le lui décompose pour en assimiler chaque subtilité... Par chance, l’une de ses plus grandes inquiétudes s’était estompée avec le temps. Les chorégraphies leurs donnaient, à tour de rôle, quelques secondes de calme relatif avant qu’ils doivent servir leurs lignes... Juste assez pour reprendre leur souffle... Il ne ratait jamais une note, même s’il manquait encore parfois des pas. Mais cette maladresse faisait partie de son charme et les fans suivant leurs comptes Tik Tok et Instagram le trouvaient bien plus “adorable” que “pataud”.
Ce que leurs followers remarquaient également, c’était à quel point il était acharné de travail... Car lorsque la journée était théoriquement “terminée”, que tout le monde avait terminé de manger et profitait d'un temps libre, Ji retournait au studio... Et continuait à danser... Encore, et encore et parfois jusqu’à s’écrouler à bout de force. Ces épisodes, il ne les diffusait pas volontairement pour se donner en spectacle, non... Les cameras se déclenchaient simplement et envoyaient les images sur le site officiel du groupe où beaucoup suivaient ses progrès, soir après soir... Très souvent, ils voyaient Sanosuke venir le rejoindre. En tant que premier danseur, il était le mieux placé pour le guider et également pour lui dire quand il devait s’arrêter... Pour le pousser sous la douche puis sous la couette lorsqu’il ne fallait pas réellement le forcer à prendre enfin du repos... Comme ce soir là... Cela faisait déjà vingt bonnes minutes que le danseur essayait de l’arrêter, mais Ji voulait absolument réussir un mouvement qui ne faisait que perdre en précision avec le temps du fait de sa fatigue. Il fallut que Gin arrive pour mettre un terme à l’ordalie...
“Ji... Il faut vraiment aller te laver et te coucher... Les internautes qui te regardent nous ont envoyé des messages pour qu’on vienne te récupérer. Tu les inquiètes... Sanosuke leva les bras au ciel avant d’engloutir une demi bouteille d’eau.
-C’est ce que je lui dis depuis un moment, déjà... Mais il veut rien entendre...
-Je vais y arriver! Il manque vraiment pas grand chose! Je vous promets!
-Ji... Tu as eu le temps de perdre en masse musculaire pendant l’hospitalisation et t’étais déjà pas bien épais à la base. C’est normal que tu bloques pour le moment... Le jeune homme se résigna à s’arrêter, récupéra la fin de bouteille de son ami et l’avala d’une traite qui fit bondir sa pomme d’Adam au milieu de son cou de cygne... Il était difficile de déterminer si c’était de la sueur ou bien des larmes de frustration qui coulaient sur ses joues...
-Je peux réussir! Je veux pas vous ralentir encore... Il déséquilibra et seuls les bras de Sanosuke lui évitèrent la chute.
-Merde... Il a vraiment perdu du poids... Gin balança la tête...
-Est-ce que je vais chercher Haku... Qui était le plus puissant du groupe et le seul capable de le “forcer” à arrêter... Ou bien tu nous suis bien gentiment ? Le jeune homme abandonna le combat et ne lutta pas contre son ami lorsque ce dernier le prit sur son dos pour le mener aux douches.
-Je m’occupe de Ji... Tu peux aller te coucher, Gin...” Le second leader hocha la tête, posa un instant sa main sur les mèches trempées de sueur du parolier, avant de les quitter.
Sanosuke l’avait laissé se laver, restant simplement en sentinelle au cas où il ferait un malaise après en avoir terminé de ses propres ablutions, puis l’avait accompagné jusqu’à sa chambre pour vérifier l’état de sa cicatrice et masser ses jambes durcies par l’acide lactique au point que chaque pas devait être une torture. Les journées de Ji se terminaient très souvent comme ça, ravalant la douleur et s’en voulant de compliquer la vie de ses collègues alors même qu’il essayait simplement de se montrer à la hauteur.
“Te prend pas la tête pour ça, Ji... Donne toi le temps...
-Mais le filage du concert est la semaine prochaine... Un soupire avant que le danseur ne remonte les couvertures sur lui.
-Et tu seras prêt... On n'a rien de prévu demain matin, mais je t’ai vu mettre ton réveil de bonne heure... Tu comptes retourner courir, puis à la salle de muscu et ensuite au studio de danse... Pas de réponse... Un soupire... Je t’accompagnerai...
-... Merci... Un sourire sur les lèvres du jeune homme alors que son ami se recroquevillait en une petite boule comme à chaque fois qu’il refusait d’imposer son mal-être aux autres. Allez... Fais-moi de la place... Je dors avec toi... Ça t’empêchera de paniquer pendant la nuit et de retourner t’épuiser... Une hésitation, puis Ji se décala et se détendit tandis que son collègue venait se caler contre son dos, passant son bras au dessus de sa taille et jusqu'à l'énorme peluche qu'il serrait contre lui.
-...Merci... Le danseur chassa les oreilles de lapin dépassant du sweat du chanteur autant que ses cheveux afin qu'ils ne lui chatouillent pas le nez avant de murmurer...
-Dors...”
Avatar
Personnage tiré d'un manga/anime/jeu-vidéo/série
- Code:
<div class="infobulle1">• [b]Félix Yongbok Lee[/b] {Stray Kids} [i]est[/i] [url=https://just-married.variousforum.com/u1433]Ji Kusaka[/url]<span><img src="https://signavatar.com/78778_v.gif"></span></div>
• Félix Yongbok Lee {Stray Kids} est Ji Kusaka
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Histoire
Non daté - Katsuki’s lament
Combien existe-il de groupes sanguins différents ? Une personne “lambda” vous énumérera A, B et O. Elle pensera même à AB, avec un peu de chance ! Son voisin ajoutera sûrement qu’il ne faut pas oublier les rhésus, positif ou négatif... Ils compteront et, fièrement, vous annonceront un glorieux total de huit groupes possibles...
Il en existe en réalité plusieurs milliers... Répartis en quarante-trois systèmes différents... Et devinez qui a perdu à la loterie ? Oui... Moi...
Moi, et mon petit frère...
J’ai été trop vite ? Laissez-moi reprendre plus clairement, ce n’est pas comme si je manquais de temps ou avais autre chose à faire...
Je me nomme Katsuki Kusaka, né aux États-Unis en 2090 au sein d’une famille d’ascendance purement japonaise mais dont les diverses branches avaient déjà quitté le pays du Soleil Levant pour s’installer de l’autre côté du Pacifique bien des années avant la création de l’Incontestable. Pas de puce pour moi, donc, ni pour mes parents ou leurs parents avant eux. Nos ancêtres n’avaient pourtant pas débarqué sans quelques bagages, hélas... Un bagage génétique dont j’avais eu le malheur d’hériter, les gens d’une même culture ayant tendance à s’unir et se reproduire au sein de leur communauté même une fois expatriés...
Autant vous dire que le proverbe indiquant que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit m’a fait rire dès l’instant où j’ai été assez âgé pour le comprendre et en apprécier tout le sel... La vérité, c’est que le ciel se fout cordialement de la répartition des points d’impact de ses coups... Le trou est de toute façon déjà fait, alors autant continuer de creuser !
L’amertume m’égare, mes excuses... J’ai pourtant fait la paix avec mes conditions, aussi c’est principalement pour Ji que je m’inquiète...
Voyez-vous... Je suis venu au monde avec le groupe sanguin Bombay (hh) dont mes deux parents, et probablement la plupart de mes ascendants, s’ignoraient porteurs récessifs... Pour expliquer simplement, je ne possède pas les antigènes spécifiques qui sont présents dans tous les autres types de sang. Je ne peux donc donner, et surtout recevoir, que des dons de ce même groupe... Vous me direz, où est le problème ? A moins de subir un accident, on a rarement besoin de transfusion en urgence au cours de sa vie... N’est-ce pas ?
Souvenez-vous de la foudre...
Je suis également atteint de bêta-thalassémie dans sa forme intermédiaire sévère. Ce qui signifie des transfusions fréquentes ou bien une greffe à partir de sang ombilical dans l’espoir de corriger le tir... Étant donné mon groupe sanguin particulier, vous comprendrez que c’est là qu’est intervenue la “création” de mon petit frère...
Le terme de “création” vous choque ? Je préférerais également avoir un autre mot à utiliser, mais... Le poids mis sur ses épaules avant même son implantation dans le ventre de notre mère est simplement inhumain. Êtes-vous familier avec le concept d’“enfant médicament” ? Oui... L’embryon qui devait devenir “Ji” a été sélectionné très spécifiquement pour pouvoir me sauver et devait donc entre autre être porteur de ce même groupe sanguin problématique. Si j’avais été en capacité de m’y opposer à l’époque, je l’aurais fait... Mais je n’avais qu’un an et quelques mois... Une toute petite année et la responsabilité de ce qu’allait être l’existence de mon cadet...
Ji... A peine l’ébauche d’un prénom, n’est-ce pas ? Cela signifie... “Le second”... “L’autre”... Comment mes parents ont-ils pu faire preuve d’autant de cruauté et le stigmatiser à ce point ? Selon eux, simplement car ils n’avaient jamais désiré avoir plus d’un enfant dans la mesure où ils “possédaient” déjà un fils pour porter leur nom et hériter, aussi malade soit-il... Il leur avait suffi de trouver un spécialiste que l’argent pouvait rendre complaisant – les manipulations génétiques étant, après tout, devenues de plus en plus fréquentes avec le temps. D’endormir son éthique en arguant que nous serions toujours là l’un pour l’autre et que, une fois que ma thalassémie serait “soignée”, je serais à mon tour en capacité de l’aider si le besoin se faisait sentir... Vœu pieux...
Il était né le 25 septembre 2092, ce petit ange... Je ne m’en souviens qu’à peine. Nos parents n’ont jamais évoqué le souvenir de cet accouchement ni des opérations qui avaient suivies, mais notre grand-mère si. Une fois...
Je nous revois encore. Moi allongé dans mon lit, Ji assis en tailleur au bout du matelas et la vieille femme nous regardant depuis un fauteuil, un sourire aussi tendre que fatigué et coupable aux lèvres. D’après elle, c’était dès son premier cri que mon frère avait gagné les cœurs de toutes les infirmières qui s’étaient ensuite relayées à son berceau. Ma mère refusant de l’allaiter - que ce soit au sein ou au biberon - et même de l’avoir avec elle dans sa chambre, probablement pour éviter de s’attacher à un “outil” même si elle ne l’avait pas dit, c’était principalement les membres du personnel médical qui s’étaient occupés du nouveau-né. Leur nouvelle priorité, durant leurs rares pauses, était de venir caresser ses petites joues rebondies en espérant qu’il ouvre ses yeux si sombre et déjà si expressifs... De peut-être le voir esquisser ce sourire qu’il n’avait jamais perdu depuis et qui, à l’époque, n’était encore qu’un pur réflexe... Une contraction involontaire...
Un ange, oui... Réellement... Les quelques photos que notre grand-mère avait pu nous montrer en témoignaient. Mais il n’y en avait aucune de moi à ses côtés, pour la bonne raison que mon corps de bambin avait été affaibli par la chimiothérapie dans l’espoir de faciliter la greffe. Aucun contact autorisé, dans la mesure où j’étais privé de toutes mes défenses... J’espérais m’être suffisamment rattrapé pour que Ji ne me reproche pas mes premières défaillances...
Me les “reprocher”... Mais Ji n’avait jamais rien reproché à personne... ! Au fil des années, il n’avait jamais élevé la voix, jamais réclamé plus d’attention que ce qu’on voulait bien lui offrir. Il se contentait bien trop souvent des miettes dont nos parents n’insistaient pas pour me gaver. J’avais bien essayé, une fois ou deux, de réorienter leur attention sur lui, mais... Ils ne semblaient se souvenir de qui était Ji, qu’ils avaient un second fils, que lorsque j’étais trop faible pour les accompagner dans leurs “soirées”. Dans un sens, j’imagine que cela avait été une bonne chose pour lui ? Ils ne pouvaient pas se permettre que le benjamin paraisse “sot”, aussi... Il avait droit aux mêmes percepteurs que moi, dans la mesure où ils m’interdisaient de suivre un cursus “normal” dans un établissement scolaire où “tout” aurait pu arriver. Nous étions aux États-Unis, n’est-ce pas ? Et s’il y avait une nouvelle tuerie précisément là où je me trouvais ? Que les secours me donnaient le mauvais sang ? Une chance sur un milliard qu’ils ne souhaitaient pas prendre...
Les mêmes percepteurs... Les mêmes psychologues et médecins, également... C’était un soulagement de savoir qu’il avait quelqu’un à qui parler, même si je doutais qu’il ose réellement s’exprimer devant eux. Non... Pour comprendre Ji, ce qu’il ressentait au fond de lui, il fallait qu’il accepte de vous confier ses textes. Réservé, ayant pris le pli de se faire aussi discret que possible, il ne parlait presque jamais et se contentait de tout observer de ses yeux qui gardaient leur douceur et leur candeur... Il se contentait de sourire, même durant les périodes où ses bras étaient percés de trop de trous car j’avais besoin de davantage de transfusions. La greffe avait corrigé une grande partie du problème, mais... Mon organisme demeurait faible et moins efficace que celui d’un autre... Il devait donc être toujours disponible, ce qui impliquait qu’il n’avait quasiment rien le droit de faire sinon étudier... Lire... Écouter de la musique... Écrire... Et venir me tenir compagnie...
Et nous en avions passées des heures ensembles, sans parler mais jamais dans le silence. Il y avait toujours de la musique partout où Ji allait et il suffisait de prêter attention à ce qu’il choisissait d’écouter pour deviner son état d’esprit... Je me souviens d’un jour où la mélancolie du morceau emplissant ma chambre m’avait presque physiquement heurté... De son regard qui n’osait pas se relever des feuillets qu’il tenait... Je lui avais ouvert mes bras, et il était venu pleurer sans un bruit sur mon épaule, tout adolescent qu’il était pourtant déjà... Il avait accepté que je lise ses mots, et j’avais pleuré avec lui... Il avait cette capacité à toucher l’âme à chaque syllabe, d’aller vous chercher et de vous attirer dans son univers qu’il soit ce jour fait d’ombres ou bien de lumières. Cela, je le savais depuis longtemps, mais... Il avait un autre don que je découvris à cette occasion. Ces lignes, qui montaient et descendaient sous ses écrits, sous chaque mot... Il haussa à peine les épaules lorsque je lui demandai ce que c’était avant de me répondre...
“C’est la mélodie...”
Et sa voix qu’on entendait si rarement, que les larmes avaient éclaircie, s’était élevée tandis qu’il suivait du doigt les lignes tracées qui représentaient pour lui des notes... Si le texte en lui-même était déjà prégnant, son timbre que je découvris d’une impressionnante justesse et rendu si particulier par sa profondeur - qui annonçait ce que serait sa voix “muée” - me laissa transformé. Du haut de mes seize ans, je pris la décision de trouver comment enfin protéger mon frère... Comment lui donner cette vie qu’il méritait... Comment lui rendre sa liberté... Il était fait pour la musique ou, a minima, pour faire l’expérience de tout ce qu’il avait pu lire ou voir sur les écrans sans jamais y avoir accès... L’excitation du danger et de la découverte... L’adrénaline... Une amitié autre que fraternelle... L’amour même, peut-être... Des milliers de choses... J’étais plus ou moins cloué à mon lit, mais lui n’était enfermé dans sa chambre que par mes propres chaînes. C’était injuste... Cela devait cesser...
Il m’avait fallu quelques mois pour construire un plan, puis j’avais fini par en parler autant à notre grand-mère qu’à notre psychologue du moment... La première étape, la plus facile, avait été de lui obtenir des cours de solfège. Je n’avais eu qu’à en réclamer pour moi-même et le tour avait été joué. Ji avait pu se joindre aux sessions et son visage avait commencé à sincèrement s’éclairer, prouvant que cette démarche était justifiée. Son sourire et son regard avaient toujours été loués, mais... Enfin... Une joie réelle animait ses traits... L’ange avait trouvé ses ailes !
La seconde étape fut ensuite de parvenir à obtenir de nos géniteurs le rééquilibrage des sommes déposées sur nos comptes. Ça ne leur coûtait rien de plus, n’est-ce pas ? Je voulais simplement que Ji ait cette sécurité-là ainsi qu’une part équivalente à la mienne sur l’héritage, à défaut d’en trouver une dans le cœur de nos parents. J’étais en âge de demander mon émancipation et pouvais l’utiliser comme moyen de pression sur eux, ce que je fis. Non pas que je ne les aimais pas, ou que j’avais personnellement à me plaindre d’eux... J’aurais simplement voulu qu’ils aiment également Ji... Qu’ils le “voient”...
Pour l'ultime étape, la plus significative, j’avais dû non seulement batailler longuement mais également attendre d’être en “état physique” d’assumer mon projet. Même expatriée depuis des générations, il était de coutume que notre famille envoie ses enfants passer quelques mois sur leur terre d’origine aux alentours de leur dix-huit printemps... Pour garder un lien avec leurs racines, se souvenir d’où ils venaient... Il était évident que je ne pouvais pas me permettre de partir sans Ji, et qu’il ne recevrait pas la permission de voyager de lui-même le moment venu, aussi... Grand-mère, encore une fois... Elle insista auprès de sa fille sur l’importance de ce rituel, sur le fait que nous avoir fait apprendre le japonais depuis notre plus tendre enfance ne servirait à rien si nous n’avions jamais l’occasion de le mettre en pratique... Et... Surtout... Elle avait depuis longtemps pour projet d’aller finir ses jours au Japon et d’en reprendre la nationalité maintenant qu’elle ne risquait “plus rien” et était veuve. Il était en effet très rare que l’Incontestable marie des gens de son âge - même si des exceptions pouvaient arriver – et de lointains cousins étaient prêts à la prendre en charge et à l’accompagner sur place, l'argent nécessaire à son entretien n’étant pas un souci en raison de son vaste patrimoine personnel. L’occasion rêvée de faire d’une pierre suffisamment de coups pour changer un peu les choses en espérant que ce soit pour le mieux !
C’est ainsi qu’en février 2109, les papiers de notre aïeule et son implantation ayant été finalisés, Ji et moi l’accompagnâmes au Japon à l’aide d’un visa long séjour pour rapprochement familial. Six mois qui allaient changer nos vies...
Non daté - Ji’s Moonlight Sonata
La maison était silencieuse, ma chambre également... Pas une seule note, même directement dans mes oreilles pour ne pas troubler le sommeil de Katsuki... Assis sur le rebord de ma fenêtre, avec pour seule lumière le clair de lune lorsqu’elle apparaissait entre les nuages, j’écoutais la pluie... Je l’écoutais et me demandais, pour la millième fois, si cette eau était froide ou bien chaude... Si les gouttes me feraient mal - ou bien me caresseraient - si elles rencontraient ma peau si pâle de ne jamais être exposée aux rayons de soleil. Presque bleutés, mes doigts posés sur la vitre suivaient les ruisseaux argentés... C’était en voyant une vieille vidéo de grand-mère, occupée à danser sous la pluie en riant aux éclats tout en pointant du doigt un arc-en-ciel, que j’avais compris...
