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Autre: Sun-Mi t'insulte en #ECC600. (Et te parle coréen en italique.)
Sun-Mi Park
Sun-Mi Park
Sun-Mi PARK
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Généralités
Nom ;; Park
Prénoms ;; Sun-Mi
Surnom ;; Sunny
Âge ;; 29 ans ; Né le 21 Novembre 2083
Genre ;;
Origines ;; s'il se borne à se présenter comme étant sud-coréen, ses papiers d'identité et la puce dans son crâne attestent pour leur part de sa nationalité nippone.
Activité ;; officiellement, il est cuisinier dans un izakaya traditionnel du Chūō-ku. Ne le répétez pas, mais il semblerait qu’il se produise également deux fois par semaine dans un club gay du Minato-ku en qualité de DJ. (Tokyo Eagle Blue)
Sexualité ;; hétérosexuel selon ses dires. Mais comme dirait le dicton : méfiez-vous des apparences.
Avatar ;; Kim Taehyung / V {BTS}
Règlement ;;
Chemin ;; QC I used to be nice. ♦ Sun-Mi 4158426957
Commentaire ;; J’vous présente l’adorable ex-boyfriend de Moon. I used to be nice. ♦ Sun-Mi 3766924225
Parenthèse ;; Je précise que j'ai largement taillé dans le gras de cette fiche pour qu'elle puisse rentrer dans un seul post (et ça aurait dû. j'ai déjà fait des posts bien plus longs que ça par le passé. faut croire que la limite FA a changé ou que le codage réduit la limite idk, mais je reste dég 8D) mais hélas, ça n'a pas pu se faire. Ne voulant pas dénaturer le perso ou ce que j'avais écrit sur lui (d'autant que ça fait 2 ans qu'il trotte dans ma tête I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1534650057 ), j'ai décidé de publier en 2 posts, tanpi. v_v
Chère Âme.

Je vous le dis tout net : Sun-Mi n’est pas le gars que vous aimeriez avoir dans votre entourage. (Enfin, à moins que vous ne soyez maso’. Mais ça, c’est votre problème.)

Certains le taxent d'égoïste associable, d'ours mal léché... Et c’est vrai : Sun-Mi est un connard. Ce n’est pas moi qui le dis, mais les nombreuses personnes dont il a ébréché la fierté ! C’est toujours la même rengaine : le concerné va voir Sun-Mi, puis ça déraille.

Il faut dire que Sun-Mi est un homme renfermé, plutôt solitaire. En tant que tel, il n’apprécie pas que l’on pollue son espace vital. Sans quoi, il vous regarderait de haut en bas avant de vous juger ouvertement sur ce qu’il voit. Fidèle à son instinct, s’il vous trouve louche, il ne va pas vous rater. C’est pas de votre faute : il est devenu méfiant avec le temps, alors il ne laisse personne s’immiscer dans sa sphère privée sans y avoir été invité. Dans le cas contraire, il se sent menacé donc il mord. Pas au sens propre, mais pas loin. Si un truc le dérange, il le dit. Et pour un peu que vous le fassiez chier, il n’hésitera pas à déverser sa verve assassine sur vous ; et s’il pense vous êtes gay, je vous plains.

Oh, mais ne vous inquiétez pas ! Sun-Mi n’a rien contre vous personnellement : il déteste tout le monde sans distinction. En fait, il ne sait pas à qui ou à quoi en vouloir d'être né Japonais, qui tenir responsable. A ses yeux, les nippons sont des moutons et, pour un peu que vous soyez bridé, pour lui, vous en êtes un. Proche de ceux qui crient ouvertement leur haine du système, il abhorre ceux qui suivent l’Incontestable sans broncher. Il ne les comprend pas. Alors, si vous faites partie de ceux-là et qu’il l’apprend, il ne faudra pas vous étonner de ses réactions !

En revanche, si vous avez le malheur de lever la main sur lui, ne soyez pas surpris de finir à l’hosto’. Ce n’est peut-être pas un bodybuilder, mais Sun-Mi est un sanguin : après tout ce qu’il a encaissé par le passé, il a besoin de se défouler. Plus impulsif, tu meurs. Même si ça lui a déjà joué des tours, il continue de faire encore et toujours la même erreur. Borné ? Oh, si peu ! C’est même à se demander comment il a fait pour ne pas être viré de la boîte de nuit dans laquelle il bosse, vu le nombre de bagarres dans lesquelles il s’est retrouvé impliqué.

C’est que ses patrons l’ont à la bonne, ce gamin. Il fait du bon travail et sait se faire apprécier pour ses services. Faut dire que le travail, c’est toute sa vie aujourd’hui... Mais avant son job de DJ, c’est surtout celui de cuisinier à l’izakaya de Chūō qui le fait vibrer. Car s’il est passablement associable à ses heures perdues, le coréen dans l’âme n’est pas introverti pour autant. Bien au contraire : il aime le contact avec ses pairs, mais il aime plus encore l’ambiance conviviale et festive qui se dégage des endroits où il travaille. Le bruit ne le dérange pas, il l’apaise au contraire. Sun-Mi aime se voir en spectateur de vie. S’il n’est guère du genre à aller aborder son prochain, il apprécie néanmoins de participer de manière anecdotique à son quotidien. Cela étant, il est payé pour cuisiner, pas pour faire la causette. Et si son patron n’est pas regardant sur le côté lunatique de son employé, il apprécie toutefois son sérieux et cette étincelle passionnée qui brille au fond de ses yeux.

Peut-être vous demandez-vous s’il a des amis en dehors du travail, malgré ce tableau peu flatteur ? Etonnamment, oui. Quelques-uns. Pas beaucoup certes mais, à ses yeux, ce n’est pas la quantité qui fait la qualité. La plupart de ses « amis », il ne les connait que virtuellement ; il se protège. Et puis la solitude ne l’impacte plus désormais : il y est habitué depuis son plus jeune âge. Pour autant, ça ne l’empêche pas d’avoir des besoins sociaux parfois. Grâce au monde merveilleux des réseaux sociaux, Sun-Mi ne se sent jamais réellement seul. Sur son compte instagram (@un_photographe_amateur), il n’a qu’à piocher parmi ses followers les plus fidèles pour échanger avec des personnes qui sont touchées par ce que dégagent ses photos. Il a beau ne jamais avoir dévoilé son identité sur ses réseaux, ça lui réchauffe le cœur de pouvoir tomber le masque avec ces personnes qui ont pris sur leur temps pour lui. A eux, il veut bien se montrer tel qu’il est vraiment : sensible et authentique. Une facette de sa personnalité dont il a honte au quotidien, qu’il travestit derrière le masque du connard insensible qui lui sied tant. C’est mieux que d’arborer celui du pédé, il parait. Il faut dire qu’en dehors de son ex, le monde entier n’a cessé de lui crier « Sois hétéro et tais-toi ! ».

Alors voilà : il est hétéro, et il se tait.

Et dans la vraie vie, il en a des amis ? Oui, quelques-uns. Des personnes qui ont fait preuve d’assez de patience et de persévérance pour découvrir ce qui se cache sous la surface. Car il faut l’amadouer, Sun-Mi, pour gagner sa confiance. Mais une fois qu’elle est acquise, rien ne pourrait l’ébranler. Du moins, si vous êtes honnêtes avec lui. Car le mensonge, Sun-Mi l’exècre au plus haut point – si c’est pas ironique ! Cela dit, ses relations amicales ne sont pas toujours toutes roses. Il lui arrive parfois de se prendre la tête avec ceux qui ont du mal avec son côté sarcastique. C’est qu’il n’est pas tendre au premier abord. Il peut même être blessant et s’en mordre les doigts après coup. Mais malgré les apparences, il serait le premier à tout lâcher et accourir si vous l’appeliez. Il serait le premier qui cognerait celui qui vous a fait pleurer. Il serait celui qui s’occuperait de vous si vous étiez cloué au lit. Mais pour ça, il faut accepter que Sun-Mi soit aussi cet ami qui lève un peu trop les yeux au ciel, qui soupire profondément, qui fait genre qu’il ne vous écoute qu’à moitié, juste histoire de vous énerver. Parce qu’il a besoin d’attention. Il a besoin d’exister à travers les yeux des autres, même si c’est en étant le connard de leur histoire.

