Le deal à ne pas rater :
Machine à café dosette Philips SENSEO Original + 200 dosettes ...
49.99 €
Voir le deal

— Just Married —

Messages postés :
83

Inscrit.e le :
19/06/2023

Toson Hirai
Toson Hirai
  Le passé de l’un et de l’autre n’avaient jamais été notre grande spécialité : cela ressemblait à un sujet-bateau avec lequel la conversation prendrait le large au besoin s’il n’y avait rien d’autre à dire, alors que Jia et moi parvenions toujours à trouver de quoi parler. Sinon, on se taisait, une sagesse dont peu de couples pouvaient se vanter. Si bien qu’à part s’y confronter directement comme le vendredi soir dernier et maintenant, et quelques fulgurances, nous étions plutôt concentrés sur le présent. Alors après l’interlude de ce troisième homme, je restais sceptique quant à aborder le sujet à nouveau. De peur de provoquer un cataclysme, qui savait les sensibilités des autres, je préférais me taire et stationner aux frontières que Jia traçait avec honte.

  Surtout qu’en vérité, je savais que je les avais déjà dépassées depuis longtemps et que j’avais fourré cet épisode dans un bunker de ma mémoire, quand j’étais arrivé à ce bar. La situation était devenue complexe bien trop rapidement pour que j’en garde un quelconque souvenir alors mieux valait ne rien dire jusque-là et laisser la situation se décanter jusqu’à ce que Jia soit dans la tombe. Nous en reparlerions plus tard.

  La conclusion de cette discussion me fut amère quand Jia m’annonça toute en joie fausse qu’elle préférait voir ses exs enterrés qu’en vrai, ce qui trouva un écho désagréable dans mon passé, au coin le plus reculé de mon être où leurs ombres pouvaient s’étendre sans trop corrompre. J’aurais préféré les recroiser que de les voir morts, voilà ce que je voulus dire à Jia mais un sourire mal placé fut mon unique réponse. Cette même barrière qui taxait le passé était à double-sens, entre elle et moi. Peut-être que c’était par la plaisanterie qu’elle digérait petit à petit ce Koharu. Chacun ses acides gastriques.

— Tu en as déjà croisé une, j’espère que tu ne croiseras pas la seconde, lui conseillais-je avec le ton de la complainte : elle semblait être capable de tout quand elle n’essayait rien, comme si elle attirait le regard des anges et le mauvais œil dans la même foulée. Je ne suis pas comme toi qui valdingue à droite et à gauche, de ce que j’ai compris.

  Une pique pour détourner l’humeur dans un recoin plus chaleureux. C’était cela ou mettre le doigt sur une potentielle jalousie ; mais il me semblait plutôt clair maintenant qu’une chose difforme qui n’était ni de l’amitié ni de l’indifférence se situait entre nous. Elle avait une surface inclinée peut-être qui renvoyait à l’un et l’autre un rendu visuel différent parce que je ne pourrais pas croire que ce fut totalement réciproque mais je rendais compte. Elle me faisait rire et sourire ; qui pouvait faire mieux ?

  Aux tirs, la pression fut folle : je n’étais pas mauvais mais la réputation que je lui taillais dans ma tête me déprimait. Si je perdais encore ce jeu, il en serait fait de ma réputation et j’arrêterais les gages pour éviter les frais. Fuir ou s’accrocher dans la défaite, qu’est-ce qui provoquerait le moins son rire ?

  Mais en attendant, je fus le premier surpris de crever des ballons au plomb. Les premiers tirs ne furent pas tous parfaits mais nous restions au coude-à-coude. Malheureusement, je n’avais pas récupéré plus de confiance de cette égalité. Les démons les plus pessimistes me chuchotaient à l’oreille - malgré leurs précédents conseils me demandant d’abandonner car elle me mettrait une pine - que son expérience l’empêcherait de rater ses derniers coups sous la pression. Il ne restait plus qu’une bille chacun et je tremblais légèrement… Pris au jeu, je soufflais comme si une respiration à gros goulots pouvait alléger la pression mais il n’en fut rien. Ce n’était pas un film. Et imaginant Jia plus à l’aise, je craignais que la situation ne l’affecterait peu. Elle misait la croissance de sa série de victoires et moi, l’arrêt de mon humiliation.

  Son ultime tir termina contre la façade et si elle ratait un ballon, elle éclatait la paroi de mon espoir qui vivait enfin. Je voyais par la fine lucarne de cet affrontement, une éclaboussure de soleil. Il me semblait impossible de rater parce que je ne cernais pas une seule seconde l’éventualité d’une égalité : notre couple ne connaîtrait jamais ce genre de choses. Alors narquois, mais narquois politicien, celui qui embêtait d’une voix monocorde :

— Tu seras dégoûtée quand je te parlerais du gage.
  Et le ballon explosa en morceaux.
  Mes poumons respirèrent enfin et mon canon tomba contre le comptoir.

  Vexée de cette première défaite, elle dégagea du stand comme si elle venait de voir filer une médaille d’or olympique entre ses mains et je ne pus lui expliquer que les peluches ne tombaient pas comme des cieux parce qu’on avait décidé d’un duel : c’était huit cartouches qui permettaient la récompense. Dans son dos, je payais une autre partie au gars pour l’amadouer à me filer une peluche et il me tendit avec un sourire jaune un cactus joyeux à peine plus grand que ma main. Je terminai ma bière qui déjà me rendit les tempes sourdes et je regardais les stands. J’avais cru remarquer près de l’entrée des takoyakis qui au premier regard n’avaient rien provoqué mais maintenant l’appétit ouvert et la joie de briser ma série de défaites, me faisait autant envie que n’importe quelle attraction. Sous les lumières, je ramenais Jia dans une longue boucle pour retomber sur eux et c’est avant de nous fournir, à mi-chemin, qu’elle me proposa une cigarette. Son allusion à notre première rencontre m’arracha un sourire quasiment mélancolique.

  Pour contrer le vent, elle joua la proximité et cela me réchauffa et elle, la troubla. Elle n’était toujours pas prête pour un rapprochement physique violent. La phrase avait commencé par la charrier mais au final, c’était une question légitime :

— Tu peux m’embrasser sans problème mais tu rougis quand tu me frôles.
  C’était une phrase qui attendait des explications mais ne serait pas embarrassée de rester sans suite. Et parlant de ça, il fallait bien que je parle de ce gage. Et de profondément la décevoir.
— Mon gage, je t’en parlerais dans un autre contexte.
  Chacun son tour, j’avais attendu des heures pour entendre le sien, non ? Et je ne l’avais pas regretté. Craignant qu’elle y voie un feu de départ pour quelque chose d’encore plus salace que son effeuillage, je repris, encore plus mystérieux :
— Au prochain bar qu’on fera. Ou plutôt une boîte, ça serait mieux.
  Mon sourire disait “Désolé”.
  Mes yeux, “Takoyakis”.
  Mes mains, “Désolé”, à nouveau. Parce que je pris la sienne pour me diriger vers le stand.