Ma vie n’était pas “normale”, n’est-ce pas ?
Mais normale ou pas, elle était la seule que j’avais et je n’étais pas malheureux. J’avais mon frère - mon univers – et avais accepté le fait qu’il aurait toujours besoin de moi... De mon sang... Et si c’était pour lui, je pouvais bien faire tous les sacrifices du monde même celui de ne jamais sentir la tempête fouetter mon visage ni la neige crisser sous mes pas. Je savais que je ne pouvais pas me permettre de tomber malade, pas me permettre des milliers de choses. Katsuki pouvait avoir besoin de mon aide dès demain, ou bien dans deux semaines, ou bien dans trois mois... Je devais être en mesure de l’aider... Être là, et prêt...
J’étais très jeune lorsque j’avais renoncé à la pluie et au soleil... Renoncé au vent et à la neige... Mais il me restait la musique...
Février/Aout 2109
Partis de Seattle onze heures plus tôt, nous venions d’atterrir à Tokyo-Narita... En seize ans de vie, je n’avais eu le droit de quitter notre maison qu’en de très rares occasions et là... J’avais changé de pays... De continent... J’étais de l’autre côté du monde ! Nous étions même passés au-dessus de l’Arctique et, collé au hublot, j’avais vu l’obscurité totale de l'océan être remplacée pendant un temps par cette immensité bleutée qu’illuminait une nouvelle fois la lune en vaillante camarade de route. C’était déjà trop... Beaucoup trop d’émotions, de choses à voir, de nouveaux visages que je n’apercevais qu’un dixième de seconde et que je ne reverrais plus jamais... Trop de chaos dans l’aéroport. Je suffoquais presque... J’avais peur... Et ça faisait tellement de bien ! Je ressentais enfin quelque chose directement dans ma chair et le recevais par tous les pores de ma peau... J’aurais presque pu hurler de bonheur ! Mais il me revenait de pousser le chariot avec nos bagages dont je ne pouvais laisser la charge ni à ma grand-mère ni à Katsuki que le voyage avait suffisamment fatigués. Pour ma part, je ne m’étais jamais senti aussi libre ni aussi déphasé ! Aussi plein d’énergie ! Je me gorgeais de... De tout ! D’absolument tout ! Des larmes des familles qui se quittaient... Des embrassades des couples qui se retrouvaient... Des pleurs des bébés, des rires excités des enfants... J’avais l’impression d’avoir tous les âges à la fois et de n’en avoir aucun... D’être des leurs – enfin – autant que d’être à part... De... D’”être”... J’étais... Je vivais...
Nos cousins étaient venus nous chercher pour nous mener à Chiba et, de nouveau, je fis le voyage collé à la fenêtre et ma main soudée à celle de mon frère comme un ancrage. C’était principalement notre aïeule qui parlait avec nos proches qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer lors de son propre voyage de “jeunesse”, aussi je pointais du doigt absolument tout et Katsuki me souriait comme jamais... Sûrement car mon propre visage devait s’être subitement transformé ? J’avais presque mal aux joues... Mal aux yeux de retenir des larmes de joie autant que de stress... Ce schéma se répéta jusqu’à ce qu’il se mette à pleuvoir et que je me calme enfin, mes doigts suivant cette fois encore le trajet des rivières sur la vitre... J’entendis à peine ma grand-mère et mon frère échanger quelques mots entre eux ainsi qu’avec le conducteur... Puis la voiture s’arrêta sur le bord d’un chemin de campagne...
“Vas-y... C’était la voix de Katsuki, et derrière lui la vieille dame hochait la tête et souriait. J’étais interdit, ne comprenant pas... Que j’aille “où” ?
-... ?
-Ouvre cette porte et sors, Ji ! Va courir sous la pluie ! Elle sera froide, c’est encore l’hiver, mais... Juste... Vas-y... Fais-le pour moi, d’accord ?
-Mais si je tombe malade... Je ne pourrai pas te...
-Nous avons assez de ton sang pour assurer une urgence et un mois minimum devant nous avant de devoir le renouveler ! Va attraper froid !”
Je regardai tout le monde dans l’habitacle... De ces deux visages que je connaissais si bien aux faces encore presque anonymes de nos cousins qui semblaient interloqués mais amusés. Je pouvais ? Vraiment ? Ma main se posa sur la poignée... L’ouvrit lentement... Personne pour m’arrêter... ? La seconde suivante, j’étais dehors et trempé... Et j’avais horriblement froid... Et je riais... Et je pleurais... Et je courrais... Je ne m’arrêtai que lorsque la pluie commença à se calmer, les nuages à se dissiper, le soleil à revenir auquel j’offris mon visage noyé même si sa chaleur ne pouvait m’atteindre... Un hoquet, puis je pointai le ciel du doigt pour montrer ce qui était un miracle en cette saison... Mon miracle...
“Katsuki ! Tu as vu ! Il y a un arc en ciel !”
...
Forcément, j’étais tombé malade... Ce ne fut pas l’expérience la plus agréable de mon existence, mais cela me permit de découvrir ce que ça faisait d’avoir un parent pour prendre soin de nous, pour ramener la couverture jusque sous notre nez et poser sa main sur notre front pour en vérifier la température. C’était tantôt grand-mère, tantôt notre oncle et parfois sa fillette – Chika - d’à peine cinq ans qui me suivait partout dès que je me levais. Elle s’était autoproclamée ma fiancée et ne voulait entendre ni le fait que nous étions apparentés, ni celui que je n’avais pas de puce. Qui avait-il de plus pur que l’affection spontanée d’un enfant ? Je la savourais, conscient que je ne me permettrais jamais d’être père moi-même même si le risque était infime que ma progéniture hérite de mon groupe sanguin d’une façon autre que délibérée. J’étais encore jeune, mais nous en avions déjà discuté avec mon frère qui couvait lui-même la petite d’un regard où je sentais du regret. Notre branche de la famille Kusaka s’éteindrait avec nous, et ce n’était peut-être pas plus mal...
Au bout d’une semaine et demie, j’allais un peu mieux... Assez bien pour pouvoir aider dans la maison, apprendre à faire quelques plats basiques et passer de longues heures à échanger avec notre famille dans un japonais qui les faisait sourire. Même Chika nous corrigeait régulièrement, mais nous progressions chaque jour. Et nous apprenions, notamment en regardant la télévision... Un flash aux informations, retraçant et condamnant les événements ayant eu lieu un an plus tôt... Ils avaient appelé cela le Big Bang Kiss... Une action de rébellion contre ce système que notre grand-mère avait décidé d’adopter, même s’il n’aurait plus de réel impact sur elle.
A partir de ce jour, et au cours des six mois qui avaient suivis, j’avais continué d’apprendre ce que signifiait être Japonais... Le poids de l’Incontestable... L’espoir qu’il représentait pour certains autant que l’épée de Damoclès qu’il faisait peser sur d’autres. J’avais écrit... Des carnets et des carnets dans lesquels suintaient mes émotions aussi sûrement que lorsque mon sang s’échappait de mes veines pour remplir des poches stériles dansant nonchalamment dans leur berceau de plastique aseptisé. Des pages et des pages de cris qui ne se poussaient que dans ma tête au rythme des lignes mélodiques dont je les accompagnais parfois. Oui, j’avais appris le solfège, mais... Ainsi, ça me parlait davantage... Ainsi, cela m’appartenait... Réellement...
Des phrases et des phrases, en anglais et de plus en plus en japonais... Des jours et des jours... Le printemps... L’été... Et presque le début de l’automne... Nous avions traversé le pays de part en part et autant que la santé de Katsuki nous l’avait permis. J’étais tombé amoureux pour la première fois... Amoureux d’une île... Hokkaido... Je décidai que ma fin de vie serait la même que celle de notre aïeule. Je reviendrai mourir sur ces terres... Sur cette île... Une promesse lointaine...
Je m’étais nourri de chaque infime expérience, conscient que le retour à la réalité serait rude... Qu’il n’y aurait plus notre grand-mère pour nous apporter une ébauche de cocon, principalement. Peu avant le jour de notre départ, j’avais longuement parlé avec Katsuki. Il avait peur que je lui reproche d’avoir ouvert ma cage et de n’avoir d’autre choix que de m’y remettre. Un sourire était venu étirer mes lèvres et j’avais balancé la tête avant de prendre sa main dans la mienne, le contact physique étant ma seconde méthode de communication préférée après la musique... Je lui étais reconnaissant d’avoir insisté auprès de nos parents, au contraire. Rien de tout cela n’était sa faute. Ce n’était même pas celle de nos géniteurs, au final. Je ne pouvais pas leur reprocher d’avoir voulu sauver leur fils !
S’il n’avait pas eu besoin de moi, je ne serais même pas né. Et si ces six mois devaient résumer l’intégralité de ma vie, elle aura été pleine et riche... Je ne regrettais rien, et surtout pas d’être son frère... Nous pouvions rentrer...
Octobre 2109
Je n’avais jamais vu notre mère aussi secouée... Elle qui ne me regardait qu’à peine s’était emparée de ma main et l’avait serrée de toutes ses forces lorsque, dans une tentative d’apaisement que j'avais pourtant pressentie vaine, j’avais effleuré son épaule. Je ne savais pas vraiment comment “parler” aux gens, je l’avais conscientisé lors de mon voyage... Mon langage était composé de gestes, de regards... Je savais lorsqu’une personne avait besoin de soutien, toujours et peut-être car j’en avais énormément manqué, mais cela ne signifiait pas que j’étais toujours bien reçu. Ce jour-là, à ma grande surprise autant qu’à celle de Katsuki, je le fus... Et ce fut ensemble que nous suivîmes les informations qui expliquaient les catastrophes naturelles qui s’enchaînaient au Japon. Durant quelques jours, le temps que nous parviennent des nouvelles de sa mère, j’avais eu une “maman”... Ou, plutôt, elle s’était souvenue qu’elle avait un second fils... Et lorsqu’elle avait repris ses distances, après avoir été rassurée sur le sort de notre grand-mère, je l’avais laissée faire sans amertume. Je savais que quelque part, j’avais une place dans son existence. Sûrement minuscule, mais... J’avais une place... Et toujours ce même sourire, même lorsque je ne pouvais l’offrir qu’à son dos...
Mai - Décembre 2111
Désormais en lien régulier avec notre famille japonaise, j’avais appris - peu après Shukumei et les bugs qu’il avait provoqué - que notre oncle avait été remarié et avait dû quitter Chiba pour la capitale en compagnie de ses enfants et de notre grand-mère qui vivait désormais avec eux. D’après lui, tout se passait relativement bien et il se découvrait même davantage d'affinités avec cette seconde épouse qu’il n’en avait eu avec la mère de Chika et de son fils aîné. Aussi, le System Error avait-il réellement chamboulé leur quotidien et les avait laissés dans un flou que j’imaginais douloureux même si, du haut de mes dix-huit années quasi confinées, j’avais toutes les peines du monde à concevoir ce que pouvait être leur quotidien de couple sous le régime de l’Incontestable. Ils semblèrent l’un comme l’autre soulagés lorsque les choses revinrent à la normale, en tout cas...
Mais est-ce que “normale” était réellement le mot ? Je retrouvai ma “mère” lorsque l’annonce de l’épidémie qui touchait le Japon – et des ressortissants Japonais un peu partout dans le monde – nous parvint. Grand-mère était malade, Chika également... Le reste de la maisonnée se portait heureusement bien, mais quelques longues semaines passèrent avant que nous ne soyons rassurés sur leur santé malgré qu’un nouveau drame secouait déjà l’archipel. A croire que ça n’allait jamais cesser ? Des tas de personnes, pourtant en parfaite santé, étaient soudainement déclarées mortes... Une situation inédite qui donna lieu à de nouvelles pages d’écriture... Être mort aux yeux du monde... Fuir, car certains le firent avant d’être très majoritairement retrouvés... Se laisser de nouveau happer, plus ou moins volontairement, par un système qui semblait vous vouloir du bien même s’il vous privait de vos libertés... Tout cela me laissait méditatif, dans la mesure où le mot “liberté” n’était que très abstrait pour moi. Sans doute que l’Incontestable n’aurait pas changé grand-chose à mon existence. Que j’aurais même été plus maître de mon destin sous sa tutelle au pays du Soleil Levant qu’ici... Peut-être...
2112
J’allais désormais sur mes 20 ans, et la question se posait de savoir ce que j’allais faire de moi pour justifier que je respire au-delà du fait d’être la “ligne de vie” de Katsuki donc la santé s’était peu à peu améliorée au fil du temps et qui commençait même à prendre quelques responsabilités auprès de notre père tout en poursuivant, à mon instar, ses études via le soutien constant de nos percepteurs et à l’aide de cours par correspondance. J’avais de mon côté obtenu mon certificat de fin d’études sans peine, ayant tout le temps du monde pour étudier et aimant même cela, mais... Et maintenant ? J’avais conscience que, avec les négociations et aménagements que je devais à mon aîné, j’avais suffisamment d’argent sur mon compte pour vivre confortablement sans vraiment avoir à travailler et que mes parts dans l’entreprise familiale couvriraient presque n’importe quel revers de fortune, mais... Était-ce assez pour remplir ce qu’allait être mon futur ? Qu’avais-je fait, au final, pour mériter cette manne sinon “naître” ? Sans grande conviction, je m’étais inscrit dans plusieurs cursus et toujours par correspondance. Peut-être que nos parents m’auraient finalement laissé rejoindre une faculté, si j’en avais fait la demande, mais... Mes quelques mois au Japon m’avaient fait réaliser à quel point j’étais mal à l’aise dans la foule... Trop d’émotions sur les visages. Trop de douleurs, de joie, de doute que chaque nouvelle rencontre m’imposait... Le psy avait finalement lâché le mot... J’étais hypersensible... Ça ne m’étonnait même pas... Et ça n’étonnait pas mon frère non plus... Tant que je pouvais me concentrer sur quelques personnes, tout allait bien pourtant... Jusqu’à un certain point...
Et d’ailleurs cela n’empêcha pas, lorsque l'annonce de la dégradation de la santé de notre grand-mère arriva, que je reparte pour le Japon de nouveau armé d’un visa de rapprochement familial. Katsuki en avait émis l’idée... Notre mère ne s’y était pas opposée... Et notre père n’avait pas eu d’autre choix que de céder, mon frère menaçant de refuser tout traitement médical si on s’acharnait à me confiner. J’avais peur... Terriblement peur... J'étais également inquiet pour notre aïeule, mais... Le Japon... Et revoir Hokkaido, peut-être... Un arc-en-ciel... Hanabi... Un nouveau printemps dans ma vie...
Je débarquai pour la seconde fois sur les terres de mes ancêtres, cette fois-ci directement à Haneda. Ce fut mon cousin Kotaro, du même âge que mon frère, qui vint me chercher en compagnie de Chika qui avait désormais presque neuf ans et qui me sauta dans les bras dès qu’elle m’aperçut. Alors que je la faisais tournoyer dans les airs, savourant ses éclats de rires, je songeais que j’étais bien plus chez moi ici que nulle part ailleurs... Je souhaitais rester au Japon, Incontestable ou pas... Mais je n’avais pas les armes pour justifier ce choix... N’en avais même pas le droit ni l’âge légal... Pas encore...
Je pris ma place au sein de la maisonnée, poursuivant mes cours par correspondance et m’occupant très principalement de ma grand-mère qui ne pouvait plus se déplacer seule. Je la conduisais régulièrement au parc dans sa chaise roulante, m’installant à ses côtés pour écrire tandis qu’elle regardait les gens passer et appréciait l’odeur des fleurs, le chant des oiseaux... J’écoutais ce qu’elle avait à en dire, recevais le témoignage de sa vie, et composais de nouveaux textes et parfois des chansons dont personne ne pouvait comprendre la mélodie... Kotaro me suggéra un jour de proposer mes services d’écrivain publique aux passants, supposant que cela pourrait m’aider à m’ouvrir aux autres et m’apprendre à gérer mes émotions... Que je saurais trouver les mots justes, toucher l’essence de leurs pensées... Je m’y essayai alors, lorsque ma grand-mère s’assoupissait et se taisait. Je sortais un panneau, et parfois des personnes venaient me trouver car l’offre les intriguait. Aussi j’écrivais, vivais mille vies à travers leurs confessions... Chaque jour, avec eux, je pleurais la perte d’un proche ou célébrais une naissance... Un diplôme... Je tombais amoureux de cette fille au fond de la classe qui ne parlait à personne, puis quelques heures après de ce beau jeune homme si populaire que personne n’osait lui déclarer sa flamme... Je disais adieu à un amant, une amante, car l’Incontestable avait fait le choix de m’unir à un autre... Je recevais ma lettre, empli d’espoir... Je vivais des victoires, des défaites... Je voulais mourir puis je voulais vivre... Hurler puis pleurer... Rire... Je voulais danser... Je voulais la pluie, et un arc-en-ciel...
Je ne demandais pas d’argent, n’en avais pas besoin... Mais bien souvent on me donnait quelques pièces, que de redistribuais aux mendiants ainsi qu’aux artistes de rues, ou bien on m’apportait de quoi manger, de l’eau ou du thé pour ma grand-mère qui me couvait du regard même si ses yeux y voyaient de moins en moins clair... Et les années passèrent, sans que je ne sois rappelé aux U.S.A.. Et les pages s’amoncelèrent que je signais du nom que je m’étais choisi lorsque j’avais fini par comprendre que c’était “ça” ce que je voulais faire... Aider les autres à exprimer leurs émotions, donner des ailes à leurs sentiments... J’étais devenu Lyrics et je leur offrais un peu de moi à chaque page même si le sens des lignes accompagnant parfois mes mots leur demeurait caché...
C’était un morceau de mes textes qui n’appartenait qu’à moi... Que seul mon frère pouvait appréhender... Ce n’était qu’à moi, jusqu’à ce qu’arrive Reita...
Combien existe-il de groupes sanguins différents ? Une personne “lambda” vous énumérera A, B et O. Elle pensera même à AB, avec un peu de chance ! Son voisin ajoutera sûrement qu’il ne faut pas oublier les rhésus, positif ou négatif... Ils compteront et, fièrement, vous annonceront un glorieux total de huit groupes possibles...
Il en existe en réalité plusieurs milliers... Répartis en quarante-trois systèmes différents... Et devinez qui a perdu à la loterie ? Oui... Moi...
Moi, et mon petit frère...
J’ai été trop vite ? Laissez-moi reprendre plus clairement, ce n’est pas comme si je manquais de temps ou avais autre chose à faire...