Car Sun-Mi assume d’être le connard de votre histoire…
Tant que ça l’empêche d’être victime de la sienne.


Cher corps

On vous a déjà dit qu’il fallait vous méfier des apparences ?
Alors, un conseil : ne vous fiez pas à la belle gueule de Sun-Mi.

Pourtant, dans cette société du paraitre, ça lui a bien rendu service d’avoir été doté d’un tel faciès. S’il avait été laid en plus d’être un enfoiré, il n’aurait vraiment pas été gâté, ce garçon ! Il lui a toutefois fallu du temps pour comprendre que les autres le trouvaient beau ; qu’il avait un petit truc en plus : de l’assurance.

Car il l’aime, sa gueule. Il en est fier et il en prend soin quotidiennement. Crèmes, masques, gommages et autres lotions n’ont plus aucun secret pour lui ! Au velouté de sa peau se mêle une caractéristique qu’il apprécie tout particulièrement : une constellation de grains de beauté. Seuls ceux qui l’ont approché d’assez près ont pu noter les plus visibles. Ils demeurent petits, discrets et positionnés pour certains là où on ne les attendrait pas. Le plus évident se situe sur sa pommette gauche ; il ressort tout particulièrement quand les joues de son porteur se parent de nouvelles couleurs. Le suivant culmine au sommet de son long nez. Celui d’après se niche contre ses lèvres charnues, sur le côté droit de sa lèvre inférieure. Quant au dernier, il accroche votre regard à ses perles d’onyx asiatiques. Sous ses sourcils, son regard désarme par son intensité. Et c’est bien là, à la lisière de ses cils vertigineux, sous son œil gauche, que la dernière étoile sombre de sa figure est cachée.

Pour entourer ce visage insolent, il y a sa tignasse d’ébène qui ondule négligemment. Des cheveux qu’il passe des heures à entretenir et lisser dès qu’il doit sortir. Malheureusement, ils ne supportent pas l’humidité : un cauchemar les jours de pluie ! De temps à autres, il préférera simplement les texturer avec un gel effet mouillé. Mais lorsque ça lui prend trop la tête, il opte plutôt pour un bandana, un bonnet ou une casquette ! De temps à autres, il éclaircit ses cheveux, veillant toujours à ce que sa couleur semble naturelle. Jamais vous ne le verrez porter du bleu, du blond poussin ou du rouge ! C’est pas son truc.

Avec son mètre soixante-dix-huit, Sun-Mi fait partie des « grands ». Grand pour un japonais, sans pour autant être un géant. Mais ça lui va bien, en un sens. Grâce à ça, il prend la confiance : il part du principe qu’il aura l’ascendant sur son prochain sans faire d’efforts. Ça dissuade quelques imprudents de jouer des poings avec lui, car si ses biceps n’égalent pas la circonférence de ses cuisses, il n’en reste pas moins redoutable au corps à corps. Ses mains, parsemées d’entailles, peuvent en témoigner. Mais ce serait oublier qu’elles ont déjà bien subi avec l’apprentissage de la guitare et de la cuisine.

C’est là que les choses se gâtent.
Car cette enveloppe physique, elle le complexe.

Il en épile soigneusement tous poils, à l’exception du maillot qu’il ne s’est jamais risqué à modifier. Il a beau entretenir son corps via la musculation pour ne plus paraitre aussi « lâche » qu’à l’adolescence, il s’estime toujours « en-dessous » de la plupart des hommes de sa taille. Car ses muscles, pourtant présents, peinent à se dévoiler. Au moins, ils plaisent aux autres. Et d’une certaine manière, ça évite que l’on pose le regard sur ses autres marques... Disgracieuses.

En effet, son dos est lacéré de cicatrices blanches longilignes, tranchant avec le hâle de sa carnation. Leur provenance ne ferait aucun doute pour qui aurait l’occasion de jeter un coup d’œil à ce dos meurtri... Certaines sont profondes, d’autres bombées… Mais il a souffert, à n’en pas douter. Ce serait cependant à vos risques et périls de lui en parler. Ça le tue, de savoir qu’elles le poursuivront à jamais, qu’il ne peut rien faire pour les effacer. Alors, ces marques honteuses, il les cache comme il peut. A tel point que, même sous un soleil de plomb, il ne se risquerait pas à tomber le t-shirt. Mais ces stigmates-ci, il a au moins la chance de ne pas les voir contrairement son poignet gauche, supplicié par une brûlure de cigarette que vous ne verrez certainement jamais. Il la camoufle sous sa montre ; un cadeau de sa mère. Il ne s’en sépare que pour se doucher. Oui, il lui arrive de dormir avec. Surtout quand une autre âme esseulée vient à partager son lit…

Outre ses piercings aux oreilles en deux points distincts, Sun-Mi a également sauté le pas du tatouage, il y a dix ans. Il n’en a qu’un, pour entourer son poignet, justement. Comme un avertissement. Et croyez bien qu’il n’en a rien à foutre qu’il choque : il l’a fait pour lui, pas pour autrui. Toutefois, il fait l’effort de le couvrir d’un bandage quand il travaille à l’izakaya, par acquis de conscience. Au club, ce n’est pas nécessaire. Son tatouage reste discret dans la pénombre de la boite.

Finalement, ce corps qu’il ne saurait voir, il le dissimule sous des vêtements souvent amples, car il déteste se sentir oppressé. Il est toujours sapé dans des tons sombres ou presque, bien qu’au fond ses goûts sont tout autres. Il aimerait assumer de porter des tissus doux et légers, vaporeux, aux couleurs claires voire pastelles, comme son cœur le lui demande parfois… Mais il est bien rare qu’il s’accorde ce genre de petits plaisirs. Car ça fait pédé.

Et lui, il n’est pas pédé.
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Son histoire.

{Pour préserver les âmes sensibles, la partie violente de cette fiche a été mise sous hide I used to be nice. ♦ Sun-Mi 4115966937
Bonne lecture quand même ♥ }


Il fut un temps où j’étais insouciant.
Un temps malheureusement révolu depuis longtemps…



J’ai grandi auprès de ma mère, Hee-Ji, dans un petit village de province non loin de la ville de Daegu, où je suis né. On vivait dans un deux pièces au-dessus d’une poissonnerie, dont les fenêtres donnaient sur la voie ferrée qui traversait le village. Il y avait une pièce à vivre et des WC. Ce n’était pas très lumineux, mal insonorisé et ça puait le poisson, mais quand on n’a pas d’autre possibilité, on s’y fait ! Pour la toilette, on se rendait au Jjimjilbang le plus proche, car le gérant s’était pris d’affection pour maman. J’adorais les bains publics, ça avait quelque chose de réconfortant de s’y rendre. Alors même si ça peut surprendre certains, nan, ça m’dérangeait pas d’y aller. Tout comme ça m’dérangeait pas d’aller porter nos fringues à la laverie au coin de la rue. On avait bien conscience qu’on vivait de façon un peu décalée par rapport aux autres... Mais c’était notre normalité.

On n'était pas riches, mais on était heureux.

Ma mère s'est toujours battue pour qu'on s'en sorte. Puisque son activité de médium indépendant ne décollait pas, elle cumulait les petits boulots pour que l'on puisse vivre décemment. Hélas, pratiquer la voyance, la cartomancie ou l’astrologie dans un petit village de campagne, c'est assez mal vu. Certaines personnes mal intentionnées la taxaient de folle, d'irresponsable. Ils disaient que j'étais en danger auprès d'une mère comme elle. Ça me faisait beaucoup de peine d'entendre ce genre de choses... Parce qu'ils parlaient sans la connaître, sans savoir à quel point elle était courageuse, organisée et débrouillarde pour une mère célibataire. Elle avait même fini par travailler de nuit pour s'occuper de moi le jour, ignorant la fatigue qu'elle rattraperait quand je serais en cours. Je me souviens encore de ces longues nuits d'orage où la seule chose qui pouvait m'endormir, c'était d'entendre maman chanter lors de sa pause dans le combiné du téléphone... Si son absence me pesait, j'avais conscience qu'elle faisait comme elle pouvait. Alors, je m'y suis fait.

