Teppei Asakura - La justice consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû.

X (2090-2096) – De sa naissance à ses 6 ans.

Teppei Asakura était née par une belle journée ensoleillée à Meguro, de l'amour de deux personnes unies par l'Incontestable, n'ayant pas attendu l'ordre de concevoir pour donner une seconde fois la vie. Elle était la petite sœur d'un garçon répondant au doux nom de Chiaki, de deux ans son aîné.

La famille Asakura, bien qu'un peu excentrique, avait une vie ordinaire, sans histoire ni drame. Le père travaillait dans une entreprise de jeux vidéo et parvenait toujours à passer du temps en famille malgré son emploi chargé. La mère, autrefois dans le domaine pharmaceutique, avait mis fin à sa carrière pour être mère à plein temps. Le grand-frère, complice et proche de sa petite-sœur, malgré les querelles classiques entre frère et sœur.

Ils étaient un foyer parmi tant d'autres, avec ses hauts et ses bas.



X (2096-2102) – De ses 6 ans à 12 ans

Teppei et Chiaki se distinguaient à l'école primaire par leur intelligence et leur sociabilité, ce qui rendait leurs parents très fiers. Chiaki était particulièrement sage, bien plus que Teppei. La forte personnalité de cette dernière la rendait parfois insolente envers les adultes et peu indulgente avec ses camarades de classe.

La petite, de son point de vue, elle ne disait que la vérité et ne se laissait pas embêter par les garçons de sa classe. Du point de vue de son frère, sa petite sœur était un mini-gorilla obstiné, colérique et peu futé, s'emportant pour pas grand chose et ne comprenant pas que les garçons la taquinaient pour attirer son attention. Après tout, sa petite sœur était mignonne et une excellente partenaire de jeu vidéo, lorsqu'elle ne cassait pas les manettes de ses consoles, voire la console elle-même.



X(2102-2108) – De ses 12 ans à 15 ans

Pendant le collège, Teppei eut deux incidents mentionnés dans son dossier scolaire.

Le premier s'était produit à l'âge de treize ans, pour avoir enfreint les règles sur l'uniforme scolaire. Dès sa première année, elle avait commencé à porter des jupes longues. Un vêtement à la longueur non conforme lui ayant valu de nombreux avertissements verbaux, des heures de retenue et des notes adressées à ses parents pour les informer de la situation. Malgré cela, ses parents, excentriques, n'avaient pas vu de problème et avaient même encouragé leur fille, ce qui avait entraîné une convocation pour une réunion avec l'administration scolaire. Lors de cette réunion, Teppei avait eu le choix : se conformer à l'uniforme ou voir son infraction répétée mentionnée dans son dossier scolaire. Vous commencez à connaitre l’animal, elle avait préféré sa jupe longue.

Le deuxième incident s'était produit quand elle avait quatorze ans. Teppei avait frappé une camarade à la tête avec une chaise en plein cours, ce qui lui avait valu une suspension pendant l'enquête puis une expulsion temporaire après celle-ci. Pourquoi temporaire et non définitive après un acte si grave ? Parce que lors de l'enquête, il s'était avéré que la victime était une harceleuse. Fubuki, la victime de la harceleuse, avait dénoncé la fille avec des preuves à l'appui. L'adolescente avait pris la défense de Teppei, tout comme cette dernière l'avait fait à plusieurs reprises pour elle. D'autres camarades de classe avaient également témoigné en faveur de Teppei, affirmant avoir vu la fille harceler Fubuki et l'ayant vue tirer une gomme en plein cours sur Teppei.

Les enseignants en avaient conclu que Teppei était aussi victime de harcèlement et avait tout bonnement craqué. Cela n’avait donc pas mérité l’exclusion totale, mais l’action de Teppei était tout de même grave pour être inscrite dans son dossier scolaire. Des reproches lui avaient été faits également pour avoir voulu jouer les héroïnes au lieu d’en parler aux professeurs et Teppei n’avait pas écouté sans rien dire, elle s’était montrée très incisive et dure dans ses paroles, voire irrespectueuse, ce qui lui avait valu d'être étiquetée « sukeban » par certains enseignants et élèves. Cet incident avait rapproché Fubuki et Teppei faisant rapidement d'elles des meilleures amies.

Ce que tout le monde ignorait, était que Teppei avait eu une conversation privée avec la harceleuse quelques jours avant l'incident, l’avertissant de laisser Fubuki tranquille ou elle aurait affaire à elle, et de s’abstenir de représailles à son égard, sinon elle le regretterait. Tout comme ils ignoraient, à l'exception de Fubuki et des Asakura que Teppei avait très bien vécu son expulsion temporaire, passant la moitié de son temps à jouer aux jeux vidéo et l'autre moitié à étudier les cours que Fubuki lui apportait après l'école. Non, elle n'avait pas eu peur de l'exclusion, n'avait pas regretté son acte, et s’était complètement moquée de voir cet incident inscrit dans son dossier scolaire. Aucune remise en question. Les Asakura n'avaient pas réprimandé leur fille, pour eux, elle s'était défendue d'une harceleuse. Par contre, Chiaki, lui, avait réprimandé sa « Gorilla » de petite-sœur et lui avait donné une claque à l'arrière du crâne. Teppei n'avait rien dit, juste boudé contre lui.