Je me nomme Katsuki Kusaka, né aux États-Unis en 2090 au sein d’une famille d’ascendance purement japonaise mais dont les diverses branches avaient déjà quitté le pays du Soleil Levant pour s’installer de l’autre côté du Pacifique bien des années avant la création de l’Incontestable. Pas de puce pour moi, donc, ni pour mes parents ou leurs parents avant eux. Nos ancêtres n’avaient pourtant pas débarqué sans quelques bagages, hélas... Un bagage génétique dont j’avais eu le malheur d’hériter, les gens d’une même culture ayant tendance à s’unir et se reproduire au sein de leur communauté même une fois expatriés...
Autant vous dire que le proverbe indiquant que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit m’a fait rire dès l’instant où j’ai été assez âgé pour le comprendre et en apprécier tout le sel... La vérité, c’est que le ciel se fout cordialement de la répartition des points d’impact de ses coups... Le trou est de toute façon déjà fait, alors autant continuer de creuser !
L’amertume m’égare, mes excuses... J’ai pourtant fait la paix avec mes conditions, aussi c’est principalement pour Ji que je m’inquiète...
Voyez-vous... Je suis venu au monde avec le groupe sanguin Bombay (hh) dont mes deux parents, et probablement la plupart de mes ascendants, s’ignoraient porteurs récessifs... Pour expliquer simplement, je ne possède pas les antigènes spécifiques qui sont présents dans tous les autres types de sang. Je ne peux donc donner, et surtout recevoir, que des dons de ce même groupe... Vous me direz, où est le problème ? A moins de subir un accident, on a rarement besoin de transfusion en urgence au cours de sa vie... N’est-ce pas ?
Souvenez-vous de la foudre...
Je suis également atteint de bêta-thalassémie dans sa forme intermédiaire sévère. Ce qui signifie des transfusions fréquentes ou bien une greffe à partir de sang ombilical dans l’espoir de corriger le tir... Étant donné mon groupe sanguin particulier, vous comprendrez que c’est là qu’est intervenue la “création” de mon petit frère...
Le terme de “création” vous choque ? Je préférerais également avoir un autre mot à utiliser, mais... Le poids mis sur ses épaules avant même son implantation dans le ventre de notre mère est simplement inhumain. Êtes-vous familier avec le concept d’“enfant médicament” ? Oui... L’embryon qui devait devenir “Ji” a été sélectionné très spécifiquement pour pouvoir me sauver et devait donc entre autre être porteur de ce même groupe sanguin problématique. Si j’avais été en capacité de m’y opposer à l’époque, je l’aurais fait... Mais je n’avais qu’un an et quelques mois... Une toute petite année et la responsabilité de ce qu’allait être l’existence de mon cadet...
Ji... A peine l’ébauche d’un prénom, n’est-ce pas ? Cela signifie... “Le second”... “L’autre”... Comment mes parents ont-ils pu faire preuve d’autant de cruauté et le stigmatiser à ce point ? Selon eux, simplement car ils n’avaient jamais désiré avoir plus d’un enfant dans la mesure où ils “possédaient” déjà un fils pour porter leur nom et hériter, aussi malade soit-il... Il leur avait suffi de trouver un spécialiste que l’argent pouvait rendre complaisant – les manipulations génétiques étant, après tout, devenues de plus en plus fréquentes avec le temps. D’endormir son éthique en arguant que nous serions toujours là l’un pour l’autre et que, une fois que ma thalassémie serait “soignée”, je serais à mon tour en capacité de l’aider si le besoin se faisait sentir... Vœu pieux...
Il était né le 25 septembre 2092, ce petit ange... Je ne m’en souviens qu’à peine. Nos parents n’ont jamais évoqué le souvenir de cet accouchement ni des opérations qui avaient suivies, mais notre grand-mère si. Une fois...
Je nous revois encore. Moi allongé dans mon lit, Ji assis en tailleur au bout du matelas et la vieille femme nous regardant depuis un fauteuil, un sourire aussi tendre que fatigué et coupable aux lèvres. D’après elle, c’était dès son premier cri que mon frère avait gagné les cœurs de toutes les infirmières qui s’étaient ensuite relayées à son berceau. Ma mère refusant de l’allaiter - que ce soit au sein ou au biberon - et même de l’avoir avec elle dans sa chambre, probablement pour éviter de s’attacher à un “outil” même si elle ne l’avait pas dit, c’était principalement les membres du personnel médical qui s’étaient occupés du nouveau-né. Leur nouvelle priorité, durant leurs rares pauses, était de venir caresser ses petites joues rebondies en espérant qu’il ouvre ses yeux si sombre et déjà si expressifs... De peut-être le voir esquisser ce sourire qu’il n’avait jamais perdu depuis et qui, à l’époque, n’était encore qu’un pur réflexe... Une contraction involontaire...
Un ange, oui... Réellement... Les quelques photos que notre grand-mère avait pu nous montrer en témoignaient. Mais il n’y en avait aucune de moi à ses côtés, pour la bonne raison que mon corps de bambin avait été affaibli par la chimiothérapie dans l’espoir de faciliter la greffe. Aucun contact autorisé, dans la mesure où j’étais privé de toutes mes défenses... J’espérais m’être suffisamment rattrapé pour que Ji ne me reproche pas mes premières défaillances...
Me les “reprocher”... Mais Ji n’avait jamais rien reproché à personne... ! Au fil des années, il n’avait jamais élevé la voix, jamais réclamé plus d’attention que ce qu’on voulait bien lui offrir. Il se contentait bien trop souvent des miettes dont nos parents n’insistaient pas pour me gaver. J’avais bien essayé, une fois ou deux, de réorienter leur attention sur lui, mais... Ils ne semblaient se souvenir de qui était Ji, qu’ils avaient un second fils, que lorsque j’étais trop faible pour les accompagner dans leurs “soirées”. Dans un sens, j’imagine que cela avait été une bonne chose pour lui ? Ils ne pouvaient pas se permettre que le benjamin paraisse “sot”, aussi... Il avait droit aux mêmes percepteurs que moi, dans la mesure où ils m’interdisaient de suivre un cursus “normal” dans un établissement scolaire où “tout” aurait pu arriver. Nous étions aux États-Unis, n’est-ce pas ? Et s’il y avait une nouvelle tuerie précisément là où je me trouvais ? Que les secours me donnaient le mauvais sang ? Une chance sur un milliard qu’ils ne souhaitaient pas prendre...
Les mêmes percepteurs... Les mêmes psychologues et médecins, également... C’était un soulagement de savoir qu’il avait quelqu’un à qui parler, même si je doutais qu’il ose réellement s’exprimer devant eux. Non... Pour comprendre Ji, ce qu’il ressentait au fond de lui, il fallait qu’il accepte de vous confier ses textes. Réservé, ayant pris le pli de se faire aussi discret que possible, il ne parlait presque jamais et se contentait de tout observer de ses yeux qui gardaient leur douceur et leur candeur... Il se contentait de sourire, même durant les périodes où ses bras étaient percés de trop de trous car j’avais besoin de davantage de transfusions. La greffe avait corrigé une grande partie du problème, mais... Mon organisme demeurait faible et moins efficace que celui d’un autre... Il devait donc être toujours disponible, ce qui impliquait qu’il n’avait quasiment rien le droit de faire sinon étudier... Lire... Écouter de la musique... Écrire... Et venir me tenir compagnie...
Et nous en avions passées des heures ensembles, sans parler mais jamais dans le silence. Il y avait toujours de la musique partout où Ji allait et il suffisait de prêter attention à ce qu’il choisissait d’écouter pour deviner son état d’esprit... Je me souviens d’un jour où la mélancolie du morceau emplissant ma chambre m’avait presque physiquement heurté... De son regard qui n’osait pas se relever des feuillets qu’il tenait... Je lui avais ouvert mes bras, et il était venu pleurer sans un bruit sur mon épaule, tout adolescent qu’il était pourtant déjà... Il avait accepté que je lise ses mots, et j’avais pleuré avec lui... Il avait cette capacité à toucher l’âme à chaque syllabe, d’aller vous chercher et de vous attirer dans son univers qu’il soit ce jour fait d’ombres ou bien de lumières. Cela, je le savais depuis longtemps, mais... Il avait un autre don que je découvris à cette occasion. Ces lignes, qui montaient et descendaient sous ses écrits, sous chaque mot... Il haussa à peine les épaules lorsque je lui demandai ce que c’était avant de me répondre...
“C’est la mélodie...”
Et sa voix qu’on entendait si rarement, que les larmes avaient éclaircie, s’était élevée tandis qu’il suivait du doigt les lignes tracées qui représentaient pour lui des notes... Si le texte en lui-même était déjà prégnant, son timbre que je découvris d’une impressionnante justesse et rendu si particulier par sa profondeur - qui annonçait ce que serait sa voix “muée” - me laissa transformé. Du haut de mes seize ans, je pris la décision de trouver comment enfin protéger mon frère... Comment lui donner cette vie qu’il méritait... Comment lui rendre sa liberté... Il était fait pour la musique ou, a minima, pour faire l’expérience de tout ce qu’il avait pu lire ou voir sur les écrans sans jamais y avoir accès... L’excitation du danger et de la découverte... L’adrénaline... Une amitié autre que fraternelle... L’amour même, peut-être... Des milliers de choses... J’étais plus ou moins cloué à mon lit, mais lui n’était enfermé dans sa chambre que par mes propres chaînes. C’était injuste... Cela devait cesser...
Il m’avait fallu quelques mois pour construire un plan, puis j’avais fini par en parler autant à notre grand-mère qu’à notre psychologue du moment... La première étape, la plus facile, avait été de lui obtenir des cours de solfège. Je n’avais eu qu’à en réclamer pour moi-même et le tour avait été joué. Ji avait pu se joindre aux sessions et son visage avait commencé à sincèrement s’éclairer, prouvant que cette démarche était justifiée. Son sourire et son regard avaient toujours été loués, mais... Enfin... Une joie réelle animait ses traits... L’ange avait trouvé ses ailes !
La seconde étape fut ensuite de parvenir à obtenir de nos géniteurs le rééquilibrage des sommes déposées sur nos comptes. Ça ne leur coûtait rien de plus, n’est-ce pas ? Je voulais simplement que Ji ait cette sécurité-là ainsi qu’une part équivalente à la mienne sur l’héritage, à défaut d’en trouver une dans le cœur de nos parents. J’étais en âge de demander mon émancipation et pouvais l’utiliser comme moyen de pression sur eux, ce que je fis. Non pas que je ne les aimais pas, ou que j’avais personnellement à me plaindre d’eux... J’aurais simplement voulu qu’ils aiment également Ji... Qu’ils le “voient”...
Pour l'ultime étape, la plus significative, j’avais dû non seulement batailler longuement mais également attendre d’être en “état physique” d’assumer mon projet. Même expatriée depuis des générations, il était de coutume que notre famille envoie ses enfants passer quelques mois sur leur terre d’origine aux alentours de leur dix-huit printemps... Pour garder un lien avec leurs racines, se souvenir d’où ils venaient... Il était évident que je ne pouvais pas me permettre de partir sans Ji, et qu’il ne recevrait pas la permission de voyager de lui-même le moment venu, aussi... Grand-mère, encore une fois... Elle insista auprès de sa fille sur l’importance de ce rituel, sur le fait que nous avoir fait apprendre le japonais depuis notre plus tendre enfance ne servirait à rien si nous n’avions jamais l’occasion de le mettre en pratique... Et... Surtout... Elle avait depuis longtemps pour projet d’aller finir ses jours au Japon et d’en reprendre la nationalité maintenant qu’elle ne risquait “plus rien” et était veuve. Il était en effet très rare que l’Incontestable marie des gens de son âge - même si des exceptions pouvaient arriver – et de lointains cousins étaient prêts à la prendre en charge et à l’accompagner sur place, l'argent nécessaire à son entretien n’étant pas un souci en raison de son vaste patrimoine personnel. L’occasion rêvée de faire d’une pierre suffisamment de coups pour changer un peu les choses en espérant que ce soit pour le mieux !
C’est ainsi qu’en février 2109, les papiers de notre aïeule et son implantation ayant été finalisés, Ji et moi l’accompagnâmes au Japon à l’aide d’un visa long séjour pour rapprochement familial. Six mois qui allaient changer nos vies...
Non daté - Ji’s Moonlight Sonata
La maison était silencieuse, ma chambre également... Pas une seule note, même directement dans mes oreilles pour ne pas troubler le sommeil de Katsuki... Assis sur le rebord de ma fenêtre, avec pour seule lumière le clair de lune lorsqu’elle apparaissait entre les nuages, j’écoutais la pluie... Je l’écoutais et me demandais, pour la millième fois, si cette eau était froide ou bien chaude... Si les gouttes me feraient mal - ou bien me caresseraient - si elles rencontraient ma peau si pâle de ne jamais être exposée aux rayons de soleil. Presque bleutés, mes doigts posés sur la vitre suivaient les ruisseaux argentés... C’était en voyant une vieille vidéo de grand-mère, occupée à danser sous la pluie en riant aux éclats tout en pointant du doigt un arc-en-ciel, que j’avais compris...
Ma vie n’était pas “normale”, n’est-ce pas ?
Mais normale ou pas, elle était la seule que j’avais et je n’étais pas malheureux. J’avais mon frère - mon univers – et avais accepté le fait qu’il aurait toujours besoin de moi... De mon sang... Et si c’était pour lui, je pouvais bien faire tous les sacrifices du monde même celui de ne jamais sentir la tempête fouetter mon visage ni la neige crisser sous mes pas. Je savais que je ne pouvais pas me permettre de tomber malade, pas me permettre des milliers de choses. Katsuki pouvait avoir besoin de mon aide dès demain, ou bien dans deux semaines, ou bien dans trois mois... Je devais être en mesure de l’aider... Être là, et prêt...
J’étais très jeune lorsque j’avais renoncé à la pluie et au soleil... Renoncé au vent et à la neige... Mais il me restait la musique...
Février/Aout 2109
Partis de Seattle onze heures plus tôt, nous venions d’atterrir à Tokyo-Narita... En seize ans de vie, je n’avais eu le droit de quitter notre maison qu’en de très rares occasions et là... J’avais changé de pays... De continent... J’étais de l’autre côté du monde ! Nous étions même passés au-dessus de l’Arctique et, collé au hublot, j’avais vu l’obscurité totale de l'océan être remplacée pendant un temps par cette immensité bleutée qu’illuminait une nouvelle fois la lune en vaillante camarade de route. C’était déjà trop... Beaucoup trop d’émotions, de choses à voir, de nouveaux visages que je n’apercevais qu’un dixième de seconde et que je ne reverrais plus jamais... Trop de chaos dans l’aéroport. Je suffoquais presque... J’avais peur... Et ça faisait tellement de bien ! Je ressentais enfin quelque chose directement dans ma chair et le recevais par tous les pores de ma peau... J’aurais presque pu hurler de bonheur ! Mais il me revenait de pousser le chariot avec nos bagages dont je ne pouvais laisser la charge ni à ma grand-mère ni à Katsuki que le voyage avait suffisamment fatigués. Pour ma part, je ne m’étais jamais senti aussi libre ni aussi déphasé ! Aussi plein d’énergie ! Je me gorgeais de... De tout ! D’absolument tout ! Des larmes des familles qui se quittaient... Des embrassades des couples qui se retrouvaient... Des pleurs des bébés, des rires excités des enfants... J’avais l’impression d’avoir tous les âges à la fois et de n’en avoir aucun... D’être des leurs – enfin – autant que d’être à part... De... D’”être”... J’étais... Je vivais...
Nos cousins étaient venus nous chercher pour nous mener à Chiba et, de nouveau, je fis le voyage collé à la fenêtre et ma main soudée à celle de mon frère comme un ancrage. C’était principalement notre aïeule qui parlait avec nos proches qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer lors de son propre voyage de “jeunesse”, aussi je pointais du doigt absolument tout et Katsuki me souriait comme jamais... Sûrement car mon propre visage devait s’être subitement transformé ? J’avais presque mal aux joues... Mal aux yeux de retenir des larmes de joie autant que de stress... Ce schéma se répéta jusqu’à ce qu’il se mette à pleuvoir et que je me calme enfin, mes doigts suivant cette fois encore le trajet des rivières sur la vitre... J’entendis à peine ma grand-mère et mon frère échanger quelques mots entre eux ainsi qu’avec le conducteur... Puis la voiture s’arrêta sur le bord d’un chemin de campagne...
“Vas-y... C’était la voix de Katsuki, et derrière lui la vieille dame hochait la tête et souriait. J’étais interdit, ne comprenant pas... Que j’aille “où” ?
-... ?
-Ouvre cette porte et sors, Ji ! Va courir sous la pluie ! Elle sera froide, c’est encore l’hiver, mais... Juste... Vas-y... Fais-le pour moi, d’accord ?
-Mais si je tombe malade... Je ne pourrai pas te...
-Nous avons assez de ton sang pour assurer une urgence et un mois minimum devant nous avant de devoir le renouveler ! Va attraper froid !”
Je regardai tout le monde dans l’habitacle... De ces deux visages que je connaissais si bien aux faces encore presque anonymes de nos cousins qui semblaient interloqués mais amusés. Je pouvais ? Vraiment ? Ma main se posa sur la poignée... L’ouvrit lentement... Personne pour m’arrêter... ? La seconde suivante, j’étais dehors et trempé... Et j’avais horriblement froid... Et je riais... Et je pleurais... Et je courrais... Je ne m’arrêtai que lorsque la pluie commença à se calmer, les nuages à se dissiper, le soleil à revenir auquel j’offris mon visage noyé même si sa chaleur ne pouvait m’atteindre... Un hoquet, puis je pointai le ciel du doigt pour montrer ce qui était un miracle en cette saison... Mon miracle...
“Katsuki ! Tu as vu ! Il y a un arc en ciel !”
...
Forcément, j’étais tombé malade... Ce ne fut pas l’expérience la plus agréable de mon existence, mais cela me permit de découvrir ce que ça faisait d’avoir un parent pour prendre soin de nous, pour ramener la couverture jusque sous notre nez et poser sa main sur notre front pour en vérifier la température. C’était tantôt grand-mère, tantôt notre oncle et parfois sa fillette – Chika - d’à peine cinq ans qui me suivait partout dès que je me levais. Elle s’était autoproclamée ma fiancée et ne voulait entendre ni le fait que nous étions apparentés, ni celui que je n’avais pas de puce. Qui avait-il de plus pur que l’affection spontanée d’un enfant ? Je la savourais, conscient que je ne me permettrais jamais d’être père moi-même même si le risque était infime que ma progéniture hérite de mon groupe sanguin d’une façon autre que délibérée. J’étais encore jeune, mais nous en avions déjà discuté avec mon frère qui couvait lui-même la petite d’un regard où je sentais du regret. Notre branche de la famille Kusaka s’éteindrait avec nous, et ce n’était peut-être pas plus mal...