Par la force des choses, j'ai rapidement pris en maturité.
Mon objectif était tout bête: simplifier la vie de maman au maximum !

J’ai compris que rapporter de bonnes notes faisait sourire maman, alors je me donnais à fond à l'école. Suite à quelques tests, j'ai aussi remarqué qu'elle appréciait que je m'occupe du studio durant son absence. J’ai donc vite appris à me débrouiller pour les devoirs et pour les tâches ménagères: je voulais que maman soit fière de moi et je faisais tout pour. La voir heureuse me rendait heureux. Mais ma grande passion, depuis tout petit, c'était quand même la cuisine ! J'adorais mettre la main à la pâte, tester de nouvelles recettes. Bon, d’accord, vu nos finances, beaucoup de nos plats étaient à base de riz, de légumes et des restes invendus de la poissonnerie d’en-dessous, mais croyez bien qu’avec un peu d’imagination, on peut faire des miracles avec un rien !

Avec ces petites attentions, j’avais encore plus de câlins et de caresses.
J’en avais besoin…

Ce qui me mettait le smile aussi, à côté de tout ça, c’était que j’étais très entouré. Je m’entendais bien avec les gens du quartier, j’avais plein d’amis à l’école puis au collège. Je m’en suis même fait par internet en grandissant ! Et puis, avec les soucis d’argent de maman, quand je recevais un cadeau, il était d’autant plus précieux: j’en connaissais la valeur. Fana de skate, j’étais toujours fourré dehors avec des potes après qu'elle m'ait offert ma première planche. Je tentais des figures improbables, quitte à me lacérer coudes, genoux et menton. Toujours dans la joie et la bonne humeur.

Bref, j’étais insouciant.
Mais ça… C’était avant que je découvre que ma vie était construite sur un mensonge.


Lundi 15 Décembre 2098


« Ah putain, t’avais raison m’man ! J’aurais dû prendre mon écharpe ce matin ! J’suis con-ge-lé ! » lâché-je en claquant la porte dans mon dos.

Encore essoufflé d'avoir tant couru depuis le collège, je suis pris d'un frisson à l'instant où je retire mes chaussures.  

« M’man ? »

Etonné par ce silence suspect, je cherche ma mère des yeux. Je la trouve attablée à notre kotatsu bon marché, mais quelque chose ne va pas. Les yeux bouffis, c'est une mine affligée qu'elle pose sur moi. Mon sang ne fait qu’un tour. Je me précipite à ses côtés pour la prendre dans mes bras, en oubliant d’ôter mon manteau.

« Maman, qu’est-ce qu’il s’est passé ? » murmuré-je, m'imaginant déjà aller faire la morale à l'une de nos voisines pour ses  propos blessants.

Je la berce, la console. Au début, elle ne répond pas. Ses sanglots reprennent de plus belle tandis qu’elle resserre ses bras maigrelets autour de moi. Elle me presse si fort contre son cœur que mon mauvais pressentiment ne faiblit pas, que je comprends bien vite qu’il doit y avoir autre chose qu’une simple querelle de voisinage pour la mettre dans un tel état… Et puis, le couperet tombe:

« Oh mon chéri, je suis si désolée… On va devoir partir… »

Je pouffe. C’est invraisemblable. On n’a pas les moyens d’aller habiter ailleurs, sinon on serait déjà partis ! Je me redresse, l’éloignant assez de moi pour saisir un mouchoir dans ma poche.

« Partir, carrément ? C’est si grave que ça ? » j’ironise, effaçant les vestiges de son chagrin.  « Et on irait où ? »

Elle renifle et me tend le rectangle rose qu'elle avait abandonné sur la table.
Je cille, perplexe.

« Au Japon, Sunny… J’ai été mariée. »

Les mots s’impriment dans mon cerveau avec une violence déconcertante... Mes sourcils s’élèvent, mes neurones se touchent. J'aurais dû me douter que ce n'était pas une simple facture vu la couleur.

La lettre rose. Le Japon. L’Incontestable.
On a appris tout ce qu’il y a à savoir sur ce pays à l’école, aussi mon échine se dresse de mille aiguilles à l’instant où je crois comprendre ce que ça signifie. Me saisissant de l’enveloppe, j’en sors les papiers avec précaution pour vérifier ses dires. Dans le secret de ma cage thoracique, mon coeur tambourine à tout rompre. Mes yeux parcourent ces caractères que j’ai la chance de comprendre pour les avoir étudiés en cours, bien que je bute sur certains mots. Aucun doute, c’est bien le nom de ma mère qui est associé à celui d'un certain Yoshiaki Masato.
Le souffle coupé, je finis par confronter ma mère du regard:

« … Tu te fiches de moi ? » A son sourire désolé, je comprends qu’il n’en est rien. « Mais c’est n’importe quoi, putain ! On est coréens ! Tu es coréenne, je suis coréen ! Comment c’est possible que tu te retrouves mariée à un japonais ? C’est quoi cette histoire ?! Si c’est une blague, c'est pas drôle ! »

Hélas, tout ceci n’avait rien d’une blague.
A tout juste 15 ans, j’ai appris que je n'étais pas coréen mais japonais.


Pour la première fois de ma vie, je me suis emporté. J'ai fait les cents pas, j'ai gueulé, j'ai tapé dans les murs. A tel point que j'en ai importuné nos voisins. Mais il fallait au moins ça pour que je redescende et que maman puisse en placer une...

Elle m’a d’abord montré mes papiers, les siens, mon acte de naissance; tous japonais, évidemment. J'avais beau me charger de beaucoup de choses dans notre quotidien, maman ne m’avait jamais laissé gérer ce qui touchait à l’administratif. Elle disait que j’étais « trop jeune pour ça »; je comprenais désormais pourquoi... Assommé par ce que j'avais sous les yeux, elle a fini par m'expliquer la vérité sur son passé. Une vérité brûlante, étouffante: celle d’une jeune fille oppressée par les attentes de sa famille et qui a fini par tomber amoureuse de son ami japonais... Sa majorité acquise, elle a quitté son foyer pour rejoindre celui qu'elle considérait comme l'homme de sa vie. Elle l’aimait tant que pour lui, elle est allée jusqu'à se faire naturaliser. Pour lui, elle était prête à tout.

Car tous deux croyaient au bien-fondé de l’Incontestable.
Tous deux espéraient qu'il reconnaitrait leur amour… Ils se sont trompés.

Quelques semaines avant que maman n'apprenne qu'elle était enceinte, cet homme a été marié à une autre. Pour leur éviter à tous de souffrir, il a décidé de couper les ponts avec ma mère. Son amour de jeunesse perdu, maman a estimé qu’elle n’avait plus sa place au Japon. Alors elle a décidé de repartir de zéro sur sa terre natale, la Corée. Décidée à me garder, elle espérait me préserver comme elle le pouvait du matraquage publicitaire de l’Incontestable. Hélas, ça n'a pas empêché les émissaires de la machine de venir me pucer à la naissance...

Son exposé terminé, mes mots ont dépassé ma pensée.
Jamais je n’avais haussé le ton contre maman avant. Jamais je ne m’étais plaint. Jamais je n’avais posé trop de questions… Mais ce soir-là, j’étais hors de moi. Et j’avais de quoi car, quelques jours plus tard, je devrais littéralement renoncer à ma vie pour embrasser une dictature que je ne cautionnais pas le moins du monde !

Mais de toute manière, que je sois d’accord ou pas, c’était pas comme si j’avais le choix…

Lundi 29 Décembre 2098


« Merci pour le repas, Sun-Mi. Tu t'es surpassé ce soir ! » me lance-t-il, armé de son sourire benoit.

