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Épreuve 5 ;;
Danse macabre
Connaissez-vous la fête des morts ? Non ? Et bien c'est l'occasion d'y participer. Ce soir, le ciel est dégagé, les étoiles sont visibles dans le ciel et les gens ont allumé des dizaines de cierges pour honorer les disparus. L'humeur est à la joie et à la fête, car c'est un moment de partage davantage que de tristesse. Vous êtes là également et vous regardez les âmes des disparus passer le pont entre le monde des vivants et des morts. Là-bas, l'un de vos proches arrive vers vous. Ne serait-ce pas l'occasion de faire de nouveau la fête ensemble et de danser jusqu'au bout de la nuit ?

Rappel des règles

✗ L'épreuve se termine au bout de 24 heures, soit ce soir, le 29 mai, à 23h59.
✗ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.


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L'Incontesté
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Tomoe Laine
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Présentation rapide de Tomoe :

Petites précisions culturelles :

Danse MacabreInterforum XIV

- Le bon côté de ne pas avoir de jambes est qu’on n’est jamais fatigué de danser.

Tomoe ne s’en fatiguera pas non plus. Rien n’a de prise sur elle, ce soir. Elle est revenue à Sapporo fermement décidée à ne pas se laisser atteindre par les remarques et les reproches que ses parents ne pourraient s’empêcher de lui adresser, et s’est pour cela blindée contre toute attaque extérieure, sans distinction. Elle ne ressent plus que ce qui bouillonne à l’intérieur d’elle-même : sa nostalgie face aux lieux de son enfance, même amère ; le petit vide, qu’elle sait heureusement éphémère, causé par l’absence provisoire de Junji à ses côtés ; celui plus profond et terriblement définitif laissé par son grand-père en les quittant quelques années plus tôt.

Alors elle laisse ses sens être saturés. Les lumières des lanternes, leurs reflets sur l’eau, la musique, les mouvements des corps autour du sien, elle les fait gonfler en elle jusqu’à ce qu’ils occupent tout son esprit, ne laissant plus de place pour la moindre pensée. Elle ne peut plus que sentir… sentir et se laisser aller à ces sensations, ne plus être qu’une enveloppe transportée par la foule dense qui l’entoure.

Elle n’a ainsi rien pensé quand elle a vu son grand-père s’avancer vers elle. Elle avait déjà remarqué plusieurs de ces kimonos blancs qui détonnaient au milieu des yukatas ou tenues d’étés colorées mais était-elle censée s’en étonner ? Elle n’était même pas en état de se poser la question, encore moins d’y répondre. Au fond d’elle, elle sait qu’il ne devrait pas être là, que son arthrose aurait dû l’empêcher de se joindre ainsi aux danses traditionnelles, donc en un sens elle réalise l’étrangeté de la situation, mais ça n’a pas d’importance. Elle se sent bien à son côté, alors elle ne peut pas chercher d’idiotes raisons de le repousser. Son grand-père lui offre ce sourire que sa belle-fille qualifiait en privé de « gâteux » mais qui pour Tomoe reste le plus doux et le plus rassurant qu’elle ait connu, au moins jusqu’à celui de Junji, et c’est tout ce qui lui importe.

- Tu sais que je t’ai aimée, n’est-ce pas ? l’entend-elle lui dire sans que ses lèvres ne bougent. Tu sais que tes parents tiennent à toi, aussi ? Ils s’aiment comme des fous égoïstes, mais tu n’es pas une étrangère, tu n’es pas une intruse dans leur couple : tu es le résultat de leur union, le mélange d’eux deux. Ils ne peuvent que t’aimer. Tu es aimée.

En temps normal, elle aurait protesté. Ce n’est pas vrai, ça ne peut pas l’être : elle n’est le résultat que d’un ordre, qui a été exécuté par devoir. L’acte lui-même a peut-être été réalisé avec ferveur, mais ses conséquences n’ont sans doute jamais été vues comme le prolongement de cette communion, seulement comme un inévitable inconvénient… Voilà ce dont Tomoe est profondément convaincue. Mais ce soir, c’est son grand-père qui le lui dit, ce grand-père adoré et vénéré, et il ne peut pas lui mentir. Elle peut le croire – et elle veut le croire. Alors pour quelques heures, pour un bref instant de sa vie, elle va aimer, en retour, ses parents, avec la dévotion naïve d’une enfant.

