Jinjoo Kurokishin - Spica, la flamboyante

Les opposés s'attirent. Du moins, il devait s'agir là de la conclusion de l'Incontestable pour avoir uni les parents de Jinjoo.

Son enfance, Jinjoo l'a passée dans les bras bienveillants de son père. Assis devant la télé, ils visionnaient ensemble les grands classiques du monde des animés. Dès son plus jeune âge, la brune montrait un intérêt prononcé pour le doublage. Les yeux émerveillés devant l'écran coloré, elle tentait d'imiter les voix des personnages, remettant en boucle le même épisode jusqu'à ce que sa mère, exaspérée, l'oblige à changer d'activité.

La vie était belle quand maman n'était pas à la maison. Elle découvrait le monde du divertissement avec son père qui adorait faire rêver sa petite princesse. C'est d'ailleurs lui qui l'avait initiée aux jeux vidéos, au manga et à la musique.

Puis elle rentrait… Cette femme qui faisait régner ses lois. Qui aime bien, châtie bien. Tel était son dicton. Les coups partaient, ici et là, de temps en temps. Il fallait remettre un peu de bon sens dans cet esprit frivole qui lui rappelait son mari. Les difficultés que sa fille présentait à l'école, horripilaient la mère qui souhaitait simplement la voir suivre ses traces. Elle excellait en art et en langues, alors pourquoi ne maîtrisait-elle pas les sciences et les mathématiques ?

Chaque fois que Jinjoo subissait une correction de sa mère, s'en suivait une nuit de querelles entre les parents. Les voix s'élevaient de l'autre côté du mur, ignorant que recroquevillé sur elle-même, Jinjoo entendait tout, se croyant responsable des misères de sa famille.

À l'école, elle faisait pourtant ce qu'elle pouvait. Elle n'était pas très populaire. Au contraire, elle subissait souvent les moqueries de ses camarades de classe. Trop timide, trop à part, elle était une cible facile. N'ayant pas d'amis avec lesquels partager ses passions, elle passait le plus clair de son temps à étudier, s'adonner à ce qu'elle aime ou à naviguer sur internet.. Malgré tout, ses notes n'étaient pas suffisantes. Ce que sa mère ne comprenait pas, c'est que Jinjoo ne serait jamais une avocate ou une grande scientifique: c'était une artiste dans l’âme. Son père, lui, avait compris bien vite.

C'est ainsi qu'âgée de douze ans, la jeune adolescente fût inscrite à une compagnie de doublage en tant qu'élève et recrue. Évidemment, la mère s'y était fortement opposée, mais après maintes disputes, le père avait eu raison d'elle.

Les trois années qui s'ensuivirent furent suffisantes pour confirmer au père que sa princesse avait trouvé sa vocation. Jinjoo était heureuse, elle accumulait de l'expérience et à quelques reprises, elle avait eu l'occasion de figurer dans de petites productions. Trop passionnée par sa carrière naissante et trop occupée par l'école qui attirait encore les foudres de sa mère, la jeune femme n'avait pas vu passer le mouvement incontestable lors de ses treize ans. Peu enclin à regarder les nouvelles et ses parents évitant tout sujet houleux pour maintenir la paix, cet événement était passé sous silence chez les Kurokishin. Le ‘'Big Bang Kiss'' était, pour Jinjoo, un murmure dans les rues soulignant des tragédies associées à un groupe, mais sans plus.

Rien n'aurait pu la préparer à Shukumei. Ce jour-là, Jinjoo avait quitté la maison en criant à l'intention de sa mère. Sans ‘'je t'aime'', sans tendresse. Elle avait claqué la porte, s'était emportée face à ces années d'abus prétextant l’amour. Elle maudissait cette mère trop contrôlante, cette famille trop brisée qui prenait une éternité à s’unir.

Elle avait regretté ces derniers moments. Ce jour-là, Jinjoo était devenue orpheline. Une fois la catastrophe passée, elle s'était retrouvée dans un petit orphelinat qui accueillait une dizaine d'enfants. Marquée par les évènements, mais aussi par ses actions qu'elle ne pourrait jamais effacer, entre deuil et culpabilité, elle dut prendre un an sabbatique de doublage. Suivie de près par des professionnels, il lui fallut une année complète pour reprendre le dessus.