Je pose mes baguettes, lance un regard froid sur cette personne que la machine a désigné comme étant mon beau-père. J'le sens pas ce type. Il est trop lisse, trop parfait, trop gentil. Y'a quelque chose de faux chez lui, mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est pourtant un cadre respectable ; du moins, c'est ce qu'il tente de nous faire croire. Enfin, de me faire croire. Car maman, elle, est déjà tombée dans le panneau. Ça se voit, à ce regard admiratif qu'elle lui porte. Selon elle, j'ai « juste » du mal à accepter d'être japonais et c’est pour ça que je suis autant sur mes gardes avec lui. Elle dit que, plus tard, je comprendrais que je me suis trompé sur son compte...

Sûrement. Peut-être que je le juge durement car je me mure dans une colère froide depuis deux semaines. Seulement, il y a un hic dans son argumentaire : je ne suis pas japonais. Et je ne le serais jamais. Ce n'est pas à la puce dans mon crâne de déterminer où se trouve mon cœur !

Depuis qu’on est arrivés à Uji - une ville dont j'avais jamais entendu parler - je n'arrive pas à m'y faire. Du jour au lendemain, on est passé d'un une pièce de 12m² à une maisonnée dans un charmant quartier résidentiel. D'autres se réjouiraient à ma place... Mais moi, j'étouffe dans cette baraque. Autant dire que depuis qu'on a posé nos valises ici, j'y suis pas souvent. Les seuls moments où j'y passe vraiment du temps, c'est pour préparer les repas. Une idée de ce gars, ça: il estimait que chaque membre de la famille devait participer à l'entretien de la maison et que nous devions manger ensemble à chaque repas où c'était possible, soit le matin et le soir principalement.

L'idée était de « souder notre famille ».
Quelle bonne blague !

Les seuls qui sont soudés l'un à l'autre, ce sont les mariés. Ma belle-sœur et moi, on n'est que des pièces rapportées. Je suppose que l'idée c'est qu'on sera de jolis pantins à exposer en société le jour où monsieur invitera ses collègues à dîner, puisqu'on n'ouvre pas la bouche. Moi parce que je fais la gueule et Sachi parce que c'est un fantôme. Littéralement. Elle est silencieuse, discrète, effacée... A tel point qu'on en oublie sa présence. Tu la foutrais dans un coin de la pièce, tu pourrais la confondre avec le mobilier ! Et le plus affolant, c'est que c'est même pas pour la tacler que je dis ça...

Toujours est-il que, maman ayant vanté mes mérites en cuisine, j'ai dû me coltiner cette tâche. Aussi, même si ce n'est pas de gaieté de coeur, je m'exécute. Cuisiner pour deux ou quatre, ça ne change pas grand-chose à ma vie. Je dirais même que ça m'arrange car, en cuisinant, je m'évade; je pense à autre chose pendant quelques heures - même si ça m'a pété les couilles qu'il réclame que j'apprenne à cuisiner japonais. D'où est-ce que le fait de vivre dans un pays te force à manger local, hein ?!

« Oui, c'était excellent ! » renchérit maman dans un japonais presque parfait que je ne lui connaissais pas, avant.

Saoulé par cette mascarade, je débarrasse la table avec Sachi. Nous laissons le couple faire son œuvre tandis que nous nous chargeons de la vaisselle. Moi à la plonge, elle au torchon. Mon regard finit pourtant par être attiré par une marque bleutée s’étendant sur le bras de ma partenaire de galère. Je fronce les sourcils, donne un coup de menton dans sa direction.

« ... C'est quoi ça ? »

Elle me dévisage, interloquée. Ah, putain, c'est vrai. Elle ne parle pas un mot de coréen. Je grimace, mes doigts humides s'en venant effleurer ce que je prends pour un hématome sur sa peau.

« Ça ! » insisté-je en japonais.

Mais je n'ai pas le temps d'en dire davantage qu'elle recule vivement. Son dos heurte le mur alors qu’elle abaisse la manche de son pull à la va-vite.

« R-Rien du tout ! » Bredouille-t-elle d’une voix fébrile avant de fuir vers sa chambre.

Je cille, perplexe. C'est quoi son problème à celle-là ? Pourquoi elle avait l'air aussi paniquée ? On aurait dit qu'elle croyait que j'allais la frapper ! J'voulais juste comprendre comment elle s'était fait cet hématome, c'est t-.  

Ma pensée s'arrête net.
Un violent frisson me parcourt le corps, mon cœur s'emballe. Lentement, mes yeux glissent jusqu'au canapé où maman est lovée contre Masato pour regarder la télé.

J'ai un mauvais pressentiment…

Vendredi 5 Juin 2099


« Rraaaah ! Putain de merde !! » m’exclamé-je en envoyant valser mon stylo de frustration. J'y ai mis tant de force qu'il s'éclate au sol, faisant sursauter mon camarade de classe. « J’en ai marre ! »
« P-Park-kun, tu devrais éviter de t’énerver de la sorte… » bredouille-t-il, déglutissant lorsque mes iris assassines se posent sur lui.
« Ah non ? J’aimerais bien t’y voir, toi ! C’est pas toi qui es passé de premier à dernier de classe parce que t’as dû changer de pays ! » feulé-je, secouant mes feuillets.

J’exagère, mon japonais n’est pas si mauvais. En Corée, j’avais même un correspondant japonais pour m’aider à mieux maitriser cette langue. Seulement, entre pratiquer une langue dans le cadre scolaire et la pratiquer comme les natifs, il y a un monde ! J’ai eu tout loisir de m’en rendre compte... Pour aider à mon intégration, Masato me paye de cours particuliers de japonais depuis des mois. Pourtant, je peine encore sérieusement à atteindre le niveau pour tout comprendre en cours… Et ça me rend dingue. Car je fais des efforts, contrairement à ce qu’il affirme. Vraiment ! Il a beau répéter que je suis un fainéant et qu’avec tout l’argent qu’il investit en moi je devrais au moins pouvoir avoir la moyenne dans toutes les matières… Y’a pas, j’y arrive pas.

Mais si ça ne tenait qu’à ça, je l’enverrais se faire foutre ! Non, ce qui me fait le plus de peine dans cette histoire, c’est la déception dans les yeux de ma mère… Depuis que mes notes ont dégringolé et qu’elle travaille à Kyoto dans un cabinet de Mediums - dont Masato a avancé les parts - nos rapports ne sont plus les mêmes. Avec la route ainsi que les devoirs et « surprises » qui incombent aux mariés, on n’a plus vraiment le temps de se voir. Si elle ne m'a jamais poussé à faire de grandes études, elle voudrait au moins que j’obtienne mon certificat de fin d’études; pour avoir « l’opportunité de choisir ce que je veux faire ». Sauf qu’avec des notes aussi catastrophiques,  c'est pas gagné. Si seulement on pouvait retrouver notre complicité d'avant...

« Laisse-toi le temps et tu verras… » tente de me rassurer Moon, un sourire doux éclairant son visage. « Moi, je les vois tes progrès. »

J’ourle un sourcil incrédule.
Depuis que je suis arrivé dans ce lycée, notre professeur principal a missionné Raitô Moon, ici présent, de me donner des cours de soutien après les cours. Il pratique le coréen depuis des années et j’avoue qu’il se débrouille assez bien ; et puis, ses quelques erreurs sont mignonnes. Honnêtement, ça fait du bien de pouvoir dialoguer avec quelqu’un dans ma langue natale. Néanmoins, je commence à en avoir ras la casquette, moi ! Entre le lycée, les cours de soutien de Moon et les cours de Japonais de Masato, j’ai l’impression que ma tête va exploser !

« N’importe quoi… Pis sérieusement, t’as rien de mieux à foutre que de me baby-sitter ? J’sais pas, t’as qu’à aller jouer de ta clarinette au club de musique, là ! »
« Du violon. »
« On s’en fout ! »
« Tu sais… Je te fais pas cours pour faire plaisir au prof. » commence-t-il, d’une voix un peu plus hésitante qui pique mon intérêt. « Je le fais parce que j’en ai envie. »

Mon cœur rate un battement.
Les yeux écarquillés, je ne peux que les remarquer, ces petites rougeurs qui égayent ses traits. Ça faisait longtemps qu’on m’avait pas dit un truc aussi gentil... Est-ce qu’il ment, lui aussi ? Je pense pas. Il m’a toujours inspiré de la sympathie, ce gars. Il est si doux ! Subitement, mon horoscope me revient en tête:

Chers Scorpions célibataires, soyez à l’affût ! Votre âme sœur se cache peut-être parmi vos proches, aujourd’hui ! Cela pourrait être le début d’une belle histoire d’amour ! ♥

Jusqu’à présent, mon horoscope a toujours dit vrai. Tout comme mon instinct ne m’a jamais trompé. Et mon instinct me dit que c’est peut-être lui, l’âme sœur dont il est question…

Putain, c’est pas vrai... Ça recommence !