  Il manquait deux allées, peut-être trois, et d’une main je m’occupais des cendres de ma cigarette dont les bouffées m’aidaient de plus en plus à profiter de l’instant et de l’autre, à garder enfermée celle de Jia. Il y eut un sursaut de peur, comme d’habitude avec elle, un réflexe d’éloignement mais je la gardais dans ma paume. Si elle tirait trois fois, je n’irais pas plus loin et relâcherais l’animal mais si elle se calmait, je ne ferais durer son supplice que le temps de retrouver notre dîner.

  Elle tira. Une fois parce que c’était Jia, deux fois pour faire bonne mesure puis elle sembla laisser tomber et ce fut à deux, dans “une promenade d’amoureux”, que nous continuâmes notre chemin. Excité et tendu, je me rendis à peine compte de ce que ça faisait d’avoir sa main contre la sienne - après tout, j’avais vu l’exercice comme une moquerie, pas comme une tentative de séduction. Pourtant, le cœur battait un peu plus vite. Ce que je savais, c’est que c’était agréable. Mais je me faisais rire à penser qu’on ressemblait à un couple de puceaux. Peut-être que c’était ainsi pour tous les couples que l’Incontestable reliait : les expériences d’avant étaient rebootées, face à l’unique qui nous serait réservée…

  Plus petit que dans mes souvenirs - comme d’habitude avec eux, ils avaient tendance à gonfler l’espace à une taille standard - c’était une petite échoppe étroite couverte de rouge et de jaune de goût… dans l’ambiance du festival. J’avais lâché la main de Jia et je regardais avec insistance la boîte de six alors qu’en vérité, je voulais celle de dix. Je prendrais la décision selon Jia. Oh et puis non, partons sur la dizaine, je ne mangerais rien d’autre.

  Nos boissons et dîners prêts, la cigarette terminée pour avoir assez de mains pour prendre le tout, je recherchais du regard la prochaine attraction. Puis n’ayant aucune idée pour les premiers instants, étant prêts à tout mais jamais à sauter le pas, je me laissais peu à peu happer par l’ambiance. Tout comme le roman d’un ami, je ne jugeais pas à la qualité qu’à l’émotion que le proche avait placé dedans. Un nouvelliste sud-américain (brésilien ou argentinien ?) avait écrit une courte histoire sur un homme qui réécrivait une oeuvre de Kafka, mais pas n’importe comment, au mot près. Mais comme l’histoire avait été écrite dans un autre contexte de sa main et non plus de l’auteur originale, alors ce copier-collé avait complètement changé de sens et l’histoire ainsi, en fut complètement changée. En bref, je ne profitais pas de l’ambiance festive qui m’entourait : je profitais de la joie que Jia voulait me transmettre. Une question qui devrait être née de l’ivresse mais malheureusement, j’en étais encore loin :

— Comment on l’appelle ? Et je sortis de ma poche ample la peluche de cactus tout content. Monsieur Picot ?

  Je voulais faire les auto-tamponneuses mais j’avais peur que Jia prenne sa revanche sur les fusils et qu’elle me coince comme une démente dans un coin. Je voulais bien tenter les chenilles mais je craignais ne plus rien ressentir : la vitesse n’était ivresse que pour les enfants. Restait la grande roue. Pourquoi pas. Mais interdiction de s’y nourrir. On trouva un banc pour s’installer et enfiler notre repas. Je prenais chaque takoyaki en deux bouchées, pour les faire durer en bouche le plus longtemps en bouche ; et le dernier, pour le big bang final, je le prendrais en entier. Un frisson glacé me prit et je tremblais frileusement.

— Je commence à avoir froid. Comprenant que ça pourrait être mal compris, une invitation à un rapprochement physique, je noyais le poisson dans un small talk : Tu as envie de faire quelque chose ce week-end ? Ou on prend juste un vrai repos, pour contrebalancer avec le dernier ? Toi, moi, le salon, de la farniente. On finirait de déménager les derniers détails éventuellement, dès demain matin. Pour être tranquilles.
Toson Hirai
Toson Hirai
Si t'es sage, t'auras un badge
On s'éclate !
A participé à une soirée CB organisée par le staff
— Just Married —

Messages postés :
570

Inscrit.e le :
30/11/2022


Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Toson Hirai des cheveux jusqu'aux bouts des orteils (♥)
Autre: Toujours dispo pour une recherche de liens
Jia Hirai
Jia Hirai
 

A force d’hésiter,  
Tu me laisses trop de liberté -

Son souffle chaud sur tes joues un peu empourprées, il ne t’en faut pas plus pour te reculer avant d’utiliser sa cigarette enfin attisée comme briquet. Te pensant suffisamment réservée - suffisamment protégée par l’image de la fille sûre d’elle que tu as inventé (et que tu t’obliges d’incarner depuis si longtemps que tu ne saurais dire quand cela a exactement commencé), tu te permets une petite pique après avoir inhalée la première latte histoire d’apporter un nouveau sujet au journaliste à l’observation méthodique.  

Evidemment, Toson ne prête guerre attention à ton allusion en mettant les deux pieds joints dans le plat.
Accentuant encore plus ton embarras.  
Quel plouc rabat-joie. Un vrai goujat.

Le brun t’autorise à l’embrasser en soulignant un obstacle qui pourrait t’en empêcher ; la gêne se lisant sur tes pommettes enfiévrées.  

Tu sors donc la vieille excuse que tu as préparée bien qu’ça te fasse chier.  
Chier qu’il est pile appuyé là où il aurait pu faire semblant de n’avoir rien remarqué.  

- C’est le froid qui me fait cet effet, pas toi. marmonnes-tu sans rien ajouter pour changer de sujet, un peu vexée. Les épaules plus crispées, l’intonation un peu plus renfermée, t’essaies pourtant de te maîtriser pour paraître cool et détachée.  

Ça ne semble pas trop fonctionné.  

Plus que simplement la fierté touchée, il vient de raviver l’alarme des effets secondaires oubliés quand tu ne joues pas la garce d’arrache-pied ; tu te fais narguer, toi et ta fragilité. Tes émotions bien trop faciles à discerner, surtout pour un être habitué à devoir tout analyser.  

Cependant, qu’il ne croit pas être le seul à y être autorisé ; toi aussi, tu l’as disséqué.  
A chaque opportunité, il a appris à surfer sur ton mode de fonctionnement pour te contenter sans trop se risquer. Pas trop se mouiller de sorte que tu sois celle qui va finir par attaquer ou s’incliner. Il a appris exactement où appuyer pour te faire aboyer ou tenter, d’une manière détournée, de vous rapprocher sans que tu n’essaies de t’évader. Te provoquer pour te faire prononcer quelques mots qui pourraient le rassurer et l’aider à s’engager dans quelque chose de plus concret.  