Le mouvement d’une silhouette blanche, dans le coin de son champ de vision, lui fait tourner la tête. Ce n’est pas la première qu’elle perçoit, pourtant celle-ci semble l’appeler. Une jeune femme, de son âge, portant elle aussi son kimono funéraire, attend qu’elle lui accorde son attention. Tomoe l’a déjà croisée, elle la connaît… Elle ne sait plus où mais ça n’a aucune importance. Au cœur de cette foule en communion, les notions de proche ou d’étranger n’ont plus d’importance. Et puisque qu’elle ne le cherche pas, son prénom lui revient : Sachiko. Une mannequin, comme elle, avec qui elle a partagé quelques shootings. Elles n’ont jamais gardé contact, aussi Tomoe devrait être surprise de la voir en ces circonstances, de découvrir qu’elle n’est plus de son monde, mais est-ce que ça a la moindre importance ? Une douleur aiguë lui pique le cœur, mais ce n’est rien de plus qu’une étincelle dont le sens même lui échappe.

- Tu sais que tu étais plutôt appréciée, dans le métier, n’est-ce pas ? sourit-elle. Tu n’étais certes pas la plus bruyante, peut-être pas la plus éclatante, tu n’as jamais été de ces filles solaires qui attirent les regards comme des aimants, mais ça ne fait pas de toi une fille inintéressante. Les photographes aimaient travailler avec toi, tu ne t’en rendais pas compte ?

C’était vrai que des photographes l’avaient fait se sentir désirée, d’une autre façon. Pas tous, donc sans doute n’était-elle pas au goût de tout le monde, mais certains, oui. Et puis, si elle a eu cette petite carrière, si son nom circulait dans le milieu, c’est bien que son image plaisait. Même si elle sait que le but n’était pas qu’on la regarde elle mais les vêtements qu’elle portait, savoir que ces regards étaient tournés dans sa direction la flatte, en un sens. Elle n’était pas invisible.  

- Mais mon apparence… Mon apparence, tout le monde peut l’avoir, réalise-t-elle. Ce n’est pas mon apparence que je veux que les gens remarquent…

- Mais ta personnalité transparaît dans ton apparence, quand tu te mets ainsi en scène, proteste Sachiko. Si tu étais juste mignonne, et même si tu étais extraordinairement belle, cela se verrait mais ne se ressentirait pas. Tu ne te souviens pas de cette séance – pour un catalogue de robes d’étés, je crois – où Rea a piqué une crise parce qu’elle trouvait que le photographe t’accordait trop de temps ? C’est parce que ce jour-là, tu étais particulièrement radieuse. Tu n’avais rien fait de particulier à ton apparence mais tu dégageais une confiance en toi, une envie de te montrer qui donnait envie de te regarder. Ce que tu ressens, ce que tu es, ça se voit sur les images. Donc si les gens aimaient les voir, c’est parce qu’ils aiment ce qui émane de toi.

Tomoe se souvient : c’était dans les débuts de sa relation avec Takaaki. Elle avait l’impression d’avoir trouvé son prince charmant. Elle existait enfin aux yeux de quelqu’un et se sentait légitime pour se mettre en avant. Cela s’était vu à ce point ? Immédiatement, un sourire apparaît sur son visage resté jusqu’ici évasivement pensif, et y persiste. Si les gens aiment ce à quoi elle ressemble, c’est qu’ils aiment ce qu’elle est, se répète-t-elle.

La danse change, la foule se déplace. Tomoe se laisse emporter telle une feuille au fil de l’eau – ou une de ces lanternes qui brillent encore sur le fleuve voisin. Sa lumière vacille un instant, ébranlée par le mouvement, puis elle se stabilise. Le temps que Tomoe se joigne à la nouvelle chorégraphie, et elle regagne en éclat. La vie autour d’elle l’alimente. La vie, mais aussi la joie, et le cœur que les gens autour d’elle mettent à honorer leurs disparus, tout cela lui procure de l’espoir. De l’espoir en l’humanité, de l’espoir pour elle.

Elle regarde autour d’elle mais son grand-père et Sachiko ont disparu. Leur mission à ses côtés a pris fin, sans qu’elle ait pu leur dire merci. Alors elle tourne son visage vers le firmament, vers les étoiles comme des lanternes votives lâchées dans le ciel, et murmure un remerciement. Peut-être que demain, quand elle se sera extraite de cet état d’esprit, tout cela lui paraîtra plus difficile à croire mais en cet instant, elle en est convaincue : elle est aimée, elle est quelqu’un, elle n’est pas seule, et ne serait-ce que pour quelques instants, ces pensées la rendent heureuse.

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