Au bout d’une semaine et demie, j’allais un peu mieux... Assez bien pour pouvoir aider dans la maison, apprendre à faire quelques plats basiques et passer de longues heures à échanger avec notre famille dans un japonais qui les faisait sourire. Même Chika nous corrigeait régulièrement, mais nous progressions chaque jour. Et nous apprenions, notamment en regardant la télévision... Un flash aux informations, retraçant et condamnant les événements ayant eu lieu un an plus tôt... Ils avaient appelé cela le Big Bang Kiss... Une action de rébellion contre ce système que notre grand-mère avait décidé d’adopter, même s’il n’aurait plus de réel impact sur elle.
A partir de ce jour, et au cours des six mois qui avaient suivis, j’avais continué d’apprendre ce que signifiait être Japonais... Le poids de l’Incontestable... L’espoir qu’il représentait pour certains autant que l’épée de Damoclès qu’il faisait peser sur d’autres. J’avais écrit... Des carnets et des carnets dans lesquels suintaient mes émotions aussi sûrement que lorsque mon sang s’échappait de mes veines pour remplir des poches stériles dansant nonchalamment dans leur berceau de plastique aseptisé. Des pages et des pages de cris qui ne se poussaient que dans ma tête au rythme des lignes mélodiques dont je les accompagnais parfois. Oui, j’avais appris le solfège, mais... Ainsi, ça me parlait davantage... Ainsi, cela m’appartenait... Réellement...
Des phrases et des phrases, en anglais et de plus en plus en japonais... Des jours et des jours... Le printemps... L’été... Et presque le début de l’automne... Nous avions traversé le pays de part en part et autant que la santé de Katsuki nous l’avait permis. J’étais tombé amoureux pour la première fois... Amoureux d’une île... Hokkaido... Je décidai que ma fin de vie serait la même que celle de notre aïeule. Je reviendrai mourir sur ces terres... Sur cette île... Une promesse lointaine...
Je m’étais nourri de chaque infime expérience, conscient que le retour à la réalité serait rude... Qu’il n’y aurait plus notre grand-mère pour nous apporter une ébauche de cocon, principalement. Peu avant le jour de notre départ, j’avais longuement parlé avec Katsuki. Il avait peur que je lui reproche d’avoir ouvert ma cage et de n’avoir d’autre choix que de m’y remettre. Un sourire était venu étirer mes lèvres et j’avais balancé la tête avant de prendre sa main dans la mienne, le contact physique étant ma seconde méthode de communication préférée après la musique... Je lui étais reconnaissant d’avoir insisté auprès de nos parents, au contraire. Rien de tout cela n’était sa faute. Ce n’était même pas celle de nos géniteurs, au final. Je ne pouvais pas leur reprocher d’avoir voulu sauver leur fils !
S’il n’avait pas eu besoin de moi, je ne serais même pas né. Et si ces six mois devaient résumer l’intégralité de ma vie, elle aura été pleine et riche... Je ne regrettais rien, et surtout pas d’être son frère... Nous pouvions rentrer...
Octobre 2109
Je n’avais jamais vu notre mère aussi secouée... Elle qui ne me regardait qu’à peine s’était emparée de ma main et l’avait serrée de toutes ses forces lorsque, dans une tentative d’apaisement que j'avais pourtant pressentie vaine, j’avais effleuré son épaule. Je ne savais pas vraiment comment “parler” aux gens, je l’avais conscientisé lors de mon voyage... Mon langage était composé de gestes, de regards... Je savais lorsqu’une personne avait besoin de soutien, toujours et peut-être car j’en avais énormément manqué, mais cela ne signifiait pas que j’étais toujours bien reçu. Ce jour-là, à ma grande surprise autant qu’à celle de Katsuki, je le fus... Et ce fut ensemble que nous suivîmes les informations qui expliquaient les catastrophes naturelles qui s’enchaînaient au Japon. Durant quelques jours, le temps que nous parviennent des nouvelles de sa mère, j’avais eu une “maman”... Ou, plutôt, elle s’était souvenue qu’elle avait un second fils... Et lorsqu’elle avait repris ses distances, après avoir été rassurée sur le sort de notre grand-mère, je l’avais laissée faire sans amertume. Je savais que quelque part, j’avais une place dans son existence. Sûrement minuscule, mais... J’avais une place... Et toujours ce même sourire, même lorsque je ne pouvais l’offrir qu’à son dos...
Mai - Décembre 2111
Désormais en lien régulier avec notre famille japonaise, j’avais appris - peu après Shukumei et les bugs qu’il avait provoqué - que notre oncle avait été remarié et avait dû quitter Chiba pour la capitale en compagnie de ses enfants et de notre grand-mère qui vivait désormais avec eux. D’après lui, tout se passait relativement bien et il se découvrait même davantage d'affinités avec cette seconde épouse qu’il n’en avait eu avec la mère de Chika et de son fils aîné. Aussi, le System Error avait-il réellement chamboulé leur quotidien et les avait laissés dans un flou que j’imaginais douloureux même si, du haut de mes dix-huit années quasi confinées, j’avais toutes les peines du monde à concevoir ce que pouvait être leur quotidien de couple sous le régime de l’Incontestable. Ils semblèrent l’un comme l’autre soulagés lorsque les choses revinrent à la normale, en tout cas...
Mais est-ce que “normale” était réellement le mot ? Je retrouvai ma “mère” lorsque l’annonce de l’épidémie qui touchait le Japon – et des ressortissants Japonais un peu partout dans le monde – nous parvint. Grand-mère était malade, Chika également... Le reste de la maisonnée se portait heureusement bien, mais quelques longues semaines passèrent avant que nous ne soyons rassurés sur leur santé malgré qu’un nouveau drame secouait déjà l’archipel. A croire que ça n’allait jamais cesser ? Des tas de personnes, pourtant en parfaite santé, étaient soudainement déclarées mortes... Une situation inédite qui donna lieu à de nouvelles pages d’écriture... Être mort aux yeux du monde... Fuir, car certains le firent avant d’être très majoritairement retrouvés... Se laisser de nouveau happer, plus ou moins volontairement, par un système qui semblait vous vouloir du bien même s’il vous privait de vos libertés... Tout cela me laissait méditatif, dans la mesure où le mot “liberté” n’était que très abstrait pour moi. Sans doute que l’Incontestable n’aurait pas changé grand-chose à mon existence. Que j’aurais même été plus maître de mon destin sous sa tutelle au pays du Soleil Levant qu’ici... Peut-être...
2112
J’allais désormais sur mes 20 ans, et la question se posait de savoir ce que j’allais faire de moi pour justifier que je respire au-delà du fait d’être la “ligne de vie” de Katsuki donc la santé s’était peu à peu améliorée au fil du temps et qui commençait même à prendre quelques responsabilités auprès de notre père tout en poursuivant, à mon instar, ses études via le soutien constant de nos percepteurs et à l’aide de cours par correspondance. J’avais de mon côté obtenu mon certificat de fin d’études sans peine, ayant tout le temps du monde pour étudier et aimant même cela, mais... Et maintenant ? J’avais conscience que, avec les négociations et aménagements que je devais à mon aîné, j’avais suffisamment d’argent sur mon compte pour vivre confortablement sans vraiment avoir à travailler et que mes parts dans l’entreprise familiale couvriraient presque n’importe quel revers de fortune, mais... Était-ce assez pour remplir ce qu’allait être mon futur ? Qu’avais-je fait, au final, pour mériter cette manne sinon “naître” ? Sans grande conviction, je m’étais inscrit dans plusieurs cursus et toujours par correspondance. Peut-être que nos parents m’auraient finalement laissé rejoindre une faculté, si j’en avais fait la demande, mais... Mes quelques mois au Japon m’avaient fait réaliser à quel point j’étais mal à l’aise dans la foule... Trop d’émotions sur les visages. Trop de douleurs, de joie, de doute que chaque nouvelle rencontre m’imposait... Le psy avait finalement lâché le mot... J’étais hypersensible... Ça ne m’étonnait même pas... Et ça n’étonnait pas mon frère non plus... Tant que je pouvais me concentrer sur quelques personnes, tout allait bien pourtant... Jusqu’à un certain point...
Et d’ailleurs cela n’empêcha pas, lorsque l'annonce de la dégradation de la santé de notre grand-mère arriva, que je reparte pour le Japon de nouveau armé d’un visa de rapprochement familial. Katsuki en avait émis l’idée... Notre mère ne s’y était pas opposée... Et notre père n’avait pas eu d’autre choix que de céder, mon frère menaçant de refuser tout traitement médical si on s’acharnait à me confiner. J’avais peur... Terriblement peur... J'étais également inquiet pour notre aïeule, mais... Le Japon... Et revoir Hokkaido, peut-être... Un arc-en-ciel... Hanabi... Un nouveau printemps dans ma vie...
Je débarquai pour la seconde fois sur les terres de mes ancêtres, cette fois-ci directement à Haneda. Ce fut mon cousin Kotaro, du même âge que mon frère, qui vint me chercher en compagnie de Chika qui avait désormais presque neuf ans et qui me sauta dans les bras dès qu’elle m’aperçut. Alors que je la faisais tournoyer dans les airs, savourant ses éclats de rires, je songeais que j’étais bien plus chez moi ici que nulle part ailleurs... Je souhaitais rester au Japon, Incontestable ou pas... Mais je n’avais pas les armes pour justifier ce choix... N’en avais même pas le droit ni l’âge légal... Pas encore...
Je pris ma place au sein de la maisonnée, poursuivant mes cours par correspondance et m’occupant très principalement de ma grand-mère qui ne pouvait plus se déplacer seule. Je la conduisais régulièrement au parc dans sa chaise roulante, m’installant à ses côtés pour écrire tandis qu’elle regardait les gens passer et appréciait l’odeur des fleurs, le chant des oiseaux... J’écoutais ce qu’elle avait à en dire, recevais le témoignage de sa vie, et composais de nouveaux textes et parfois des chansons dont personne ne pouvait comprendre la mélodie... Kotaro me suggéra un jour de proposer mes services d’écrivain publique aux passants, supposant que cela pourrait m’aider à m’ouvrir aux autres et m’apprendre à gérer mes émotions... Que je saurais trouver les mots justes, toucher l’essence de leurs pensées... Je m’y essayai alors, lorsque ma grand-mère s’assoupissait et se taisait. Je sortais un panneau, et parfois des personnes venaient me trouver car l’offre les intriguait. Aussi j’écrivais, vivais mille vies à travers leurs confessions... Chaque jour, avec eux, je pleurais la perte d’un proche ou célébrais une naissance... Un diplôme... Je tombais amoureux de cette fille au fond de la classe qui ne parlait à personne, puis quelques heures après de ce beau jeune homme si populaire que personne n’osait lui déclarer sa flamme... Je disais adieu à un amant, une amante, car l’Incontestable avait fait le choix de m’unir à un autre... Je recevais ma lettre, empli d’espoir... Je vivais des victoires, des défaites... Je voulais mourir puis je voulais vivre... Hurler puis pleurer... Rire... Je voulais danser... Je voulais la pluie, et un arc-en-ciel...
Je ne demandais pas d’argent, n’en avais pas besoin... Mais bien souvent on me donnait quelques pièces, que de redistribuais aux mendiants ainsi qu’aux artistes de rues, ou bien on m’apportait de quoi manger, de l’eau ou du thé pour ma grand-mère qui me couvait du regard même si ses yeux y voyaient de moins en moins clair... Et les années passèrent, sans que je ne sois rappelé aux U.S.A.. Et les pages s’amoncelèrent que je signais du nom que je m’étais choisi lorsque j’avais fini par comprendre que c’était “ça” ce que je voulais faire... Aider les autres à exprimer leurs émotions, donner des ailes à leurs sentiments... J’étais devenu Lyrics et je leur offrais un peu de moi à chaque page même si le sens des lignes accompagnant parfois mes mots leur demeurait caché...
C’était un morceau de mes textes qui n’appartenait qu’à moi... Que seul mon frère pouvait appréhender... Ce n’était qu’à moi, jusqu’à ce qu’arrive Reita...
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Histoire
2113
C’était un jour comme les autres, peut-être juste un peu plus venteux, et nous étions encore une fois au parc... Celui créé en souvenir de Shukumei... Je m’étais levé pour m’assurer que grand-mère était bien couverte, que tout allait bien, et une bourrasque m’avait volé quelques pages. Plutôt que de leur courir après, je les avais simplement regardé tournoyer comme l’auraient fait les feuilles d’un automne diaphane arrachées à un arbre. Quelques habitués des lieux me connaissant m’avaient ramené celles qu’ils avaient trouvées, puis était arrivé cet inconnu armé d’une basse et d’un sourire auquel je n’avais pu que répondre malgré que les puits noirs de mes yeux interrogateurs se heurtaient à ses lunettes de soleil. Si j’étais bien le Lyrics à qui appartenait la page qu’il détenait ? Oui... Il allait me la tendre, mais son attention s’était finalement reportée sur le papier et... Et à peine une minute plus tard, il esquissait sur son instrument la mélodie de mes lignes semblant pourtant sans queue ni tête. Quelques secondes en suspens, puis j’avais mêlé ma voix à ses notes... Pour la première fois, je me sentais réellement entendu... Réellement vu, et même peut-être compris... Une connexion s’était faite et nous ne nous étions plus quittés...
Les semaines avaient de nouveau filé durant lesquelles j’avais appris à connaître Reita qui, d’après lui, se remettait doucement à la musique après une longue pause. Je découvris à ses côtés ce que signifiait avoir un ami... Quelqu’un avec qui aller au cinéma, ou bien avec qui jouer aux jeux vidéo... Quelqu’un avec qui parler et rire de choses aussi stupides que profondes... Quelqu’un avec qui prendre des photos avait du sens, car les instants que nous partagions méritaient qu’on s’en souvienne... Quelqu’un avec qui partager la musique... Il était devenu ma “safe place”... Mon refuge...
Jusqu’au décès de grand-mère, à l’été de cette même année... Un temps, je disparus de la circulation et du parc, annonçant au musicien que je reviendrais vers lui dès que j’en aurais la possibilité et surtout la force. Mes parents et mon frère avaient fait le voyage pour être présents aux funérailles et, dans le cas de mon père, pour tenter de me convaincre de rentrer. Je lui avais opposé un non, malgré le sourire flottant sur mes lèvres qui exprimait autant ma peine que ma culpabilité... Que ma volonté... Je ne rentrerais pas aux États-Unis. Pas maintenant, et peut-être même jamais... Mon visa venait d’être renouvelé, j’avais encore du temps devant moi avant de prendre une décision définitive. Et je fis bien de rester, car la plus grande aventure de mon existence était sur le point de commencer sans que je n’en sache rien... Celle qui allait définitivement me métamorphoser et me permettre de m’épanouir...
L’automne s’achevait sans que j’aie remis un pied au parc. Aucune raison que je manque aux promeneurs ou bien aux pigeons, n’est-ce pas ? Et je voyais de nouveau régulièrement Reita qui m’apprenait à poser ma voix sur les airs qu’il jouait... Avec qui je composais, dans le calme de sa maison ou bien chez mon oncle. Rien qui sorte de l’ordinaire, jusqu’au jour où il débarqua chez moi et m’ordonna de me préparer le plus rapidement possible. Pourquoi ? Parce qu’on sortait. Il devait absolument m’emmener quelque part. Immédiatement !
Docile, je m’étais douché et avais attaché sur ma nuque mes cheveux qu’une modification génétique réalisée entre temps avait rendu aussi neigeux que l’avaient été ceux de grand-mère. J’avais envie et besoin de couleurs, constamment, et il m’avait semblé bien plus intelligent de passer définitivement du noir au blanc plutôt que de m'obstiner à les décolorer et à les abîmer. Je passai les vêtements que Kotaro m’avait fait acheter lors de notre dernière sortie en ville, et... Je fus prêt à sortir, même si je n’avais pas la moindre idée d’où il comptait me conduire...
Le parc... Ce même parc où j’avais mené grand-mère, jour après jour... Où j’avais écrit, jour après jour... Où nous nous étions rencontrés... J’aurais pu dire qu’il n’avait pas changé, mais il y avait ce jour-là foule et ce fut directement vers elle que me propulsa Reita. Trop de monde ! Je ne pouvais pas ! J’étouffais ! Mon ami me serrait contre lui, me promettant que nous y étions presque, me répétant que je devais tenir bon, et je hochais à peine la tête pour confirmer que je lui faisais confiance. Et finalement, l’espace et un podium... A en croire les affiches, visiblement, une maison de production faisait passer des auditions. Interdit, j’avais adressé un regard perdu à Reita qui m’avait de nouveau attiré en avant et vers les responsables qui avaient haussé un sourcil en nous voyant arriver vers eux. J’avais l’impression d’être un morceau de viande sur un étalage, et clairement pas le plus appétissant du rayon... Mais je percevais surtout et principalement leur fatigue et leur découragement. Compatissant, je leur avais offert un sourire et avais vu leurs expressions s’adoucir avant que l’un des deux ne balance la tête...
“Ouai, y’a du potentiel en “visuel”... Je vais pas dire le contraire... Mais t’as l’air de t’excuser d’exister et tu me semble pas bien épais... Tu sais danser ? J’avais ouvert grand les yeux, avant de balancer la tête... Non... Absolument pas ! Je pense pas que ça vaille le coup de le faire passer...
-Donne leur ton nom ! C’était Reita, encore... Il semblait content de lui, mais je ne savais absolument pas pourquoi... Qu’est-ce que mon nom pouvait changer ? Et, surtout, est-ce que j’avais envie que ça change quelque chose ? Décidant une nouvelle fois de croire en lui, je chuchotai à peine...
-Ji Kusaka...
-Enchanté... Vous pouvez vous joindre au public, on va bientôt commencer...
-Donne leur ton nom de plume, Ji... Un demi sourire fatigué... Je voulais juste rentrer chez moi...
-Je suis Lyrics... Sans doute avait-il voulu que je me souvienne de ce que j’aimais faire, écrire pour les gens ? C’était aimable de sa part, mais j’avais déjà pris sa main dans la mienne pour l’entraîner vers une zone moins densément occupée. La voix du responsable avait alors raisonné suffisamment fort pour me stopper dans mon élan...
-Les mecs ! On a trouvé Lyrics !
-Merde ! C’est pas vrai ! Où ?
-C’est lui ! Le visuel à côté du grand blond ! Trop d’émotions et de mouvements ! Je m’étais réfugié contre le flanc de Reita qui m’aidait à tenir debout. Une femme arriva soudainement et me dévisagea à son tour avant de relever le nez vers mon bouclier humain.
-Vous êtes son agent ?
-Nope, son ami... Reita, de “Blue Divide”... Le nom de son groupe commençait à se faire connaître, et il était évident qu’elle l’avait déjà entendu. J’étais fier de lui, mais je ne voyais vraiment pas ce que je faisais là...