Des gages. Des défis. Des moqueries.  
L’un et l’autre n’attendent que des aveux mais personne ne semble encore prêts à rendre les armes à feu.  

Contre toute attente (ou plutôt, ton attente), ton expression renfrognée ne l’a pas dissuadé. Il continue de te taquiner en refusant de te partager le gage qui te sera attribué. La bouche semble se désolidariser tandis que tes pupilles se dilatent tel un chat en pleine obscurité.  

- Quoi ?! lâches-tu involontairement, trop promptement.  

La déception semble te gagner autant que la frustration.  
Toi qui avais volontairement abandonnée, bien qu’il n’en soit pas informé, te voilà piégée et dépitée. Il te reste plus que le regard écarquillé pour compenser.  

Aussi étrange que cela puisse paraître, il semblerait que cette menace proférée t’a intriguée, te demandant si ton nouvel époux désigné en profiterait pour créer des étincelles capables d’embraser les remparts que tu as montés.  

Cependant, tu refuses d’insister. Paraître ni trop intéressée ni trop désespérée par ce report est désormais ton unique intérêt, d’autant plus que les mots “bar” puis “boîte” viennent se mêler.

Que pouvait bien avoir en commun ces lieux et l’intérêt de nous y rendre ensemble, tous les deux ?

- Qui te dit que je vais accepter qu’on aille ensemble dans un bar ou une boîte après l’échec de la semaine passée ?

Mais mon sarcasme ne semblait pas effacer son sourire désolé.  
A-t-il déjà finit par s’y habituer ? - C’est un peu comme s’il s’y attendait.  

Le gage reporté à une date indéterminée, tu es prête à continuer d’arpenter les allées quand ta main vide se fait capturer. Sur-le-champ, ton cœur manque un battement vers ton cerveau pour y trouver une bonne raison. Par réflexe, la première seconde passée, tu veux t’en détacher. Après tout, ce n’est qu’une blague puérile pour te tester. Tu le sais mais ses doigts semblent t’agripper. Je ne veux pas être un cobaye que tu t’efforces de te répéter.  
Tu re-tires encore mais sa poigne ne s’est pas desserrée.  
C’est sûr, il ne va pas tarder à s’esclaffer pour ta crédulité.  

Tu t’apprêtes à donner ton troisième coup, plus fort que les précédents mais une idée vient de frapper. Et si c’était moi qui le piégeais ?  

“Aller à contrecourant et contre ma nature en acceptant”, voilà ton raisonnement.

L’empêcher, à son tour, de s’échapper. “Dans la même équipe” qu’il disait et pourtant, tu ne t’es jamais sentie aussi bousculée dans ta manière d’inter-agir avec autrui. Avec un mari. [b]Ton mari[/i].

A cette façon de penser complètement démentiel pour la plupart des mortels, ta main cède. Les premiers pas semblent t’incommodés, détestant ressentir ce petit mordant insistant au centre de ta cage thoracique, mais au fil du temps, tu sembles t’y acclimater.  

A-t-il diminué ?  
Ne fait-il plus effet ?  
Ce petit pincement n’est-il que passager ?


Toutes ces questions balayées d’un tambourinement de ton palpitant au fur et à mesure d’avancer. Depuis combien de temps n’avais-tu plus accepté de te promener aux côtés de quelqu’un si simplement ? Longtemps. Et si, les taquineries sont souvent de la partie, tu profites du silence qui s’installe cette fois-ci.  

Jusqu’à ce que vos pieds vous amènent devant le fameux stand qu’il a tantôt repéré. Vos corps séparés, vos mains se retrouvent lâchées. Du coin de l’œil, tu tentes de l’observer. Et lui, l’a-t-il remarqué ? Non, bien trop préoccupé face au menu affiché. Sans un mot, tu décides donc de l’imiter, rangeant tes mains dans ton manteau avant de t’arrêter au même niveau. D’un hochement de tête, tu valides son choix pour y avoir déjà déjeuné. Takoyaki pour ton mari, la même chose pour toi aussi. Supplément café chaud.  

Sans savoir où avancer, la prochaine étape de la soirée ; vous décidez de vous arrêter sur ce petit banc pour manger. D’un pas en retrait, tu le suis jusqu’à ce qu’il s’arrête pour sortir de sa poche son trophée. Le symbole de la victoire que tu lui as secrètement concédée. Le craquement de tes semelles dans l’herbe recouverte d’une couche de givre te fait d’autant plus apprécier de moment.  

T’en oublies quelques instants tes ex sentiments ; ceux que tu ressens et ceux que tu t’interdis pour n’apprécier plus que le présent.  

Son interrogation te surprend, t’obligeant à rediriger ton attention une seconde fois sur l’objet désigné pour visualiser le prénom qu’il vient de lui trouver.  

- Monsieur Picot ? C’est mignon, admets-tu, le sourire innocent en repensant au seul nom qui t’es apparu en le découvrant, gardons ton nom...c’est plus sympa que Prick.

Pour le peu que tu saches parler anglais, ce mot t’a toujours marqué pour le double sens qu’il peut parer. Du simple verbe “piquer” ou le nom “piqûre” affilié, il peut vite se transformer en nom d’oiseau grossier ou mot familier.

Une fois installés côte à côte, les manteaux sous vos fesses pour les protéger, tu peux enfin entamer ta première bouchée. La seconde ne tarde pas s’enchaîner, te faisant peu à peu oublier les étranges insatisfactions qui t’ont traversées.  
Les doigts dégueulasses, la nourriture semble t’apaiser tant que sa remarque ne soit pas prononcée car, une fois dite, elle sème un doute. T’as froid, et ?

Aussitôt, tu penses qu’il va peut-être prendre les devants. Proposer un réel rapprochement.  

Mais rien, il rééteint la petite lueur directement comme s’il avait eu peur d’un éventuel débordement. Les portes se referment donc devant toi, automatiquement – discutant de la pluie et du beau temps.  

Que c’est décevant.  
Bien que tu essaies de te contrôler.  
Tu te prends le temps d’avaler tes aliments prémâchés avant de te frotter les mains pour tenter d’enlever les quelques traces laissées. Les résidus un peu trop incrustés, te débarrassant du même geste de toutes ces attentes niaises qui te nourrissaient.  

- Tranquilles ? Répètes-tu, plus pour toi même que pour lui, d’une voix devenue rudement plus âcre, signe d’un futur massacre. Ouais, faisons ça et restons sur la même monotonie que cette semaine, c’est toujours plus agréable que des conflits.

