Épreuve 2 ;; Déboussolé || Be-Wild & L'Entre-Passe

Tu as horreur de perdre ton temps.

Alors pourquoi les autres prennent un malin plaisir à te le voler, te l’arracher et se l’approprier ? Excédée, tu prends sur toi pour suivre ce que dit ce pitoyable type au costume bas budget et à l’haleine chargée t’expliquer comment il s’est fait voler son trésor. Oui, oui, son trésor, ce gars-là est un pirate qu’il dit.

«Mon trésor mademoiselle ! Mes pièces d’or, mes précieuses pièces d’or ont été volées ! Je naviguais sur les flots jusqu’à ce que soudainement, mon ennemi juré, ce maudit Léviator surgisse des vagues, crève la mer agitée et suivie d’un bataillon de moussaillons aborde mon bateau ! Et-
- Vous êtes vraiment un pirate ?» demandes-tu, interdite. Il ralentit et tu te rends compte que, oups, celle-là t’as échappée. Mais la tentation se fait trop importante pour que reste sérieuse du début à la fin. D’autant que ce n’est que le début.

«Mais oui ! Le plus féroce de tous ! Même si je n’ai plus mon trésor… Et… Et… Mes pièèècessss d’oooor !»

Le voilà qui éclate en sanglots, hystériques, balbutiant le même mot en boucle, à t’en égorger les oreilles alors qu’en écho, dans ta tête, tu rétorques avec acidité : mes vacances tranquilles !.

Tu fais bonne figure face à cette tempête de larmes et s’il ne parvient pas à faire chavirer ton coeur, trop solidement ancrée dans la mer de l’indifférence, tu finis par décider à lui venir en aide. Tu prends une gorgée de ta boisson sucrée, arrache ta paille du verre, le pointe avec et prend un air solennel qui te donne le mal de mer :

«Je vais vous aider à retrouver votre pièce d’or. Mais je ne serais pas seule, car…»commences-tu, t’arrêtant sur un jeune homme dont tu ne connais rien et que tu désignes de ta paille. «Voilà mon fidèle coéquipier ! Nous allons retrouver Léviathan !»

L'Entre-Passe:

Spoiler:

Chasse au trésor

A l'abordage moussaillon !

Aaaah, des vacances bien méritées ! Le plus compliqué a été de trouvé un endroit sans trop de personnes, éloigné de l’odeur nauséabonde des pizzas. Je déteste la bouffe. Me regardez pas comme ça, chacun ses goûts, pour moi, c’est vous qui êtes chelous à apprécier le fait de mettre des trucs dans votre bouche et à les mastiquer pendant plus de 20 minutes !

M’enfin bref, me voilà arrivé sur cette sublime plage… et je suis directement dérangé par des éclats de voix. Ew, on ne peut jamais être tranquille ici ! Lorsque je trouve enfin la source de tout ce raffut, mon regard s’illumine, il se met à briller de mille feu ! Un pirate ! Bordel, mais c’est super classe ça ! Je commence à m’avancer vers eux, et sans même avoir le temps de prendre connaissance de la situation, voilà que la femme qui l’accompagne m’embarque dans cette folle aventure sans même s’inquiéter de mon consentement ! Non pas que ça me dérange, je suis persuadé que c’est affaire est d’une importance capitale, mais tout de même ! Ouais nan, j’fais semblant d’être offusqué, j’m’en fou enfaite. « Exactement ! Le petit Emile, en personne, je vous assure qu’avec nous, votre or sera rapidement retrouvé m’sieur le féroce pirate ! »

Mes ailes s’agitent tandis que je piétine d’excitation. C’est comme dans mes visions, mais en beaucoup mieux ! C’est un vrai pirate ! Je peux le toucher, et oui mesdames et messieurs, croyez-moi, j’vous jure ! Je lance un regard à ma coéquipière improvisée et ajoute : « J’espère que t’as pas peur de te sal… euh non, de te mouiller ! » Ew, il y a beaucoup trop de mot dans cette langue, tu m’étonnes que je commence à m’y perdre moi ! Puis, c’était la même idée nan ? Mouiller, salir… Ouais, bof, faites comme si… « A nous trois, Léviathan ! »

code by EMME

Contrite, tu prends sur toi pour garder un petit sourire de façade. Quelque part, tu aurais presque préféré que cet Emile refuse, s’éloigne et répète à qui veut l’entendre que cette comédie n’a ni queue ni tête. Au moins, cela aurait donné une bonne excuse pour fuir, toi qui es déjà lasse de cet ivrogne de pirate.