Moon penche la tête, intrigué par mon silence. Intérieurement, les pièces du puzzle s’assemblent. Ça expliquerait pourquoi je ne le repousse pas, lui. Ça expliquerait pourquoi j’attends de le retrouver chaque soir avec impatience… Je me revois lorgner sur sa nuque en cours, quand je décroche. Je me revois lui piquer la brosse pour effacer le sommet du tableau. Et je me revois même regarder dans sa direction quand on doit se changer pour le sport… Non, non, non, non, non, non ! C’est pas possible ! Non, je veux pas ! JE VEUX PAS !!

Finalement, je souffle un rire.
Un rire mauvais.

« Ah mais j’aurais dû m’en douter… T’es pédé, en fait. » lâché-je dans un japonais parfaitement imité. Je reprends avec aplomb les paroles de Masato lorsqu'il a sous-entendu que j'avais un crush sur le fils des voisins.
« Je- Quoi ? »  

Il est horrifié. Je m’accoude à la table que nous partageons, me penchant vers lui:

« Un pédé. Un gay. Une folle. Une tantouze. Une f- »
« Mais arrête ! » s’égosille-t-il. « Je suis pas gay ! »
« A d’autres. Ça crève les yeux ! Mais dis-moi, tu préfères sucer ou te faire enculer ? »
« Park-kun ! »
« Si c’est elle que tu veux voir… » Je recule ma chaise de sorte à ce qu’il puisse distinguer mon pantalon et donc voir que je tapote mon entrejambe de façon provocatrice. « Tu peux toujours courir. J’suce pas des bites, moi. »
« T’es… T’es dégueulasse. »

J’le sais... J’ai pas besoin qu’il me le dise…
Moi-même, je ne me suis pas reconnu en lui balançant tout ça. C'était instinctif, viscéral. Pourtant, à chaque mot qui sortait de ma bouche, ma langue brûlait, comme pour me rappeler à quel point ces mots peuvent être blessants. Je suis bien placé pour savoir ce que ça fait d’entendre tout ça quand on a déjà été attiré par un mec. J'me dégoûte...

Sur ces bonnes paroles, je quitte ma chaise. J'attrape mon sac et le balance sur mon épaule avant de faire une boulette de papier avec les feuilles que nous bossions jusqu’alors. Je lui envoie sur l’épaule, ne cessant de le prendre de haut.

« C’est toi qui me dégoûtes. Toi et tous les obsédés de ton espèce... » Un rictus fend ma face tandis que je le dépasse pour regagner le couloir. « Essaye même pas de me reparler un jour. »

J’ai beau agir avec toute la nonchalance et le mépris dû à ce rôle, à peine ai-je tiré la porte sur mon dos que mes doigts se mettent à trembler. Je me mets ensuite à courir de toutes mes forces, aussi loin et aussi vite que je peux. Je sais pas où je vais, ni quand je m’arrêterais... Mais là, j’ai besoin de me défouler, pas de pleurer putain !

Pardon, Moon… Tu as le droit de me détester. Tu devrais me détester ! Mais je peux pas me permettre d’être avec toi... Pas s’il y a un risque qu’il se passe un truc entre nous. Je ne ferais pas ce plaisir à Masato, ça, jamais !  

Dimanche 8 Août 2100


La nuit est tombée depuis un petit moment mais j’ai pas envie de rentrer. Pas après ce qu’il s’est passé ce soir... Mes pas m'ont guidé jusqu'au parc le plus proche de chez moi. J’aime m’y balader la nuit, il n’y a jamais personne. On peut entendre les bruits nocturnes en toute quiétude; ça m’aide à tasser le brouhaha dans ma tête. Néanmoins, le crissement des gravillons sous mes pieds se voit perturbé par un son que je connais bien… Des pleurs ?

Je fronce les sourcils, me déporte dans l’herbe et avance… Jusqu’à tomber sur lui.

« … Raitô ? »

A peine son nom a-t-il passé la barrière de mes lèvres que je le regrette, mon palpitant manifestant sa crainte la plus secrète. Voilà un an que je l’évite, que je le fuis depuis notre dernière altercation… Je doute d’être la personne qu'il ait envie de voir dans un moment pareil. D'autant que je ne suis pas sûr d’être en capacités de taper la discute en fait. Pourtant, quand son adorable minois se redresse, ce n’est pas du rejet que je sens… Mais de la sollicitude.

« Park-kun ? Mais… Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?! » m’interroge-t-il en enfleurant sa joue.

Merde, il a vraiment dû cogner fort… songé-je en une grimace. Je passe ma paume sur ma pommette brûlante et bombée. C’est certain, une fois la bosse calmée, je vais avoir un bel hématome.

« Oh ça ? C’est rien... J’ai cherché des noises au mauvais gars et il était plus fort que moi. »

J’hausse les épaules, comme si c’était banal. Remarque, vu que j'ai la fâcheuse manie de sortir les poings depuis mon arrivée au Japon, c'est cohérent. Mais je n’ai pas envie que Raitô sache. Ni même que qui que ce soit sache… Que Masato me frappe parfois. D’ordinaire, j'ai plutôt droit à des gifles, à une poigne oppressante ou encore à me faire bousculer brusquement… Des choses qui arrivent dans un accès de colère quoi.

Mais ce soir, c’était un coup de poing… Un coup à m’en faire tomber par terre, asséné devant ma mère. Si, bien sûr, elle l’a réprimandé sévèrement pour son geste et qu’il s’est excusé platement juste après – un comédien, ce type ! –  j’en ai également pris pour mon grade. Car j’ai provoqué Masato, je lui ai « manqué de respect ». Et c’est vrai, pour une fois j’ai répondu à son harcèlement. Parce que j’en peux plus de ses piques incessantes… Sauf que je m’en suis pris au mauvais gars. Et, ce gars, ma mère l’aime et le défend. Limite, c’était de ma faute s’il m’avait frappé ! Alors, avant de claquer la porte, je n'ai pas hésité à lui crier le fond de ma pensée: « Pour une medium, tu vois que dalle ! ».

Et me voilà devant Raitô, à feindre que tout est normal… Car je ne veux pas de cette étiquette de victime.

« Et puis, c’est toi qui pleures ! » lui réponds-je finalement en lui balançant mon paquet de mouchoirs dans les mains. J’hésite mais finis par me poser à côté de lui – où il ne pourra pas inspecter ma joue. « Alors ? »
« … Je- Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée de t’en parler... » marmonne-t-il, le regard fuyant en sortant timidement un mouchoir du paquet. « Pourquoi ça t’intéresse ? Tu me détestes. »
« Je ne te déteste pas ! » rétorqué-je en fronçant les sourcils, devant quoi il hausse les siens d’un air de ne pas y croire.
« Tu détestes les gays. »

Tiens ? Il a cessé de nier.

« Je… » Je me mords la lèvre inférieure, détournant les yeux en me massant la nuque d’un air embêté. « C’est… compliqué. »

Ce n'est pas toi que je déteste, Moon.
C'est moi...


« Et je vois pas le rapport ! »
« Le rapport c’est que tu avais raison… » Je tourne la tête vers lui. Il soupire en se tapotant les joues, le regard fixé au loin. « J’aime les garçons… »

Mes sourcils s’élèvent mais je n’ajoute rien, me contentant de poser mon dos contre l’écorce de l’arbre. J'imagine qu'il s'attendait à une énième remarque homophobe ? Mais non. Je peux pas, plus après ce qu’il s’est passé entre nous la dernière fois. Piqué par la curiosité et sentant qu’il a besoin de se confier, je reste muet. Les minutes s’égrènent. Ça doit carburer à plein régime dans sa tête car, au bout d’un moment, les larmes lui remontent aux yeux. Il craque. J'apprends qu'il est tombé amoureux de son correspondant et qu'il lui a fait sa déclaration ce soir, espérant un retour positif puisqu’ils sont très proches… Mais il s’est fait envoyer sur les roses.