Trop vieille pour être digne d'adoption aux yeux des couples qui passaient, Jinjoo devint l'un des meubles de l'orphelinat. Elle s'occupait des plus jeunes, nettoyait, cuisinait. Elle aidait ces femmes qui l'avaient prise sous leurs ailes et elle se montrait bienveillante envers les plus petits. Encore une fois, le system error n'eut aucun effet sur la jeune qui, à la veille de ses 17 ans, était trop préoccupée à revenir en force dans le monde du doublage avec l'aide de ses gardiennes qui lui offraient tout leur soutien.

Parfois, une phase rebelle se présentait - bien que rare - et Jinjoo tentait de fuguer un jour ou deux. Elle voulait fuir l'orphelinat et ce qu'il représentait, alors elle finissait chez Alejandro, un garçon plus vieux qu'elle pour qui elle s'était éprise d'affection. Rencontré de façon tout à fait aléatoire, il lui avait prêté main forte et une amitié s'était formée entre les deux. Or, ce que la brune ne savait pas, c'est qu'Alejandro communiquait toujours avec l'orphelinat lorsque ses fugues se présentaient pour éviter que la belle ait des ennuis. Elle qui s'imaginait bien maligne, aurait été plutôt gênée d'apprendre que tout le monde était de connivence. Après tout, elle était en voie de devenir adulte, c'était une jeune femme sérieuse à l'école et elle travaillait fort pour la compagnie de doublage, si tel était sa façon de faire baisser la pression, les responsables n'y voyait pas de mal. D'ailleurs, lorsqu'elles avaient besoin d'elle, elle ne manquait pas à l’appel.

Lors de l'épidémie, Jinjoo fut l'une des plus impliquées dans le bien-être des petits, les traitant aux petits oignons au moindre détour. Certains d'entre eux avaient été malades et alités, mais heureusement personne n'eut de graves séquelles. Lors de la période de repuçage, elle avait accompagné le groupe d'enfants pour apaiser le cœur des plus craintifs. Elle était toujours là lorsque le besoin se faisait sentir.

N'ayant trouvé personne pour l'accueillir et attachées à ce petit bout de femme qui se montrait très serviable, les responsables décidèrent de garder la jeune femme au sein de l'orphelinat pour lui permettre de se mettre de l'argent de côté pour un éventuel logement. En guise de remerciement, elle continuait ses activités quotidiennes au sein de l'établissement lorsqu'elle ne travaillait pas à sa compagnie.

Puis, ce fut le jour J en août 2114, alors que Jinjoo venait tout juste d'atteindre la majorité, que l'Incontestable venait de frapper. Soudainement, elle était mariée à un certain Nocturne Daisuke. Bien qu'elle n'ait jamais été touchée par les évènements liés à la puce ou aux ordres de la machine, elle ne portait pas cette dictature dans son coeur. Ses parents étaient l'exemple d'un système fautif. Une famille dysfonctionnelle, qui avait tant bien que mal tenté de coexister et voilà qu'à son tour, elle se retrouvait face à ce beau ténébreux imposé.

Il était la personnification de l'Incontestable, son ennemi par entremise. Entre eux, rien n'irait. Du moins, c'est ce qu'ils s'étaient promis. Le minimum, sans sentiments, sans affection. Un mariage qui allait promettre d'être froid et bien vide de sens.

Il ne faut jamais juger l'arbre par l'écorce.

Si Jinjoo était un livre, sa couverture serait colorée et agréable à l'œil, attirant tout de suite le regard: promettant douceur et sensibilité. À caractère idéaliste, il peindrait l'image d'une jeune artiste dévouée et passionnée, positive et gaie. L'image serait sortie tout droit d'un conte de fées, annonçant un caractère rêveur, bienveillant, mais maladroit. Le genre d'histoire qu'on s'imagine agréable à lire avant de se coucher.

L'intérêt piqué, on voudrait ouvrir et lire ce qui se cache à l'intérieur, seulement pour se buter à un cadenas. Contenus fermé,  hautement sécurisé.