Ta langue claque entre chaque mot, chaque syllabe tel un talon contre le béton.  
Si ta bonne humeur semblait acquise ces derniers jours, tu en as omis de cadenasser ton cœur comme tu le fais toujours. Tes iris devenues bien plus sombres, ton visage se renferme pour t’être laissée encore bernée par tes illusions d’une sorte de séduction.  

Les mains propres et essuyées, tu poses les emballages à tes pieds. Tu les jetteras quand tu te lèveras.  

- Et maintenant, on fait quoi ? La grande roue ? La pêche aux canards ? Les auto-tamponneuses ? Lui demandes-tu, d’une tonalité bien trop désintéressée pour qu’une réelle réponse y soit attendu.

Plus que ton égo qui est touché, tu te sens véritablement en danger.  
Non.
Tu ne veux plus être blessée et tu le sens,  
à tout moment,  
Il peut y avoir un débordement de tes sentiments.

- Au fait, n’avait-on pas trinqué vendredi à notre courage ?t’enquières-tu d’ajouter, la mine hypocritement en train de cogiter. La réponse, tu l’as déjà toute trouvée et tu sais exactement à quelle proposition tu veux aller pour casser dans l’œuf toute forme de sensualité.  On peut se charger de ça maintenant, t’en dis quoi ?D’un regard insistant, plongé dans le sien à la quête d’une quelconque réaction avant même qu’il réponde officiellement à ton interrogation.  

Un peu à l’image du week-end dernier,  
Prête à tout gâcher pour te barricader.  
Takumi Ando t’a rappelé tes blessures passées
Et tu n’es pas encore prête à recommencer.  

Et toi, Toson, vas-tu continuer de me laisser nous déflagrer sans m’en empêcher ?

Entretemps, avec une pointe de réticence à la première pensée, ta main finit par se frayer un chemin jusqu’à son genou pour s’y poser tandis que l’autre lui retire habilement sa paire de lunette posée sur le nez. Oeil pour oeil et dent pour dent qu’on a dit. Alors, c’est au fond de sa rétine que tu vas plonger pour voir si tu vas y trouver un sursis.  

Va-t-il résister ? Et toi, vas-tu pouvoir assumer ?  

Là, une cigarette t’aiderait bien à canaliser cette nervosité recroquevillée dans ta main, qui d’extérieur, semble déterminée à ne pas lâcher.  
© PAN
Jia Hirai
Jia Hirai
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 100 messages
Membre à l'honneur
A été membre/posteur du mois
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Lecteur avisé
A proposé un RP du mois
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
A voté
A voté à un interforum
Champion de JM
A participé à un interforum
— Just Married —

Messages postés :
83

Inscrit.e le :
19/06/2023

Toson Hirai
Toson Hirai
   Tout dans sa réponse aurait pu transpirer une certaine positivité si dans ce grand liquide une goutte de nuance n’empoisonnait la tare : est-ce que l’utilisation du mot “monotonie” devait me faire comprendre qu’en elle couvait une lassitude sourde ? Est-ce que c’était ma faute, est-ce que je faisais mal les choses ou bien notre situation et ses problèmes prenaient le pas sur nos dilemmes, qu’au final elle n’en pouvait plus de ce qu’on vivait, pas parce qu’un de nous deux n’y mettait pas du sien mais parce que l’Incontestable la noyait dans la cuvette des chiottes de sa vie depuis trop longtemps ? Je pinçais les lèvres et regardais droit devant moi, entre la colère et le besoin de silence ; ce genre de prunelles n’était à destination que de la carriole en-face à moitié rongée par les crocs de l’obscurité. En bref, le ton de Jia avait donné à ce soudain froid qui nous repoussait sa voix, et mon regard, ses yeux. Nous étions au diapason dans la glace.

   Elle tendit une perche pour briser le silence et par politesse, je fis mine de réfléchir bien que ce sujet ne fut pas sur le podium de ce qui occupait mon esprit. Dans le labyrinthe qu’était cette femme, il me semblait être tombé sur un cul-de-sac et il me fallait savoir depuis combien de temps j’étais engagé dans ce couloir qui ne menait nulle part. La grande roue m’allait : je ne pourrais feindre de m’amuser trop dans l’immédiat. Le vendredi soir imprimait sur ma santé une marque lourde : je n’arrivais même pas à savoir ce que je devais faire. Poursuivre la conversation ou l’arrêter. L’étrangler par le temps et laisser au prochain jour une meilleure base sur laquelle commencer sa journée.

— La grande roue… proposais-je sincèrement, mais sans engouement. La suite va vous étonner.

   Jia lança le pavé dans la mare : plus gros encore que tout ce qu’elle avait lâché, entre le fromage et le dessert, sans trop regarder les éclaboussures. Le geste comptait, les conséquences, à peine. L’inverse d’un enfant.

   Elle me prit violemment de court et je fus soufflé. Quoi répondre ? Mon erreur peut-être fut comme on eut pu le croire de ma part, de ne pas me rendre compte qu’elle était repartie pour son tour de piste préféré, sa prise de judoka qu’elle tentait puis retentait avec une force accrue à chaque fois pour voir jusqu’où mes manches où mon poignet tiendraient. Je le sus, peut-être, au fond de moi, mais je négligeais la raison. Peut-être ici gagnait-elle car je perdis la raison. Plutôt que de proposer un contre déroutant comme la dernière partie où j’avais déshabillé mon corps avant le sien, je me mis à réfléchir à sa proposition sérieusement, bien trop sérieusement, tel un comptable à qui on proposait une solution alternative pour couvrir des amortissements frauduleux.

J'en fus blessé aussi, bien malgré moi, bien que j'aurais dû savoir qu'il n'y avait que dans les contes de fée où les couples sous l'Incontestable trouvaient leur joie ou leur ultime intensité à la porte de la chambre nuptiale ; j'aurais voulu que Jia me le propose par envie, pas par besoin. Ce fut ça qui me toucha et qui dans mes yeux fit tomber des regrets et de la déception. Il n'y avait maintenant aucun terrain assez sacré qu'elle ne jetterait pas dans les flammes. Elle proposait de faire l'amour mais elle en épluchait l'intime. Elle ne semblait même pas vouloir qu'on couche par devoir, parce qu'il le fallait pour respecter le pays, mais comme si c'était une tâche ménagère. Je la trouvais cruelle à ce moment : après son corps à elle, mon bonheur aussi, elle était capable de le réduire à un jouet.

Ce fut sur la base de l'injustice que je me levais et je m'apprêtais à lui rendre son coup sans comprendre la stratégie qu'elle déployait pour couvrir sa détresse. Je voulais qu'elle aie mal et qu'elle comprenne qu'elle était allée trop loin. Voilà ainsi que ça commença :

- Jia, c'est vraiment dégueulasse.