-Il sait pas danser... Elle fit taire l’homme d’un mouvement de la main...
-Ça s’apprend ! Oubliez les recrues de l’année pour le moment, il est exactement ce qui manque à "Event Horizon”. Je connaissais ce groupe ! J’avais suivi leur formation à la télé, certaines des longues étapes de sélections et d’éliminations, et j’aimais assez l’énergie qu’ils dégageaient autant que la signature musicale des vieux morceaux qu’ils étudiaient pour composer leurs propres créations et bientôt les présenter si la chance leur souriait. Un véritable “show” était disponible sur internet dans lequel, à l’aide de multiples caméras, on pouvait les suivre dans leur dortoir et durant leurs entraînements... Leurs interactions... Mais ça ne changeait absolument rien à ma perplexité... Tu sais chanter ?
-...
-Donnez-lui juste un micro...”
Et tout s’était enchaîné très rapidement... Mon ami avait à peine eu le temps de m’expliquer qu’il avait pris la liberté d’envoyer certains de mes textes à cette maison de production en leur indiquant de “Venir chercher Lyrics au Hama Rikyu Garden”. Les responsables avaient répliqué qu’ils avaient été très intéressés par mes écrits et étaient venus, mais à les entendre leur visite datait du décès de grand-mère ce qui expliquait qu’ils ne m’aient pas trouvé. Le choix de faire ces auditions précisément dans ce parc était un peu une bouteille à la mer, selon eux... On m’avait demandé ce que je voulais chanter, et je n’avais pas su quoi répondre... Le premier homme rencontré m’avait alors tendu une feuille portant mon écriture. J’avais rédigé cette page pour sa fille, selon lui... Le texte parlait de son amant qui avait été uni à une autre et également du fait qu’elle lui souhaitait d’être heureux, de sa confiance en l’Incontestable... De son espoir qu’il lui trouve également son âme sœur... Reita avait emprunté une guitare, étudié mes lignes pendant quelques minutes, puis avait commencé à jouer... Encore une fois, il avait parfaitement déchiffré et compris la mélodie... Et j’avais chanté... Trouvant peu à peu ma voix dont les basses inattendues faisaient presque vibrer le sol maintenant qu’elles étaient amplifiées par les enceintes...
J’étais reparti en leur promettant de les recontacter dans la semaine...
...
Le début d’un conte de fées, n’est-ce pas ? Pas vraiment, non...
Il m’avait fallu un certain temps pour me décider mais, lorsque ça avait été chose faite, il avait suffi d’un échange de mails pour qu’un rendez-vous soit posé dès le lendemain en milieu d’après-midi. Kotaro m’avait conduit là-bas mais s’était vu refuser l’entrée en des termes très peu aimables. Une série d’appels avait dû être passée un peu partout dans le bâtiment et, après à peu près une demi-heure d’attente à l’extérieur, quelqu’un finit par admettre que... Et bien, oui... Ji Kusaka avait bel et bien rendez-vous... Mais avec tout cela, l’heure était passée et ils avaient autre chose à faire. Je pouvais entrer, mais aucune idée de quand ils pourraient se libérer... J’avais retenu Kotaro, déjà en train de s’énerver, et lui avait assuré que tout était pour le mieux. Ce n’était de toute façon pas comme si j’avais à ce point envie d’entrer dans un groupe, après tout... Mais j’allais rester et patienter car je l’avais promis aux personnes que j’avais rencontré au parc... Et surtout à Reita...
Une heure passa ainsi... Puis deux... Trois... J’observais les gens aller et venir, pressés, ne me prêtant que très peu d’attention. Ça me convenait... Casque sur les oreilles, j’étais dans mon monde. De fait, je ne répondis pas immédiatement lorsqu’on m’appela et ce fut une secrétaire agacée que je la ralentisse qui vint finalement directement me chercher avant de m’entraîner vers un bureau où je retrouvai la femme croisée la veille assise au milieu d’un groupe d’étrangers qui représentaient probablement les décisionnaires de la boîte. Je m’inclinai tandis qu’elle me présentait... Attendis qu’on m’indique si et où je pouvais m’asseoir...
La conversation fut longue et usante en cela que leurs mots et les humeurs qu’ils me renvoyaient ne coïncidaient pas toujours. J’entendais que c’était une occasion en or qu’on m’avait offerte, mais que je n’avais pas eu la courtoisie d’arriver à l’heure... Que oui, effectivement, mes textes n’étaient pas mauvais, mais qu’on ne comprenait absolument rien à mes partitions... Qu’il était évident que je n’avais jamais fait de sport de ma vie et que je serais un boulet sur scène... Mais, encore une fois, ils voulaient bien me donner ma chance si j’acceptais de leur céder les droits sur ce que j’écrivais... Et ceci, et cela... J’écoutais... Jusqu’à ce que le seul visage connu, qui appartenait à celle qui s’était finalement présentée comme Hanae Takahata, se décide à leur demander de me laisser m’exprimer... Ce que je fis...
Tout du long de “l’entretien”, j’avais écrit car je savais que je serais incapable de parler pour moi une fois mon tour venu... Incapable de trouver mes mots... Aussi, j’avais simplement lu ce que j’avais posé sur le papier comme lorsque j’étais au parc... Le fait que je n’étais venu que pour honorer un engagement et que ce que j’écrivais appartenait à ceux qui me racontaient leurs douleurs et leurs joies. Que je ne pensais pas avoir ma place ici, même si la possibilité d’aider les gens avec mes mots et au travers de mes chansons aurait pu donner du sens à ma vie... Le fait que j’avais déjà été trop utilisé pour vouloir retomber dans ce schéma... Que je souhaitais, sincèrement, toute la réussite possible à “Event Horizon” que j’avais pris le temps d’un peu plus regarder entre temps. Je pointais même du bout des mots, et sans donner de nom, les insécurités et les doutes que j’avais vu sur leurs traits... Ce qui les freinait, selon mon ressentis... Leur souhaitant de parvenir à dépasser la fatigue physique et émotionnelle... Espérant qu’ils allaient réussir à se trouver un réel esprit de groupe, car je ne les sentais pas encore capable de se faire confiance les uns aux autres...
C'était fait sans la musique, simplement récité, même si ma voix suivait parfois d’elle-même des inflexions étranges et grondantes... Lorsque j’avais évoqué la peine visible d’un des membres, notamment, et qu’une rage sourde était venue faire vibrer mes basses comme en protestation. Merci, mais non merci en somme... Je savais déjà que j’allais être congédié, commençais même à me lever, lorsque l’un des plus jeunes hommes de l’assemblée - qui n’était pas intervenu et avait jusque-là semblé à peine intéressé par ce que disaient ses collègues -, se leva et me rejoignit pour prendre ma feuille que je lui abandonnai sans protester. Entre ses lunettes sombres et son masque qui l’était tout autant, il était reposant à regarder car il ne m'imposait aucune intention, aucune émotion. Finalement, il reposa la feuille devant moi en pointant un passage du doigt... Précisément celui sur lequel j’avais tremblé...
“Chante ce morceau... Je n’émis pas un son, pris au dépourvus par sa demande, aussi il réitéra en suivant mes lignes du doigt car le paragraphe réclamé en était effectivement accompagné. Si j’ai bien compris, ça, c’est ta musique... Je voudrais t’entendre chanter... S’il te plait...”
Ça ne me coûtait rien, et si ça pouvait lui faire plaisir... Lui adressant un sourire bancal, je me levai avant de reprendre les vers réclamés, cette fois-ci en y mettant tout ce que j’avais... Ce que Reita m’avait enseigné pour que je pose correctement mon souffle et mes notes, mais également toutes les émotions que je prêtais à la personne dont j’exprimai la souffrance... Cela ne dura même pas trente secondes, le texte était très court... Mais quand j’en terminai, m’inclinant de nouveau pour partir, la voix du jeune homme résonna de nouveau alors qu’il posait sa main sur ma tête de façon étonnement réconfortante.
“Il vient de pondre ça devant vous alors que vous étiez en train de le rabaisser autant que possible pour l’avoir au rabais... Si j’ai bien compris, il ne sait pas danser... On s’en fout, il apprendra... Mais entre ses basses, ses textes et ce qu’il dégage... Je le vis balancer la tête avant de s’adresser à Takahata-san... Boss... Je l’emmène voir les gars... Essayez de lui rédiger un contrat correct... Ses doigts froissèrent mes mèches neigeuses avant qu’il n’ajoute... Et toi, tu signes rien avant d’avoir tout montré à un avocat ! Viens...”
Je ne l’avais pas reconnu, avec ses lunettes et son masque, mais cet homme au caractère définitivement plus trempé que le mien était le membre du groupe le mieux placé pour devenir le leader de “Event Horizon”...Ukyo... Précisément celui qui avait inspiré les quelques lignes qu’il m’avait fait chanter. Il n’avait pas du tout apprécié le “reality check”, mais... D’après lui, j’étais effectivement la pièce manquante de leur groupe... Autant en terme artistique, qu’en terme de “lien” même si je ne compris pas sur le moment ce qu’il voulait dire...
Il nous fit sortir par l’arrière, loin des potentiels photographes, et nous fit entrer dans une voiture dont il abandonna la conduite à un chauffeur. Le silence régna un temps, et il était évident qu’il était encore en train de digérer ce que j’avais pu dire sur lui et de ses collègues, avant que je ne me décide à demander.
“Je suis désolé, mais... Mon cousin... Quand...? Il eut un semblant de rire avant de reporter son attention sur moi.
-Tu es définitivement plus doué à l’écrit, hein? C’était la réalité, et j’étais heureux qu’il l’ait compris. Plutôt que de me vexer, je lui offris ce sourire qui – d'après ma grand-mère - semblait accepter tout et tout le monde et attendrir les cœurs les plus secs avant de hocher la tête...
-J’ai... J’ai grandi isolé... Il soupira avant de se tourner vers moi...
-Ouai... Bah désolé de te dire que si tu signes, tu vas en chier. Entre les interviews, les talk-shows, les bains de foule, les centaines de personnes qui vont te dire quoi porter, quoi dire ou ne pas dire, comment te comporter, où aller, qui voir, qui ne pas voir... A son tour, son visage se détendit et il m’adressa un premier vrai sourire qui ne fit qu’agrandir le mien. Je “sentais” que prendre soin des gens était dans sa nature... Que c’était son côté protecteur qui le faisait souffrir, car il ne parvenait pas à unifier le groupe... Mon regard plongé dans le sien, j’étais déjà en train de sortir mes feuilles et mon crayon mais m’arrêtai d’un coup pour me mordre la lèvre et baisser le regard. Pour la peine, il éclata vraiment de rire... Alors c’est comme ça que tu fonctionnes ? Il froissa ses cheveux qu’un styliste avait probablement passé des heures à couper à la perfection... Vas-y... Écris si ça peut t’aider... Ça sera plus simple pour te présenter aux autres...”
Et j’avais donc recommencé à écrire tout en l’écoutant parler de son expérience en tant que futur idol, si le groupe parvenait à faire ses débuts. Cela faisait déjà plus de deux ans qu’ils vivaient ensemble, travaillaient ensemble... Que chacun de leur geste était enregistré, monitoré, jugé, rectifié... Ce qu’ils mangeaient, à quelle heure ils se réveillaient et se couchaient... Les longues heures d’entraînement pour apprendre les chorégraphies et trouver l'explosivité nécessaire pour offrir un véritable spectacle... Le coaching vocal, également... Les cours pour apprendre à ne surtout pas cligner des yeux devant les flashs et comment passer du “face card” au “guy next door”... Du “red flag” au “boyfriend material”... Le fan service... Il grogna en abordant ce point, avant de préciser...
“Est-ce que tu as enregistré le mot “visuel” quand ils parlaient de toi pendant la réunion ? J’acquiesçai, même si je ne comprenais toujours pas ce que cela pouvait signifier. Il éclaira ma lanterne. C’est simple... Ça veut dire que tu vas principalement être vendu sur ton physique et ce que tu dégages. Au moins à l’origine et jusqu’à ce que les gens percutent que les notes caverneuses qu’ils entendent viennent de toi, alors qu’on t’imagine bien plus facilement dans un registre clair et éthéré quand on te voit. Ça me fait chier de le dire, car j’avais décidé que je voulais pas de toi, mais... Sa main se posa sur ma tête et ébouriffa de nouveau mes cheveux... J’avais comme l’impression qu’il faisait souvent ça et l’idée me fit rire... Ouai, c’est ce que je voulais dire... Tu as à la fois quelque chose de très mélancolique et éthéré, mais également une luminosité pas possible, le tout allié à l’effet de surprise de ton timbre... Même notre rappeur ne va pas pouvoir te faire la gueule plus d’une heure ou deux. Pourtant, Haku est résistant et n’apprécie pas du tout l’idée qu’on ajoute à l’équipe déjà construite quelqu’un qui saute dans le train en marche et qui va pas se taper toutes les étapes de sélection. Faut que tu aies conscience qu’on sera six avec toi, mais qu’à la base on était plus d’une bonne centaine et qu’on a perdu plusieurs mecs qui auraient eu leur place. Auxquels on s’était attachés. Tu comprends ? Je hochai la tête, continuant d’écrire... Bref... Tout ça pour dire que les journalistes vont vouloir te parler en priorité pour comprendre ton arrivée, que les photographes vont te mitrailler, que des fans t’imagineront des vies et écriront des fanfictions et des textes en utilisant ta tête comme support. (Boom le 4eme mur !) Et je suis presque certain que vu ton côté androgyne, on va te demander de faire planer le doute sur tes orientations, voir même réclamer de toi et de l’un d’entre nous qu’on “se rapproche” pour laisser courir l’imagination des fans sur l’idée d'un couple interdit et/ou des jalousies... Des espoirs de mariage... C’est courant dans le milieu... On ne s’appartient pas vraiment, une fois qu’on a signé... C’est pour ça que je te dis d’aller voir un avocat avec ton contrat ! Surtout pour les droits sur tes textes, ok ? Ça faisait énormément d’informations d’un coup, mais j’opinai à nouveau. Non pas que j’avais décidé d’accepter de me joindre à "Event Horizon", mais... Avec un leader comme lui ? Pourquoi pas ? L‘idée semblait même plutôt bonne... Bien... C’était que les grandes lignes, mais on arrive... Tu pourras dormir ici ce soir, on filme pas en ce moment...” Après plus d’une heure de route, nous étions arrivés à leur dortoir et j’envoyai un message à Kotaro pour lui indiquer que je n’avais pas besoin qu’il vienne me chercher pour le moment...
Les quatre autres membres du groupe étaient occupés à manger lorsque nous arrivâmes, et je me fis clairement l’impression d’être un cheveu tombé dans la soupe. Ils n’étaient clairement pas ravis de me voir, et je devinai d’entrée de jeu qui était le “rappeur” évoqué plus tôt. Je m’inclinai, alors que mon guide me présentait rapidement aux autres... “Voici Lyrics... Ji Kusaka... Il va rester avec nous ce soir et plus longtemps s’il accepte de signer le contrat... Ils me donnèrent leurs noms, pseudo et position au sein de « Event Horizon » à leur tour, de plus ou moins bon cœur et sans quitter leur leader des yeux. Ce dernier soupira, posa de nouveau sa main sur ma tête avant de déclarer... Sérieusement, les gars... Je vous promets que ça vaut la peine de lui donner une chance, et vous savez que j’étais pas chaud à la base... Donne-moi ce que tu as écris dans la voiture, Ji... Je lui adressai un regard surpris auquel il répondit d’un sourire... Je sais que j’ai pas lu... Et je sais que ça parle de moi... Et je sais que ça va piquer... S’il savait, alors... Je lui donnai mes quelques paragraphes et, sans même les parcourir, il les apporta à ses partenaires en m’invitant à avancer et à m’installer à ses côtés pour pouvoir manger... Lisez ça... Les feuilles passèrent de main en main et, petit à petit, je sentis l’atmosphère de la pièce changer. Pas seulement ce qu’ils pensaient de moi, mais également leur perception d'Ukyo dont j’avais exposé plus en profondeur toutes les inquiétudes et tout l’attachement à ce projet... A chacun d’entre eux, car il avait ébauché leurs personnalités durant le voyage... Finalement, le verdict tomba. Je pouvais rester et prendre la température avant de me décider. Un nouveau sourire arqua mes lèvres...
-Merci à vous... Ils relevèrent tous brusquement le nez pour me dévisager en m’entendant, avant de tourner leur regard vers mon voisin de table...
-Oui, j’ai oublié de préciser qu’il savait aussi chanter et qu’on aurait la meilleure basse de tous les groupes sur le marché s’il nous rejoint... Je baissai la tête, gêné... Par contre, il ne sait absolument pas danser...” Cette dernière réplique me fit finalement exploser de rire car je l’avais un peu trop entendu ces derniers jours... Un rire auquel tous se joignirent malgré les grognements de certains. Si je me décidais à les rejoindre, je n’aurais pas d’autres choix que de me donner à mon maximum...
...
La soirée s’était finalement plutôt bien passée, peut-être car je n’arrivais pas en conquérant avec mes gros sabots – comme ils l’avaient redouté - mais avec une énorme dose d’humilité qui les avait pris au dépourvu. Lorsque je ne mangeais pas, car ils ne cessaient de me servir et resservir sous prétexte que je n’avais que la peau sur les os et qu’il allait me falloir de l’énergie pour me construire le physique nécessaire, je reprenais mes papiers et mes stylos. J’écoutais et écrivais, comme toujours... Pour finir, un futon fut installé dans le salon avant qu’ils ne partent se coucher les uns après les autres. Je ne dormis pas cette nuit-là, ou bien très peu. Je passai mes heures à réfléchir mais également à regarder des Tik Tok de leurs séances d’entraînements, des rires qu’ils partageaient... Des blagues bon enfant... Des mains qui se tendaient comme pour demander de l’aide ou de l’attention - en offrir - sans encore oser se permettre d’entrer en contact les uns avec les autres... J’avais envie de les aider, si je le pouvais... A ma façon... Le lendemain, avant de partir, je leur avais remis le travail de ma nuit dont témoignaient les cernes sous mes yeux... Je les remerciai de tout ce que j’avais appris d’eux, et à travers eux, la veille...
“Je n’ai pas encore signé de contrat, mais c’est pour vous... Si vous voulez utiliser ces textes, ils sont à vous... Et si vous voulez juste les garder pour vous ou bien les brûler, et bien...”
Sans surprise, le leader avait encore une fois ébouriffé mes cheveux... Une main fut à peine tendue qui ne resta, cette fois-ci, pas sans réponse. J’avais capturé les doigts de Sanosuke, le premier danseur, les avais serrés avant de sourire. Un rire partagé... Et suffisamment de tapes dans le dos pour me déboîter une épaule. Même Haku me souffla un “A bientôt, Lyrics...”.