Mais non ; tu rétorques plutôt :

«De là où je viens, il existe une île à la chaleur étouffante, dénués de verdure, une île si glaciale que ce pauvre pirate serait mort trois fois au moins et bien d’autres îles encore, plus dangereuses encore.» reprends-tu. Tu mets ta main sur ton cœur et te laisse porter par cette hypocrisie, sur-jouant de celle-ci. «L’eau est le cadet de mes soucis et ma seule crainte est de traverser une tempête !»

Soulagé d’avoir du renfort, le pirate fait tournoyer une épée avec panache et ahane, ce qui se veut un discours grandiloquent.

«Par ici moussaillon ! Nous retrouverons Léviathan et mon trésor, si précieux trésor !»

Si précieux trésor, si stupide trésor oui. Tu te sens noyée par cet insupportable et excentrique personnage. Non mais sérieusement, qui vient s’échouer sur les plages à la recherche de pièces d’or perdues ? Tu as du mal à croire que tu embarques dans cette aventure et pourtant, une partie de toi veut le fin mot de l’histoire. Stupide pirate…Tu gardes le commentaire pour toi et tu te tournes vers Emile.

«Arisa Otsuka, ta partenaire d’infortune. A moins que ce ne soit l’inverse ?»

Chaudière… Ce type s’appelle Chaudière ? Ce n’est pas comme si tu ne t’y attendais pas, mais tu étouffes un ricanement : quel nom ridicule ! Pour un pirate qui plus est. Garde tes commentaires pour toi Arisa, enfuis les quelque part dans ta tête et aventure toi dans cette péripétie inédite car les choses sérieuses arrivent.

Vous vous avancez sur la plage, attiré par un éclat de lumière. Tu prends sur toi pour ne pas courir, s’approcher, découvrir le mystère derrière cette lueur et te tourne vers ton coéquipier, tandis que Chaudière prend les devants.

«Des agents secrets ? Mais nous ne faisons rien de secret.
- Oh ça non moussaillon ! Nous sommes dans une quête ! Que dis-je une aventure, la plus épique de tous, la plus dangereuse ! Voyez-vous, Léviathan est un redoutable adversaire, le plus vicieux et le plus cruel de tous les corsaires et l’affronter ne sera pas sans danger. Etes vous prêt à affronter ce danger ?
- Prête, capitaine ! » rétorques-tu du tac au tac. La réplique est parfaitement donnée et seul le sarcasme qui en découle lui fait perdre en valeur.

Que les autres fassent avec, tu n’en as que faire. Ta boisson dans une main, vous traversez la plage - et tu te fais un certain point d’honneur à ignorer les regards des spectateurs improvisés. Pourquoi tous ceux qui vous regardent semblent s’amuser ? Il n’y a rien de drôle ici !  

Tu secoues la tête, agacée et fouille le lieu du regard, jusqu’à t’arrêter sur un détail inédit. Une brosse ? Est ce une part du trésor ? Tu n’as pas le temps de poser la question à voix haute qu’un éclat de lumière plus vif attire ton attention. Que se passe-t- il ici ?

«Tu n’as qu’à m’appeler Fun.» ironises-tu à voix base.

Par chance, Chaudière ne semble pas l’entendre et il part plutôt inspecter le trésor, soulagé de retrouver quelques petites pièces d’or. Il s’agite dans tous les sens pour les rassembler et tu dois reconnaître qu’il semble vraiment ridicule ainsi.