Voilà, elle avait trouvé ma tristesse. A force de fouiller, mineuse incontrôlable qui creusait jusqu'aux gaz mortels en les cherchant. Serait-elle partie pour de l'or je lui aurais pardonné plus qu'à moitié car j'étais sensible aux intentions, mais depuis le début, elle cherchait les frontières pour se faire entendre, elle cherchait sa chaîne de montagnes entre nous où hurlant, elle trouverait l'écho le plus fort.

Mais je me radoucis alors. Nous n'avions plus trop de temps au final si nous ne voulions pas être coincés contre notre gré et nous nous étions promis d'agir selon nous et pas selon une intelligence artificielle ; peut-être qu'elle s'était même faite à l'idée depuis longtemps et que c'était pour cela, mâchée et remâchée, perdant sa saveur et son poids, qu'elle lançait une proposition pour elle lessivée sans se rendre compte que j'aurais voulu qu'elle veuille de moi pour moi et pas pour qu'elle me débarrasse.

Je me rassieds stupidement, théâtralement, et joignis mes deux mains l'une dans l'autre pour les frictionner, combattre le froid, aider à la réflexion comme dans leurs gestes entremêlés cela mimait les nœuds que je me faisais. Tout me venait plus tendre car j'avais une idée de réponse qui avait germé, je me trouvais consolé par l'élégance de mon retour.

- C'est tout ce que ça te fait, de balancer ça comme si ce n'était pas important ? Les reproches étaient toujours présents, mais je m'en servais comme pivot pour un ton plus doux et je la regardais dans les yeux pour qu'elle y lise le sérieux avec lequel j'abordais mes prochaines phrases : Mon gage, je vais l'utiliser maintenant en fait, comme on n'est pas sûrs de sortir dans ces endroits de sitôt, tu l'as dit toi-même. J'avançais à mon tour ma tête vers elle, pas assez pour chercher le baiser mais pour rendre ma sentence plus proche. Voici le gage : je veux que tu me dises la vérité, est-ce que tu as seulement envie qu'on fasse l'amour ?

C'était cru et à froid comme question, à l'endroit même où son audace avait préféré la suggestion mais tout comme c'était son devoir de vérifier les périmètres, c'était à moi ensuite de les tracer clairement.

Au-delà de ça, mon cœur battait la chamade. Je la croirais quoi qu'elle me dise : j'avais la foi qu'elle n'irait pas jouer au-delà des gages. Si elle disait oui, alors pourquoi pas. Peut-être un peu d'alcool pour aider à passer, on fermerait les yeux et on s'ouvrirait à l'autre. Si elle disait non alors, ce qui demanderait un sacré courage, je fermerais la conversation et on passerait à autre chose, on réserverait ce premier moment à un des derniers jours où nous serions plus au calme. L'excitation me prenait le cœur, mais pas encore la tête : j'étais trop concentré sur sa réponse pour me laisser aller.
Toson Hirai
Toson Hirai
Si t'es sage, t'auras un badge
On s'éclate !
A participé à une soirée CB organisée par le staff
— Just Married —

Messages postés :
570

Inscrit.e le :
30/11/2022


Les plus du perso :
Je suis: neutre.
Époux/se : Toson Hirai des cheveux jusqu'aux bouts des orteils (♥)
Autre: Toujours dispo pour une recherche de liens
Jia Hirai
Jia Hirai
 

A tout moment,
cela peut devenir affolant

La grande roue qu’il t’a proposée, changeant également de ton lorsqu’il constata avec effroi la manière dont le vent tourna. La tempête Jia s’étant invitée après plusieurs jours de calme, difficile de penser qu’elle pouvait se reformer. Pourtant, la revoilà plus animale. Plus brutale. Un peu comme un professionnel qui opère sans utiliser son matériel chirurgical, t’es redevenue cette fille aux méthodes bancales.  

Alors que les jours précédents s’étaient bien passés.  
Que tu as ressenti de l’empathie pour celui désigné comme ta moitié.  
Que tu as même fini par accepter de tolérer  
Vos mains l’une contre l’autre serrées.  

Tu repars en arrière comme le premier au jour où vous vous êtes rencontrés. Comme si rien n’avait changé. Comme si tu n’avais pas évolué. Ton comportement redevenu froid et distant, ton regard toujours plus perçant à l’évocation de votre premier moment intime. Même là, tu arrives à prononcer ces mots d’un timbre des plus indifférents. Tes maux ; ton plus grand défaut (bien que tu essaies de faire croire que ton seul problème soit ton égo). Après tout, c’est moins pathétique de passer pour la peste que la mauviette.  

T’en es persuadée - c’est le meilleur choix que tu as fait.  
Pour toi –et pour lui ; le dégoûter.  

D’ailleurs, ta méchanceté semble payer après tes nombreuses piques lancées et ta dernière missive envoyée. En fait, t’as trouvé sûrement le seul sujet sur lequel aucune concession n’est tolérée ; le désir à éprouver. Le plaisir de se découvrir ; toi qui as déjà utilisé ton joker pour te dévêtir. Ou plutôt, qu’il te dévêtisse. Oui, c’est ce qui semble le plus l’affecter, cette façon que tu as de t’en dépouiller sans l’ombre d’un regret.  

Alors que s’il savait... L’effet que ça te fait, peut-être qu’il pourrait se détacher de tes insanités pour se concentrer davantage sur ces petits détails qui trahissent ta fébrilité. La part d’effervescence que tu essaies de contrôler pour ne pas la laisser se manifester.  
A savoir, la manière dont ton palpitant se précipite au simple effleurement de ta paume sur sa jambe couverte de ce tissus foncé. Les tiraillements insistant au bas de ton ventre lorsque tu lui retires sans autorisation la monture de ces verres qui vous sépare.  

Ça se rapproche.
Tu te rapproches.
C’est à cet instant que tout s’effiloche à travers ces reproches.  

Heureusement.  
Un peu plus et tes joues auraient à nouveau été marquées par des rougissements.  

Rejetée, ta main, précédemment sur son genou, retombe sur le côté une fois qu’il s’est levé tandis que l’autre garde ses lunettes. Dans la précipitation, t’as même failli les lâcher. Par sécurité, tu les poses ensuite sur le banc, du côté opposé au sien histoire d’éviter qu’il vienne les écraser.  

Dégueulasse.
C’est ainsi qu’il qualifie ton offre bon marché. Quelques caresses plus marquées réalisées au détour d’un WC bondé. En fait, il a de quoi être vexé... Même pour toi, ça te semble une piètre idée. Une scène qui risquerait de manquer de dignité... d’intimité. T’en es désolée, dans le fond, même si tu essaies de dissimuler ta culpabilité. La jonction de tes lèvres, elle, ne peut s’empêcher de se déformer vers le bas tandis que tes paupières se ferment quelques secondes pour inspirer. Ne pas craquer.  