Pour ceux qui trouveraient la clef ou qui arracheraient le cadenas de force, ils se retrouveraient face à face avec un contenu froissé. Les chapitres noircis par un passé troublé. Certaines, trempées par les larmes inlassablement versées. Les couleurs estompées ne laissant que des traces de rouges de part et d'autre d'un tempérament bien trempé. Certaines pages arrachées: morceaux de cœur perdus qui n'ont jamais été retrouvés. Finalement, la matière nous aura vite donné envie de chialer.

Et pourtant, il suffirait de patience… De poursuivre sa lecture pour voir les pages vierges, peu à peu remplies d'une écriture soignée. Le noir et le rouge remplacés par du rosé, démontrant une envie de guérir et d'évoluer. En dualité avec les chapitres précédents, ils mettent en mot ses torts et glorifient ses qualités. Cherchant peu à peu à revitaliser cette âme troublée qui tous les jours essaie de s'améliorer.

Mais pour la découvrir, déjà faudrait-il que vous trouviez ce tome bien isolé, caché dans l'aile la moins fréquentée de cette librairie oubliée.

En bref: Sensible, Douce, Généreuse, Passionnée, Artistique, Aime aider, Empathique, Rêveuse, Bavarde,  Nostalgique, Mélancolique, Complexe de napoléon, Anxieuse, Antisociale, Têtue, Imprévisible, Maladroite, Isolée derrière les écrans (hors travail), Explosive, Timide, aime confronter, rancunière, insécure.

À la traversée de Shibuya, la fille se perd dans la foule. Rapidement engloutie par tous ceux qui, plus grands qu'elle, se hâtent vers leur lieu de travail. Elle tente tant bien que mal de tenir le rythme avec ses petites jambes, traversant en vitesse avant de se retrouver en sécurité de l'autre côté.

Du moins, qu'elle croit. Puisqu'un homme un peu trop pressé passe tout près d'elle et la bouscule au passage. Frêle de nature, elle se retrouve propulsée sur le côté et manque de tomber. La mâchoire serrée, ses épais sourcils froncés, elle lève la tête en direction du fautif.

Ce qu'elle manque en muscle, elle gagne en voix. Elle interpelle l'homme avec force. Sa voix percute, résonne et fait tourner les regards dans sa direction. Voix unique qu'on retrouve dans les animés, mais qu'il est rare de côtoyer. Elle ne remarque pas tout de suite les passants qui lui lancent une oeillade curieuse.

Embarrassée, ses lèvres charnues ont vite fait de se sceller lorsque l'envie de lui crier des obscénités se présente. Puisqu'il est là, devant elle, à se confondre en excuse. S'inclinant devant cette femme aux airs enfantins.

Le rouge lui monte au visage. Cette fois, c'est elle qui s'incline devant l'homme, s'excusant d'avoir réagi aussi fortement. L'accrochage réglé, les deux partent de leur côté. Dans tous les cas, elle est rassurée de ne pas avoir une rayure de plus sur ce corps déjà marqué par les mésaventures.

Lorsqu'elle arrive à son travail, elle retire la robe patineuse qu'elle portait pour en mettre une plus appropriée, qui épouse ses courbes modestes. Elle se dirige vers le miroir et remet de l'ordre dans sa courte crinière brune qui cadre son visage fin. Quelques mèches rebelles tombent devant ses yeux, qu'elle replace d'un mouvement de l'index son regard croissant celui de son reflet et la faisant grimacer.

Malgré l'ère des mutations génétiques, auxquelles ses parents ont eu recours, ses yeux vairons ne passent pas inaperçus. Décrochant regards et murmures sur son passage. Pointée du doigt à l'école par les brutes, auparavant. Au fil du temps, la fille en est venue à mépriser ce regard, qui pourtant, captive ceux qui croisent sa route. Si seulement elle savait que ses yeux sont l'un de ses plus beaux atouts, les afficheraient-elles avec plus de fierté ?

L'heure n'est pas au questionnement, puisque le travail l'attend. Un petit peu de brillant à lèvre pour rehausser leur couleur naturelle… un dernier coup d'œil à son maquillage discret et la voilà enfin prête.

Finalement : 150 cm pour 45 kg. Féminine et délicate.

Personnage tiré d'un manga/anime/jeu-vidéo/série

Code:

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