Etrangement, ça m'affecte d'entendre tout ça. D’une part, car je n’aime pas le voir pleurer et, d’autre part, car j’en veux à ce Nathan. Il est con ou quoi ?! Moon est un mec adorable, beaucoup trop gentil pour qu’on ait envie de le mettre dans cet état ! Je le sais, je n'arrête pas de culpabiliser pour toutes ces horreurs que j'ai pu lui balancer...

Ne sachant quoi lui dire, je ne trouve rien d’autre à faire que de tendre la main pour lui caresser la tête tendrement; un geste qui le surprend. Il me lance un regard interrogateur pendant que mes joues chauffent, mais j’arrête pas. Parce que je sens qu’il en a besoin et que, d’une certaine manière, j’aime ça. Bientôt, il recommence à pleurer, se laissant complètement aller. On n’est pas assez proches pour que je l’enlace de la même manière que j’enlacerais Sachi après que son père l’ait effrayée, mais l’envie est là.

« Je- Je te comprends vraiment pas, Sun-Mi… »

Mon cœur bondit dans ma poitrine lorsque mon prénom filtre de ses lèvres. Je récupère pleine possession de ma main.

« Sun-Mi ? Alors ça y est, on est proches maintenant ? » me moqué-je avant qu’il ne me prenne de court :
« Oh, tu sais, entre ce qu’on vient de partager là et le baiser de l’année dernière, ce serait ridicule de continuer à s’appeler par nos noms ! » Et merde, il a pas oublié… Sa voix reprend le ton de la confidence : « A ce sujet… »
« Je n’ai pas envie d’en parler. » le coupé-je net, tous mes muscles se crispant à l’idée de revenir sur cet événement en particulier.
« D’accord... »

Il n’insiste pas et je lui en suis reconnaissant. Quand j’y pense, mon harcèlement aurait pu durer encore longtemps s’il n’avait pas volé mes lèvres de la sorte. Une fois de plus, je l'avais provoqué. C'est là qu'il a décidé de m'embrasser pour me clouer le bec. Mais ce que ni lui ni moi n’avions prévu à ce moment-là, c’était que je l'empêche de s’éloigner une fois la surprise passée, afin d'approfondir le baiser. Une chance qu'il n'y ait eu personne dans ce couloir...

« Et sinon… Toi, avec ta copine ? »

J’hausse les épaules, me retiens de demander « laquelle ? ». Car depuis ce fameux baiser, je les ai enchaînées. A ma grande surprise, j’ai même couché avec certaines d’entre elles. Moi qui étais persuadé de préférer les mecs… J’avoue qu’en ce moment, je me comprends plus vraiment. Un gay, ça peut pas coucher avec des filles, si ? Ça fait d’moi quoi si les filles m’excitent parfois mais qu’elles m’ennuient à mourir ? D'ailleurs, certaines de mes copines ont eu des sentiments pour moi, mais ça n'a jamais été réciproque.

« Je m’ennuie. »
« Mh… » Marmonne-t-il avant de poser à son tour son dos contre l’arbre. « N’empêche, c’est bête que tu sois pas gay… Tu embrasses bien. »
« Qu- Pff. N’importe quoi ! » pouffé-je, embarrassé, le palpitant s’affolant à mille à l’heure avant que je ne me relève. « Aller, lève-toi. Je te raccompagne chez toi. » déclaré-je en ouvrant la marche, afin qu’il ne voie pas mes joues chauffer.

Et sur la route du retour, j’aurais juré que nos mains s’étaient frôlées à plusieurs reprises…

Vendredi 23 Septembre 2101


Depuis un moment, je travaille mes cours sur la table de la cuisine, car Masato veut être sûr que je travaille. Au départ, ça me faisait chier, mais j'ai fini par m'y faire. Du moins, c'était le cas jusqu'à ce que monsieur l'homme parfait se fasse licencier. Le plus drôle, c'était le motif: harcèlement moral. Quelle ironie. Si Sachi et moi n'étions pas surpris, maman, elle, en a été scandalisée. Elle l'a même incité à poursuivre ses ex-employeurs pour obtenir réparation. Là-dessus, je n'ai rien dit. Je ne dis plus grand-chose quand je suis à la maison de toute manière. J’ai fini par comprendre qu’il ne servait à rien d’entrer en conflit avec ce type : il trouverait toujours le moyen d’avoir raison, en particulier aux yeux de maman. Car outre l’amour qu’elle lui a rapidement porté, il s'est assuré qu'elle lui soit reconnaissante pour tout ce qu'il a fait pour elle.

Qui serais-je pour briser le rêve de ma mère ? J'ai beau être son fils, je demeure le souvenir permanent d’un passé fait d’échecs et de pauvreté... Grâce à Masato, maman est devenu quelqu’un. Elle n’est plus la fille-mère pointée du doigt par ses pairs en Corée. Elle n’est plus l’illuminée du village. Elle est Hee-Ji Yoshiaki, medium appréciée dans la ville de Kyoto qui gagne bien sa vie.

Dommage que l'argent n'achète pas l'amour...

Toujours est-il que monsieur passe désormais ses journées à boire des bières devant la télé en attendant le retour de son épouse. Or, son émission télévisée m’empêche de me concentrer. Ça me tape sur le système, mais puisqu'il refuse de baisser le son, je n’ai plus qu’à ronger mon frein en silence et à m’habituer à travailler dans une cacophonie dérangeante...

Bientôt, l'émission se termine. Il éteint l’écran, m’octroyant un répit salvateur de courte durée. Ça sent le début des hostilités... Après avoir avalé une gorgée de sa bière, il commence à déblatérer inepties sur mon compte. Je l’ignore un moment, faisant mine de continuer mon exercice. Si d’ordinaire, ça suffit à ce qu’il me laisse tranquille, Masato semble particulièrement en forme ce soir. Il s’allume une clope, titube jusqu’à la cuisine et se pose contre le chambranle de la porte. Je ne lui accorde pas même un coup d'oeil.

« Ça sert à rien de faire semblant de bosser, tu sais... On sait tous ici que tu en es incapable. »

Je serre discrètement les dents. Si l’entendre geindre depuis son canapé ne m’atteint plus, quand il s’approche de moi, ça m’épine. Et il le sait.

Après avoir sorti une coupelle pour les cendres de sa cigarette, il s’installe à ma gauche. Etant donné que je fume en cachette depuis peu, sa cancerette ne me dérange pas. Par contre, son haleine âcre me pique le nez... Mais je ne cille pas. Il inspire une longue taffe avant de tapoter son bâtonnet blanc au-dessus de la coupelle et de me souffler sa fumée en plein visage. Je ferme les yeux, tentant de rassembler les restes de ma patience. Suspendu à quelques millimètres de ma feuille, mon stylo atteste malgré moi qu'il a récupéré mon attention.

« T’as une idée d'à quel point tu déçois ta mère, petit merdeux ? »

Ça, ça reste le sujet sur lequel il ne faut pas me chercher.
Je lâche mon stylo, tourne vers lui un regard condescendant.

« J’sais pas... Certainement moins que toi ? »

Evidemment, je m’attends à des représailles pour un tel affront. Si elles se font plus rares – car je fais mon possible pour garder mon calme en sa présence – elles existent encore. J'imagine donc un coup, une gifle, bref, quelque chose qu’il a déjà fait par le passé…

Mais je ne pouvais pas prévoir qu’il écraserait subitement sa cigarette sur mon poignet.