Inflexible et endurcie, ton expression est ton bouclier pour parer à ces ennuis.  

Tant que le journaliste est dressé, marquant par sa posture vos mondes totalement opposés, tu sens l’écart vous séparer. La chaleur de vos corps s’étouffer. Deux façons contraires de s’exprimer. Deux êtres à l’âme blessée.

Toi qui pensais que ça suffirait à l’irriter autant que la semaine passée. Être celle qui l’amène à te détester serait tellement plus simple – tout semblerait moins tentant. Moins attirant. Foutrement moins attrayant. Mais non, ton interlocuteur décide de revenir s’installer juste là, à tes côtés, sur le banc que vous étiez en train de partager. Bougeant frénétiquement ses mains pour se réchauffer, un peu comme un appel, tu décides de l’ignorer alors que tu pourrais. Tu pourrais prendre ses paumes pour les glisser sous ton manteau épais. Là, si près de ton cœur agité.  

Cependant, tu décides de ne pas bouger. Encore moins l’observer, ton regard rivé sur les illuminations du prochain cabanon.

Une nouvelle question. Cette fois, l’interrogation t’étant directement adressée, tu ne peux t’empêcher de reporter ton attention sur le concerné ; celui à cause de qui tout a commencé. Tes iris reflétant l’hésitation, tes lippes commencent à se mouvoir sans qu’aucun son ne s’en échappent. Non. T’as changé d’opinion – incapable de formuler une quelconque objection.  

Tu te contentes donc, pour seule réponse, de te racler la gorge.  

Rejeté. C’est ce que tu t’es imaginé être après son air outré. Seulement, pour quelqu’un de contrarié, c’est étonnant de l’entendre réclamer son gage sans avertissement. Mais, surtout, il revient de plus en plus près. Trop près. Ses pommettes à quelques centimètres, le parfum de la nicotine froide entremêlé à un After Shave devient trop envoutant à ignorer, ton regard appuyé inlassablement sur ses lèvres.

PARDON ?

Tu t’attendais absolument à tout sauf à ça. Une embuscade : un aveu basé sous le sceau de la vérité et qui deviendra sous peu la seule loi. Toi qui essaies par tous les moyens de dissimuler tes réelles intentions. Tentations constamment refoulées, tu y as fait une croix y a bien longtemps.  
Néanmoins, cet affront inattendu te rend subitement bien plus tendue. Et confuse comme en témoignent ta bouche distordue et ton regard éperdu.  

Ton réflexe habituel te fait reculer, ton dos s’enfonçant dans le fond du dossier pour mieux l’observer. Et surtout, mettre à l’écart le responsable de bourbier émotionnel dans lequel tu es empêtré. La raison doit gagner. Par chance, tu sais exactement ce qu’il te faut pour t’en échapper.  

Le temps semblant s’allonger tellement le silence est difficile à combler, tu finis par le briser dans un mouvement banal. Ta vue dirigée à nouveau sur les autres visiteurs de la soirée pour l’éviter, ta poigne vient se lever pour repousser quelques une de tes mèches ébènes sur le côté.  

- Non.

Simple. Direct. Mais surtout, sournois.  
Je n’ai pas le choix.

T’en es convaincue... tant que tes prunelles chargées ne succombent pas au besoin d’étudier ses réactions. M’a-t-il cru ? Et d’autres inquiétudes farfelues empiétant sur tes principes de retenue.  
Non. Tu ne peux “juste” en rester là.  
Ça te noue encore plus la trachée de le voir si écœuré que de lui avouer une partie de vérité. Toujours un peu en retrait autant que l’espace te le permet sans pour autant te déplacer, ton œillade se détourne pudeur de ce que tu t’apprêtes à ajouter.

- Enfin... peut-être, reprends-tu, moins intelligiblement. Une interruption te semble nécessaire tant tu sembles manquer d’air. Je ne sais pas. Avoues-tu, un soupir plus tard.  

La nervosité de la situation te dévore au même rythme que la chaleur te mord... Le froid étant bien loin d’avoir sa place dans tes préoccupations.  

Bien plus gênée que ce que tu avais imaginé, alors que tu essaies un tant soit peu de noyer tes doutes dans la banalité de la conversation, tu ne vois plus que la tige à embraser comme dernier recours de sérénité. Le paquet rangé dans ta poche avec ton feu, il t’arrive bien vite entre les doigts pour t’en emparer une pour la glisser sur tes lippes.  

Ainsi, elles seront, elles aussi, occupées. Le premier souffle s’extirpe et se dissipe. Même elle n’arrive pas à te sauver de cette noyade inéluctable qu’est l’abîme de tes craintes sur ce que tu peux bien désirer. Ou, qui, tu peux bien désirer.

- Est-ce que tu ne me plais pas mais je viens vers toi par obligation parce qu’on est mariés ? L’interrogation posée, une pause est encore nécessaire avant de continuer... Car le prochain doute, celui qui te paralyse et que tu redoutes, tu aurais aimé te le garder mais s’il y a bien une chose que tu as horreur, c’est l’hypocrisie et la duperie. Ou est-ce que tu me plais mais je refuse de me laisser aller parce qu’on est mariés ?

Ces confidences sont plus pour toi un moyen de te soulager que réellement l’informer.  
Toi-même, tu ne sais. Enfin, tu t’empêches d’en connaître la vérité. Mais, dans cette bataille de celui qui sera le moins touché, tu n’es pas la seule à te dresser. Deux à s’opposer. Deux à se quereller. Deux à se confier. Deux à temporiser. Ce que tu t’apprêtes à demander t’exige une nouvelle inspirateur de relaxant avant de relever le menton vers le ciel étoilé pour en libérer le nuage excédant.  

- Et puis, comment le saurai-je Toson ? Comment ? Es-tu venu une seule fois vers moi ?Résonnant comme une critique, la fébrilité du début à laisser place à la frustration qu’il a causé. Je ne te parle pas de propositions amicales pour créer une bonne entente ; dans ce domaine, pour maintenir la paix, tu ex-celles.Le dernier mot étant découpé nettement par ton sarcasme marqué. Difficile de passer à côté. Je te parle de séduction, Toson.  

Et, comme un enfant auquel on souhaite expliquer l’erreur qu’il a commise, tu veux l’illustrer par des faits. Oui, il t’a déshabillé quand tu le lui as demandé. Oui, il t’a embrassé quand tu venais de le faire pour se venger. Oui, il t’a pris la main quand il voulait te narguer.  
Mais rien de tout ça n’a été de son initiative.  
Lui, qui prône l’envie d’un mariage réussi et heureux, il pense pouvoir gagner en adoptant une stratégie offensive.  

Belle connerie.  

