Là c'est dur d'être concentré

Tu n'as eu cesse de me demander encore et encore de me livrer à toi et je ne l'ai jamais fait. Je pense que je peux dire que je ne le fais jamais en réalité.
Je vis dans un pays qui m'empêche d'avoir ce genre d'attachement et, pourtant, je crève d'envie de te le dire depuis le début.

Maintenant que c'est fini, je peux t'expliquer tout ça.

Tu m'as connu avec ma nouvelle voix, mais tu m'as connu aussi à travers la notoriété. Je l'aime autant que je la déteste. Elle m'a permis d'avoir l'illusion de ne pas être seul tout en pouvant garder la distance qui m'est nécessaire. J'ai beaucoup travaillé pour que les productions avec Return to the Topic soient toujours de qualité et ça a fini par payer, puis j'ai dû raccrocher à contre-cœur pour au final me raccrocher à la branche via ce qui m'a fait connaître un peu plus. C'est étonnant combien une voix cassée peut créer des émules. Mais... Tu veux connaître tout alors on va s'en occuper dans l'ordre.

Je suis né au Canada et j'ai vécu une bonne partie de ma vie à Toronto, j'aime cet endroit du globe, la musique y est un lieu de prédilection. J'ai été élevé comme un nord-américain ce qui fait que j'ai pendant longtemps un peu ignoré les coutumes du Japon. Mon père était de ce pays, facteur de piano, sans puce et ma mère, bien japonaise. J'adorais vivre dans cet atelier que mon père occupait pour son travail, il me protégeait toujours avec un masque me disant que la sciure m'abîmerait les poumons sans jamais suivre ce conseil pour lui-même. Ma mère, elle, ne cherchait pas à avoir un emploi stable, je pense qu'elle savait très bien que le couperet de l'Incontestable arriverait un jour et elle cherchait à créer moins d'attache au Canada pour cette raison.

J'ai eu une enfance et une adolescence plutôt normale. J'ai commencé la musique tôt et je m'en suis passionné très vite. Mon père m'a montré les rudiment du métier pour fabriquer moi-même les instruments, mais c'est pratiquer qui m'intéressait. Alors je l'ai fait, guitare, basse, piano, chant, sans jamais lâcher l'école. Et c'est au lycée, j'ai rencontré Daniel, le batteur de Return to the Topic.

Ce qui était un petit groupe de lycéens qui changeait beaucoup de membres a fini par perdurer jusqu'au début de l'adolescence et est devenu à nos 19 ans quelque chose de très grand pour nous. On composait à deux et j'ai jamais trop compris pourquoi le groupe a été apprécié, mais le post-hardcore de plus en plus affirmé produit par nos deux cerveaux plaisait.

Mon père était fier de moi, mais il n'a pu qu'à peine me voir réussir dans la musique, les poumons malades par les années plongées le nez dans cette poudre de bois avaient eu raison de lui. Cependant, sa mort n'a jamais été un drame familial, je suis heureux qu'il ait pu être fier de moi avant de partir et j'espère que dans une autre vie ça lui servira de leçon pour se protéger un peu plus lui aussi. Ma mère était repartie au Japon peu de temps après en sentant que j'étais assez indépendant financièrement pour me laisser ici et elle a reçu sa lettre quelques mois après, comme si l'Incontestable avait attendu la fin avant d'imposer le mariage « parfait » à ma mère.

Le groupe fonctionnait donc, et pendant des années nous avions continué de grossir, le noyau dur que tu connais s'était créé et aujourd'hui ils continuent de jouer, mais avec une autre voix. Tout ce temps où la popularité nous est un peu montée à la tête je me souviens l'avoir passé à beaucoup explorer ma sexualité et c'est aussi à ce moment que j'ai su pour ce que les gens appellent des « déviances » que tu connais. Le groupe a été toute ma vie et je suis toujours triste aujourd'hui d'avoir perdu tout ça.