Cette énième pensée négative ronges encore un peu plus ta patience.

Pourquoi est ce que tu t’es laissée entrainer là dedans au juste ? Tout cela est ridicule, une pathétique comédie dont tu te serais bien passée. Mais, portée par le courant, tu as suivis les autres, ce type déguisé en pirate et tu as aussi embarqué Emile. Peut-être parce que ta curiosité est trop grande, peut-être parce qu’elle prend toujours le pas sur tout. Tu voulais voir où cela te menais tout ça.

Et puis, soyons honnêtes, ton hypocrisie joue un grand rôle : elle mène la barque. Tu fais semblant, tu gardes le masque contre vent et marrées, par facilité. Personne ne veut vraiment te connaitre , alors tu gardes des sourires mielleux et tu joues les sirènes. Fascinante et pourtant si dangereuse.

Encore un peu de patience ; il suffit d’y croire.

«Laisse-moi regarder ça de plus près…» souffles-tu, retirant la cire qui garde l'enveloppe fermée. Tu lis et plus tu avances, plus ta voix devient morne. «Chaudière, ton trésor est le mien !  Moi, Léviathan, terreur des mers te l’ait volé et tu ne le retrouveras jamais. A moins que tu viennes m’affronter dans mon repère, la grotte sans fond. »

Que quelqu’un t’achèves.

«Eh bien ! Nous avons une arme, nous avons un lieu, qu’attendons nous camarades ?» demandes-tu, agitant la brosse qu’Emile a présenté comme arme. Sauf que, tu n’en peux plus de ce jeu stupide et tu laisses échapper un profond soupir.

Ta réplique en fait fuser d’autres et puisque Chaudière sait vers où se diriger, plus besoin d'attendre. Tu t’empresses de marcher avec les autres, dresse la brosse telle une épée pourfendeuse de monstre et tu t’exclames à voix haute :

«L’aventure nous appelle et jamais je ne refuserais son appel ! Qu’importe le danger, qu’importe le monstre, je me battrais !»

Tu décris un cercle avec ta brosse, peste intérieurement et, attends que les autres larguent les amarres. La traversée est brève, mais tu ne peux t’empêcher de t’impatienter. Tu es aussi impatiente qu’agacée et tu as la désagréable impression d’être sur le grill.

Pourtant ! Vous finissez dans la grotte sans fond, un lieu aussi terrible que son nom. Pièce sombre, sans lumière, humide, tu imagines sans mal le Léviathan caché dans les profondeurs, prêt à surgir. Non pas à surgir, à vous dévorer même !

Du moins, dans la théorie. La magie se perd et s’effiloche, tu ne crois plus vraiment à ce qui se passe. C’est trop gros, trop tiré par les cheveux et tu commences à te lasser du jeu. Suivre un pirate à moitié ivre, ce n’est amusant qu’au début. Plus, la naiveté d’Emile te tapes sur les nerfs : pourquoi n’a t-il pas compris que Fun n’était que du sarcasme ? Qui voudrait d’un surnom pareil…?

Tu perds pied et c’est sans grande conviction que tu lances une ultime tirade.

«Qu’entends-je ? Un cri ! Serait ce lui, Leviathan ? Chaudière, Emile ! Préparez vous pour le combat final car le monstre vient ! Que notre courage soit notre arme, camarades !»

Tu pointes ta brosse vers le danger… Et tu finis par te décider à improviser, sans demander l’avis de tes deux coéquipiers. Pourquoi tu ne t’amuserais pas, toi aussi ?

« Mais n’ayez crainte ! Je suis Arisa Ostuka et je suis en réalité… Une déesse aquatique ! Par mon pouvoir, j’ensorcelle cette brosse : qu’elle devienne l’épée qui se plantera dans le coeur de Léviathan ! »

Et hop, tu lances la brosse à Emile. Voilà enfin que tu endosses un rôle plus amusant et plus proche de ta véritable nature, celui d’une déesse. Quel dommage que ce soit la fin !