2114
J’avais fait lire le contrat proposé à Reita, ainsi qu’à mon frère qui avait été particulièrement surpris de mes intentions mais m’avait soutenu et l’avait décortiqué en compagnie des meilleurs juristes de l’entreprise familiale. Ils m’avaient fait réclamer certaines modifications, ajouter d’autres points... Mais la productrice me semblait vraiment avoir fait d’énormes concessions qui n’avaient pas dû plaire à ses collègues notamment en ce qui concernait mes textes. Uniquement ceux rédigés en séance de composition appartiendraient de facto à leur maison de production et seraient de toute façon crédités de mon nom. Parmi leurs exigences, un droit de rétractation et d’annulation du contrat - si je ne parvenais pas à me hisser au niveau de danse des autres membres - ainsi que l’obligation de prendre la nationalité Japonaise et d’accepter l’implantation de la puce. Ayant déjà décidé de donner tout ce que j’avais et ayant pour projet de longue date de me faire naturaliser, cela me convenait... Mes propres réclamations ? Le droit de continuer à composer avec et pour d’autres artistes – il était hors de question que j’abandonne mes sessions avec Reita... Un soutien psychologique indépendant de leurs services disponible pour tous les membres... Et une carte “libéré de prison” qui me permettrait de partir aux U.S.A. en urgence si besoin et sans qu’ils puissent s’y opposer... Valable pour le moment une fois uniquement, et dont j’espérais ne jamais avoir l’utilité...
...
Mon arrivée “officielle” dans le dortoir et au sein du groupe fut un véritable événement commenté à n’en plus finir, et pas toujours de façon très aimable, par les groupes de fans de « Event Horizon ». Je lisais certaines insultes et moqueries envoyées sur les profils officiels qu’on m’avait fait ouvrir et pour lesquels j’allais devoir apprendre à créer du contenu. J’étais simplement rassuré car il y avait, pour le moment, des écrans entres nous... Je me concentrais sur les messages de ceux qui encourageaient les autres à me donner ma chance... Jusqu’à ce qu’un premier commentaire, particulièrement salé et provenant d’une groupie d’un ancien membre “potentiel” ayant été éliminé, me mette réellement dans le mal...
J’étais en livecam dans ma chambre – un exercice plus ou moins imposé par la maison de production pour créer du lien avec la communauté des fans - lorsque je l’avais lu. J’avais immédiatement senti mes émotions me submerger, mes larmes se mettre à couler alors qu’on m’avait bien recommandé de toujours garder le sourire en particulier lorsque je pouvais être enregistré... Mais là... La fatigue accumulée depuis mon arrivée dans le groupe, la tension constante et les accusations proférées m’avaient réellement fait mal...
Croyez-le ou non - même si les vidéos tournées de façon simultanée par mes camarades en témoignent - mais mes quelques soutiens de la première heure s’étaient précipités sur les lives des autres membres du groupe pour leur faire part de l’incident. Le mouvement qui avait suivi, alors que tous les cinq quittaient leurs propres ordinateurs et portables dans la précipitation - et même en tombant dans le cas de Soshiro, connu pour sa maladresse – pour débarquer les uns après les autres dans ma chambre et me prendre dans leurs bras en m’assurant que tout allait bien se passer devint l’un des instants fondateurs de « Event Horizon »... Les montages et les fan arts faits à partir des enregistrements de l’incident devinrent même viraux... J’étais devenu un membre à part entière, simplement du fait que leur soutien s’était exprimé de façon aussi évidente et spontanée. J’étais devenu “le petit frère préféré de leur biais” qu’ils devaient protéger contre les méchants... C’était touchant, mais... Je me devais de donner une réponse officielle aux accusations...
Ce fut fait deux jours plus tard, lors d’un talk-show où nous devions nous présenter... On m’avait placé au centre du premier rang. Seule la main d'Ukyo sur mon épaule et le contact volontaire de la jambe d’Haku, assis à mes côtés, me tenaient droit. C’était une première épreuve et ce n’était rien en comparaison de ce qui m’attendait dans le futur, du moins c’était ce dont je tâchais de me convaincre... Lorsque la présentatrice s’adressa à moi, elle en vint immanquablement à l’incident en ligne...
“Lyrics! Vous avez récemment été accusé de consommation de drogue... On peut effectivement voir, sur ces images, que vos creux de coudes et poignets semblent régulièrement malmenés. Il semblerait également que vous ayez été régulièrement vu, à l’hôpital, en compagnie d’un infirmier reconnaissable à ses longs cheveux roses. Certains assurent qu’il serait votre dealer... Qu’avez-vous à répondre à ces accusations ? Elle n’y était pas allée par quatre chemins mais, heureusement pour moi, j’avais eu le temps de préparer ce que je comptais dire... Commençant par retirer ma veste, je présentai effectivement aux caméras les bleus, traces de piqûres et pansements. Vous avez conscience que ceci représente plus un aveu qu’une défense... Je lui avais adressé un sourire avant de balancer la tête...
-Je voulais simplement démontrer que les images que vous avez diffusées ne sont pas un photomontage mal intentionné... Je pris une profonde inspiration, avant de reprendre... Je m’apprête à vous faire part d’informations très personnelles me concernant dont je n’ai pas encore parlé ni à nos producteurs, ni à mes collègues de "Event Horizon"... Je sentis la main du leader se contracter sur mon épaule, inquiet, mais poursuivis. Je ne compte pas faire de secret sur ma condition médicale, car mon cas a été documenté dans des publications scientifiques et qu’il est donc assez facile de se renseigner... J’ai un frère aîné, qui est né doté d’un groupe sanguin particulièrement rare nommé Bombay (hh)... Dans le monde, seuls quelques dizaines de milliers de personnes en sont porteurs et ne peuvent recevoir que ce type de sang très spécifique en cas d’urgence. Mon frère est également né souffrant d’une seconde maladie génétique particulièrement handicapante, et multipliant les besoins de transfusions, qui pouvait éventuellement être corrigée par une greffe de sang ombilicale... Étant donné la rareté de son groupe, il n’y avait qu’une solution... La création d’un “bébé médicament”... Moi... Le silence s’était fait sur le plateau, mes amis me regardaient et le choc se lisait sur leurs visages. Même la journaliste semblait touchée...
-Vous voulez dire que... Vous même possédez ce groupe sanguin ? Je hochai la tête...
-C’est ça... Et à ma connaissance, je suis le seul Bombay (hh) au Japon... Ce qui me contraint à régulièrement aller à l’hôpital, voir l’infirmier que vous avez mentionné et qui est au courant de ma situation et de celle de ma famille, afin qu’il me prélève de quoi pouvoir me faire une autotransfusion en cas de besoin car du O négatif me tuerait plus rapidement encore que l’hémorragie elle-même... Je secouai doucement la tête de gauche à droite. Le sang ne se garde qu’un mois, d’où la répétition des prélèvements même si je ne donne jamais “autant” qu’une personne venant tous les trois mois. Juste assez pour permettre de gagner un peu de temps et de me sauver, ou de sauver quelqu’un d’autre en cas de besoin... Mon frère, par exemple... Je suis désolé de ne pas m’en être ouvert plus tôt et que cela ait causé autant de complications et de problèmes à tout le monde...” Je me levai pour m’incliner devant la caméra et le public regardant l’émission... Puis devant la journaliste... Et enfin devant les autres membres de « Event Horizon » qui se levèrent immédiatement pour, une nouvelle fois, m’apporter leur soutien. Je “savais” qu’il y avait sûrement du surjeu dans leurs réactions, ayant suivi les mêmes cours qu’eux concernant le fait de jouer avec les caméras, l’ambiance et les sentiments des spectateurs, mais tous les mots de réconfort qu’ils m’adressèrent n’étaient que pour mes oreilles... Et leurs larmes étaient réelles, tout comme les miennes...
...
Une nouvelle clause fut inscrite au contrat, le fait que je devais toujours avoir avec moi une poche de sang lors de mes déplacements, et je me fis passer un sacré savon pour avoir lâché ces informations en direct à la télévision sans en avoir discuté avant avec mes managers. On menaça de me radier du groupe... Mais, au final, l’incident n’avait fait que déclencher un immense mouvement de sympathie et les stats de likes et de viewers de tous les membres étaient montés en flèche, le mien en premier... La mise à pied fut donc transformée en un check-up médical complet, et tout pu reprendre son cours... Du moins, une fois passée une sévère mise au point avec Reita qui avait tous les droits de m’en vouloir... Depuis, je portais également en permanence un bracelet d'argent annonçant mon groupe sanguin... Juste au cas où...
...
Pour me faire pardonner, je me jetai totalement dans ce qui représentait mon point le plus faible, à savoir mon physique et mes pas de danse. J’avais la chance d’apprendre vite, aussi les chorégraphies étaient-elles assez vite enregistrées... Le problème était de parvenir à les reproduire sans perdre mon souffle afin de pouvoir lâcher mes lignes une fois mon tour venu. Je savais déjà que je ne serais jamais aussi physiquement imposant que mes collègues, ma carrure n’était pas faite pour ça, mais avec l’aide de Sanosuke je parvins à gagner en endurance de façon progressive. J’avais encore d’énormes progrès à faire, mais... Enfin... Je faisais de mon mieux, passant même de longues heures supplémentaires dans le studio de danse à répéter... Et répéter... Et répéter... Généralement jusqu’à ce qu’un des gars se décide à quitter sa chambre, vienne me jeter sur son épaule, et aille me caler sous la douche puis au lit... C’était même devenu un running gag que les fans attendaient, alors... Pourquoi se priver ?
Fin 2114 je fus enfin pucé, ce qui signifiait que je pourrais participer aux prochaines élections dans la mesure où j’avais manqué les plus récentes... J’étais prêt... Nous l’étions tous, et la date de sortie de notre premier morceau était même posée ! Nous étions tous impatients... Jusqu’à ce que la nouvelle tombe... Les reins de Katsuki, qui allait de moins en moins bien et auquel j’avais dû envoyer autant de sang que possible ces derniers mois, avaient finalement lâché l’un après l’autre... Mon père me suppliait de lui venir en aide... C’était le moment d’utiliser ma fameuse carte “libéré de prison”, mais... Ce n’était vraiment pas le moment... Le temps que je sois en état d’assurer de nouveau, il me faudrait un minimum de deux mois sans compter la remise à niveau... La question se posa de savoir si les premiers morceaux et scènes devaient être lancés et faites sans moi, mais la réponse du groupe fut unanime...
“On t’attendra, Ji... Il n’y aurait jamais eu de "Event Horizon" sans toi...”
Une émission fut tournée pour expliquer la situation à nos fans et, malgré la déception, la grande majorité d’entre eux loua notre décision et promit de nous attendre... (Voir « Caractère »)
2115
Lorsque nous pûmes finalement faire officiellement nos débuts, le retour du public qui avait suivi nos hauts et nos bas fut absolument hallucinant. S’il y avait bien des commentaires négatifs par dizaines, il y avait surtout des encouragements par milliers... Nous n’aurons jamais terminé de nous perfectionner, d’évoluer, de grandir... Mais au-delà du travail, nous allions également pouvoir commencer à réellement avoir un impact... Et à vivre...
C’était un jour comme les autres, peut-être juste un peu plus venteux, et nous étions encore une fois au parc... Celui créé en souvenir de Shukumei... Je m’étais levé pour m’assurer que grand-mère était bien couverte, que tout allait bien, et une bourrasque m’avait volé quelques pages. Plutôt que de leur courir après, je les avais simplement regardé tournoyer comme l’auraient fait les feuilles d’un automne diaphane arrachées à un arbre. Quelques habitués des lieux me connaissant m’avaient ramené celles qu’ils avaient trouvées, puis était arrivé cet inconnu armé d’une basse et d’un sourire auquel je n’avais pu que répondre malgré que les puits noirs de mes yeux interrogateurs se heurtaient à ses lunettes de soleil. Si j’étais bien le Lyrics à qui appartenait la page qu’il détenait ? Oui... Il allait me la tendre, mais son attention s’était finalement reportée sur le papier et... Et à peine une minute plus tard, il esquissait sur son instrument la mélodie de mes lignes semblant pourtant sans queue ni tête. Quelques secondes en suspens, puis j’avais mêlé ma voix à ses notes... Pour la première fois, je me sentais réellement entendu... Réellement vu, et même peut-être compris... Une connexion s’était faite et nous ne nous étions plus quittés...
Les semaines avaient de nouveau filé durant lesquelles j’avais appris à connaître Reita qui, d’après lui, se remettait doucement à la musique après une longue pause. Je découvris à ses côtés ce que signifiait avoir un ami... Quelqu’un avec qui aller au cinéma, ou bien avec qui jouer aux jeux vidéo... Quelqu’un avec qui parler et rire de choses aussi stupides que profondes... Quelqu’un avec qui prendre des photos avait du sens, car les instants que nous partagions méritaient qu’on s’en souvienne... Quelqu’un avec qui partager la musique... Il était devenu ma “safe place”... Mon refuge...
Jusqu’au décès de grand-mère, à l’été de cette même année... Un temps, je disparus de la circulation et du parc, annonçant au musicien que je reviendrais vers lui dès que j’en aurais la possibilité et surtout la force. Mes parents et mon frère avaient fait le voyage pour être présents aux funérailles et, dans le cas de mon père, pour tenter de me convaincre de rentrer. Je lui avais opposé un non, malgré le sourire flottant sur mes lèvres qui exprimait autant ma peine que ma culpabilité... Que ma volonté... Je ne rentrerais pas aux États-Unis. Pas maintenant, et peut-être même jamais... Mon visa venait d’être renouvelé, j’avais encore du temps devant moi avant de prendre une décision définitive. Et je fis bien de rester, car la plus grande aventure de mon existence était sur le point de commencer sans que je n’en sache rien... Celle qui allait définitivement me métamorphoser et me permettre de m’épanouir...
L’automne s’achevait sans que j’aie remis un pied au parc. Aucune raison que je manque aux promeneurs ou bien aux pigeons, n’est-ce pas ? Et je voyais de nouveau régulièrement Reita qui m’apprenait à poser ma voix sur les airs qu’il jouait... Avec qui je composais, dans le calme de sa maison ou bien chez mon oncle. Rien qui sorte de l’ordinaire, jusqu’au jour où il débarqua chez moi et m’ordonna de me préparer le plus rapidement possible. Pourquoi ? Parce qu’on sortait. Il devait absolument m’emmener quelque part. Immédiatement !
Docile, je m’étais douché et avais attaché sur ma nuque mes cheveux qu’une modification génétique réalisée entre temps avait rendu aussi neigeux que l’avaient été ceux de grand-mère. J’avais envie et besoin de couleurs, constamment, et il m’avait semblé bien plus intelligent de passer définitivement du noir au blanc plutôt que de m'obstiner à les décolorer et à les abîmer. Je passai les vêtements que Kotaro m’avait fait acheter lors de notre dernière sortie en ville, et... Je fus prêt à sortir, même si je n’avais pas la moindre idée d’où il comptait me conduire...
Le parc... Ce même parc où j’avais mené grand-mère, jour après jour... Où j’avais écrit, jour après jour... Où nous nous étions rencontrés... J’aurais pu dire qu’il n’avait pas changé, mais il y avait ce jour-là foule et ce fut directement vers elle que me propulsa Reita. Trop de monde ! Je ne pouvais pas ! J’étouffais ! Mon ami me serrait contre lui, me promettant que nous y étions presque, me répétant que je devais tenir bon, et je hochais à peine la tête pour confirmer que je lui faisais confiance. Et finalement, l’espace et un podium... A en croire les affiches, visiblement, une maison de production faisait passer des auditions. Interdit, j’avais adressé un regard perdu à Reita qui m’avait de nouveau attiré en avant et vers les responsables qui avaient haussé un sourcil en nous voyant arriver vers eux. J’avais l’impression d’être un morceau de viande sur un étalage, et clairement pas le plus appétissant du rayon... Mais je percevais surtout et principalement leur fatigue et leur découragement. Compatissant, je leur avais offert un sourire et avais vu leurs expressions s’adoucir avant que l’un des deux ne balance la tête...
“Ouai, y’a du potentiel en “visuel”... Je vais pas dire le contraire... Mais t’as l’air de t’excuser d’exister et tu me semble pas bien épais... Tu sais danser ? J’avais ouvert grand les yeux, avant de balancer la tête... Non... Absolument pas ! Je pense pas que ça vaille le coup de le faire passer...
-Donne leur ton nom ! C’était Reita, encore... Il semblait content de lui, mais je ne savais absolument pas pourquoi... Qu’est-ce que mon nom pouvait changer ? Et, surtout, est-ce que j’avais envie que ça change quelque chose ? Décidant une nouvelle fois de croire en lui, je chuchotai à peine...
-Ji Kusaka...
-Enchanté... Vous pouvez vous joindre au public, on va bientôt commencer...
-Donne leur ton nom de plume, Ji... Un demi sourire fatigué... Je voulais juste rentrer chez moi...
-Je suis Lyrics... Sans doute avait-il voulu que je me souvienne de ce que j’aimais faire, écrire pour les gens ? C’était aimable de sa part, mais j’avais déjà pris sa main dans la mienne pour l’entraîner vers une zone moins densément occupée. La voix du responsable avait alors raisonné suffisamment fort pour me stopper dans mon élan...
-Les mecs ! On a trouvé Lyrics !
-Merde ! C’est pas vrai ! Où ?
-C’est lui ! Le visuel à côté du grand blond ! Trop d’émotions et de mouvements ! Je m’étais réfugié contre le flanc de Reita qui m’aidait à tenir debout. Une femme arriva soudainement et me dévisagea à son tour avant de relever le nez vers mon bouclier humain.
-Vous êtes son agent ?
-Nope, son ami... Reita, de “Blue Divide”... Le nom de son groupe commençait à se faire connaître, et il était évident qu’elle l’avait déjà entendu. J’étais fier de lui, mais je ne voyais vraiment pas ce que je faisais là...
-Il sait pas danser... Elle fit taire l’homme d’un mouvement de la main...
-Ça s’apprend ! Oubliez les recrues de l’année pour le moment, il est exactement ce qui manque à "Event Horizon”. Je connaissais ce groupe ! J’avais suivi leur formation à la télé, certaines des longues étapes de sélections et d’éliminations, et j’aimais assez l’énergie qu’ils dégageaient autant que la signature musicale des vieux morceaux qu’ils étudiaient pour composer leurs propres créations et bientôt les présenter si la chance leur souriait. Un véritable “show” était disponible sur internet dans lequel, à l’aide de multiples caméras, on pouvait les suivre dans leur dortoir et durant leurs entraînements... Leurs interactions... Mais ça ne changeait absolument rien à ma perplexité... Tu sais chanter ?
-...
-Donnez-lui juste un micro...”