Les conditions de la perte de ma voix sont aussi dramatiques que secrètes. Il nous arrivait de faire des concerts aussi illégaux que secrets, ce qui nous permettait de se retrouver en comité plus petit et échanger avec les fans qui réussissaient à nous retrouver via nos posts énigmatiques sur les réseaux sociaux. Un peu à l'image de mon père, j'avais un peu négligé la sécurité à cette époque et, dans la petite foule, il y avait ce type qui haïssait notre groupe de toute son âme. Dans la petite salle de concert secrète où nous étions, il avait attendu la fin du concert. On était descendu voir la petite troupe de fans et le forcené avait commencé à vriller après avoir sorti un tournevis taillé en pointe. Il avait attaqué tout le monde et en m'interposant pour essayer de le maîtriser le tournevis s'est retrouvé planté dans ma gorge. J'ai un black out total de ce moment, je sais juste qu'il a été maîtrisé et que j'ai été emmené à l'hôpital aussitôt pour retirer l'objet resté planté en moi.

La cicatrice est quasiment invisible, mais les séquelles ont été importantes pour mon métier. On a pu prétexter une pause du groupe qui a surpris tout le monde pendant que je me remettais de tout ça, mais les cordes vocales ont été touchées. Il m'a fallu du temps avant de pouvoir reparler, je ne pouvais plus faire partie du groupe dans ces conditions, mais j'étais vivant. C'est dingue combien quelques millimètres peuvent décider de ta mort ou non.

Quoi qu'il en soit, j'ai été gentiment poussé vers la porte de sortie, ils voulaient tous continuer de surfer sur la vague de popularité du groupe et j'ai perdu quelques amis un peu trop enivrés avec ma voix ce jour-là. Autant que j'aime Toronto, une fois de retour dans l'atelier de mon père j'ai préféré partir et le seul endroit où je savais que je devrais aller un jour était le Japon.

Les Incontrôlables venaient de cesser d'exister quand j'ai mis les pieds sur le territoire, et honnêtement le système me rend plutôt indifférent.
Depuis mon arrivée, j'ai commencé à streamer et à continuer de créer de la musique mais sans montrer mon visage. Ma voix cassée, beaucoup plus grave maintenant est devenue ma marque de fabrique et elle colle parfaitement au trap metal et à l'emo rap que j'aime faire depuis des années. Cette musique me permet de vider ma frustration dans quelques textes bien ciblés. Je suis populaire, moins que l'ancien groupe, mais des anciens fans me suivent et des nouveaux nous rejoignent. Shukumei a fait aussi que les gens avaient besoin de s'évader tout en ayant un peur inconditionnelle de sortir à nouveau. Je m'engage auprès des personnes depuis la catastrophe, il m'arrive même parfois de faire l'étrange métier d'agent funéraire. J'ai esquivé l'épidémie aussi, mais j'ai continuer de m'occuper des personnes dans le besoin suite à tout ça. Je crois bien avoir évité tous les aléas de la vie, que ce soit les divers bugs liés à la puce, la chasse à l'homme, le system error, tout m'est passé à côté. Principalement parce que je ne suis toujours pas marié, c'est évident, mais aussi sûrement par chance pour la maladie qui a touché le pays comme une guerre éclair notamment. Seul le tsunami n'a pas manqué de frapper de plein fouet mon lieu de vie à l'époque. Mais vraiment, aider les autres me permet d'oublier un peu tout ce que j'ai perdu bien que je n'aie pas de problèmes financiers et que je sois populaire, il ne faut pas oublier que les personnes les plus bruyantes et les plus avenantes sont souvent les plus tristes en secret.

J'aime peu cette vie, et c'est difficile pour moi de m'accrocher. Ma mère ne me parle quasiment pas, elle a une nouvelle vie et prend des nouvelles par période, son mari n'aime pas trop mon existence mais il est obligé de me voir vu que ses enfants sont fans de moi, c'est amusant de le savoir.

Tu es entrée dans ma vie dans ce moment-là, tu en es sortie maintenant, tu ne savais que peu de choses, mais ma vie n'a rien d'incroyable, sauf un tournevis dans la gorge et des ramassages de cadavres, je n'ai pas d'histoires incroyables à raconter.

Je pense que je t'ai quand même aimée, mais la puce nous empêche de vivre ce genre de choses pleinement.