En dehors de ces incidents, Teppei était une élève modèle, assidue et sociable avec ses camarades.



X(2105-2110) – De ses 15 ans à 20 ans

Après le collège, Teppei avait opté pour le collège technique que son père avait fréquenté. Les trois premières années correspondaient à des études lycéennes, tandis que les deux dernières années équivalaient aux premières années de l'enseignement supérieur. Elle ambitionnait de poursuivre la même carrière que son père, ayant grandi dans l'univers des jeux vidéo. Ce choix avait surpris Fubuki, qui s'était attendue à ce que Teppei étudie le droit en raison de son attachement à la justice, voire envisage d'entrer dans la police ou dans la milice.

L'admission de Teppei avait grandement surpris son frère Chiaki en raison de son dossier scolaire. Ses résultats exceptionnels aux examens d'entrée avaient eu plus d'impact que son dossier scolaire.

Cependant, cela n’avait pas empêché des rumeurs de circuler à propos de Teppei : elle serait membre d'un gang de filles d'où sa jupe longue, aurait agressé une fille avec une chaise au collège, fumerait, se battrait, serait homosexuelle, aurait un tatouage, et tricherait aux examens. Beaucoup de bruits de couloir à son sujet, dont deux étaient vrais : le fait qu'elle avait effectivement frappé une fille avec une chaise au collège et qu'elle était ouvertement « baise-bienne », comme le disait Teppei elle-même. Une orientation qu'elle n'avait pas dissimulée à sa famille, qui l'avait bien accueillie. Son père avait même ajouté : « Tu aimes les filles ! Moi aussi ! Ça nous fait un nouveau point commun ».

Tout le reste des rumeurs était faux, mais Teppei avait laissé ces rumeurs circuler, son comportement exemplaire parlait pour elle aux yeux des professeurs. Elle avait même été satisfaite d'avoir une réputation de rebelle parmi ses camarades. Cela dissuadait, sans violence, les harceleurs de s'attaquer à d'autres élèves à sa demande ou en sa présence, et dissuadait aussi quiconque aurait voulu la harceler en raison de sa sexualité considérée comme déviante.

C’était pendant sa deuxième année, qu’elle avait entendu parler pour la première fois des Incontrôlables, et en pro-incontestable, elle avait immédiatement eu une opinion très tranchée à leur sujet. Elle les considérait comme des perturbateurs qui cherchaient à nuire à la paix et au bonheur des autres en voulant imposer leur vision des choses sans avoir fait aucun effort pour que leur couple fonctionne. Des « dramaqueens » n’ayant rien de mieux à foutre que d’ennuyer tout le monde avec des problèmes inexistants, tout comme ceux qui passaient leur temps à répandre leur venin sur les réseaux sociaux.

Puis, au cours de sa troisième année, son opinion négative à l'égard des Incontrôlables s'était aggravée suite au « Big Bang Kiss ». En plus de leurs manifestations, ils avaient commis deux actes terroristes qui avaient fait de nombreuses victimes. Les deux explosions, dont l'origine n'avait jamais été prouvée, étaient, selon Teppei, leur œuvre, elle en était convaincue.

La disparition des Incontrôlables en septembre 2109 avait été un immense soulagement pour elle, mais le mois suivant, le 12 octobre 2109, avait été le pire jour de sa vie. «Shukumei », une catastrophe naturelle sans précédent, lui ayant arraché son frère Chiaki, une partie de sa vue à l'œil droit, ainsi que deux ans de sa vie. 

Un cataclysme l'ayant marquée à jamais aussi bien physiquement que mentalement.


X (2110-2115) - De ses 20 ans à 24 ans.

Le jour de Shukumei, le 12 octobre 2109, Teppei n’avait plus rouvert les yeux jusqu’au 12 février 2111, soit seize mois plus tard après l'évènement tragique.

Pendant un an et quatre mois, elle avait été dans le coma. À son réveil, elle avait entamé une longue période de rééducation et une psychothérapie. Aujourd'hui encore, elle poursuit une thérapie pour surmonter les traumatismes causés par Shukumei et faire correctement le deuil de son frère aîné, Chiaki. Le couple Asakura, quant à lui, avait été profondément bouleversé par la disparition de leur fils et ils avaient également pensé qu’ils allaient perdre leur fille. Depuis lors, ils sont encore plus protecteurs et affectueux envers Teppei, lui montrant un amour et une affection doublés. 