Et tout s’était enchaîné très rapidement... Mon ami avait à peine eu le temps de m’expliquer qu’il avait pris la liberté d’envoyer certains de mes textes à cette maison de production en leur indiquant de “Venir chercher Lyrics au Hama Rikyu Garden”. Les responsables avaient répliqué qu’ils avaient été très intéressés par mes écrits et étaient venus, mais à les entendre leur visite datait du décès de grand-mère ce qui expliquait qu’ils ne m’aient pas trouvé. Le choix de faire ces auditions précisément dans ce parc était un peu une bouteille à la mer, selon eux... On m’avait demandé ce que je voulais chanter, et je n’avais pas su quoi répondre... Le premier homme rencontré m’avait alors tendu une feuille portant mon écriture. J’avais rédigé cette page pour sa fille, selon lui... Le texte parlait de son amant qui avait été uni à une autre et également du fait qu’elle lui souhaitait d’être heureux, de sa confiance en l’Incontestable... De son espoir qu’il lui trouve également son âme sœur... Reita avait emprunté une guitare, étudié mes lignes pendant quelques minutes, puis avait commencé à jouer... Encore une fois, il avait parfaitement déchiffré et compris la mélodie... Et j’avais chanté... Trouvant peu à peu ma voix dont les basses inattendues faisaient presque vibrer le sol maintenant qu’elles étaient amplifiées par les enceintes...
J’étais reparti en leur promettant de les recontacter dans la semaine...
...
Le début d’un conte de fées, n’est-ce pas ? Pas vraiment, non...
Il m’avait fallu un certain temps pour me décider mais, lorsque ça avait été chose faite, il avait suffi d’un échange de mails pour qu’un rendez-vous soit posé dès le lendemain en milieu d’après-midi. Kotaro m’avait conduit là-bas mais s’était vu refuser l’entrée en des termes très peu aimables. Une série d’appels avait dû être passée un peu partout dans le bâtiment et, après à peu près une demi-heure d’attente à l’extérieur, quelqu’un finit par admettre que... Et bien, oui... Ji Kusaka avait bel et bien rendez-vous... Mais avec tout cela, l’heure était passée et ils avaient autre chose à faire. Je pouvais entrer, mais aucune idée de quand ils pourraient se libérer... J’avais retenu Kotaro, déjà en train de s’énerver, et lui avait assuré que tout était pour le mieux. Ce n’était de toute façon pas comme si j’avais à ce point envie d’entrer dans un groupe, après tout... Mais j’allais rester et patienter car je l’avais promis aux personnes que j’avais rencontré au parc... Et surtout à Reita...
Une heure passa ainsi... Puis deux... Trois... J’observais les gens aller et venir, pressés, ne me prêtant que très peu d’attention. Ça me convenait... Casque sur les oreilles, j’étais dans mon monde. De fait, je ne répondis pas immédiatement lorsqu’on m’appela et ce fut une secrétaire agacée que je la ralentisse qui vint finalement directement me chercher avant de m’entraîner vers un bureau où je retrouvai la femme croisée la veille assise au milieu d’un groupe d’étrangers qui représentaient probablement les décisionnaires de la boîte. Je m’inclinai tandis qu’elle me présentait... Attendis qu’on m’indique si et où je pouvais m’asseoir...
La conversation fut longue et usante en cela que leurs mots et les humeurs qu’ils me renvoyaient ne coïncidaient pas toujours. J’entendais que c’était une occasion en or qu’on m’avait offerte, mais que je n’avais pas eu la courtoisie d’arriver à l’heure... Que oui, effectivement, mes textes n’étaient pas mauvais, mais qu’on ne comprenait absolument rien à mes partitions... Qu’il était évident que je n’avais jamais fait de sport de ma vie et que je serais un boulet sur scène... Mais, encore une fois, ils voulaient bien me donner ma chance si j’acceptais de leur céder les droits sur ce que j’écrivais... Et ceci, et cela... J’écoutais... Jusqu’à ce que le seul visage connu, qui appartenait à celle qui s’était finalement présentée comme Hanae Takahata, se décide à leur demander de me laisser m’exprimer... Ce que je fis...
Tout du long de “l’entretien”, j’avais écrit car je savais que je serais incapable de parler pour moi une fois mon tour venu... Incapable de trouver mes mots... Aussi, j’avais simplement lu ce que j’avais posé sur le papier comme lorsque j’étais au parc... Le fait que je n’étais venu que pour honorer un engagement et que ce que j’écrivais appartenait à ceux qui me racontaient leurs douleurs et leurs joies. Que je ne pensais pas avoir ma place ici, même si la possibilité d’aider les gens avec mes mots et au travers de mes chansons aurait pu donner du sens à ma vie... Le fait que j’avais déjà été trop utilisé pour vouloir retomber dans ce schéma... Que je souhaitais, sincèrement, toute la réussite possible à “Event Horizon” que j’avais pris le temps d’un peu plus regarder entre temps. Je pointais même du bout des mots, et sans donner de nom, les insécurités et les doutes que j’avais vu sur leurs traits... Ce qui les freinait, selon mon ressentis... Leur souhaitant de parvenir à dépasser la fatigue physique et émotionnelle... Espérant qu’ils allaient réussir à se trouver un réel esprit de groupe, car je ne les sentais pas encore capable de se faire confiance les uns aux autres...
C'était fait sans la musique, simplement récité, même si ma voix suivait parfois d’elle-même des inflexions étranges et grondantes... Lorsque j’avais évoqué la peine visible d’un des membres, notamment, et qu’une rage sourde était venue faire vibrer mes basses comme en protestation. Merci, mais non merci en somme... Je savais déjà que j’allais être congédié, commençais même à me lever, lorsque l’un des plus jeunes hommes de l’assemblée - qui n’était pas intervenu et avait jusque-là semblé à peine intéressé par ce que disaient ses collègues -, se leva et me rejoignit pour prendre ma feuille que je lui abandonnai sans protester. Entre ses lunettes sombres et son masque qui l’était tout autant, il était reposant à regarder car il ne m'imposait aucune intention, aucune émotion. Finalement, il reposa la feuille devant moi en pointant un passage du doigt... Précisément celui sur lequel j’avais tremblé...
“Chante ce morceau... Je n’émis pas un son, pris au dépourvus par sa demande, aussi il réitéra en suivant mes lignes du doigt car le paragraphe réclamé en était effectivement accompagné. Si j’ai bien compris, ça, c’est ta musique... Je voudrais t’entendre chanter... S’il te plait...”
Ça ne me coûtait rien, et si ça pouvait lui faire plaisir... Lui adressant un sourire bancal, je me levai avant de reprendre les vers réclamés, cette fois-ci en y mettant tout ce que j’avais... Ce que Reita m’avait enseigné pour que je pose correctement mon souffle et mes notes, mais également toutes les émotions que je prêtais à la personne dont j’exprimai la souffrance... Cela ne dura même pas trente secondes, le texte était très court... Mais quand j’en terminai, m’inclinant de nouveau pour partir, la voix du jeune homme résonna de nouveau alors qu’il posait sa main sur ma tête de façon étonnement réconfortante.
“Il vient de pondre ça devant vous alors que vous étiez en train de le rabaisser autant que possible pour l’avoir au rabais... Si j’ai bien compris, il ne sait pas danser... On s’en fout, il apprendra... Mais entre ses basses, ses textes et ce qu’il dégage... Je le vis balancer la tête avant de s’adresser à Takahata-san... Boss... Je l’emmène voir les gars... Essayez de lui rédiger un contrat correct... Ses doigts froissèrent mes mèches neigeuses avant qu’il n’ajoute... Et toi, tu signes rien avant d’avoir tout montré à un avocat ! Viens...”
Je ne l’avais pas reconnu, avec ses lunettes et son masque, mais cet homme au caractère définitivement plus trempé que le mien était le membre du groupe le mieux placé pour devenir le leader de “Event Horizon”...Ukyo... Précisément celui qui avait inspiré les quelques lignes qu’il m’avait fait chanter. Il n’avait pas du tout apprécié le “reality check”, mais... D’après lui, j’étais effectivement la pièce manquante de leur groupe... Autant en terme artistique, qu’en terme de “lien” même si je ne compris pas sur le moment ce qu’il voulait dire...
Il nous fit sortir par l’arrière, loin des potentiels photographes, et nous fit entrer dans une voiture dont il abandonna la conduite à un chauffeur. Le silence régna un temps, et il était évident qu’il était encore en train de digérer ce que j’avais pu dire sur lui et de ses collègues, avant que je ne me décide à demander.
“Je suis désolé, mais... Mon cousin... Quand...? Il eut un semblant de rire avant de reporter son attention sur moi.
-Tu es définitivement plus doué à l’écrit, hein? C’était la réalité, et j’étais heureux qu’il l’ait compris. Plutôt que de me vexer, je lui offris ce sourire qui – d'après ma grand-mère - semblait accepter tout et tout le monde et attendrir les cœurs les plus secs avant de hocher la tête...
-J’ai... J’ai grandi isolé... Il soupira avant de se tourner vers moi...
-Ouai... Bah désolé de te dire que si tu signes, tu vas en chier. Entre les interviews, les talk-shows, les bains de foule, les centaines de personnes qui vont te dire quoi porter, quoi dire ou ne pas dire, comment te comporter, où aller, qui voir, qui ne pas voir... A son tour, son visage se détendit et il m’adressa un premier vrai sourire qui ne fit qu’agrandir le mien. Je “sentais” que prendre soin des gens était dans sa nature... Que c’était son côté protecteur qui le faisait souffrir, car il ne parvenait pas à unifier le groupe... Mon regard plongé dans le sien, j’étais déjà en train de sortir mes feuilles et mon crayon mais m’arrêtai d’un coup pour me mordre la lèvre et baisser le regard. Pour la peine, il éclata vraiment de rire... Alors c’est comme ça que tu fonctionnes ? Il froissa ses cheveux qu’un styliste avait probablement passé des heures à couper à la perfection... Vas-y... Écris si ça peut t’aider... Ça sera plus simple pour te présenter aux autres...”
Et j’avais donc recommencé à écrire tout en l’écoutant parler de son expérience en tant que futur idol, si le groupe parvenait à faire ses débuts. Cela faisait déjà plus de deux ans qu’ils vivaient ensemble, travaillaient ensemble... Que chacun de leur geste était enregistré, monitoré, jugé, rectifié... Ce qu’ils mangeaient, à quelle heure ils se réveillaient et se couchaient... Les longues heures d’entraînement pour apprendre les chorégraphies et trouver l'explosivité nécessaire pour offrir un véritable spectacle... Le coaching vocal, également... Les cours pour apprendre à ne surtout pas cligner des yeux devant les flashs et comment passer du “face card” au “guy next door”... Du “red flag” au “boyfriend material”... Le fan service... Il grogna en abordant ce point, avant de préciser...
“Est-ce que tu as enregistré le mot “visuel” quand ils parlaient de toi pendant la réunion ? J’acquiesçai, même si je ne comprenais toujours pas ce que cela pouvait signifier. Il éclaira ma lanterne. C’est simple... Ça veut dire que tu vas principalement être vendu sur ton physique et ce que tu dégages. Au moins à l’origine et jusqu’à ce que les gens percutent que les notes caverneuses qu’ils entendent viennent de toi, alors qu’on t’imagine bien plus facilement dans un registre clair et éthéré quand on te voit. Ça me fait chier de le dire, car j’avais décidé que je voulais pas de toi, mais... Sa main se posa sur ma tête et ébouriffa de nouveau mes cheveux... J’avais comme l’impression qu’il faisait souvent ça et l’idée me fit rire... Ouai, c’est ce que je voulais dire... Tu as à la fois quelque chose de très mélancolique et éthéré, mais également une luminosité pas possible, le tout allié à l’effet de surprise de ton timbre... Même notre rappeur ne va pas pouvoir te faire la gueule plus d’une heure ou deux. Pourtant, Haku est résistant et n’apprécie pas du tout l’idée qu’on ajoute à l’équipe déjà construite quelqu’un qui saute dans le train en marche et qui va pas se taper toutes les étapes de sélection. Faut que tu aies conscience qu’on sera six avec toi, mais qu’à la base on était plus d’une bonne centaine et qu’on a perdu plusieurs mecs qui auraient eu leur place. Auxquels on s’était attachés. Tu comprends ? Je hochai la tête, continuant d’écrire... Bref... Tout ça pour dire que les journalistes vont vouloir te parler en priorité pour comprendre ton arrivée, que les photographes vont te mitrailler, que des fans t’imagineront des vies et écriront des fanfictions et des textes en utilisant ta tête comme support. (Boom le 4eme mur !) Et je suis presque certain que vu ton côté androgyne, on va te demander de faire planer le doute sur tes orientations, voir même réclamer de toi et de l’un d’entre nous qu’on “se rapproche” pour laisser courir l’imagination des fans sur l’idée d'un couple interdit et/ou des jalousies... Des espoirs de mariage... C’est courant dans le milieu... On ne s’appartient pas vraiment, une fois qu’on a signé... C’est pour ça que je te dis d’aller voir un avocat avec ton contrat ! Surtout pour les droits sur tes textes, ok ? Ça faisait énormément d’informations d’un coup, mais j’opinai à nouveau. Non pas que j’avais décidé d’accepter de me joindre à "Event Horizon", mais... Avec un leader comme lui ? Pourquoi pas ? L‘idée semblait même plutôt bonne... Bien... C’était que les grandes lignes, mais on arrive... Tu pourras dormir ici ce soir, on filme pas en ce moment...” Après plus d’une heure de route, nous étions arrivés à leur dortoir et j’envoyai un message à Kotaro pour lui indiquer que je n’avais pas besoin qu’il vienne me chercher pour le moment...
Les quatre autres membres du groupe étaient occupés à manger lorsque nous arrivâmes, et je me fis clairement l’impression d’être un cheveu tombé dans la soupe. Ils n’étaient clairement pas ravis de me voir, et je devinai d’entrée de jeu qui était le “rappeur” évoqué plus tôt. Je m’inclinai, alors que mon guide me présentait rapidement aux autres... “Voici Lyrics... Ji Kusaka... Il va rester avec nous ce soir et plus longtemps s’il accepte de signer le contrat... Ils me donnèrent leurs noms, pseudo et position au sein de « Event Horizon » à leur tour, de plus ou moins bon cœur et sans quitter leur leader des yeux. Ce dernier soupira, posa de nouveau sa main sur ma tête avant de déclarer... Sérieusement, les gars... Je vous promets que ça vaut la peine de lui donner une chance, et vous savez que j’étais pas chaud à la base... Donne-moi ce que tu as écris dans la voiture, Ji... Je lui adressai un regard surpris auquel il répondit d’un sourire... Je sais que j’ai pas lu... Et je sais que ça parle de moi... Et je sais que ça va piquer... S’il savait, alors... Je lui donnai mes quelques paragraphes et, sans même les parcourir, il les apporta à ses partenaires en m’invitant à avancer et à m’installer à ses côtés pour pouvoir manger... Lisez ça... Les feuilles passèrent de main en main et, petit à petit, je sentis l’atmosphère de la pièce changer. Pas seulement ce qu’ils pensaient de moi, mais également leur perception d'Ukyo dont j’avais exposé plus en profondeur toutes les inquiétudes et tout l’attachement à ce projet... A chacun d’entre eux, car il avait ébauché leurs personnalités durant le voyage... Finalement, le verdict tomba. Je pouvais rester et prendre la température avant de me décider. Un nouveau sourire arqua mes lèvres...
-Merci à vous... Ils relevèrent tous brusquement le nez pour me dévisager en m’entendant, avant de tourner leur regard vers mon voisin de table...
-Oui, j’ai oublié de préciser qu’il savait aussi chanter et qu’on aurait la meilleure basse de tous les groupes sur le marché s’il nous rejoint... Je baissai la tête, gêné... Par contre, il ne sait absolument pas danser...” Cette dernière réplique me fit finalement exploser de rire car je l’avais un peu trop entendu ces derniers jours... Un rire auquel tous se joignirent malgré les grognements de certains. Si je me décidais à les rejoindre, je n’aurais pas d’autres choix que de me donner à mon maximum...
...
La soirée s’était finalement plutôt bien passée, peut-être car je n’arrivais pas en conquérant avec mes gros sabots – comme ils l’avaient redouté - mais avec une énorme dose d’humilité qui les avait pris au dépourvu. Lorsque je ne mangeais pas, car ils ne cessaient de me servir et resservir sous prétexte que je n’avais que la peau sur les os et qu’il allait me falloir de l’énergie pour me construire le physique nécessaire, je reprenais mes papiers et mes stylos. J’écoutais et écrivais, comme toujours... Pour finir, un futon fut installé dans le salon avant qu’ils ne partent se coucher les uns après les autres. Je ne dormis pas cette nuit-là, ou bien très peu. Je passai mes heures à réfléchir mais également à regarder des Tik Tok de leurs séances d’entraînements, des rires qu’ils partageaient... Des blagues bon enfant... Des mains qui se tendaient comme pour demander de l’aide ou de l’attention - en offrir - sans encore oser se permettre d’entrer en contact les uns avec les autres... J’avais envie de les aider, si je le pouvais... A ma façon... Le lendemain, avant de partir, je leur avais remis le travail de ma nuit dont témoignaient les cernes sous mes yeux... Je les remerciai de tout ce que j’avais appris d’eux, et à travers eux, la veille...
“Je n’ai pas encore signé de contrat, mais c’est pour vous... Si vous voulez utiliser ces textes, ils sont à vous... Et si vous voulez juste les garder pour vous ou bien les brûler, et bien...”
Sans surprise, le leader avait encore une fois ébouriffé mes cheveux... Une main fut à peine tendue qui ne resta, cette fois-ci, pas sans réponse. J’avais capturé les doigts de Sanosuke, le premier danseur, les avais serrés avant de sourire. Un rire partagé... Et suffisamment de tapes dans le dos pour me déboîter une épaule. Même Haku me souffla un “A bientôt, Lyrics...”.
2114
J’avais fait lire le contrat proposé à Reita, ainsi qu’à mon frère qui avait été particulièrement surpris de mes intentions mais m’avait soutenu et l’avait décortiqué en compagnie des meilleurs juristes de l’entreprise familiale. Ils m’avaient fait réclamer certaines modifications, ajouter d’autres points... Mais la productrice me semblait vraiment avoir fait d’énormes concessions qui n’avaient pas dû plaire à ses collègues notamment en ce qui concernait mes textes. Uniquement ceux rédigés en séance de composition appartiendraient de facto à leur maison de production et seraient de toute façon crédités de mon nom. Parmi leurs exigences, un droit de rétractation et d’annulation du contrat - si je ne parvenais pas à me hisser au niveau de danse des autres membres - ainsi que l’obligation de prendre la nationalité Japonaise et d’accepter l’implantation de la puce. Ayant déjà décidé de donner tout ce que j’avais et ayant pour projet de longue date de me faire naturaliser, cela me convenait... Mes propres réclamations ? Le droit de continuer à composer avec et pour d’autres artistes – il était hors de question que j’abandonne mes sessions avec Reita... Un soutien psychologique indépendant de leurs services disponible pour tous les membres... Et une carte “libéré de prison” qui me permettrait de partir aux U.S.A. en urgence si besoin et sans qu’ils puissent s’y opposer... Valable pour le moment une fois uniquement, et dont j’espérais ne jamais avoir l’utilité...