Prends soin de toi,

Yato

Yato ne montre qu'assez peu son lui profond. D'apparence il aura des airs assez propres sur lui. Pas d'addiction, de la passion à la place, il aime ce qu'il fait et malgré la fin de carrière précipitée par les aléas de la vie, il n'a pas lâché la musique même s'il sombre doucement et qu'il se refuse à l'accepter. Il donne l'impression de se laisser marcher dessus parfois, mais il aura toujours, ou au moins souvent le dernier mot. Son tempérament n'est pas celui d'un leader—rôle qu'il avait beaucoup de mal à porter en tant que chanteur et guitariste à l'époque—mais il garde un esprit dominant fort.
Il pense aux autres, surtout depuis Shukumei, il donne beaucoup de sa personne et finit par s'oublier, c'est un leitmotiv étrange de sa vie, mais tant qu'il a l'esprit occupé, il peut oublier que l'altération de sa voix, sa vie passée et la mort de son père l'impactent vraiment. Il n'aime pas inquiéter les autres et il est très fermé sur lui-même. Et ironiquement, il déteste la solitude, mais il n'accepte que la proximité amoureuse.
Dans ce monde là, il plaît parce qu'il a été populaire et qu'il garde une popularité de niche aujourd'hui et pas son physique aussi, mais il hait par dessus tout que les gens l'approchent pour ça, pourtant il se laisse porter dans des relations charnelles éphémères le temps que la puce fasse son travail. Il sait très bien que s'il s'attache, il fera peur, sûrement trop peur. Obsessif, quand quelqu'un devient sa priorité, il a beaucoup de mal à faire sans l'autre et la possessivité devient l'un de ses démons. Il aime mieux la co-dépendance que d'être dans un couple où chacun vit sa vie en toute indépendance. Sûrement un fort comportement « toxique », comme ses vices, le tempérament dominateur existe ici aussi.
Cependant, même si en profondeur on peut voir beaucoup de choses qui feraient fuir, il est aussi quelqu'un de très stable et raisonnable. Il préfère vivre avec ses états d'âme que de les faire subir à l'autre, à part peut-être au fond du lit. Malgré une obsession du contrôle, il essaiera toujours de laisser de la liberté même si intérieurement il aimerait juste avoir l'autre pour lui et seulement lui, un paradoxe mental de tous les jours.
Avec le peu d'amis qu'il a, il sait être là quand nécessaire et il aime produire avec eux, la production de contenu (musical ou de divertissement). Cependant, il reste profondément solitaire sauf quand il est question de sentiments.
Il est un peu la force tranquille et chacun de ses choix seront toujours pesés, mais il s'oublie trop souvent.

Yato est un homme qui marque avant tout par sa taille. Tirant beaucoup plus de son père, il fait un mètre quatre-vingt-douze et est plutôt athlétique. Ses cheveux auburn en bataille recouvrent son visage doux. Il a longtemps peu apprécié son nez aquilin, mais il a fini par s'y faire et il s'accepte totalement.
Ses yeux ambre sont assez marqués et légèrement en amande, sûrement le seul signe vraiment visible de son ascendance japonaise. Cependant les cernes résultantes de son manque de sommeil sont elles bien présentes.
Entre un style techwear et de rockstar qu'il a arboré pendant longtemps, son apparence est toujours soignée en ce sens, même si quand il souhaite passer inaperçu, il peut revêtir quelque chose de plus simple et se cacher, encapuchonné dans un hoodie gigantesque. Aussi, il accessoirise beaucoup, que ce soit des bracelets de lanières ou de perles noires ou encore des bagues qui viennent parer ses mains aux veines marquées et cornées de la pratique de la musique et du travail du bois.
Il est très athlétique, mais ne cherche pas spécialement à l'entretenir depuis quelques années, ses muscles sont marqués mais pas extrêmement visibles.
C'est un bel homme qui n'en fait pas trop, il aurait pu partir vers une carrière de mannequin qu'il n'aurait pas vraiment appréciée après la fin de sa carrière musicale, mais il ne s'affiche pas, il n'aime pas ça. En revanche, si l'occasion est demandée, il saura faire en sorte de plaire et de se faire beau pour quelqu'un, mais pour lui, probablement jamais.

Personnage original d'un artiste

Code:

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