Mercredi 14 Février 2104


« Alors c’était vrai… » je sursaute en reconnaissant ta voix. Mes yeux quittent la porte de service que je m’apprêtais à refermer pour fondre sur ton faciès parfait: « T’es à Tokyo. »

Oh, Moon... Si tu savais comme je suis ému de te voir là. T’es toujours aussi beau- Non. T’es tellement plus beau ! Tokyo t’a transformé et, malgré la position renfermée de tes bras sur ton buste, un long frisson me parcourt en te voyant. Les yeux me brûlent. Je me pince les lèvres. Assurément, je paierai un coup à Sarah le jour où elle viendra me voir à l'izakaya. Je lui en dois une ! Je savais que ta meilleure amie t'apprendrait la nouvelle si je la contactais. C'est tordu, je sais, mais vu comme j'ai tué notre début d'histoire à l'époque, j'ai pas osé te recontacter directement...

Pourtant, mon émotion est à la hauteur de ta colère. Les sourcils froncés, tu me juges. Tu m’en veux et tu as raison. Pourtant t’es là… T’es venu pour moi.

« Ça faisait longtemps… » soufflé-je doucement, refermant à clé la porte sur mon ombre avant d’oublier.
« Pourquoi t’es venu ?! C’est pas toi qui disais que tu détestais Tokyo ?! Que t’y mettrais jamais les pieds ?! » lances-tu, désireux de couper court à ce qui monte entre nous.

Je l'ai dit, c’est vrai. Mais j’ai jamais dit que je le pensais. Mais c’est ta faute si j’ai dit des conneries pareilles aussi ! Parce que j’ai eu beau t’esquiver après les premiers coups de ceinture de Masato, tu revenais toujours. T’étais patient, compréhensif, même si tu ne savais pas ce que tu devais en conclure. Et ça faisait mal, Moon… D’essayer de te fuir quand tu revenais. T’en as fait subir de belles à mon cœur pendant tout ce temps où je ne pouvais plus te toucher sans craindre que ma situation à la maison n’empire encore. Alors, j’ai trouvé que ça pour briser ce qu’il restait entre nous : te dire que j’irais jamais à Tokyo. C’était pas tout à fait faux d’ailleurs, puisque j’aurais jamais eu le niveau pour rentrer dans une université d’élite comme toi.

La vérité c’est que je pouvais pas partir; pas sans Sachi. Si Masato s'est racheté une conduite après sa cure de dégrisement, je refusais de l'abandonner là-bas. Alors j'ai patienté jusqu'à ce qu'elle ait son certificat d'études... Et on est partis à Tokyo ensemble.
Et depuis, oh Moon… Depuis je revis.

« T’as pas une petite idée …? » te rétorqué-je, te couvant des yeux avant que je ne jette un coup d’œil à mon téléphone pour juger de l’heure tardive à laquelle t’as fait le déplacement. Il est tôt, si tôt que j’en remarque la date après coup, que ça fait bêtement trébucher mon cœur. Un petit sourire réhausse mes commissures. « Eh, Moon… Tu sais quel jour on est ? » Tu ourles un sourcil. « C’était volontaire de venir me chercher le jour de la fête des amoureux ? »
« Tu- ?! » la surprise te fait réagir vivement : « Ça va pas la tête ?! Depuis quand on est amoureux ?! Tu m’as jamais considéré comme tel ! »

Tu parles, tu parles, Moon. Mais j’le vois bien que t’es embarrassé. Je crois même deviner que tes joues chauffent, sous la lueur pâle de l’unique réverbère de la ruelle. Tes mots continuent de me repousser, mais plus tu parles, plus je m’approche. Arrivé à toi, mes paumes encadrent ton visage pour que je m’empare de tes lèvres, comme je l’ai tant rêvé depuis que tu es parti. Au début, tu tentes de résister. Tes mains se crispent sur mes épaules, tentent de me repousser. Mais ça n’est rien comparé à ma détermination. Mes lèvres confient aux tiennes tout ce que je ne pourrais te dire, tout ce que je suis incapable de t’offrir présentement. Elles les charment, les apprivoisent, non sans émotion. Je t’aime…

Cinq secondes, c'est le temps que tu m'as résisté avant d’enrouler tes bras autour de ma nuque. C’est le temps qu’il t’a fallu avant d’admettre que toi aussi t’en crevais d’envie, qu’à toi aussi, je t’ai manqué. Mes mains glissent le long de ta silhouette pour enserrer ta taille et presser ton corps contre le mien dans un geste possessif. C’est si bon, de te retrouver…

Pardon, Moon… Pardon pour le mal que je t'ai fait.
Promis, cette fois, on la vivra notre putain d’histoire d’amour !


{…}

Et on l’a vécue. Oh oui, on l’a vécue.
Quatre ans. C’est le temps qu’aura duré notre histoire. Et pendant tout ce temps, j'étais le plus heureux des hommes.

Mais y’avait un gros problème dans notre couple : la confiance.
T’étais incapable de m’en accorder. Bien vite tu n’as plus supporté de vivre « caché » comme à l'époque. Mais moi, j'étais toujours pas prêt à vivre mon idylle gay au grand jour. Outre toi, personne ne devait savoir. Les gens pouvaient le supposer, mais pas nous questionner, sans quoi ma rétorque était sans appel : je suis pas gay. Avec le recul, j'imagine que ça devait te peser de ne me rencontrer qu'au love hotel ou chez moi, en dehors de rares sorties entre « amis »... Toujours est-il que tu t'es imaginé que je te trompais. La faute à mes amies féminines un peu trop tactiles, à tes souvenirs du lycéen « hétéro » que j'étais. Mais que ce soit avec mes exs ou avec toi, je suis fidèle, Moon. Je l'ai toujours été.

Toi, en revanche… Tu m’as brisé le cœur.

Parce qu'à cause de ta putain de jalousie, t'as rompu avec moi; plusieurs fois. Et à chaque fois que tu rompais, j’étais au plus mal. J'avais beau dire ce que je voulais, tu peinais à me croire. Et pire, c'est toi qui te tapais d'autres gars. On te voyait au bras de l’un, de l’autre; pour une nuit ou plus. Moi-même, je t'ai vu embrasser un autre type une fois... Pourtant, après chaque rupture, tu finissais par revenir vers moi. L’appel de la chair, de ce « nous » si fort qui s’était tissé sans qu’on le comprenne te restait autant gravé en mémoire que tu ne l’étais dans la mienne. On s’aimait, mais on se déchirait.

Hélas, plus tu cassais, moins j’avais envie de faire des efforts. Tu sais pas, toi, c'que ça fait d'être maltraité mentalement et physiquement pour ce que tu es. Les quelques mois de harcèlement dont je t'ai gratifié au lycée, c'était rien par rapport à ce que moi je subissais ! Mais t'as jamais cherché à savoir. T’as pas creusé quand t’as découvert mes cicatrices, sentant que c’était un sujet tabou. J'aurais voulu te le dire pourtant, Moon. J’aurais voulu tout te dire, te confier mes peines et mes craintes, en plus de mon cœur et de mes rêves.

Mais tu me faisais pas confiance…

Notre relation a pris un tournant décisif le jour où j’ai rejoint les Incontrôlables. J’en avais entendu parler sur les réseaux et, clairement, je me reconnaissais dans leur combat. J’en pouvais plus de me réveiller chaque matin avec la trouille de recevoir une lettre rose et que ce ne soit pas ton nom qui soit inscrit dessus. Ça t’a mis dans une colère monstre que je sois décidé à participer au Big Bang Kiss. T’avais peur des Incontrôlables, tu craignais qu’ils arrivent à leurs fins. Alors, pour me faire comprendre ton désaccord, t’as rompu, encore. Mais ça n’a fait qu’alimenter ma haine contre le système. Alors j’y suis allé, à cette putain de manif’. Et dans cette foule dense, compacte, emplie de personnes révoltées, crois bien que pour une fois j’me suis senti à ma place. Ou du moins, jusqu’à ce que ça tourne à l’attentat. J’me suis enfui sans demander mon reste. La guerre civile, merci mais non merci !