Pendant la période du « system error » suivi de « l’épidémie » le mois suivant, Teppei avait eu l'impression d'assister à l'effondrement du pays, voire du monde entier. Face à la situation, elle s’était sentie impuissante, perdue et terrifiée, avec la sensation de revivre une sorte de Shukumei miniature au niveau de la terreur qu’elle ressentait…Shukumei….Shukumei…Shukumei…Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Shukumei, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki, Chiaki.

Pour tout le monde, cette catastrophe naturelle remontait à plus d'un an, mais pour Teppei ça n’avait fait que deux mois. Deux mois qu’elle avait rouvert les yeux et devait maintenant faire face à ces deux événements qui se succédaient. Tout était encore à vif, elle était encore meurtrie, fragile et traumatisée par Shukumei. Seuls les médicaments à forte dose avaient réussi à atténuer momentanément ses peurs, son stress et ses angoisses durant cette période sombre. Des névroses totalement calmées lors du discours du ministre de l’Intérieur Katsura Chiyoda et en revoyant l'Incontestable en marche.

Après avoir terminé sa rééducation et quitté l'hôpital, Teppei s'était préparée à reprendre ses études, interrompues pendant son coma par ses parents. Ils avaient informé l'établissement de la santé de leur fille, permettant à celui-ci de s'organiser en conséquence. Ainsi, Teppei avait conservé sa place dans le programme et ses cours avaient été reportés. Elle envisageait de poursuivre un diplôme en développement de jeux vidéo avant de se lancer directement dans le monde du travail une fois les deux années restantes validées. Vivant chez ses parents, Teppei les avait informés de son projet et ils avaient décidé de la soutenir en finançant ses études. Teppei avait aussi consulté un physiothérapeute pour mettre en place un programme de rééducation adapté afin d'améliorer sa condition physique, de combattre son affaiblissement musculaire. Le médecin lui avait recommandé de pratiquer des exercices physiques doux et progressifs tels que la marche, le Pilates et l’aqua-aérobic pour renforcer son corps sans risque de blessure, ce que Teppei avait fait.

Jusqu'à mi-novembre de cette année, Teppei avait pensé que sa vie était redevenue normale.

Fubuki était décédée.

Enfin, oui et non.

Fubuki était annoncée comme morte, mais ne l’était pas d’après ses propres dires. Comme beaucoup d’autres personnes d’ailleurs. Face à cette incompréhension générale, Teppei avait recommencé à angoisser, se disant qu'elle aurait préféré rester dans le coma et se réveiller après toutes ces merdes qui n’arrêtaient pas de s’enchaîner. Elle avait dû attendre le 8 décembre pour avoir le fin mot de l’histoire au travers d’un communiqué officiel du gouvernement expliquant que si l'Incontestable ne faillit jamais, les puces, elles, avaient montré leurs limites. Cela l'avait soulagée, tout allait bien dans le pays. Bien entendu, sa famille et elle-même avaient changé de puce.

Elle avait regardé avec mépris ceux qui avaient tenté de quitter le pays, considérant que leurs efforts étaient inutiles et qu'ils fuyaient ce qui était bon pour eux.

En mi-août 2112, après neuf mois de rééducation, Teppei avait retrouvé une bonne force musculaire, une flexibilité adéquate et une endurance suffisante pour entamer un sport plus exigeant. Son choix s’était porté sur le kick-boxing, suivant les conseils de son médecin, elle avait commencé par des cours pour débutants avec un instructeur expérimenté, qui avait adapté les exercices à son niveau de forme physique. Les cours s'étaient concentrés sur la technique plutôt que sur l'intensité pour éviter les blessures et ne pas dépasser ses limites physiques. Ça n’avait été que six mois plus tard qu’elle avait pu augmenter progressivement l'intensité.

En printemps 2114 (Senkyo), Teppei avait entamé sa dernière année au collège technique et avait suivi de très près les campagnes électorales de Kikuchi Junko du parti Uchiwa et de Sakai Mamoru du parti Keitou. Les deux programmes l'avaient convaincue. Elle avait pensé faire un vote blanc par indécision, mais fini par voter pour Kikuchi Junko, car elle était une femme.

Sa misandrie avait influencé sa décision finale et elle avait cassé la télévision de ses parents voyant Sakai Mamoru remporter  l'élection et devenir le nouveau Premier Ministre du Japon.

Le reste de l’année s'était bien passé. Sa famille était en bonne santé, ses études se déroulaient bien, tout comme au sport. Fubuki allait devenir maman, et sa thérapie progressait. Tout se passait pour le mieux, elle avait retrouvé son optimisme et sa joie de vivre.