Agacée (sûrement plus qu’il ne l’a été lorsque tu as dit que l’heure était venue de penser aux gestes relevant de l’intimité), la cigarette quitte ta mâchoire contractée par ce que tu t’apprêtes à engendrer. Les doigts de ta main relâchée venant s’élever pour se poser à la naissance de son cou, c’est ton buste tout entier qui s’avance pour rejoindre celui que tu as l’habitude de repousser.

A quelques millimètres du dessein de ta convoitise, tu marques un arrêt. Un dernier regard et un rictus plus tard, tes yeux disparaissent afin d’avoir toute ton attention concentrée sur nouveau baiser au goût bien relevé. Moins nonchalant, il est bien différent des précédents, ne serait-ce qu’à ta façon de fendre tes commissures sur les siennes, ta langue partie à la conquête de sa complice pour débuter un nouveau jeu qu’elle n’a encore eu l’occasion d’explorer.

Une valse plus tard, lorsque l’emballement de ta respiration arrive à rappeler ton discernement, tu essaies tant bien que mal de t’arrêter. Stopper ces charbons que tu viens d’allumer. Légèrement haletante, troublée mais insuffisamment pour t’empêcher de recommencer, ton visage vient s’enfoncer un peu plus vers cette nuque que tu n’as pas encore goûté mais qui, pour le moment, doit attendre ces murmures que tu ne peux assumer.  

- Je te redemande donc une dernière fois, as-tu déjà essayé, ne serait-ce que quelques secondes, de prendre des risques ? Si la réponse est non, pourquoi, moi, devrais-je le faire en première ? Pourquoi ?   Te rassurer.  Te dire que tu es beau mais aussi le plus charismatique que j’ai rencontré ces dernières années. Que ton répondant m’adoucit étrangement. Tout cela aurait vraiment changé quelque chose ?
© PAN
Jia Hirai
Jia Hirai
Si t'es sage, t'auras un badge
Machine à écrire
A posté 100 messages
Membre à l'honneur
A été membre/posteur du mois
Écrivain du mois
A été élu RP du mois
Lecteur avisé
A proposé un RP du mois
Sociable
A fait des RPs avec 3 partenires différents
Explorateur
A fait des RPs dans trois endroits différents du forum
Officiellement votre
A fini son premier RP mariage
A voté
A voté à un interforum
Champion de JM
A participé à un interforum
— Just Married —

Messages postés :
83

Inscrit.e le :
19/06/2023

Toson Hirai
Toson Hirai
  Non.
  Ah ?
  Peut-être.
  Très bien… ?
  Il n’y avait bien que sur le terrain de l’intime que ces deux expressions signifiaient la même chose ; pourtant, mon cœur les prenait bien trop différemment, comme si en pleine radicalité il recherchait encore la nuance. J’avais pris Jia au dépourvu ; peut-être que c’était là le secret de sa confession brutale plus que sa volonté de se plier aux règles du jeu, me voici alors aux portes de notre nouvelle relation. Deux signaux contradictoires en une seconde, ce n’était même pas la moyenne de Jia et qui savait ce que le futur promettait se rendrait compte qu’il y aurait plus encore à venir. Imaginez une conductrice qui activant son clignotant gauche part à droite, fait alors demi-tour, allume ses feux de détresse, s’arrête quelque part plus loin puis continue à pied. C’est la manière de dialoguer de Jia. Cela devenait une science de savoir ce qui lui passait par la tête, mais n’était-ce pas étonnant après l’avoir enfermée dans ce bocal nommé défaite ?

  Ou bien seulement elle hésitait car elle naviguait en plein brouillard. La sincérité touchante avec laquelle elle déposait près de moi ses pensées comme on rendait les armes, me fit me sentir coupable. Bien sûr que non je n’aurais jamais eu une réponse claire de sa part. Pas parce qu’elle s’appelait Jia mais parce que moi-même à sa place, pris dans le piège, je n’aurais jamais abdiqué la moindre clarté. Comme si une jolie confession pouvait sortir d’un tel environnement ; comme si un refus net quand les cordes de l’Incontestable vous condamnaient de toute manière à la coucherie le pouvait aussi. C’était moi-même qui l’avais jetée dans les pentes grises d’une conversation brumeuse. Après, je ne me sentais pas tout à fait en tort. Ma première intention n’était pas de savoir si elle en avait envie, c’était d’abord un revers à sa proposition, son échappatoire. Certaines personnes agissaient comme s’ils devaient lutter contre un missile de sous-marin, ceux à rebours : ils fonçaient droit dessus pour les cogner avant que la détonation ne tonne, et les dévier sans dommage.

  Puis une accusation, une grave. Une qui touchait juste, j’estimais, trop content de danser sur les lignes ambiguës et me rétracter au dernier instant quand Jia sortait son propre mécanisme de défense. Je ne comprenais encore qu’à moitié que c’était une juste claque après avoir tenté de tirer d’elle à toute puissance une confession en restant à l’abri. J’aurais même pu prédire cette tempête. Mais encore sous attaque, la vision se rembrunit, je soupire et bien sûr, je tente une justification :

— Comment on te séduit, Jia ? Tu crois que c’est simple d’avoir trois réponses différentes de toi dès qu’on te pose une question personnelle, dès qu’on te touche ? J’ai le droit à la prudence. Cela me sembla stupide, dit ainsi. Je justifiais d’une voix moins cérémonieuse : J’avais peur de tout faire foirer ou d’être intimidant. On n’aura pas de seconde chance, nous sommes chacun dans notre dernier couple.

  Il fallait relever ici le premier shift, qui pouvait le trouver, dans cette réplique ? Je venais de parler au passé. Preuve que des digues sautaient peu à peu, et si les dernières poutres en bois tenaient encore, le barrage s’effondra complètement une fois que rapprochée de moi, elle se mette à m’embrasser. Pour la première fois, m’embrasser complètement. Le cœur accroché, je sentis qu’il bondissait une fois et se tenait tendu et brûlant dans ma poitrine. Il était sous le choc, ma tête aussi. D’abord par réflexe puis ensuite par envie, un ordre normal pour un homme qui a été comblé par surprise, je lui rendis l’hardiesse, ouvris mes lèvres pour qu’elle goûte le fruit de son assaut. Puis je dansais avec sa langue doucement et une de mes main passa à la courbe de son dos pour pousser le reste de son corps à une étreinte plus proche encore. On resta de longues secondes dans ce baiser qui ressemblait pour la première fois à une embrassade d’amoureux.