Au final, j’ai eu raison de prendre mes distances, car le réseau a fini par être démantelé. Si y’avait eu des gens mieux organisés au sommet de ce groupuscule, si on avait réussi à faire entendre notre voix à quelques politiques, on aurait peut-être pu se sortir de l’Incontestable dans quelques années… Mais ce n'est qu'après coup que j'ai regretté d'avoir adhéré à leur cause, car ma relation avec toi n'a plus jamais été pareille. Y'avait comme un mur entre nous.

J’aurais voulu qu’on vive une vraie histoire d’amour, Moon, qu’on parte loin de ce pays de malades ! J’aurais voulu demander ta main, t’épouser dans un pays où le mariage gay était autorisé, adopter des enfants, même, si c’était ce que tu voulais… L’amour c’est ça : choisir qui tu aimes, qui tu épouses, avec qui tu veux faire ta vie. C’est pas jouer à la roulette russe en espérant tomber sur son âme sœur ! C’est toi, Moon, mon âme sœur.

Malheureusement, je devais pas être la tienne... Car il t'a pas fallu très longtemps pour t’en remettre, à toi. Quelques mois après notre séparation, tu sortais avec un autre gars. Tout comme je t’ai vu, plus tard, avec cet autre type. C'est en voyant ton comportement avec eux que j'ai compris qu'on ne pouvait pas être ensemble actuellement. J'avais beau t'aimer de tout mon être, on était trop différents : je vivais dans l’ombre là où, toi, tu t'épanouissais dans la lumière. Ne me restait plus qu’à espérer recevoir ma lettre un jour, avec ton nom marqué dessus. Quand bien même cette idée m’écœurait de par son absence de libre arbitre, ce serait malhonnête que de dire que je ne l’ai pas espérée pendant de longs mois, cette lettre...

Mais ça, c’était avant Shukumei. La vague a inondé l'izakaya pendant que je bossais. On a réussi à tous se réfugier sur les toits le temps que les secours arrivent, mais on était choqués. Après coup, j’ai saturé ta messagerie d’appels alors que je t’avais plus contacté depuis des mois. Mais, en l’absence de réponse, j’étais dans tous mes états. Je ne savais même pas si tu m’avais bloqué ou pas !

C’est là que Sarah m’a annoncé que tu étais dans le coma.
J’ai bien cru mourir ce jour-là.
Sans toi, ma vie n’avait plus de sens.

Sachant cela, ma situation ne m’inquiétait plus tant que ça. Je m’en fichais que mon appartement ait été ravagé par les flots car trop près de l’océan : c’était matériel. Ce n’était soudainement pas grave de galérer pour trouver une bonne âme pour me loger le temps de retrouver un appartement décent. Je m’en fichais que la boite dans laquelle je me produisais depuis des années soit inondée et que l’izakaya soit à retaper : j’aiderais à remettre sur pieds ces établissements et je serais là pour reprendre le travail dès la réouverture !

Mais toi, Moon... Toi, rien ne pouvait te remplacer.
Alors j’ai prié. J’ai beau ne pas croire en dieu, j'ai prié. Beaucoup, tout le temps. J’ai imploré le ciel que tu te réveilles… Et ça a marché. Mais la vie est une pute, c’est bien connu : t’avais perdu la mémoire, tu m’as pas reconnu. Au départ, j’ai cru à une mauvaise blague, j’voulais pas croire au diagnostic de tes docteurs. « Amnésie de source psychogène », et puis quoi encore ? Pourtant, en venant te voir tous les jours, j’ai bien vu que tu jouais pas la comédie. Et c’était d’autant plus triste… J’me sentais si pitoyable de m’acharner à revenir te voir, à te dire avec un sourire triste que « je suis un ami », alors qu’on sait tous les deux que j’étais bien plus que ça pour toi. Chaque jour, je passais des heures avec toi, espérant que ma présence te rappellerait des choses. Mais c’était si dur de rester à ma place d’ « ami »... Pour moi, tu étais encore mon amoureux. Hélas, j'étais pas sûr que ce soit réciproque... Cela dit, en mon for intérieur, j’étais cynique: ils étaient où, tes exs, en pareille situation ? Je les ai jamais vus venir à ton chevet. Pourtant, s'ils s'étaient pointés, j'étais prêt à les accueillir.

Les mois ont passé et… J’ai pas tenu. C’était trop dur de conserver ce rôle d'ami qui ne m’allait pas, dont je ne voulais pas. Alors, j'ai fini par te laisser retrouver ta vie et je suis reparti à la mienne... Ce n'est qu'à ce moment-là que je me suis autorisé à aller voir ailleurs, même si mon coeur, lui, t'appartenait encore.

Notre gouvernement a fait de la merde après, comme d’habitude. J’me suis demandé comment tu réagissais, toi, à cette expérience d’interruption de l’Incontestable. Si ma mère était paniquée, moi, j'me doutais que c’était trop beau pour être vrai. Puis, les gens sont tombés malades, mais comme j’ai une santé de fer, ça m’a pas impacté. J’me suis occupé d’un proche pendant cette période, m’étonnant quand même qu’il soit si mal en plein été. Par contre, j’étais véner quand les puces de certains japonais se sont arrêtées mais que la mienne attestait toujours que j’étais vivant. Putain ! C’que j’aurais pas donné pour qu’elle s’arrête, cette connasse ! Histoire que j’me tire enfin de ce pays de barges ! Maintenant que tu faisais plus partie de ma vie, plus rien ne me retenais ! Mais eh, la vie est une pute hein.

Toujours est-il que maintenant… J’suis paumé. Je sais plus c’que j’espère, c’que je veux dans la vie. J’me laisse porter par les événements et voilà.
Ah, si. J’espère ne jamais recevoir de lettre rose pour maintenant. Parce que si je finis marié demain, je plains sincèrement le mec ou la nana avec qui la machine voudrait me lier...
Sun-Mi Park
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AAAAH IL EST LÀ !!

Coucou toi 👀
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TOI
DEPUIS LE TEMPS
JE T'AIME I used to be nice. ♦ Sun-Mi 3912395661

*hurle et fangirlise comme une gogole*
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totalement fan de toi

REBIENVENUE avec ce charmant QC!! décidément que de la qualité pfiou
j’edit bien évidemment quand j’ai lu 👀 en tout cas ça promet jsuis hypé lo
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Re-bienvenue !I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1362171446

Normalement c'est bon pour ton adresse mail ! o/

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Bucky • YEAH FINALLY ! I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1362171446

Jûmiamor • ENFIN OUI ♥
Je t'aime aussi I used to be nice. ♦ Sun-Mi 2837704232

Ash • I used to be nice. ♦ Sun-Mi 2837215391 "charmant", faut le dire vite xD /mur
Mais sinon merci encore Ash 😭 t'es adorable je fonds ♥

Kaoamour • Merciiii I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1362171446 et merci pour l'adresse mail, t'es la meilleure I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1728200632 ♥
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J’ai trouvé Sun-Mi tellement attachant et tellement vrai.
(Avec sa maman comme avec Moon, il sait se montrer tellement adorable ♥)
Malgré le moment plus dur, j’ai adoré lire sa présentation ! I used to be nice. ♦ Sun-Mi 3998388675
Je n’ai rien à redire, je le pré-valide ! I used to be nice. ♦ Sun-Mi 2432113367

Pré-validation par Yuki
Votre fiche a été pré-validée par un modérateur, un administrateur passera sous peu valider officiellement celle-ci.
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Tu es validé(e) !

Toutes mes félicitations, votre fiche est validée !

N'oubliez pas :
• De remplir les champs de votre profil.
• De réserver votre avatar ; Réservation avatars
• Si vous souhaitez trouver des partenaires pour vous lancer, n'hésitez pas à faire un tour par ici ! ♥
• Dans l'ordre, vous pouvez faire une demande de conjoint ici, ensuite vous faites une demande d'habitation ici et enfin, vous pourrez valider votre mariage ici.
• De faire un peu de pub autour de vous pour le forum et de voter régulièrement aux tops sites. ♥

& Surtout, AMUSEZ-VOUS !

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ ◆ ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

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Hanlàlà merciiiii ♥ Je... J'ai pas les mots. 🙏
*distribue des truffes au chocolat et des bisous à Yuki et Kao* I used to be nice. ♦ Sun-Mi 1984817200
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