...
Mon arrivée “officielle” dans le dortoir et au sein du groupe fut un véritable événement commenté à n’en plus finir, et pas toujours de façon très aimable, par les groupes de fans de « Event Horizon ». Je lisais certaines insultes et moqueries envoyées sur les profils officiels qu’on m’avait fait ouvrir et pour lesquels j’allais devoir apprendre à créer du contenu. J’étais simplement rassuré car il y avait, pour le moment, des écrans entres nous... Je me concentrais sur les messages de ceux qui encourageaient les autres à me donner ma chance... Jusqu’à ce qu’un premier commentaire, particulièrement salé et provenant d’une groupie d’un ancien membre “potentiel” ayant été éliminé, me mette réellement dans le mal...
J’étais en livecam dans ma chambre – un exercice plus ou moins imposé par la maison de production pour créer du lien avec la communauté des fans - lorsque je l’avais lu. J’avais immédiatement senti mes émotions me submerger, mes larmes se mettre à couler alors qu’on m’avait bien recommandé de toujours garder le sourire en particulier lorsque je pouvais être enregistré... Mais là... La fatigue accumulée depuis mon arrivée dans le groupe, la tension constante et les accusations proférées m’avaient réellement fait mal...
Croyez-le ou non - même si les vidéos tournées de façon simultanée par mes camarades en témoignent - mais mes quelques soutiens de la première heure s’étaient précipités sur les lives des autres membres du groupe pour leur faire part de l’incident. Le mouvement qui avait suivi, alors que tous les cinq quittaient leurs propres ordinateurs et portables dans la précipitation - et même en tombant dans le cas de Soshiro, connu pour sa maladresse – pour débarquer les uns après les autres dans ma chambre et me prendre dans leurs bras en m’assurant que tout allait bien se passer devint l’un des instants fondateurs de « Event Horizon »... Les montages et les fan arts faits à partir des enregistrements de l’incident devinrent même viraux... J’étais devenu un membre à part entière, simplement du fait que leur soutien s’était exprimé de façon aussi évidente et spontanée. J’étais devenu “le petit frère préféré de leur biais” qu’ils devaient protéger contre les méchants... C’était touchant, mais... Je me devais de donner une réponse officielle aux accusations...
Ce fut fait deux jours plus tard, lors d’un talk-show où nous devions nous présenter... On m’avait placé au centre du premier rang. Seule la main d'Ukyo sur mon épaule et le contact volontaire de la jambe d’Haku, assis à mes côtés, me tenaient droit. C’était une première épreuve et ce n’était rien en comparaison de ce qui m’attendait dans le futur, du moins c’était ce dont je tâchais de me convaincre... Lorsque la présentatrice s’adressa à moi, elle en vint immanquablement à l’incident en ligne...
“Lyrics! Vous avez récemment été accusé de consommation de drogue... On peut effectivement voir, sur ces images, que vos creux de coudes et poignets semblent régulièrement malmenés. Il semblerait également que vous ayez été régulièrement vu, à l’hôpital, en compagnie d’un infirmier reconnaissable à ses longs cheveux roses. Certains assurent qu’il serait votre dealer... Qu’avez-vous à répondre à ces accusations ? Elle n’y était pas allée par quatre chemins mais, heureusement pour moi, j’avais eu le temps de préparer ce que je comptais dire... Commençant par retirer ma veste, je présentai effectivement aux caméras les bleus, traces de piqûres et pansements. Vous avez conscience que ceci représente plus un aveu qu’une défense... Je lui avais adressé un sourire avant de balancer la tête...
-Je voulais simplement démontrer que les images que vous avez diffusées ne sont pas un photomontage mal intentionné... Je pris une profonde inspiration, avant de reprendre... Je m’apprête à vous faire part d’informations très personnelles me concernant dont je n’ai pas encore parlé ni à nos producteurs, ni à mes collègues de "Event Horizon"... Je sentis la main du leader se contracter sur mon épaule, inquiet, mais poursuivis. Je ne compte pas faire de secret sur ma condition médicale, car mon cas a été documenté dans des publications scientifiques et qu’il est donc assez facile de se renseigner... J’ai un frère aîné, qui est né doté d’un groupe sanguin particulièrement rare nommé Bombay (hh)... Dans le monde, seuls quelques dizaines de milliers de personnes en sont porteurs et ne peuvent recevoir que ce type de sang très spécifique en cas d’urgence. Mon frère est également né souffrant d’une seconde maladie génétique particulièrement handicapante, et multipliant les besoins de transfusions, qui pouvait éventuellement être corrigée par une greffe de sang ombilicale... Étant donné la rareté de son groupe, il n’y avait qu’une solution... La création d’un “bébé médicament”... Moi... Le silence s’était fait sur le plateau, mes amis me regardaient et le choc se lisait sur leurs visages. Même la journaliste semblait touchée...
-Vous voulez dire que... Vous même possédez ce groupe sanguin ? Je hochai la tête...
-C’est ça... Et à ma connaissance, je suis le seul Bombay (hh) au Japon... Ce qui me contraint à régulièrement aller à l’hôpital, voir l’infirmier que vous avez mentionné et qui est au courant de ma situation et de celle de ma famille, afin qu’il me prélève de quoi pouvoir me faire une autotransfusion en cas de besoin car du O négatif me tuerait plus rapidement encore que l’hémorragie elle-même... Je secouai doucement la tête de gauche à droite. Le sang ne se garde qu’un mois, d’où la répétition des prélèvements même si je ne donne jamais “autant” qu’une personne venant tous les trois mois. Juste assez pour permettre de gagner un peu de temps et de me sauver, ou de sauver quelqu’un d’autre en cas de besoin... Mon frère, par exemple... Je suis désolé de ne pas m’en être ouvert plus tôt et que cela ait causé autant de complications et de problèmes à tout le monde...” Je me levai pour m’incliner devant la caméra et le public regardant l’émission... Puis devant la journaliste... Et enfin devant les autres membres de « Event Horizon » qui se levèrent immédiatement pour, une nouvelle fois, m’apporter leur soutien. Je “savais” qu’il y avait sûrement du surjeu dans leurs réactions, ayant suivi les mêmes cours qu’eux concernant le fait de jouer avec les caméras, l’ambiance et les sentiments des spectateurs, mais tous les mots de réconfort qu’ils m’adressèrent n’étaient que pour mes oreilles... Et leurs larmes étaient réelles, tout comme les miennes...
...
Une nouvelle clause fut inscrite au contrat, le fait que je devais toujours avoir avec moi une poche de sang lors de mes déplacements, et je me fis passer un sacré savon pour avoir lâché ces informations en direct à la télévision sans en avoir discuté avant avec mes managers. On menaça de me radier du groupe... Mais, au final, l’incident n’avait fait que déclencher un immense mouvement de sympathie et les stats de likes et de viewers de tous les membres étaient montés en flèche, le mien en premier... La mise à pied fut donc transformée en un check-up médical complet, et tout pu reprendre son cours... Du moins, une fois passée une sévère mise au point avec Reita qui avait tous les droits de m’en vouloir... Depuis, je portais également en permanence un bracelet d'argent annonçant mon groupe sanguin... Juste au cas où...
...
Pour me faire pardonner, je me jetai totalement dans ce qui représentait mon point le plus faible, à savoir mon physique et mes pas de danse. J’avais la chance d’apprendre vite, aussi les chorégraphies étaient-elles assez vite enregistrées... Le problème était de parvenir à les reproduire sans perdre mon souffle afin de pouvoir lâcher mes lignes une fois mon tour venu. Je savais déjà que je ne serais jamais aussi physiquement imposant que mes collègues, ma carrure n’était pas faite pour ça, mais avec l’aide de Sanosuke je parvins à gagner en endurance de façon progressive. J’avais encore d’énormes progrès à faire, mais... Enfin... Je faisais de mon mieux, passant même de longues heures supplémentaires dans le studio de danse à répéter... Et répéter... Et répéter... Généralement jusqu’à ce qu’un des gars se décide à quitter sa chambre, vienne me jeter sur son épaule, et aille me caler sous la douche puis au lit... C’était même devenu un running gag que les fans attendaient, alors... Pourquoi se priver ?
Fin 2114 je fus enfin pucé, ce qui signifiait que je pourrais participer aux prochaines élections dans la mesure où j’avais manqué les plus récentes... J’étais prêt... Nous l’étions tous, et la date de sortie de notre premier morceau était même posée ! Nous étions tous impatients... Jusqu’à ce que la nouvelle tombe... Les reins de Katsuki, qui allait de moins en moins bien et auquel j’avais dû envoyer autant de sang que possible ces derniers mois, avaient finalement lâché l’un après l’autre... Mon père me suppliait de lui venir en aide... C’était le moment d’utiliser ma fameuse carte “libéré de prison”, mais... Ce n’était vraiment pas le moment... Le temps que je sois en état d’assurer de nouveau, il me faudrait un minimum de deux mois sans compter la remise à niveau... La question se posa de savoir si les premiers morceaux et scènes devaient être lancés et faites sans moi, mais la réponse du groupe fut unanime...
“On t’attendra, Ji... Il n’y aurait jamais eu de "Event Horizon" sans toi...”
Une émission fut tournée pour expliquer la situation à nos fans et, malgré la déception, la grande majorité d’entre eux loua notre décision et promit de nous attendre... (Voir « Caractère »)
2115
Lorsque nous pûmes finalement faire officiellement nos débuts, le retour du public qui avait suivi nos hauts et nos bas fut absolument hallucinant. S’il y avait bien des commentaires négatifs par dizaines, il y avait surtout des encouragements par milliers... Nous n’aurons jamais terminé de nous perfectionner, d’évoluer, de grandir... Mais au-delà du travail, nous allions également pouvoir commencer à réellement avoir un impact... Et à vivre...
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
50
Inscrit.e le :
18/04/2024
Les plus du perso :
Je suis: pro-Incontestable.
Époux/se : Ariel ♡
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Reita Toriyama
prend sa guitare et chante
Woah, my love, my darling
I've hungered for your touch
A long, lonely time
And time goes by so slowly
And time can do so much
Are you still mine?
I need your love
I need your love
God speed your love to me
Un ange est tombé du ciel sous un arbre et j'ai eu la chance de le trouver là
Bienvenue baby Ji !
Woah, my love, my darling
I've hungered for your touch
A long, lonely time
And time goes by so slowly
And time can do so much
Are you still mine?
I need your love
I need your love
God speed your love to me
Un ange est tombé du ciel sous un arbre et j'ai eu la chance de le trouver là
Bienvenue baby Ji !
Reita Toriyama
Si t'es sage, t'auras un badge
— Just Married —
Messages postés :
637
Inscrit.e le :
22/02/2022
Les plus du perso :
Je suis: anti-Incontestable.
Époux/se : Free as a bird.
Autre: signa by awonaa.
Chance Delara
T'as vraiment choisi the cutest
Hâte de voir ce que tu vas imaginer pour ce bichon en sucre !
Hâte de voir ce que tu vas imaginer pour ce bichon en sucre !
Chance Delara
Si t'es sage, t'auras un badge
Abonné meetic
A posté une recherche de conjoint
Saboteur de Noël
A participé à la chasse de boules de Noël 2022
A voté
A voté à un interforum
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Champion de JM
A participé à un interforum
Artiste
A participé aux créations de LS graphiques/codages
Fanfic.fr
A fait un UA
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Machine à écrire
A posté 500 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Voteur compulsif
A été voteur du mois
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Merci à vous! J'ai promis à Makoto que Ji serait heureux, alors je vais faire de mon mieux ^^"
La première partie de l'histoire est envoyée et il y en a encore autant qui arrive ^^" Je me suis laissée emportée, désolée ^^"
Ji: *Va écouter Reita chanter*
La première partie de l'histoire est envoyée et il y en a encore autant qui arrive ^^" Je me suis laissée emportée, désolée ^^"
Ji: *Va écouter Reita chanter*
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— STAFF JM: MODÉRATEUR FICHE —
Messages postés :
4186
Inscrit.e le :
12/01/2023
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Jocasta ♡
Autre: Merci Akio pour ce beau vava ♥
Kazuma Tetsuya
Re bienvenu, courage pour le postage de tout ces mots :pleure: (de joie) oupas
Kazuma Tetsuya
Si t'es sage, t'auras un badge
On s'éclate !
A participé à une soirée CB organisée par le staff
Machine à écrire
A posté 2500 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
*Laisse une cafetière et des cookies pour Kazuma*
Désoléééééée ^^"
2eme partie de l'histoire envoyée!
Désoléééééée ^^"
2eme partie de l'histoire envoyée!
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
72
Inscrit.e le :
13/05/2024
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire.
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ryotaro Tokugawa
Et bah dis donc. ça en fait de la lecture o:
Re-bienvenu à toi ! o/
Bon courage pour le reste !
Re-bienvenu à toi ! o/
Bon courage pour le reste !
Ryotaro Tokugawa
Si t'es sage, t'auras un badge
— STAFF JM : BOTAMSTER —
Messages postés :
3789
Inscrit.e le :
07/04/2014
Les plus du perso :
Je suis: anti-Incontestable.
Époux/se : Sergei Vanzine forever ♥
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Kaori Mogami
Bon reboot et bon courage pour la rédaction ! o/
Kao râle en #9900ff
Kaori Mogami
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 2500 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
— Just Married —
Messages postés :
124
Inscrit.e le :
14/10/2023
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Mao Okada
Hâte de voir mon p'tit patient inrp, bon courage à toi :3
Mao Okada
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 100 messages
Abonné meetic
A posté une recherche de conjoint
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Merci à vous!
Et c'est terminé! Encore merci à tous ceux qui auront le courage de lire mon pavé ^^"
Et c'est terminé! Encore merci à tous ceux qui auront le courage de lire mon pavé ^^"
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
818
Inscrit.e le :
06/11/2023
Les plus du perso :
Je suis: pro-Incontestable.
Époux/se : Tomoe (╥⌓╥) (♥)
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Adel Laine
Hâte de lire ta fiche quand j'aurai un peu de temps ! (et de t'en faire les retours !^^)
En attendant, je te souhaite un doux reboot avec ce bg touchant.
Amuse-toi bien avec cette nouvelle tête.
En attendant, je te souhaite un doux reboot avec ce bg touchant.
Amuse-toi bien avec cette nouvelle tête.
Adel Laine
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 500 messages
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Membre à l'honneur
A été membre/posteur du mois
Abonné meetic
A posté une recherche de conjoint
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— Just Married —
Messages postés :
31
Inscrit.e le :
09/05/2024
Les plus du perso :
Je suis: pro-Incontestable.
Époux/se : Elijah Minami
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Leslie Minami
Ouaah effectivement c'est long
T'as bossé ça comme un fou
Rebienvenue en tout cas
T'as bossé ça comme un fou
Rebienvenue en tout cas
Leslie Minami
Si t'es sage, t'auras un badge
Invité
Invité
Voilà un personnage qui promet d'être intéressant !
Avec Felix en plus...
Re-bienvenue !
Avec Felix en plus...
Re-bienvenue !
Invité
Si t'es sage, t'auras un badge
— Just Married —
Messages postés :
1344
Inscrit.e le :
02/09/2015
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Célibataire
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Ji Kusaka
Merci à vous ^^ En espérant que Ji vous plaira <3
Ji Kusaka
Si t'es sage, t'auras un badge
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Noces de coton
Marié depuis un an
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
Membre dynamique
A participé à un event RP
Comme un éclair
A terminé 5 RPs
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenaires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Aventurier
A fait un RP en dehors de Tokyo
Créateur
A crée un prélien/prédéfini
Machine à écrire
A posté 1000 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Addict aux palliatifs technologiques
Avoir créé sa fiche de liens ET son ATAI
— STAFF JM: MODÉRATEUR FICHE —
Messages postés :
4186
Inscrit.e le :
12/01/2023
Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Jocasta ♡
Autre: Merci Akio pour ce beau vava ♥
Kazuma Tetsuya
"Modération de fiche"
Le staff de Just Married te souhaite la bienvenue sur le forum !
Introduction
Re-Bienvenue à ta nouvelle tête ! Et quel nouvelle tête !
Histoire
Tu m'aurais presque effrayée avec tes 150 millions de mots
Mais non, une histoire bien construite qui m'a fait passer par tellement d'émotions ! Il a intérêt à trouver le bonheur rapidement ce petit !
C'est good !
Caractère
Une suite d'histoire pour décrire le caractère, c'est assez original, j'ai beaucoup aimé. Avec cette interview improvisée durant son petit séjour aux US pour sauvé son frère on retrouve les détails supplémentaire pour cerner le personnage, bien trop gentil et tellement choux
C'est ok
Physique
On attend avec impatience les images de ce premier concert pour vérifier que la description physique que tu fais du jeune homme est correcte
Conclusion
Tu es pré validée, mais j'avais envie de donner mon ressenti officiel, voila !
Modération : 1/3
Nous analysons au maximum trois fois une fiche, après cela, si nous ne pouvons toujours pas la valider, nous serons malheureusement obligés de la refuser. Nous ne pouvons nous permettre de reprendre chaque fiche dix ou vingt fois, cela serait autant pénible pour vous que pour nous. Merci de votre compréhension.
Pré-validation par Kazuzu
Votre fiche a été pré-validée par un modérateur, un administrateur passera sous peu valider officiellement celle-ci.
Kazuma Tetsuya
Si t'es sage, t'auras un badge
On s'éclate !
A participé à une soirée CB organisée par le staff
Machine à écrire
A posté 2500 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
— STAFF JM : BOTAMSTER —
Messages postés :
3789
Inscrit.e le :
07/04/2014
Les plus du perso :
Je suis: anti-Incontestable.
Époux/se : Sergei Vanzine forever ♥
Autre: Remerciements, big up, infos à savoir ?
Kaori Mogami
Tu es validé(e) !
Toutes mes félicitations, votre fiche est validée !
N'oubliez pas :
• De remplir les champs de votre profil.
• Si vous souhaitez trouver des partenaires pour vous lancer, n'hésitez pas à faire un tour par ici !
• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
• De faire un peu de pub autour de vous pour le forum et de voter régulièrement aux tops sites.
& Surtout, AMUSEZ-VOUS !
Kao râle en #9900ff
Kaori Mogami
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 2500 messages
Habitué
Etre inscrit depuis un an
Fait partie des meubles
Etre inscrit depuis trois ans
Fait partie des murs
Etre inscrit depuis cinq ans
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Si t'es sage, t'auras un badge