  Je respirais aussi profondément quand on se sépara, encore choqué, les joues rosies, frappé par la foudre. Jia repartit doucement à l’assaut et posa sa tête contre mon cou ou elle me dévoila ce qui aurait dû être des fantaisies mais semblait tout à fait sincère. Je comprenais où elle voulait en venir et me sentis coupable de lui avoir forcé ce genre de pas pour que la leçon soit apprise. Je ne parvenais maintenant plus à respirer, choqué, la laissant masser, se coller à moi. Dans une seconde de paix, je pensais que j’aurais besoin de plus de bière. Et à sa questions, je m’interdis de répondre, par sincérité ou jeu, que si elle devait se confier d’abord, c’était dû au gage. Mais je sentais que ce genre d’entourloupes, elle n’y goûterait pas avant une véritable initiative.

— Je suis désolé. Et je me rattraperai. Au moins, c’était du direct. Cela m’aida à relâcher la pression. Tendu comme une planche de bois, j’expirais l’air emprisonné et je pus me sentir un peu plus à l’aise.

  Ce que je ne savais pas encore, ce que peut-être plusieurs séances de psy auraient pu déceler, c’est que c’était bien parce que je craignais le rejet que je “jouais”. Ici, on parlait du rejet ultime, le grand Mariage. Il y avait moins de place pour les divinités maintenant que l’Incontestable donnait aux âmes humaines une colonne vertébrale elle même ; tout comme la Chine du XXIème siècle avait imposé une religion d’Etat sur l’Etat. Mais à la limite, Jia aussi était sous le joug de cette crainte, qui ne le serait pas dans cette configuration ? Combien de Japonais à notre place s’étaient sentis à l’aise, ou sereins, quand la Machine vous ordonne de nouer un lien qui pouvait prendre une vie pour être trouvée et approfondie, de tout faire ça rapidement et sans bavure ? Et tous ces gens qui n’avaient goûté à rien sinon à la solitude et au célibat, n’était-ce pas comme demander de s’occuper un jardin à ceux qui n’avaient jamais vu de plante, qui doutaient d’eux, de leurs capacités, et qui ignoraient l’humidité, le jeu des saisons, la fertilité de la terre, les croisements à faire, les cycles, et qui ignoraient même qu’ils ignoraient tant ? Je me rendais compte maintenant que depuis le premier jour, peut-être parce qu’elle m’avait intimidée, que je n’avais jamais pris au sérieux le fait que je puisse lui plaire. Le secret se trouvait là. Jouer une bataille perdue d’avance brisait les inhibitions et on se permettait l’audace des héros : qu’avait-on à craindre de la défaite, elle avait frappé au matin. Jia était en train de me dire que non. Des craintes ressurgissaient, d’autres s’enfuyaient, elle laissa après ses murmures un tout autre champ de bataille en moi.

  Pour accompagner le geste à la parole bien que ce fut dix fois moins que ce qu’elle avait mis sur la table, alors qu’elle restait prostrée dans cette position où j’avais peu d’options, je réussis à faire passer un bras derrière son épaule pour la resserrer contre moi. Nos deux corps, nos pulls, nos vestes, nos gènes, tout ceci combina pour faire naître sur ce banc une chaleur intense contre laquelle le froid resta silencieux. Je replaçais à mon tour quelques-uns de ses cheveux derrière sa petite oreille, en frôlant sa tempe du bout de mes doigts, mais pas plus. Je regardais les passants tant que Jia restait là, abasourdi, recherchant une aide comme si l’un d’entre eux comprendrait le drame qui se jouait en moi, une femme emmitouflée contre, et qui viendrait me tirer de cet embarras ; en vérité, elle n’avait fait qu’inverser les rôles, depuis le moment où je lui avais pris la main. Madame propose, monsieur subit.

— Tu sais, quand je t'ai pris la main, ce n'était pas pour te taquiner.
  Les habitudes avaient la vie dure mais je tente d’ouvrir à mon tour.

  Après un temps, je lui proposais qu’on tente la grande roue ; c’était iconique. Pas pour la romance, la nôtre débutait étrangement depuis dix jours, au rythme irrégulier de deux musiciens vivant sur deux genres différents aux tempos sans synergie. Iconique parce que nous étions dans une fête foraine. Voir le quartier de Taito. Mais d’abord, je lui proposais d’étancher notre soif, encore, deux verres de bière s’il vous plaît, merci beaucoup. Il fallait se préparer à tout, et quand je disais “tout”, je disais “au pire”, et quand je disais “au pire”, je disais peut-être “au mieux”. Les trois premières grosses gorgées furent englouties avec l’objectif de m’aider à me délivrer un peu.

  L’instant d’après, une courte queue passée, nous rentrâmes dans un œuf et nous décollâmes lentement, sur le même banc. Et l’un contre l’autre, je m’étais posé ainsi. Je ne sais pas si elle approuve ; je ne sais même pas non plus si j’en ai envie. Enfin si, j’en ai envie, mais est-ce que l’embarras ne me gâcherait trop mon audace ? Certaines choses se font, coulent seules, on n'analyse qu’après, le temps des souvenirs venus. Peut-être même que ce soir, il ne se passerait rien de plus, peut-être que dès demain, on reprendrait notre valse asynchrone, mais ce moment, maintenant, dans cette grande roue, a le droit de nous voir proches. Je lui repasse assez naturellement mon bras derrière son épaule et je recrée cet échange où chauds, on passe notre temps collé à l’autre, on crée cette bulle, qui à la fin, sera bouclée au reste du monde. On montait doucement vers les cieux. Nous n’irions pas très haut, mais assez pour apercevoir les lumières foudroyantes de Taito et celles de la tour de Tokyo.

  Un nouveau labyrinthe de lumière en contrebas, s’offrit à nous, au fur et à mesure des arrêts de la roue, nous piégeant petit à petit plus proches des cieux. Nous étions bientôt au quart.

— Cela fait si longtemps que je ne sais même plus si je suis déjà monté dans une grande roue. Je ne fais plus la différence entre des vrais ou des faux souvenirs… murmurais-je la tête un peu fatiguée par l’alcool. Je jetai un œil en contrebas voir la fête foraine rétrécir.

  Pour la suite, je n’avais rien prévu et je ne désirais rien. Une grande roue était à peine une attraction, c’était des sièges qui se remuaient ; à la fin, une belle vue. Pourtant, je fis descendre mon bras le long du dos de Jia et ma main passa sous son manteau pour lui caresser lentement son flanc opposé au mien. Trouvant son pull épais, ma main se glissa à nouveau sous cette couche pour la toucher encore, cette fois-ci contre son tee-shirt. Satisfait enfin, je sentais mieux les inclinaisons et les beautés de ses courbes, du haut de ses hanches jusqu’à la fin de ses côtes, sur lesquelles je n’appuyais pas trop. Je ne fis pas grand-chose de plus, à un moment passé sur son ventre quelque temps. Rien de plus ni rien de moins qu’une première caresse.
[/i]
Toson Hirai
Toson Hirai
Si t'es sage, t'auras un badge
On s'éclate !
A participé à une soirée CB organisée par le staff
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Si t'es sage, t'auras un badge
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum